29 septembre 2006

Van Gompel et Chastel accordent leurs agendas

Bel RTL diffusera ce soir à 18h40 une série de débats électoraux. Celui de Charleroi se distingue par l’absence de deux têtes de listes : Jacques Van Gomepl (PS) et Olivier Chastel (MR) n’ont pas participé à l’enregistrement. Si la défection du bourgmestre sortant était annoncée depuis quelques jours (officiellement) pour des raisons d’agenda, Olivier Chastel n’a annulé sa venue que 24 heures avant le débat. Surprise : lors d’une conversation téléphonique son remplaçant Philippe Sonnet (MR, 3ième de la liste) a clairement indiqué que cette absence était motivée par « l’accord passé entre Olivier Chastel et Jacques Van Gompel pour qu’ils participent ensemble aux débats ». En clair quand le bourgmestre ne participe pas, son challenger MR n’y va pas non plus. Cela ressemble furieusement à un pacte de non agression.
Pour votre information toutes les têtes de liste de Mons ( dont Elio DI Rupo) ou de Liège (dont Didier Reynders) ont trouvé le temps d'inclure les débats de Bel RTL dans leur programme de campagne. Leurs agendas étaient sans doute moins chargés...

27 septembre 2006

Sortie de crise



Le gouvernement a donc pu trouver ce mercredi midi une sortie honorable au différend qui opposait depuis une semaine libéraux flamands et socialistes francophones. Pour être honnête ce n’est qu’une demi-surprise, et l’on pouvait pronostiquer dès mardi soir (voir le billet ci dessous) qu’il en serait ainsi. Comme toujours dans pareil cas les deux parties estimeront avoir remporté le bras de fer. La vérité est que Laurette Onkelinx a bien revu sa position, et que le VLD n’a pas obtenu le gel complet des libérations : même dans un couple contre-nature les querelles ne peuvent se régler que quand les concubins font un pas l’un vers l’autre. Au compromis suggéré par le PS dans son communiqué de mardi après midi (consulter les familles pour les libérations provisoires) le VLD a ajouté un paquet de mesures qu’il faudra traduire sur le plan budgétaire (plus de places dans les prisons, plus de bracelets électroniques) et les deux partenaires se sont accordés sur un durcissement des libérations en défense sociale pour les délinquants sexuels. L’opposition dénonce un exercice de « mise en scène ». Ce n’est qu’en partie vrai : si l’on peut suspecter que le ton a été volontairement durci ces derniers jours, il ne fait aucun doute que la crise était réelle, au moins jusqu’à ce week end.
Sur le plan médiatique le président du PS peut en tout cas se féliciter de la sortie de crise : ce mercedi soir Elio Di Rupo était invité par les journaux des 4 télévisions (RTL et RTBF en direct, VRT et VTM enregistrées dans l’après midi).
Guy Verhofstadt doit lui faire face à un nouveau timing d''enfer. Si le discours de politique fédérale a lieu habituellement le deuxième mardi d'octobre à la chambre, Guy Verhofstadt fait savoir qu'il pourrait demander à le reporter d'une semaine.

PS : tout cela s'est donc passé mercredi, et non pas jeudi comme indiqué par erreur dans une première version... merci pour vos corrections, j'ai visiblement plus de mal à atterir que le gouvernement...

26 septembre 2006

Sortir de la crise, n'empêche pas de communiquer


C’est un curieux mardi après midi que nous venons de vivre, et j’avoue que l’impression de relater une crise d’opérette commence à me traverser l’esprit. Vers 17 heures aujourd’hui le parti socialiste a publié un communiqué, qui à la première lecture, me donnait l’impression de mettre le feu aux poudres. Certes ,le VLD avait sans doute tiré le premier affirmant que Laurette avait autre chose à faire que de lancer des ultimatums, « il revient au PS de la convaincre de revoir sa politique concernant les criminels les plus dangereux » répétait donc Bart Sommers, anéantissant les efforts de ces dernières 24 heures. Mais la réponse d’Elio Di Rupo était tout aussi violente. En substance : le VLD ne fait rien pour sortir de la crise et tous les efforts socialistes restent lettres mortes. Le sous entendu était limpide : le VLD joue le pourrissement jusqu’au 8 octobre et les socialistes ne le laisseront pas faire : si la solution n’est pas trouvée rapidement Guy devra passer par le palais royal avant d’aller voter aux élections communales. Une heure et demi plus tard le cabinet de Verhofstadt répond par deux paragraphes : le premier ministre y reprend la main et donne le signal d’un déblocage ( il y aura une réunion avec les présidents de parti et les vice premiers ce mercredi matin). La tonalité est celle qui sied au premier ministre de tous les belges : le ton y est nuancé, le premier appelle au calme et reconnaît explicitement que le PS n’a pas posé d’ultimatum (une manière de désavouer Bart Sommers et de donner un gage u PS).
Sur le fond on ne voit plus bien ce qui poserait encore problème : dans le communiqué du PS il est en effet indiqué que Laurette Onkelinx propose de soumettre les libérations provisoires à l’approbation des victimes et de leur famille . Cela revient (sauf si l’on tombe sur une victime altruiste et généreuse, mais c’est rare) à ne plus accorder de libérations. De quoi satisfaire le VLD. Le fait que ce soit le PS qui propose publiquement le premier cette solution la rend acceptable par les socialistes.
Au total tout le monde sort gagnant : le parti socialiste a pu montrer sa virilité, dénoncer le double jeu du VLD, donner l’impression que les libéraux reculent et arguer que son intervention aura été décisive et salutaire. Le premier ministre peut signifier qu’il est toujours le chef d’équipe, que Laurette a effectivement revue sa politique de libération, qu’il est le seul capable d’imposer une solution et que son autorité s’impose à ses troupes comme à celle de ses alliés. Certes, à l’heure d’écrire ces lignes rien n’est ficelé, et le diable est dans les détails rappelle-t-on souvent. Mais si la sortie de crise se confirme, on aura assisté ce mardi après midi à un exercice de communication de très haut niveau : celui qui consiste à radicaliser son discours et à taper sur son partenaire en même temps qu’on ouvre le jeu (coté PS), à reconnaître ses torts et sembler céder alors que l’on obtient satisfaction (coté premier). Il était temps. Invités à déjeuner par la FEB ce mardi les membres du gouvernement ont pu entendre des patrons qui se demandaient à voix haute si toute cette polémique n’avait pas pour seul objet de nous distraire d’un débat budgétaire et politique moins bruyant mais plus fondamental.

25 septembre 2006

Communales : J-13

Plus que deux semaines avant les élections communales. Si ces derniers jours l’actualité nous a laissé peu de temps pour y penser vraiment, il va falloir désormais s’y consacrer. Pour l’auteur de ce blog le temps est donc venu de préparer les débats ,d’amasser la documentation et de la digérer, au moins dans les grandes lignes, au moins pour les grandes villes. C’est une période exténuante, la dernière ligne droite , celle qui voit les candidats jeter leurs derniers forces dans la bataille tandis que les journalistes essayent d’économiser un peu des leurs pour garder un semblant de fraîcheur le jour de l’élection (s’agit pas que le sens critique ou l’élocution vous lâchent ce jour là). La période n’est pas facile : les querelles du couple Verhofstadt–Onkelinx obligent à garder un oeil sur le gouvernement fédéral, pas question de ne se consacrer qu’aux élections communales et d’oublier tout le reste. Avec une angoisse, qui doit travailler pas mal de rédactions politiques : que se passera-t-il si le fédéral prolonge sa crise au delà de quelques jours et si le gouvernement violet devait vaciller juste avant que les électeurs n’accomplissent leur devoir électoral ? Un cauchemar. A coté de ça, avoir les honneurs du "pirette show" ressemble à une ballade sur les champs élysées (et, encore, dans le sens de la descente avec le vent dans le dos).

PS : ceux qui s’intéressent aux conditions de travail des journalistes et aux interrogations existentielles de la presse visiteront le blog de ce confrère de la presse écrite.

22 septembre 2006

Plaidoyer pour en finir


Le spectacle offert par la majorité violette cette semaine ressemble à une casserole de lait sur le feu. A une certaine température cela monte tellement vite que le lait ne peut que déborder. Dès que l’on coupe les gaz le lait redescend aussi vite qu’il est monté. Ce vendredi soir il faut encore rester prudent : le premier ministre et sa première vice-première ont acceptés de se parler c’est tout. Qu’ils puissent effectivement rester ensemble quelques minutes dans la même pièce sans casser la vaisselle ne prouve pas qu’ils soient capables de retrouver un élan suffisant pour diriger l’Etat ensemble. Il faudra attendre le début de la semaine prochaine pour juger la réalité de leur rabibochage.
A ce stade on peut néanmoins tirer quelques leçons:
1) sur un dossier virtuel (le retour en Belgique de Victor Hoxha n’est pas avéré) la majorité a pu développer un débat extrêmement violent en son sein, et la défiance entre les bleus flamands et les rouges francophones a pris une tournure aussi passionnelle que personnelle.
2) Les ténors du VLD mélangent allégrement les genres. Derrière un cas précis et spectaculaire (Hoxha ne rappelle pas de bons souvenirs aux Anversois) on devine bien leur tentative d’obtenir un durcissement général des peines de prison (« pas de libération pour les détenus lourds » est une traduction de « créons des peines incompressibles »). C’est faire preuve d’affolement : cette thématique ne figure pas dans l’accord de gouvernement et espérer faire plier un partenaire sur pareil sujet à 3 semaines d’un scrutin (même local) était voué à l’échec. Rappelé à l’ordre par les éditorialistes flamands ce vendredi matin (il est rarissime qu’ils prennent ainsi parti pour un ministre francophone et contre le premier ministre), Guy Verhofstadt a sans doute compris qu’il était dans une impasse.
3) Ce n’est qu’un début. Cette difficulté ne peut pas faire oublier des dossiers autrement plus délicats qui attendent le premier : le contrôle budgétaire avec ces 883 millions envolés sera l’un des plus difficiles que l’équipe violette ait eu à boucler.
Dans ce contexte on ne peut que ‘s’interroger sur la suite. Par cet épisode grand guignol, la majorité violette vient d’indiquer elle-même que se maintenir jusqu’au terme normal de son mandat n’offrait peut être pas beaucoup d’intérêt.

PS : pour ceux qui peinent à suivre l'affaire Hoxha, ce rappel utile dans la DH.

21 septembre 2006

Lapsus


C'est un commentaire de Laurette Onkelinx à la sortie du conseil des ministres : "j'aurai un entretien avec le prochain ministre". IL faut comprendre premier minsitre bien sûr. Question de psy : le lapsus renvoit-il au "prochain premier ministre" ou au "prochain ministre de la justice" ?

20 septembre 2006

Verhofstadt et Onkelinx s'affrontent

La nouvelle a tout d'une tornade : imprévisible, violente, et avec des dégats difficiles à prévoir. En fin de journée le VLD a annoncé qu'il ne soutenait plus Laurette Onkelinx au portefeuille de la justice tant que celle ci ne gèlerait pas les libérations provisoires des détenus dangereux. En soi une polémique peu significative : le 1er janvier la loi sur les tribunaux d'application des peines entre en vigueur, le problème ne se posera donc plus. Mais en période électorale et jsute après l'affaire Victor Hoxha les libéraux flamands veulent se démarquer du PS, et n'hésitent plus pour cela à fragiliser Laurette Onkelinx. La manière a tout du vaudeville et sent l'impréparation. Vers 17 heures le chef de groupe VLD signait une motion qui soutient Laurette. Une heure plus tard un courrier était remis au président de la chambre pour retirer cette signature. Entre les deux une grosse colère de Verhofstadt : ses députés se seraient laissés rouler dans la farine, et Laurette n'aurait pas prononcé les mots souhaités par le VLD. Entre le premier ministre et la vice première la tension est désormais maximale. Ce mercredi soir la tornade est entre parenthèses (Laurette Onkelinx est à la RTBF pour un débat sur Schaerbeek). On annonce de fortes bourrasque sur la rue de la loi pour vendredi matin.

19 septembre 2006

Karel prête ses salons, mais il ne faut pas en abuser


Petite scène vécue ce mardi. Au palais d’Egmont (c’est l’un des lieux prestigieux appartenant à l’état fédéral, on y organise colloques et rencontres diplomatiques) Laurette Onkelinx organise une rencontre avec le ministre marocain de la justice. Comme le palais appartient aux affaires étrangères, Laurette n’est pas vraiment chez elle, mais elle profite des grandes salles et des dorures pour faire honneur à son hôte de marque. Le personnel de Karel de Gucht, véritable ministre du lieu ne l’entend pas de cette oreille. A peine la délégation marocaine partie une collaboratrice des affaires étrangères pique une véritable petite crise devant les attachées de presse de la ministre (et accessoirement l’équipe de RTL, aux premières loges). Motif de la colère diplomatique : la presse n’a pas le droit de monter à l’étage (avec ces journalistes, surtout les francophones, on ne sait jamais, des fois qu’ils repartent avec un vase), ce n’était pas prévu et cela pourrait perturber le travail de son ministre à elle , qui utilise, lui, le palais pour des rendez vous de travail (faut il en conclure que dans son esprit la ministre de la justice vient au palais d’Egmont pour s’amuser ?). Et la préposée des affaires étrangères de souligner que ces salons sont interdits à la presse… Karel craint-il que l’on diffuse des images de Laurette dans ses appartements ? Avait-il un rendez vous secret dans la pièce d’à coté ? Ou a t-il oublié que le véritable propriétaire c’est l’état fédéral, pas le ministre ? Pour la petite histoire, j’avais eu l’occasion de réaliser des interviews de Louis Michel dans les mêmes salons il y a quelques années. L’accueil était beaucoup plus courtois.

18 septembre 2006

Le grand retour de la politique


Il suffit d’une gaffe, et voilà des débats qu’on pensait réglés prêt à ressurgir. Dans les prochains jours le gouvernement fédéral se mettra en chasse de 883 millions d’euros (pour les distraits ou les touristes qui reviennent des îles canaries, voir ci dessous). L’importance de la somme à trouver (bien plus élevée que le coût du chèque mazout ou de l’allocation de rentrée scolaire qui avait pourtant réussis à tenir le gouvernement en haleine pendant quelques semaines) peut faire craindre une foire d’empoigne. Pas question de renoncer à un budget en équilibre a déjà fait savoir la ministre du budget. On peut donc se risquer à un petit jeu de politique fiction.
Dans les prochains jours la vice première ministre SPA pourrait donc planter le décor de la joute et mettre le marché entre les mains de ses partenaires : pour trouver l’équilibre il faudra soit couper dans les dépenses, soit envisager des hausses de prélèvements (on a du mal à imaginer que l’embellie de la croissance suffise).
Prenons le pari : Guy Verhofstadt et Didier Reynders, coté libéral feront alors savoir qu’il n’est pas question d’augmenter la pression fiscale. Laurette Onkelinx et Rudy Demotte, pour le parti socialiste défendront becs et ongles les décisions prises avant que l’on ne découvre le couac fiscal. Recevant une délégation de demandeurs d’emploi de la FGTB, Rudy Demotte faisait même savoir ce lundi matin qu’il avait proposé en début d’été de remplacer la statut VIPO de la sécurité sociale par un statut « Omnio » qui compterait plus de bénéficiaires, et que « sa » sécu (c’est un budget distinct), au début de l’été en avait tout à fait les moyens. C’est donc le débat politique avec un grand P, l’affrontement droite-gauche dans toute sa splendeur. Bref, il devrait y avoir de l’ambiance. La proximité des élections communales ne calmera personne.

Jean Marc Nollet s’emmêle les pinceaux


C’est une demande d’un lecteur de ce blog : offrir de temps en temps des anecdotes et des détails sur les « coulisses » du débat politique. Permettre à ce blog d’être donc réellement différent de ce que relate les journaux, radios et télévisions.
A défaut de coulisses (mais cela viendra, promis) voici donc une anecdote. C’était jeudi dernier en commission des finances de la Chambre : Didier Reynders tentait d’expliquer à l’opposition le couac de son administration et ses conséquences pour la confection du budget. Le député écolo Jean Marc Nollet prépare une intervention musclée … puis dérape. « Avec le ministre du budget c’est le win for life » raille-t-il. Didier Reynders lève les sourcils et le président de la commission, François-Xavier De Donnéa, coupe le député écolo, hilare : « à ma connaissance, il n’y a pas eu de remaniement ministériel »… Jean-Marc Nollet, bredouille, rougit… Didier Reynders est toujours aux finances (la ministre du budget c’est Freya , difficile de confondre) et l’intervention du député (qui en conclusion remplaçait le « win for life » par le « loose for life ») a fait un flop.

15 septembre 2006

Dure semaine pour les vices premiers


Ce sont des journées qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Laurette Onkelinx (ministre de la justice, PS) et Didier Reynders (ministre des finances, MR) viennent de passer quelques heures difficiles. Et il n’est pas exclu que la semaine prochaine soit encore plus pénible. Pour Laurette la polémique est partie de Flandre, habilement exploitée par son prédécesseur à la justice Tony Van Parijs (CD&V). Devait-elle accorder une libération provisoire à Victor Hoxha, considéré comme un caïd de la prostitution à Anvers, condamné à 15 ans de réclusion et finalement expulsé à la moitié de sa peine au Kosovo ? Fallait-il en cas de retour en Belgique l’expulser de nouveau ou bien l’enfermer jusqu’à la fin de sa peine initiale ? L’affaire a mis le feu aux journaux flamands, et Patrick Dewael (ministre de l’intérieur, VLD) n’a pas manqué de faire savoir sa « stupéfaction » lorsqu’il a pris connaissance des faits. Les libéraux flamands ont donc mis Laurette dans les cordes : elle doit durcir sa politique de libération (comprenez consulter l’intérieur pour les dossiers sensibles). Et qu'importe si le retour d'Hoxha en Belgique semble loin d'être prouvé (contacté par téléphone, Victor Hoxha dément être revenu à Anvers) ce qui rendrait la polémique en partie virtuelle... le débat politique ne dédaigne pas les joutes suréalistes.
Pour Didier Reynders c’est la gaffe d’un fonctionnaire du fisc qui fragilise le ministre. 883 millions réclamés par erreur à une grosse vingtaine de contribuables. Même si l’erreur fut rapidement corrigée (et les contribuables jamais inquiétés) le ministre n’apprendra l’incident que 4 mois plus tard… bien après le contrôle budgétaire, réalisé du coup sur base de recettes fiscales nettement surévaluées. En juillet le gouvernement a donc engagé des dépenses qu’il aurait peut être voulu plus modestes s’il avait eu connaissance des vrais chiffres.
Dans les deux cas les ministres en difficulté n’auront pas pu compter sur un soutien unanime de leurs partenaires gouvernementaux. Reynders, éreinté en commission par le député PS Eric Massin, Onkelinx prise à partie par son collègue de l’intérieur… La majorité, à 3 semaines des communales se prépare des soirées délicates.

12 septembre 2006

Démenti obligatoire

L’info est parue dans La Nouvelle Gazette sous la plume du journaliste Demetrio Scagliola (il suit pour ce journal la mouvementée vie politique carolo) : PS et MR aurait signé un préaccord pour administrer ensemble la ville de Charleroi après le 8 octobre . Faisant état d’informations « recueillies au plus haut niveau du PS wallon », le confrère affirmait que les deux camps « auraient déjà signé un document formel portant sur un préaccord de majorité » précisant que Jean-Claude Van Cauwenberghe, Jacques Van Gompel et Olivier Chastel auraient paraphé le document. Pas naïf, le journaliste écrivait lui même que son info serait sans doute démentie. Ce qui fut effectivement fait par les deux formations. Olivier Chastel (MR), glissant par la même occasion qu’il était bien candidat bourgmestre, voyait dans cette info « une manœuvre destinée à affaiblir le MR ». On ne se prononcera pas sur la véracité de l’info rapportée par un confère : seuls les intéressés directs pourraient nous éclairer valablement, et comme ils sont en pleine campagne électorale, c’est le genre de confidences sur lesquelles il ne faut pas compter (on voit mal un candidat dire aux électeurs que les jeux sont déjà faits). Publier une « info » sur un préaccord est par nature invérifiable, sauf à disposer d’une copie du document. Le journaliste fait un pari sur l’avenir et y engage sa crédibilité.
La pertinence d’un accord PS/ MR saute pourtant aux yeux à Charleroi. Que les deux premiers partis de la ville, si l’on en croit les sondages, gouvernent ensemble n’est-il pas démocratiquement logique ? Le score probable du FN pourrait rendre le PS incontournable dans toute majorité et le CDH, toujours d’après les derniers sondages, pourrait être trop faible pour constituer ici une majorité rouge/ orange. Bref tout cela est donc « probable », et il n’y a pas besoin d’une entente préalable couchée sur papier pour y arriver. On soulignera qu’un préaccord par les temps qui courent ne vaut pas grand chose : on a vu en 2000 des majorités bétonnées disparaître au fond des corbeilles à papier. Il y aura d’autres infos sur les préaccords dans les semaines à venir. Les lecteurs et les électeurs, apprendront à les accueillir avec …circonspection. Un préaccord, cela sert surtout à être démenti.

PS : je ne saurai trop vous conseiller la lecture de cet article de libération sur les blogs et la politique française.

10 septembre 2006

Démocratie malade à Charleroi


L’exercice est cruel et révélateur. J’étais ce dimanche à Charleroi pour réaliser un reportage illustrant un sondage sur les intentions de vote aux élections communales réalisé par l’ULB pour Le Soir et RTL. Je ne saurais trop conseiller aux jeunes journalistes de s’exercer à ce genre de micro trottoir : le genre est difficile, oblige le journaliste à faire preuve d’humilité, mais est riche d’enseignements. Sur ce marché de Charleroi j’ai donc réalisé une cinquantaine d’interviews. Je dois plutôt écrire une cinquantaine de tentatives d’interview. La moitié de mes interlocuteurs a en effet refusé de répondre. A ma question « pouvez vous me citer le nom de candidats aux élections communales » il me fut ainsi régulièrement rétorqué « Oh moi la politique… cela ne m’intéresse pas », ou encore « les politiques ? tous les mêmes », sans compter les sourires gênés ou les « je ne sais pas monsieur ». Parmi la moitié de citoyens plus informés sur les élections à venir Jacques Van Gompel fut le nom le plus cité , suivi d’Olivier Chastel. Véronique Salvi, Christian de Bast (candidats CDH) et Xavier Desgain (Ecolo) ne furent cités qu’une seule fois, contre une dizaine de mentions pour Philippe Van Cauenberghe. Sur cinquante interlocuteurs une bonne dizaine pensait que le père de ce dernier, Jean Claude Van Cauwenberghe, était candidat. Une telle méconnaissance à quelques semaines du scrutin fait frémir. Quelques collègues visionnant mes rushes m’ont dit leur effroi. On devine combien ce mélange d’indifférence et de rejet de la politique peut profiter à l’extrême droite. On me rétorquera que c’est la conséquence logique des affaires qui ont secoué la ville. J’ai peur que le mal soit bien plus profond. Il se trouvait dans ce micro trottoir un nombre non négligeable de carolos incapables de me dire qui était leur bourgmestre… Cela relativise l’impact du travail journalistique et la capacité des discours politiques à être entendus.

08 septembre 2006

Compote brune

L'information est particulièrement spectaculaire : le démentellement d'un groupuscule nazi disposant d'un arsenal succeptible de servir à l'organisation d'attentats sur le sol belge est de nature à faire frémir tous les démocrates. Le nationalisme flamand conjugué au racisme pur et dur et au culte d'un pouvoir fort engendre donc des dérives solitaires et isolées (comme celle du skinheab Van Temsche) mais aussi des organisations plus structurées aux visées ouvertement criminelles et liberticides. 17 personnes interpellées, dont 11 militaires, des armes, des explosifs, l'ambiance "VMO" en prime. A ce stade de l'enquête on ne peut pas préciser ce vendredi matin quelles étaient les cibles potentielles visées par le groupe, ni le degré de préparation de celui (et donc sa dangerosité réelle). Mais cela provoque une piqûre de rappel bienvenue : le terrorisme islamiste, menace avérée et hélas vérifiée, n'est pas le seul à menacer nos systèmes politiques.

Sur le plan électoral aussi, le danger de l'extrême droite, à une encablure des communales est sans doute plus réel que jamais.
Hier soir les ministres de la défense et de la jutice évoquaient dans un communiqué la présence de "pommes pourries" au sein de la défense. On souhaite que la pourriture ne se soit pas trop étendue...

05 septembre 2006

Alain Destexhe - Vincent Decroly : même combat ?


Ils ont en commun un franc parler certain, une grande indépendance d’esprit, une réticence maladive à se plier aux ordres de l’état major et une capacité à mobiliser les médias grâce à un discours simple, tranché et audible. Ils ont aussi en commun la certitude absolue d’être dans le vrai, une difficulté à entendre les arguments des autres et une haute idée de leur personnage. Entre Alain Destexhe et l’ancien député Ecolo Vincent Decroly il y a à l’évidence quelques points communs, et une grande différence idéologique. Au point que le sénateur MR marche un jour sur les traces de l’ancien parlementaire et quitte à terme la vie politique ?
Cette journée de lundi a donc vu le trublion libéral fortement sermonné par son président de parti. « Alain Destexhe se met en marge de la majorité et donc du MR en critiquant sans cesse les ministres du gouvernement fédéral » dit en substance Didier Reynders. Ce matin, sur Bel RTL, Alain Destexhe persiste et signe : c’est la liberté d’un libéral de pouvoir tout dire et le travail d’un parlementaire de contrôler le gouvernement.
On ne reviendra pas sur les faits : un vulgaire cambriolage de second rang, même dans un service sensible ne mérite pas une affaire d’état.
Pour comprendre l’affaire, il faut s’intéresser au contexte. A la personnalité de Destexhe d’abord, si prompt à jouer « perso » et à faire passer son image personnelle avant l’intérêt de sa famille politique. Destexhe en irrite plus d’un y compris au sein du mouvement réformateur. « Il passe plus de temps à faire des conférences de presse dans la salle de la rotonde qu’à venir travailler en commission » m’indiquait un jour un parlementaire alors que je cherchais le sénateur au parlement. Destexhe ne retient du travail parlementaire que l’aspect «contrôle» : sa participation à la rédaction des projets de loi est plus limitée. Pour beaucoup de ses collègues Destexhe ne se préoccupe que du plus visible et laisse le travail de fond de côté. Cela irrite, et, comme l'homme a du succès, engendre des jalousies. Un franc tireur, aussi talentueux soit-il, doit savoir qu’il ne peut pas compter outre mesure sur la solidarité des siens quand d’aventure la ligne rouge est franchie.
Sa déclaration intervient aussi à un moment sensible. A quelques mois des communales, alors qu’il jouit déjà d’une grande autonomie en pouvant se présenter contre le bourgmestre sortant d’Auderghem, le MR n’a pas besoin de provoquer le parti socialiste.
Il y a moins de deux semaines le président du PS avait adressé un avertissement codé au président du MR (voir ci dessous). Sanctionner Destexhe c’est donc aussi indiquer à Elio Di Rupo qu’on a bien reçu le message.
Enfin la majorité est à cran. Cela ne concerne pas que les socialistes. En voulant interroger Laurette Onkelinx et Patrick Dewael le sénateur se mettait à dos le PS et le VLD. Cela fait beaucoup pour un seul homme, surtout que les deux ministres n’apprécient pas forcément leurs passages à répétition en commission. On ne serait pas étonné d’apprendre que Didier Reynders a du aussi donner des gages aux libéraux flamands et pas qu’au seul PS.
Pour en revenir à Vincent Decroly, celui ci a opéré une reconversion réussie. Il est actuellement avocat stagiaire. Il n’a rien renié de ses engagements et de ses combats passés. Sa nouvelle profession lui permet, à un autre niveau, de poursuivre ce qui fondait, selon lui, le cœur de son action politique : lutter contre les injustices et défendre les faibles. IL ne rend plus de comptes qu’au bureau d'avocats qui l’emploie, ce qui est souvent moins compliqué qu’un bureau de parti. Un exemple pour Destexhe ?

04 septembre 2006

Point(s) de comparaison


Que les lecteurs réguliers de ce blog (il semble qu’il y en ait) me pardonnent : j’étais ces jours ci en France, ce qui explique une relative abstinence de ma part sur la toile. J’en ai profité pour écouter longuement les radios françaises et lire la presse hexagonale. Là-bas comme ici le week end était marqué par les universités d’été.
Là bas on retiendra donc (en vrac et résumé à très gros traits) que l’UMP s’est réunie trois jours durant à Marseille. Que le premier ministre Dominique De Villepin y a ouvert le feu en appelant la droite française à ne « pas se déchirer », alors que 3 jours plus tard son ministre-président (Nicolas Sarkozy est ministre de l’intérieur ET président de l’UMP) lui rétorquait qu’il voulait toujours la «rupture», soit une critique assez violente du chiraquisme. Dans son discours la coqueluche des sondages français (Sarkozy est de très loin en tête dans toutes les études d’opinion ) ciblait les jeunes, leur demandant de prendre leurs responsabilité, de ne pas se laisser aller à la facilité, et leur proposait un service « civique » à réaliser d’un coup ou en plusieurs morceaux pour rendre à la société ce que la société leur donne (pas sûr que le message passe partout, surtout dans les banlieues). Coté photos on aura vu le rappeur Doc Gyneco et le rockeur Johnny Hallyday s’afficher aux cotés de Sarkozy (on a les intellectuels qu’on peut, mais coté électoral cela devrait rapporter gros).
Dimanche soir la riposte du PS paraissait médiatiquement bien faible. Ségolène Royal, en meeting en Lozère ce contentait d’assurer que le programme Sarkozy c’était tout pour les entreprises et que l’on ne toucherait pas au droit de grève. Ce lundi matin dans le Monde Lionel Jospin fait un pas de plus vers la candidature. Les socialistes français sont en train de sortir de la course d’observation, et Ségolène risque fort d’apprendre à ses dépends qu’un démarrage bien placé permet de remonter plusieurs longueurs.
Plus surprenante l’université de l’UDF à la Grande Motte (près de Montpellier) aura vu François Bayrou s’entourer de Nicolas Hulot (écologiste-aventurier tendance TF1) Michel Rocard (toujours PS pourtant) et Michel Barnier (UMP, ancien ministre des affaires étrangères de Chirac et ancien commissaire européen on l’avait même envisagé comme premier ministrable, pas une vedette comme Sarkozy mais pas un ringard non plus) : bref du crédible. Bayrou en prouvant qu’il peut s’élargir vers la droite et vers la gauche a fait forte impression.

Ici (c’est à dire dans la partie francophone du royaume) et à peu près au même moment, le président du PS Elio Di Rupo poursuivait sa rentrée (voir ci dessous) sur le même ton que ses précédentes interventions publiques. Si j’en crois ma lecture des gazettes et quelques journaux radio entendus dimanche soir il faut retenir de son discours un plaidoyer pour la sécurité (plus de policiers dans les rues) et la suggestion (déjà formulée mais ici répétée) de créer un corps de gardien de la paix désarmés pour seconder les policiers dans les quartiers. Le président du PS aura aussi répété qu’il espérait avoir tourné la page des affaires. Au MR, réuni à Enghien on a fort attaqué le PS (sur le affaires et la bonne gouvernance) et le CDH (sur la sortie de Mariusz, complice du meurtrier de Joe Van Holsbeeck à un match de Football). La veille le CDH s’était (habilement ?) partagé entre Joëlle Milquet recommandant à ses troupes de rester zen tandis que son ministre André Antoine attaquait les libéraux (« la maladie de la langue bleue ne frappe pas que les ruminants »).
Comparons.
1)D’abord une satisfaction : Doc Gyneco et Johnny Halliday n’ont pas de pendants belges : la politique spectacle n’a pas atteint le même degré qu’en France.
2)La sécurité est un thème récurrent des campagnes électorales(oserait-on écrire que c’est facile, que cela rapporte gros, qu’en un mot cru c’est racoleur ?). En France le champion incontesté en ce domaine est Sarkozy (même si Ségolène Royal est capable elle aussi de démagogie sur ce terrain dangereux), en Belgique Francophone c’est Elio Di Rupo (et on peut signaler au passage que le MR n’a pas encore trouvé de remplaçant à Antoine Duquesne pour incarner le personnage de « Monsieur Sécurité »).
3)Si l’ UDF est occupée à s’ouvrir, le parti qui occupe la même position centrale chez nous (le CDH) n’a pas (encore ?) la même préoccupation : on peut y voir un effet du mode de scrutin (proportionnel ici, majoritaire là bas), où l’acceptation par le CDH de son statut de « parti de seconde division » qui n’a accès au pouvoir que par une alliance avec d’autres.
4)On habille en France le choc des ambitions personnelles d’un semblant de débat d’idée. On a plus de mal à le faire en Belgique ou le « réactif »(Joe, Aît Oud Termonde, Mariusz…)l’emporte largement sur les propositions mûries et réfléchies. Et où la petite phrase est souvent à la limite de l’attaque personnelle (pour ne pas dire de l’injure). On peut toujours espérer que cela n’est dû qu’à la proximité d’élections très locales…

PS : j’espère qu’en l’absence de nouveaux commentaires sur cette page vous aurez vagabondé ailleurs et découvert d’autres blogs. Alors que Le Soir et Bel RTL s’apprêtent à distinguer certains confrères de la toile je me permets d’attirer votre attention sur ce blog bruxellois, fin et fort bien écrit.

Communales : la guerre des "blogs"

J'avais déjà signalé dans un billet précédent l'existence d'un "blog des communales" sur le site de "la Libre Belgique "et souligné combien l'initiative était interessante. "Le Soir" a donc riposté et propose désormais un service tout à fait comparable (on est à la limite du plagiat, mais c'est la loi de la concurrence...). L'appelation "blog" est ici aussi à prendre dans son acceptation "commerciale" : il ne s'agit en aucun cas d'un carnet personnel, mais bien, comme pour "la Libre" d'une compilation des articles papiers, que l'on retrouve ici plus facilement accessibes (sauf à collectionner des piles de journaux à la maison). Quitte à arriver deuxième sur ce coup le Soir va un peu plus loin que son concurrent en proposant une recherche par province. On notera aussi la présence de commentaires laissés par des internautes, alors que cela fait cruellement défaut à la Libre... Avantage au" Soir" donc, à moins que" La Libre "ne riposte ?