28 juin 2007

Joëlle, la solitude et la psychanalyse


Les déclarations de Joëlle Milquet de ce jeudi méritent qu’on s’y attarde. Dans une série d’interviews, au Soir et à La Libre et sur Bel RTL, entre autres, la présidente du CDH indique qu’elle souhaite qu’Ecolo assume ses responsabilités et accepte de participer à une négociation gouvernementale. De premièr abord c’est plutôt sympathique : Joëlle précise que si elle fait cette proposition c’est parce que les écolos sont les vrais vainqueurs de l’élection du 10 juin. Entre les lignes c’est plutôt rosse : si les écolos se réfugient dans l’opposition, c’est parce que leur priorité n’est pas du tout de défendre l’environnement mais plutôt de préparer les élections régionales de 2009.

Que Joëlle Milquet cible ainsi les écologistes est très révélateur : en deux entretiens successifs (l’opération est donc soigneusement pensée) la présidente du CDH désigne la formation qui lui cause le plus de soucis. Embarquée avec le PS dans les régions, et désormais dépendante du MR pour une négociation gouvernementale inévitable Joëlle Milquet va devoir doser très habilement les critiques qu’elle adresse à ces deux formations. La période de la guerre froide MR-CDH appartient au passé, les deux partis politiques vont devoir inventer un nouveau mode relationnel. Idem pour les relations PS-CDH : le couple politique formé par Elio Di Rupo et Joëlle Milquet sur fond d’exigences éthiques et de nouveau projet wallon ne peut plus être aussi exclusif que par le passé.

Tout indique que Joëlle Milquet peine à trouver ses nouvelles marques dans le jeu issu du scrutin fédéral. Alors que son parti est indispensable à l’orange bleue la présidente du CDH semble isolée. Comme si les négociations lui échappaient et qu’elle subissait la mise en place d’une nouvelle majorité à laquelle une partie (au moins) de ses troupes aspirent. Ainsi Joëlle Milquet ne reconnaît elle jusqu’à présent qu’une seule rencontre avec Didier Reynders, quand Yves Leterme en avoue au moins deux « informelles » mais en tête à tête. Mieux, Leterme et Reynders se sont chaleureusement salués au parlement ce jeudi et , d’après mes informations, s’échangent régulièrement des sms.

Ajoutons que les libéraux francophones et flamands ont eu une longue réunion mercredi soir au Lambermont, la résidence du premier ministre. D’après mes informations Reynders et De Decker, coté MR, et Verhofstadt et De Gucht, côté VLD, se sont vus jusque fort tard… sans doute pas pour parler de leurs vacances en Toscane. Joëlle Milquet en revanche ne semble pas à ce stade associée aux agapes. En haussant la voix le CDH se rappelle au bon souvenir de ses probables futurs partenaires.

A ce sentiment de marginalisation s’ajoute une inquiétude profonde. Le CDH, potentiellement le seul parti à être dans la majorité à tous les niveaux de pouvoir perçoit désormais Ecolo en ennemi dangereux. Les deux formations se partagent un électoral volatil commun. Ecolo en restant la seule formation partout dans l’opposition pourrait grignoter une partie des électeurs centristes.

Devisant avec Melchior Wathelet (CDH) ce jeudi dans les couloirs du parlement Jean Michel Javaux(Ecolo) indiquait assez clairement à son interlocuteur qu’ il s’estimait agressé par les propos de la présidente. Si l’orange peut être bleue chez Eluard et Hergé, l’orange verte est en revanche un fruit acide et visiblement loin d’être comestible.

Plus subtilement, les propos de Joëlle Milquet valent aussi, sans doute, qu’un psychanalyste s’y intéresse. Je ne suis pour ma part qu'un Freud d'opérette, mais il me semble plausible qu'en exigeant des verts qu’ils « assument leurs responsabilités » Joëlle Milquet et son subconscient indiquent un tourment qui leur est propre : le dilemme entre la participation, logique politiquement, et le refus de celle-ci, irrationnel mais tentant.

Au fond, les hommes et les femmes politiques, même quand ils évoquent les autres, parlent toujours un peu d’eux même.

Vu sur le web

Petit coup de pub au passage : je conseille aux lecteurs de ce blog un passage par le site "eigen blog eerst" et recommande surtout ses videos. Vous y trouverez un zapping inspiré de Canal plus, idéal pour se remémorer les grands moments de la soirée électorale du 10 juin. C'est assez frais et sympa, même si certaines vidéos sont un peu longues...

NB: cette promotion est 100% gratuite : je ne connais pas l'auteur de ce blog, et je ne lui demande même pas de privilégier mes reportages dans sa sélection. C'est vous dire si son travail vaut le détour...

27 juin 2007

Le reclassement



Le parti socialiste s’apprête à vivre une réorganisation douloureuse. Dans moins de 3 semaines Elio Di Rupo sera plus que probablement confirmé à la tête du PS. Seul le « parvenu » Jean Pierre De Clerq le défiera « pour l’honneur ». Quatre autres candidatures déposées n’ont pas été retenues (il faut être membre du PS depuis 5ans pour pouvoir se présenter à l’élection).

L’élection est elle jouée d’avance ? Oui bien sûr. Mais le score d’ Elio Di Rupo ne sera pas sans importance. Une contre performance ou une participation faible limiterait son champ d’action pour les étapes suivantes. Le président du PS a besoin d’un plébiscite pour retrouver toute son autorité sur des fédérations qui gardent une grande autonomie et des barons qui guettent les signes de son inéluctable affaiblissement (la seule question quand on est sur la plus haute marche d’un podium c’est de savoir quand on va en descendre : tous les hommes politiques savent qu’on reste rarement numéro 1 à vie, à moins de perdre le sens des réalités).

L’après 11 juin a déjà commencé. Dès qu’il sera réélu Elio Di Rupo pourrait engager un remaniement des équipes PS dans les gouvernement de la région wallonne et de communauté française. Puisque nous ne sommes que très peu à lire ce blog, et que je peux compter sur votre discrétion et votre bonne disposition vis à vis de l’auteur de ces lignes, livrons nous au petit jeu des pronostics (les commentateurs adorent cela, je n’ai pas la prétention d’être moins joueur que mes collègues).

Si les socialistes quittent le fédéral il faudra donc trouver une nouvelle visibilité pour Laurette Onkelinx, Rudy Demotte, André Flahaut, Christian Dupont, Anne-Marie Lizin et Didier Donfut. Pas simple.

Le scénario le plus en vogue veut que Jean Claude Marcourt prenne la président du gouvernement wallon tandis que Rudy Demotte obtiendrait celle du gouvernement de la communauté. Plausible. Osons en un autre : Demotte à la région, et un liégeois à la communauté (Daerden aurait alors plus le profil). Et signalons que ces deux propositions éloignent Rudy Demotte de la scène fédérale, ce qui n'est peut être pas l'intérêt du PS à long terme ( Demotte est l'un des rares bons bilingues et son expérience ministérielle n'est pas perçue négativement en Flandre). Dans tous les cas de figure Marie Arena perdrait la direction de son gouvernement, sanction logique puisque ses performances électorales se font toujours attendre. Elle devrait néanmoins conserver le portefeuille de l’enseignement (dans le cas contraire, c’est un assassinat politique).

Toujours à la communauté Claude Eerdekens devrait également faire les frais du remaniement (il a d’ailleurs fait campagne aux communales en assurant à ses électeurs que son mandat de bourgmestre était plus important que son macaron ministériel, ce serait donc logique). Fadila Laanan, avec un score honnête au sénat et des milieux culturels qui jugent son bilan ministériel positivement devrait être épargnée t pourrait même bénéficier d'une compétence bruxelloise.

A la région Christiane Vienne est sur un siège éjectable. La gestion de l’Awiph ne plaide pas en sa faveur. Christian Dupont pour la remplacer ?

Laurette Onkelinx, dont on a souvent pensé qu’elle pourrait succéder à Philippe Moureaux, semble ne pas vouloir brusquer les étapes. Elle n’envisagerait donc « que » de siéger à la chambre… peut être comme chef de groupe. Certains de ces anciens collègues du gouvernement n’auraient pas la même sagesse et auraient déjà fait savoir qu’ils attendaient d’être « recaser »… Faites les comptes : il n’y aura pas assez de place pour tout le monde.

Encore faut-il préciser que le penchant naturel du président du PS le pousse souvent à sortir quelques « surprises » de son chapeau. Il ne faut ainsi pas négliger l’idée qu’un capitaine d’industrie s’installe à Namur pour dynamiser le plan marshal et crédibiliser l’idée d’une reprise wallonne. S’il avait été au mieux de sa forme c’est même sûrement cette solution là qui aurait eu la préférence d’Elio Di Rupo : elle aurait taire toute critique sur son « abandon » de la Wallonie (il y eu sur ce thème là un édito sanglant de Luc Delfosse dans le Soir). Et elle évitait de mettre en selle un futur concurrent pour le boulevard de l’Empereur.

23 juin 2007

Super Didier et sa belle-mère



« Les élections du 10 juin démontrent au moins une chose : Didier Reynders n’a pas besoin de belle mère ». La phrase émane d’un membre de l’équipe qui travaille rue de la toison d’or. Elle exprime un changement d’état : le 10 juin Didier Reynders a conquis une autonomie et une autorité que certains membres du MR étaient parfois tentés de lui contester. Le président du MR, susceptible de perdre beaucoup dans l’aventure électorale, a donc tout gagné. Il est devenu le patron incontestable du mouvement.


Qui est la «belle mère » visée par par mon interlocuteur ? Louis Michel, bien sûr. On a senti dans cette fin de campagne combien le commissaire européen entendait rester présent sur la scène belge. La parenthèse européenne doit dans son esprit prendre fin en 2009 et l’homme fort de Jodoigne n’excluait pas jusqu’il y a peu de revenir avant si l’état du pays l’exigeait. Au mieux 2007 lui aura permis de se rappeler au souvenir de ses supporters. Au pire, le retour piteux à la fonction pourtant estimable de commissaire peut être considéré comme un faux pas. Evoquer un éventuel « signal des électeurs » chiffré à 100 000 voix en cours de campagne, pour l’oublier quelques semaines plus tard peut passer pour de la surdité.

La décision de Didier Reynders d’endosser lui même la fonction d’informateur du roi peut donc être interprétée de deux manières :

- Soit le patron du MR est assuré de la validité de la combinaison orange bleue, et il s’assure ainsi une belle visibilité dans un exercice qu’il juge sans risque majeur (ce qui n'empêche pas quelques musculations nécessaires pour justifier des compromis).


- Soit la formation du gouvernement reste difficile, mais Didier Reynders a estimé que l’ascendant sur ses troupes que lui confère la fonction d’informateur l’emportait sur le risque de devoir endosser un éventuel échec. Il aura ainsi chercher à "tuer sa belle-mère".


En agissant de la sorte « Super Didier » se fixe une obligation de résultat. Si en octobre, pour la rentrée du parlement, aucun gouvernement n’est formé, l’hypothèse Louis Michel ressortira. Les belles-mères ont parfois la peau plus dure qu’il n’y paraît.

14 juin 2007

La gueule et l'humour


« Vous avez peut être remarqué que je n’ai pas le même physique qu’Armand ». Quand je pense à Jacques Simonet cette phrase me revient instantanément en mémoire. Je ne sais plus trop sur quoi portait l’interview (la constitution du gouvernement je crois) mais cela remonte à 1999 et nous etions à l'éentrée du parlement bruxellois. Cela m’a marqué : un élu qui manie l’ironie et retourne l’arme contre lui même, se moquant de sa propre image. Pas facile pour un homme, surtout un homme politique. Jacques Simonet avait donc une gueule, une silhouette, et une démarche hors du commun. Pour le MR c’était le parfait soldat : prêt à monter à front, acceptant de s’effacer au profit d’autrui jusqu’à payer lui même l’addition des autres.


Une carrière exemplaire (conseiller provincial, député régional puis fédéral, ministre-président bruxellois, bourgmestre) et le statut convoité de premier libéral bruxellois. Le « grand jacques » était une bête politique. Capable de tenir tête dans un débat à Philippe Moureaux et incarnant Bruxelles presque autant que Charles Picqué. Une machine électorale redoutable pour ses adversaires. Un battant. Il n’ignorait rien de la violence du combat politique qu’il assumait « si on veut faire autre chose, il y a des stages de plasticine et de danse classique, moi je fais de la politique ». Et pourtant, même en fouillant bien dans ma mémoire je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu prononcer le mot de trop. Je connais beaucoup d’hommes et de femmes politiques qui utilisent l’humour pour y dissimuler leur méchanceté. Pas lui.


Nos entretiens débutait souvent par un tonitruant « Monsieur Grosfilley je ne vous dirai rien. Vous pouvez essayer, rien », en insitant très fort sur le "rien" et en me tournant le dos. Il fallait composer. Tourner l’interview et une fois la caméra éteinte embrayer sur autre chose. Il attendait rigolard les questions pour voir comment j’allais m’y prendre…et finalement lui faire lâcher le morceau. Pas dupe, ce ping pong verbal était un jeu de rôle qu’il nous imposait à tous deux et auquel nous prenions tous les deux plaisir.


Ce matin à 10H30 ma boîte mail recevait encore un communiqué envoyé par son attachée de presse. Il aura travaillé jusqu’au bout. Jacques Simonet m’a parfois ému et souvent fait rire. Je peux vous assurer que ce n’est pas à la portée du premier élu venu.

Sondages et cyclisme

Plusieurs internautes lecteurs de ce blog ironisent désormais sur le billet que j’avais publié au sujet d’un « sondage » donnant le MR en tête. Que les choses soient bien claires : je ne renie pas une seule ligne de ce texte. Le sondage en question (publié par Vers l’Avenir) souffrait bien d’une méthodologie inadaptée à un sondage « intentions de vote ». Pour rappel ce sondage donnait 5 points d’écart entre le mouvement réformateur et le PS, pointait le CDH à 20% et situait le FN largement en dessous du seuil des 5%. Et je continue de penser que puisque les sondages conditionnent une partie des discours et des analyses, il serait opportun d’autoréguler leur diffusion.

Il n’est pas inintéressant en revanche de s’intéresser aux sondages suivants. L’institut dedicated research (il faut toujours citer ses sources) a fait parvenir aux rédactions un récapitulatif des études publiées dans la dernières période. Il s'agit bien entendu de faire la pub de l'institut en question, mais un tableau de synthèse interessant a été réalisé. Je me permets d’en reprendre l’essentiel ci dessous.



Qu’en retenir ?
1) qu’aucun institut n’a donné le MR gagnant
2) que le score du CDH est toujours surestimé et celui d’Ecolo sous estimé, quelque soit l'étude
3) que le sondage Dedicated Resaerch publié par Vers l’avenir le 06 juin est le plus proche du résultat final.

Explication : bien que publié en début de semaine ce sondage « Dedicated resarch/ Vers l’avenir» a en réalité été réalisé plus tard que les deux études publiées par le Cevipol pour « Le Soir/ RTBF » et le baromètre Ipsos « RTL / La Libre », le mode opératoire (sondage téléphonique et non en « face à face ») lui permettant d’être plus réactif. L’impact des évènements de Charleroi n’a commencé à se faire réellement sentir que dans cette étude là.

Conclusion générale : un sondage reste une photographie de l’opinion à un instant « T ». L’étude la plus correcte est celle qui a été réalisée au plus proche de l’élection. On peut également constater que les rapports de forces ont évolués dans les tous derniers jours de campagne. Tout c’est donc joué dans le sprint final. C’est bien sur la ligne d’arrivée que l’électeur a jugé que la course des bleus et des verts était la plus pertinente.

Les oranges et les rouges devraient regarder plus souvent le tour de France : un coureur qui se relève à quelques mètres de la banderolle doit toujours vérifier qu'il n'y a personne dans son dos.

12 juin 2007

Le recul rouge crée l'orange bleue


Je dois reconnaître que sur ce coup-ci j’ai un peu de retard. Les longues journées et partie de nuit passées à préparer la soirée électorale sur RTL TVI m’ont un peu éloigné de ce blog. Je ne résister pas malgré tout à au plaisir de vous livrer ma vision des gagnants et perdants de dimanche. Au moins cela flattera mon égo, et sans doute cela provoquera-t-il une discussion passionnée entre internautes.

Commençons par la Flandre. Vainqueur incontestable le cartel CD&V-NVA avec 30 sièges. Il faut reconnaître à Yves Leterme la pertinence de cette alliance sur le plan électoral. Le cartel permet aux sociaux chrétiens de se placer au centre du jeu politique. Mais il faut aussi souligner dans la foulée le prix payé par les sociaux chrétiens : sur les 30 députés du groupe CD&V-NVA 5 sont des membres de la NVA. Un « sous groupe » qui pourrait même compter jusqu’à 8 membres en raison des suppléances.

L’autre grand vainqueur du scrutin au nord, se trouve à droite d’Yves Leterme et ne devrait pas inciter le probable futur premier ministre à adopter un profil bas sur le plan institutionnel : Jean- Marie Dedecker surprend tous les analystes en décrochant d’entrée 5 sièges (ce qui donne droit à un groupe parlementaire, avec secrétariat et droit de vote en commission). Même Groen, parti structuré et également en forte progression ne fait pas aussi bien.

Coté francophone on ne peut désigner qu’un réel vainqueur : Ecolo. En obtenant 8 sièges les écologistes doublent leur représentation. Le CDH est également en hausse mais sur base des sondages et des dernières élections communales on s’attendait à une progression plus forte. C’est un demi succès (et donc un demi échec).

Contrairement aux apparences et aux apparitions de balcon le MR n’a pas énormément gagné, il perd même un siège par rapport à 2003. Mais il est le seul parti de la coalition sortante à se maintenir, ce qui s’apparente à une victoire. Le PS en perdant 5 sièges est clairement sanctionné. C'est donc le « différenciel » MR-PS qui donne raison au président du MR qui plaidait pour un glissement à droite du « centre de gravité » (on lui suggère au passage de trouver une autre expression plus compréhensible du grand public). Didier Reynders en annonçant qu’il convoquera désormais les présidents de parti francophones pour les questions communautaires a d’ailleurs immédiatement enfilé le costume de « numéro 1 francophone ».

La plus grande surprise, qu’aucun sondage n’avait anticipé reste la défaite sans précédent des socialistes flamands. Cette contreperformance rend impossible une alliance rouge-romaine qui quelques jours avant les élections semblait pourtant la plus probable. Au sein du cartel Spirit paye comptant la contre performance : aucun élu indépendantiste de gauche ne retrouvera le chemin de la chambre (à moins que je ne me trompe).

Résumons nous : Yves Leterme gagne, mais reste dépendant de son alliance avec les indépendantistes flamands. Le MR, grâce à la stratégie offensive de son président résiste à l’usure du pouvoir. Les rouges dégringolent et imposent par leur défaite l’orange bleue comme une évidence.

08 juin 2007

Cher électeur (résumé de campagne)



Cher électeur,

Quelle chance nous avons eu de vivre une campagne aussi passionnante. Quel débat d’idée, quel respect pour les adversaires, quel conscience des enjeux qui se jouent dans cette élections. Et pour finir quel sens de l’intérêt général. Il faut le dire bien fort. Jamais en Belgique nous n’avions eu une aussi belle campagne.

Vous ne me croyez pas. Je reprends quelques uns des thèmes développés ces dernières semaines.

Comment financer les pensions, faut il repousser l’âge de la retraite, par exemple pour les fonctionnaires ?
Faut-il imposer un service minimum pour les jours de grève ?
Doit-on prévoir une discrimination positive pour que les personnes d’origine étrangère aient les mêmes chances que les autres ?
Comment réformer la justice pour qu’elle soit plus rapide ?
Quelle est notre identité nationale, faut il un drapeau dans chaque famille ?
Doit-on mettre des policiers à l’intérieur des écoles ?
Pour que les entreprises crée de l’emploi faut il qu’elles puissent licencier plus facilement ?
Faut-il un jury citoyen pour juger de l’efficacité des politiques publiques ?
Doit-on permettre l’allongement du temps de travail ?
Quelle est la place de notre pays dans le monde ?

Bon vous l’avez compris là je vous parle de la campagne électorale française. C’est vrai quelle fût passionnante. Mais là je suis un peu de mauvaise foi, parce que nous avons eu une vraie campagne belge. C’est vrai elle a démarré tard, mais elle a démarré fort.

« Vous restez dans la majorité communale à Charleroi, vous n’avez pas de courage. »
« Vous êtes partis vous n’avez pas de cran. »
« Corrompus. »
« Girouette. »
« Poule mouillée. »
« Viens débattre avec moi si tu l’oses, c’est quand tu veux. »
« Moi je vous signale que je travaille en équipe. »
« Voter pour Y c’est voter Z. »
« Attendez, attendez, pas de convergence, moi je en suis pas plus près de Z que de X. »
« Et si Nicolas a gagné c’est que je vais gagner aussi. »
« Evidemment je note que les médias nous sont défavorables. Si nous perdons ce sera de leur faute. »
« Vous n’avez pas vu ce ministre ? Il est surement au bar… »
« Nous on a un plan, parce que ce qu’il faut c’est donner confiance aux gens. »
« S’il vous plait, je ne vous ai pas interrompu laissez moi continuer. »

Bref cette campagne ressemble à un match de boxe. En tout cas c’est le sentiment que vous, chers électeurs, vous pourriez avoir. Mais, je suis au regret de vous annoncer que vous vous trompez. La politique en Belgique ce n’est pas de la boxe, c’est du catch. Car la boxe c’est à deux. En Belgique, la politique c’est un match à 4. Voir même à 5. ET au catch comme vous le savez il peut y avoir beaucoup de chiqué.
L’avantage du catch électoral cher électeur c’est que vous êtes à la fois l’arbitre et le spectateur. Pour une fois les enjeux sont réellement ouverts. Impossible de prédire avec certitude qui va gagner qui va perdre. Après demain, vous pourrez choisir votre meilleur catcheur. Si le spectacle du ring ne vous a pas plus, c’est qu’il peut être temps que vous jetiez un coup d’œil du coté des programmes.

07 juin 2007

Jean Michel, des castors juniors au standard

Portait du secrétaire fédéral d'Ecolo rédigé pour le 7/8 de Bel RTL.

Jean Michel Javaux, vous êtes le seul cette semaine à vous asseoir à cette place et à être plus jeune que moi. Je vous le dis tout de suite, cela ne me met pas de bonne humeur...

Vous avez 39 ans et vous êtes donc membre du club très fermé des présidents de partis. Un club que vous avez intégré en 2003, quand votre formation a pris une grosse claque aux élections législatives. Votre premiere mission fut de faire oublier Francorchamps. Pour cela vous avancez sans faire trop de bruit. Si Serge Kubla est une formule 1 en politique, Jean Michel Javaux est une voiture hybride. Le genre moteur silencieux. Un peu trop silencieux même trouvent certains écologistes historiques (tendance grognon) qui trouvent que vous devriez faire un peu plus de bruit.

En plus d’être jeune vous donnez l’impression d’être sympa. Souriant. Coté féminin on me dit que vous êtes même plutôt beau garçon, ce qui, je vous le signale, ne me met de meilleure humeur. Les autres politiques ne s’y sont pas trompés. Depuis quelques jours dans les débats électoraux on se met à vous tutoyez. Faire pôte avec Javaux, dans le milieu c’est tendance.

Vous avez, c’est indéniable, un coté boy scout. Vos 10 ans de patro y contribuent sans doute. Si l’on devait vous comparer à un personnage de fiction ce serait d’ailleurs l’un des castors juniors. D’abord parce que les castors juniors sont trois, et qu’au secrétariat fédéral d’ Ecolo vous êtes trois avec Isabelle Durant et Claude Brouir.

Ensuite parce que les castors juniors aiment la nature, comme vous. Ils sont débrouillards, inventifs et convaincants comme vous. Par exemple si on ferme les centrales nucléaires, un castor junior dans les parages. Hop, vous lui donnez un couteau suisse, il vous bricole une éolienne en moins de deux. Comme quoi se passer des centrales c’est une question de volonté.

Le problème des castors juniors c’est l’oncle picsou. L’oncle picsou fait travailler les castors juniors. Il promet une récompense mais la récompense n’arrive jamais. A Ecolo on vous a promis les écotaxes, puis des convergences de gauche, et maintenant une alliance de droite. Jusqu’à présent cela n’a jamais marché. Et vous remarquerez que si c’est actuellement Didier Reynders qui dit le plus de bien de vous et qui fait donc office d’oncle picsou, ce qui peut sembler logique pour un ministre des finances, il n’a pas toujours eu le monopole du rôle.

Les castors juniors ont un guide spirituel. Celui qui a tout inventé. C’est Géo Trouvetout. Le votre c’est Jacky Morael. Il est venu vous donner un coup de main pendant cette campagne. Jacky Morael, et là je suis sérieux 15 secondes, qui a en commun avec vous l’expérience douloureuse d’avoir perdu un enfant. Une expérience qui vous amène à relativiser l’importance de la politique et qui vous fait peut être trouver ce billet bien futile. Dans un interview il y a quelques jours vous avez même dit que vous pourriez quitter la politique en 4 minutes. Mefiez vous quand même quand un président de parti dit ca, il y a la moitié de son état major qui se met à paniquer, et l’autre moitié qui surveille sa monter pour être prêt à prendre votre place à la 5ième minute.

Depuis octobre dernier vous êtes bourgmestre d’ Amay. Une majorité formée avec le soutien du Mouvement Réformateur, la preuve que les formule 1 et les voitures hybrides peuvent rouler le même circuit.
Pour dimanche vous avez fixé vous même votre objectif à 10%. Le problème des objectifs chiffrés c’est qu’une fois qu’on les annoncés qu’il vaut mieux les atteindre. Pensez aux 200 000 emplois de Guy Verhofstadt. Vous qui êtes fan de foot et du standard vous devez savoir qu’il ne sert à rien à dominer tout un match, si c’est pour prendre un but à la toute dernière minute.

le CDH contre la bipolarisation


Le CDH utilise à son tour le web pour dénoncer la surenchère virile à laquelle se livrent les bleus et les rouges. C'est le président des jeunes CDH, par ailleurs candidat au sénat, Hamza Fassi Fhiri qui s'y colle. Visiblement les centristes estiment qu'ils ont du mal à faire entendre leur voix. La vidéo est ici.

06 juin 2007

Campagne sur le net (nouvel épisode)

Voici les dernières nouveautés du net. Sur le site « élections 2007 » du mouvement réformateur un quizz vous est proposé pour tester vos connaissances. Une 20aine de questions, une mise en forme ludique, avec un morphing du visage qui n’est pas sans rappeler TV Belgiek. Si vous allez jusqu’au bout du test vous pourrez faire danser le président Reynders.

Coté PS une vidéo décalée de Chritie Morreale, candidate au Sénat à voir sur Bombay TV.

Enfin notez qu’au CDH on enchaine chat sur chat ces jours-ci.

C’est clair : 2007 restera comme l’année où les partis politiques ont découvert l’internet.

Joëlle et les desperate housewives

La présidente du CDh était l'invitée de Bel RTL ce mercredi matin.
Petit billet- portrait lu à 7h10.



Avec Joëlle Milquet c’est un petit peu comme si nous recevions les Desperate Housewives. Pas une actrice en particulier, non, tout le casting d’un coup, puisque vous pouvez à vous toute seule endosser tous les rôles féminins

1er personnage. Susan Meyer c’est la femme seule, très idéaliste. De l’idéalisme il en fallait pour vouloir transformer la chenille PSC en papillon CDH, et quand je dis papillon, on vous tout de suite de qui vous êtes la plus proche. Susan est aussi vite débordée et à un peu de mal à s’organiser. Tous les journalistes du royaume savent que la gestion de votre emploi du temps et le respect des horaires cela n’est pas votre point fort.

2ième personnage, Lynette Scavo, la mère de famille dépassée par ses 4 enfants. Dans la vraie vie vous aussi vous avez 4 enfants. 4 ans pour le plus jeune, 15 ans pour le plus âgés. On vous souhaite quand même qu’ils soient un peu moins turbulents que dans la série. Mais c’est vrai qu’on vous imagine bien entre deux coups de téléphone, faire réviser une leçon à l’un pendant que l’autre vous réclame une histoire, que pendant ce temps les pates sont trop cuites et que dans le sèche-linge il y a la lessive que vous n’avez pas eu le temps d’étendre depuis 3 jours.

3ième personnage Bree Van de Kamp. En apparence elle est parfaite. Derrière l’apparence il ya toute la rigidité de l’Amérique bien pensante et beaucoup de déchirement. Genre de déchirements que connaît Bree Milquet c’est : comment paraître moderne et CDH sans faire peur à un électorat qui serait resté attaché au C de PSC. Comment incarner la vertu et la bonne gouvernance, tout en ayant les mains dans le moteur à Charleroi. Comment se distancier du parti socialiste, tout en restant polie, parce que pour bree, la politesse c’est important.

4ième personnage. Gabrielle Solis. L’ancienne mannequin très soucieuse de sa propre beauté. C’est vrai que vous aussi vous êtes soucieuse de votre image que vous soigniez votre coiffure et qu’il n’est pas question de vous interviewer sans que vous ayez été maquillée.

Enfin il y a Edie Britt. Un peu moins sympathique. C’est la mante religieuse celle qui collectionne les aventures et dont le regard s’allume dès qu’un homme arrive. Vous vous avez d’abord vos hommes à vous, je parle exclusivement de votre vie politique bien sûr. Il a fallu trouver une place pour chacun d’entre eux. Vous avez donc casé André en Wallonie, Melchior à la chambre, Benoit à l’environnement ou Françis au sénat. Pour l’instant ils se tiennent tranquilles c’est tant mieux, pas question qu’ils viennent cohabiter rue des deux églises, ca c’est chez vous et chez vous, vous décidez de tout toute seule.

Et puis il ya aussi les autres hommes ceux qui vous tournent autour. Louis de Jodoigne, qui a essayé mais dont vous n’appréciez vraiment pas le style de galanterie. Richard, de dinant, qui vous a quitté, il a préféré partir avec Louis. Il ya encore Didier de Liège, qui essaye mais que vous ne regardez même pas.
Et puis il y a Elio. Avec lui ce n’est pas pareil. Vous flirtez depuis 3 ans à la région wallonne et à la communauté française. Comme dans toutes les histoires qui débutent il y a des hauts et des bas, mais on quand même a l’impression que cela pourrait devenir sérieux. Qu’Elio pourrait bien vous proposer un vrai mariage au fédéral. Un truc ou on s’installe pour 4 ans et où on partage les ministres.

Est ce qu’il y aura mariage ou pas ? La nouvelle saison de desperate election housewives débute dès le 11 juin. Comme dans toutes les bonnes séries, il peut y avoir des rebondissements.

05 juin 2007

Dans les coulisses des débats


Je viens de sortir de quelques débats. En radio pour Bel RTL, ou en télé (Duels de président, vendredi dernier sur RTL TVI) j’ai noté quelques moments intéressants. Comme vous êtes assez nombreux a demander des anecdotes je vous en livre donc quelques unes. En précisant que ce n’est pas du « off the record » puisque nous étions sur antenne.

Duels des présidents
Jöelle Milquet(CDH) se met à tutoyer Jean Michel Javaux (ecolo) en plein débat. Un truc pour essayer de le déstabiliser ou pour faire passer l’idée que les humanistes ne sont pas si éloignés des écolos ?
Pendant que Joëlle Milquet parle avec Elio Di Rupo (PS) d’une augmentation des pensions, Didier Reynders, hors antenne (MR) hausse les épaules et bougonne. Il attaquera quelques minutes plus tard le président du PS sur le même thème. Jean Michel Javaux, à la même table souffle alors au président du MR « en vérité c’est une augmentation index et liaison au bien être compris ». Conseil utile ?

Du même Javaux lorsque Kathryn Brahy pose une question sur Charleroi à Didier Reynders et Elio Di Rupo : " Ils partent sur Charleroi ? Ca va pêter".

Débat Brabant Wallon.
André Flahaut (PS) arrive sans note. Il sort un minuscule carton, d’une taille inférieure à un paquet de cigarettes, pour noter ses idées au fur et à mesure. L’hostilité entre le ministre de la défense et Charles Michel, tête de liste MR est très perceptible. La tête de liste socialiste proteste contre le décompte des temps de parole. Ce décompte est pourtant correct et c’est bien le ministre de la défense qui a parlé le plus longtemps dans ce débat là.

Débat Bruxelles-Hal-Vilvorde
Laurette Onkelinx(PS) surveille également la bonne utilisation du chronomètre (il faut reconnaître qu’elle fût victime d’une erreur humaine – corrigée- lors d’un débat des communales). Olivier Maingain (MR) affirme que sa formation propose une exonération des charges pour les premiers emplois crée dans une PME. Je lui indique que je ne l’ai pas lu dans le programme. Il maintient. Je viens de vérifier : je ne trouve toujours pas.


Débat Hainaut
Longue partie sur la situation à Charleroi. Rudy Demotte (PS) semble isolé et sombre. En revanche lorsque je lance le thème de la santé, vent de panique chez les autres candidats. Marie Christine Marghem (MR) et Jean Marc Nollet (Ecolo) comprennent que les écrans installés derrière chaque micro permettent de surfer sur internet. Ils se précipitent sur les sites de leurs partis respectifs pour relire les programmes. Ils avaient besoin d’une antisèche ?

L'iceberg


Didier Reynders était l'invité de Bel RTL ce mardi. Voici le texte du portrait de 7H10.




Didier Reynders est un iceberg. C’est même le titre d’une biographie qui lui a été récemment consacrée. Isjeberg cela vient de « Eisberg » en allemand ou « Isberg » en Suédois, Danois et Norvégien et toutes ces langues cela signifie montage de glace.

Coté montage d’abord, on notera une grande capacité de travail et une carrière express. Président de la SNCB à 28 ans. Député à 34. Et deux ans plus tard chef de groupe. En 99 vous devenez ministre des finances. Votre grand œuvre c’est bien sûr la réforme fiscale. Une réforme qui est devenu votre tract électoral. Comme le tract a beaucoup servi il commence à être un peu délavé. Vous auriez bien voulu en faire une nouvelle édition l’an dernier. Vous n’aviez pas vraiment l’argent vos partenaires ont refusé. Ils ont même enfoncé le clou un peu plus tard quand vos services ont surestimés de 850 millions les recettes de l’Etat. Pas découragé, vous avez inscrit une 2nde réforme fiscale dans votre prochain programme électoral.

Le coté glace maintenant. C’est bien sûr votre caractère. Vous donnez l’impression d’être détaché et de prendre la vie politique avec une certaine distance. Vous êtes connu pour pratiquer un humour glacial. Un sens de la répartie et de l’ironie qui vous permet de congeler un adversaire en une phrase.

Coté privé, et c’est le coté qu’on connaît le moins chez vous, vous êtes né à Liège, vous avez un frère architecte, une sœur magistrat, vous êtes un jeune grand père et surtout vous avez étudié le droit à l’ULG l’université de Liège. Avec deux rencontres décisives. Votre épouse, qu’on voit souvent à vos cotés, c’est assez rare en politique, et un professeur qui s’appelait Jean Gol. Vous êtes un fidèle de Jean Gol et c’est une filiation dont vous vous réclamez souvent.

Le problème de l’Iceberg bien sûr c’est le réchauffement. Cela risque carrément de le faire disparaître. C’est vrai avec le réchauffement de la planète. Sur ce terrain là le pacte écologique belge, les petits cousins de Nicolas Hulot vous ont décerné une cote de 15 sur 100, la plus mauvaise note des partis francophones.

Mais pour vous il y a encore plus grave : le réchauffement PS-CDH. Plus c’est chaud entre Joëlle et Elio et plus les icebergs risquent de dériver vers les mers de l’opposition. Vous avez d’abord demandé à celui qui partage votre appartement au Fédéral depuis 8 ans, je veux parler du parti socialiste, de venir s’expliquer devant tout le monde et de préférence à la télévision. Quitte à avoir une querelle de ménage autant que tout le monde en profite. Pour l’instant votre concubin décline l’invitation. C'est vrai que ces derniers jours quand vous vous croisez il faut planquer la vaisselle.

Ce n’est pas tout. Depuis la semaine dernière vous avez aussi quitter votre banquise ministérielle pour mettre résolument le cap sur Charleroi. Vous avez senti qu’en terre carolo le climat vous serait plus favorable. Ce qui m’a permis de faire cette découverte scientifique : grâce à vous on sait désormais que les Icebergs ont des idées, parfois même des idées fixes. L’iceberg Didier Reynders rêve ainsi de croiser la route du Parti Socialiste et de le transformer en Titanic.

04 juin 2007

Le sourire et le papillon


Pas beaucoup de temps cette semaine : dernière ligne droite avant dimanche, les préparatifs et le stress de la soirée électorale m'occupent à temps plein. Pour ne pas vous abandonner je vous propose la version écrite du portrait d'Elio Di Rupo écrit ce matin pour Bel RTL. Ces billets sont diffusés vers 07h10.


Pour évoquer Elio Di Rupo c’est très simple. Il faut un sourire et un nœud papillon.
Commençons par le sourire. Je me suis souvent demandé Elio Di Rupo si vous n’aviez caché sous votre tignasse, une sorte de radar qui vous permet dès qu’une caméra s’approche à moins de 10 mètres d’afficher immédiatement un sourire digne d’un représentant d’une grande marque de dentifrice.

Elio Di Rupo sourit donc, c’est vrai en toutes circonstances et surtout face aux difficultés. De ce coté là vous avez été servis. Né à Morlanwelz dans une famille d’immigré wallon. Avant de diriger le parti à la rose, votre enfance ne l’a pas été, rose. Ensuite vous avez croisé la route de quelques adversaires. D’abord au sein de votre parti. Cela commence à Mons avec un bourgmestre qui ne voulait pas vraiment vous laisser la place. Cela se termine quelques kilomètres plus loin à, Charleroi, par ceux que vous appelez les parvenus. Le seul problème avec vos parvenus c’est qu’ils ne sont pas réellement partis.

Vous avez également des adversaires en dehors du parti socialiste. Coté flamand, ou on vous accuse de bloquer la Belgique à vous tout seul. Coté MR aussi ou on n’est pas loin de dire que vous incarneriez le mal wallon.
Ce mouvement réformateur vous l’avez débarqué des majorités régionales en 2004. Avec le sourire bien sûr. 3 ans plus tard les bleus ont une peur bleue que vous leur fassiez le même coup au fédéral. Ce qui nous permet d’avoir un fin de campagne un petit peu épicée.

Coté papillon, vous avez eu une carrière en Zigzag. Député, sénateur, ministre de l’éducation, puis vice premier ministre du gouvernement fédéral. Il faut bien sûr ajouter bourgmestre empêché à Mons. Empêché dans votre cas, on a encore vu hier au doudou que cela ne veut pas dire grand chose.

Pour être complet, ajoutons vos cours de néerlandais. Cela vous a permis d’aller exhiber vôtre sourire sur les chaînes de télévisions flamandes, mais aussi de laisser s’installer l’idée que vous pourriez, si l’occasion s’en présentait, ne pas refuser de devenir premier ministre. En 2003 vous aviez été informateur. En 2007 vous pourriez l’être encore. Et on se demande qui gérera la Wallonie dans ce cas là. C’est un peu çà d’ailleurs le problème des papillons. On ne sait jamais si la fleur qu’ils sont en train de butiner est la dernière, ou si ils en rêvent d’une plus belle.

03 juin 2007

La clarification



Le choix est désormais clair. Entre le parti socialiste et le mouvement réformateur l’entente semble désormais difficile pour ne pas écrire franchement compromise. On a beaucoup glosé sur le peu de chances de voir la violette refleurir et sur l’animosité croissante entre Elio Di Rupo et Didier Reynders. A une semaine des élections ce qui semblait relever de l’analyse et du positionnement tactique est donc devenu un discours explicite. Le parti socialiste confirme par la voix de son président qu’il n’envisage pas de poursuivre au fédéral avec les libéraux. Ceux-ci, en plaçant au cœur de leur stratégie un glissement du centre de gravité politique wallon, ayant déjà clairement indiqué qu’ils souhaitaient pouvoir renvoyer le PS dans l’opposition.




Certes, on peut toujours douter de la sincérité des grandes déclarations de fin de campagne électorale. Rappelons que le schéma idéal pour les deux partenaires de la majorité fédérale sortante est bien de s’inscrire dans un face à face qui mobilise l’opinion autour des seules deux grandes formations et que la bipolarisation entre les grands méchants bleus et les affreux rouges est un classique des tensions électorales. Mais revenir en arrière à ce stade serait suicidaire : cela reviendrait à renier ses discours et décrédibiliserait un peu plus une vie politique qui n’en a vraisemblablement pas besoin.

L’électeur sait donc à quoi s’en tenir : voter PS c’est souhaiter que la majorité wallonne (PS-CDH) puisse s’installer aussi au fédéral. On peut y adjoindre les écolos éventuellement (noter les clins d’œil dans leur direction ces derniers jours). Voter CDH c’est voter pour la même alliance, mais en changeant le rapport de forces entre les deux partenaires. Voter MR c’est en revanche vouloir sanctionner le parti socialiste et se passer de ses services (le pari est osé : il faudra ensuite former une majorité, ce ne sera pas si simple). Voter écolo c’est souhaiter que les thèmes portés par les verts soient pris en compte (sans que l’on puisse affirmer avec certitude que cela se fera à l’intérieur ou en dehors d’une majorité).


On a suffisament écrit (y compris sur ce blog) que les enjeux électoraux belges pouvaient parfois manquer de clarté par rapport à la campange électorale française pour ne pas souligner l'évolution de ces derniers jours. On doit se réjouir de la clarification. Car il y a là de quoi motiver les citoyens les plus désabusés : puisque les intentions sont clairement exprimées, les alliances ne se feront pas dans le dos de l'opinon publique comme on l'entend parfois. Le 10 juin c'est donc bien l'électeur qui décide.