27 mai 2008

André Flahaut invité de rue de la loi


Le député (PS) est le second invité du prolongement vidéo de ce blog. L'ancien minsitre de la défense revient longuement sur le Congo et les propos de Karel De Gucht. Nous évoquons aussi son blog et les chances de survie du gouvernement Leterme.

26 mai 2008

L'équation d'Yves Leterme


Yves Leterme peut-il éviter l’impasse du 15 juillet ? Ce matin, invité sur Bel RTL, le premier ministre a volontairement éviter de répondre à la question. Sans doute la perspective d’une période d’instabilité sert-elle sa stratégie : maintenir suffisamment de pression sur les uns et les autres pour obtenir les concessions nécessaires à un « grand accord » communautaire. Car c’est bien encore et toujours de cela qu’il s’agit. Sur le plan socio-économique le gouvernement semble s’être enfin mis en état de marche. Les kern se succèdent à un rythme soutenu, les présidents de parti font monter les enchères, le premier rappelle les uns et les autres à l’orthodoxie budgétaire, bref chacun joue son rôle et tient à marquer ses accents dans une coalition relativement hétérogène. Pas très différent de ce qui se passait sous la coalition violette.


Sur le communautaire en revanche rien n’est sûr. Si l’on a bien compris les dernières déclarations du SPA , les socialistes flamands sont divisés sur l’idée de participer aux négociations (et donc d’apporter leur soutien lorsque la majorité aura besoin des deux tiers). Les dirigeants des socialistes du nord préfèrent donc qu’on leur présente un paquet tout ficelé plutôt que de mettre les mains dans le cambouis de la négociation. Du coup les écologistes devraient se retrouver sur la touche également (histoire que la réforme ne soit pas négociée par tous les francophones contre une minorité de flamands).


Si j’ai bien décodé ce qui se prépare nous devrions avoir deux négociations en une dans les prochaines semaines. La crise BHV restera du ressort gouvernemental. C’est entre présidents de parti et vice premier que l’on tentera de s’en sortir. Pour cela il faut que les néerlandophones reconnaissent qu’une scission pure et simple n’est pas leur objectif. Yves Leterme a commencé à le faire ce matin en indiquant qu’une solution négociée excluait la proposition de loi telle qu’elle est actuellement rédigée (qui, je le rappelle au passage, offre aux flamands le beurre et l’argent du beurre : scission + système d’apparentement permettant de garder un nombre élevé de députés néerlandophones, sans aucune compensation pour les francophones). Mieux même le premier ministre a reconnu explicitement que les francophones avaient des droits qui devaient être garantis et maintenus ( on peut penser aux facilités, mais aussi au droit de voter pour des candidats bruxellois, à chacun son interprétation). Alors que je tentai de lui faire dire que la scission devrait être compensée par de nouveaux droits pour les francophones, le premier a calé… mais il n’a pas dit non.


Quels sont « ces nouveaux droits » envisageables ? Les présidents de parti francophones évoquent une intégration dans la région bruxelloise bilingue, ce qui serait le plus simple, et assez cohérent en terme de droits (pour les francophones et les néerlandophones des communes concernées) mais sûrement symboliquement difficile à faire passer. On peut imaginer d’autres pistes : l’extraterritorialité qui permettrait à la communauté française et/ou la région bruxelloise d’intervenir en faveur des francophones de la périphérie, la constitution d’un district ou d’une agglomération bruxelloise, sorte de région étendue, sans oublier toutes les formules qui consistent à redessiner l’ensemble des circonscriptions électorales. Les réponses d'Yves Leterme peuvent renvoyer à une ou plusieurs de ces pistes.


L’autre négociation, sur la réforme de l’Etat (comprenez les régionalisations) sera pilotée par les deux ministres des réformes institutionnels (Didier Reynders et Jo Vandeurzen). Ceux ci devrait faire un rapport et une proposition d’organisation des travaux dès mercredi au conseil restreint. On y trouvera le « premier paquet » de l’octopus et une série de compétences plus « lourdes ». L’exercice est difficile : tous les acteurs ont les yeux rivés sur 2009 (y compris le premier ministre, qui risque bien d’être, comme tout le monde, candidat, ce qui explique aussi son silence : mieux vaut, pour lui, hérisser quelques francophones que perdre son crédit en Flandre). Au final (comprenez début juillet) il faudra bien mélanger le tout. Ce qui nous donne l’équation suivante : BHV + Réforme de l’état + Contrôle Budgétaire + Politique économique = grand troc ou grand krach.


20 mai 2008

Rue de la loi, version vidéo


C'est le prolongement de naturel de ce blog : proposer sur le net un interview vidéo d'une personnalité politique. Chaque semaine je vous propose de revenir en image sur les derniers jours écoulés. L'invité de ce premier numéro est Didier Reynders. Le vice premier ministre s'y montre relativement ouvert sur le plan institutionnel, précisant que la nomination des bourgmestres de la périphérie et l'arrondissement BHV ne sont pas des "préalables" à une négociation sur la réforme de l'Etat mais que cela doit "faire partie d'un tout".
Le président du MR est en revanche plus critique sur le rôle d'Yves Leterme lors de l'inscription du point Bruxelles-Hal- Vilvorde à la chambre, le 9 mai:"ne pas réagir quand sa propre communauté va trop loin me parait un peu court comme message (...) c'est à lui de faire la démonstration qu'il peut aller plus loin".




19 mai 2008

Nouveau rendez-vous sur le net

La chaine qui m'emploie me fait l'honneur de me confier un nouveau rendez-vous politique sur internet. Une fois par semaine je commenterai avec un invité les images de l'actualité des derniers jours. La vidéo sera mise en ligne le mardi après midi. Rendez vous demain pour le premier numéro sur le site www.rtlinfo.be.

18 mai 2008

Facisme non violent (en anglais dans le texte)

La presse étrangère est parfois surprenante de clarté. A force d'avoir le nez sur le guidon fédéral les acteurs belges perdent parfois de vue l'essentiel. Voici que le New York Times s'interesse à nos petits problèmes communautaires... et n'y va pas par 4 chemins. Pour l'auteur de l'article la flandre connait un "mélange de sentiment national, de politique droitière, de pureté raciale et lunguistique imprégnée d'un rejet de l'immigration que les critiques nomment un "facisme non-violent". A lire, et discuter, c'est une évidence. Et on aimerait que les démocrates de flandre (ils sont encore majoritaires, n'en doutons pas) encadrent l'article, qui cette fois, n'émane pas d'un méchant francophone.

Un pays à l'abandon





Cela manque de souffle, d’ambition et même de confiance. Cette semaine le gouvernement d’Yves Leterme a programmé deux rendez vous majeurs. Le premier, en conseil des ministres restreint (le « kern ») sera consacré aux négociations communautaires. Pour le premier ministre il s’agit de relancer les discussions après le coup de froid de l’inscription de BHV en séance plénière (je ne vous fait pas l’injure de vous rappeler ce dont il s’agit, si vous avez besoin d’un rappel, un coup d’œil sur mes billets précédents suffira à vous faire comprendre que majorité n’est pas capable de sortir du dialogue de sourds). On lui souhaite bonne chance. Les francophones ont été clairs sur le sujet : tous les dossiers communautaires sont au placard, pour ne pas dire au frigo, et le MR exige de régler le problème des 3 bourgmestres non nommés avant de passer à la suite. La communauté flamande a déjà fait savoir ce qu’elle pensait de BHV et des bourgmestres : elle a raison, et elle a la majorité pour elle, donc plus les francophones protesteront plus les flamands tenteront d’accélérer.

Yves Leterme a tenté vendredi de convaincre ses deux ministres des réformes institutionnelles de se mouiller à ses côtés. Didier Reynders et Jo Vandeurzen ne devraient pas être spécialement volontaires pour prendre les coups à sa place. Même la mise en place d’un cénacle où l’on débattrait du communautaire semble difficile : la plupart des partis de la majorité souhaitent relancer un groupe des sages, mais Joëlle « non » Milquet considère que la sagesse est une qualité qui n'appartient qu'aux seul(e)s président(e)s de parti (il est vrai que Philippe Maystadt a clairement fait savoir qu’il n’était plus candidat pour un second tour de punching ball). Comme la chaleur humaine n’est pas le point fort du premier ministre, on voit mal comment il pourra dégeler des relations francophones-néerlandophones extrêmement tendues. L’auteur de ce blog oserait même le pari inverse : nous entrons dans une période de glaciation communautaire qui risque de tout bloquer jusqu’en 2009.



Deuxième rendez-vous de la semaine un grand conseil des ministres le vendredi 23. Il y serait question de politique économique le matin et d’équilibre budgétaire l’après midi. Dans la majorité on se gausse : Leterme fait du Verhofstadt et copie les super conseils de Petit-Leez et Ostende. Le chef de file des CD&V a sans doute suffisamment de mémoire pour se rappeler que ce ne fut pas une réussite. Mais il a aussi suffisamment d’expérience pour savoir qu’il ne peut pas rester inactif dans tous les domaines. Et qu’offrir quelques fleurs économiques aux libéraux, quelques pétales sociales aux socialistes permettra peut être de ramener les uns et les autres à une table de négociation. Dans le cas contraire il faudra acter que ce gouvernement ne peut plus rien résoudre. Ses membres, les yeux rivés sur les élections de 2009, auront abandonné les belges en rase campagne. Le ralentissement de l’économie mondiale, les cours du pétrole, le chômage, la sécurité ne seront même plus en mesure d’être débattus. On n’ose pas imaginer ce que serait ce pays sans l’union européenne et l’Euro.
On pourrait bien sûr conseiller aux éminences de rapprocher l'échéance de 2009 (voter en janvier plutôt qu'en juin) pour en finir au plus vite. Ce serait oublier la présence d'un scrutin européen à une date qui ne dépend pas de nous. Les Belges devront prendre leur mal en patience.


La photo ci contre est tirée du site www.premier.be


16 mai 2008

L'image de la communauté s'estompe





Le gouvernement de la communauté française vient de corriger le décret inscription de Marie Arena. A dire vrai Christian Dupont et Rudy Demotte ont repris le dossier à zéro et tournent le dos à l'idée du "premier arrivé-premier servi" et à son corollaire de files de parents d' élèves devant les écoles considérées comme les plus performantes. Elio Di Rupo et Joëlle Milquet étaient présents dans les murs de la communauté lors de la réunion qui précédait le gouvernement. Ce qui indique bien que les deux présidents de parti sont à la manoeuvre pour tourner la page et travailler l'image de la communauté à une encablure des élections régionales.

Les services de Rudy Demotte ont aussi tenu à ce que la page se tourne "visuellement". Ce vendredi c'est dans une salle de presse repeinte que se sont exprimés les ministres. Comme vous le voyez ci dessus Demotte a opté pour une tonalité rouge affirmée alors qu' Arena (ci-contre, dans la même salle) avait retenu une teinte fushia. Et il y a plus symbolique encore : les mots "communauté française" sont devenus si petits qu'ils sont illisibles alors qu'un grand "Wallonie-Bruxelles" s'étale en grands caractères... comme une première victoire, graphique, des régionalistes...

15 mai 2008

Justine : Elio smashe plus vite

C’est un des passages obligés de la communication politique : accompagner les grands événements de société d’un commentaire où l’on adhère aux grandes émotions collectives tout en essayant de faire entendre sa différence. Face aux soubresauts du monde (décès, grande naissance, grande catastrophe, etc…) les partis politiques dégainent des communiqués de presse, susceptibles d’être repris par les radios du soir ou les journaux du matin. Etre le premier dans l’exercice est évidemment un avantage. Face au départ à la retraité anticipé et volontaire de Justine Henin c’est le PS qui a réagit le plus promptement. Le communiqué d’Elio Di Rupo arrive sur ma boîte mail à 17h02, alors que la conférence de presse de la championne est encore tiède. Le président du PS n’oublie pas de souligner que Justine est passée par le centre de formation de Mons… Deuxième position pour Ecolo (où Jean Michel Javaux et Isabelle Durant écrivent qu’ils rêvent que Justine change d’avis). Le MR a bien un texte en ligne sur son site internet, mais je n'ayant pas reçu le texte par mail, je ne peux pas dire à quelle heure... Yves Leterme s'exprimait sur Belga à 19h19... et le CDH n’a pas osé monter au filet à contre-temps…

11 mai 2008

BHV : le CD&V voulait ouvrir la discussion générale

Il est minuit passé d’une dizaine de minutes dans la nuit de jeudi à vendredi. Olivier Maingain, président du FDF prend la parole et fait observer qu’on a changé de journée, donc qu’on ne peut plus ajouter un point à l’ordre du jour d’une séance qui remonte à la veille. A moins d’être soi même juriste (je n’ai rien contre les juristes, mais j’en fréquente suffisamment, y compris dans ma vie privée, pour savoir qu’ils raffolent de ces défis qui consistent à interpréter les situations les plus banales pour en tirer des conclusions improbables) le raisonnement semble un peu tiré par les cheveux. Politiquement pourtant l’intervention était pertinente. Et Olivier Maingain a peut être permis aux francophones d'éviter une humiliation qui aurait pu être fatale à la majorité.

Depuis mercredi soir les partenaires gouvernementaux s’étaient en effet mis d’accord sur le scénario suivant : voter d’abord la loi programme, permettre l’inscription de la proposition BHV ensuite et compter sur les francophones pour bloquer les débats. Le premier ministre avait lui même présenté en kern ce synopsis jeudi matin. Petit problème dans la journée de jeudi : les éminents juristes des services de la chambre doutent que le renvoi au conseil d’état des amendements déposés par les partis francophones suffise à bloquer le processus parlementaire. En clair l’examen des amendements par les conseillers d’état n’empecherait pas les députés d’entamer le débat explosif en séance plénière. Pour être plus précis tous les juristes n’étaient pas d’accord : pour certains d’entre eux, le fait que les francophones demandent eux même cet examen et que cette demande émane de plus de la moitié d’un groupe linguistique avait bien un effet suspensif, mais là on entre dans les détails du détail (les juristes sont en effet des cousins proches des constitutionnalistes : il suffit d’en consulter suffisamment pour finir par un trouver un qui pense comme vous).

Voilà donc que le scénario d’apaisement risque d’être moins apaisé que prévu. Une discussion générale commence toujours par la lecture du rapport des débats en commission (dans le cas présent, les francophones avaient quitté la commission de l’intérieur le 7 novembre après le votre flamand, entendre ce récit de ce moment là vaudra sûrement le détour) et se poursuit par le prise de parole des députés qui en font la demande (30 minutes par orateur). Un grand barnum en perspective ou chaque parti flamand aurait eu à cœur de démontrer qu’il était plus flamand que son voisin et que décidément ces francophones ne comprennent pas le sens de l’histoire. Dans la majorité le ton monte : les députés CD&V-NVA font savoir qu’ils souhaitent bien après l’inscription du point BHV entamer la discussion générale. A tel point que Didier Reynders menace même , excédé, de déclencher la procédure de la « sonnette d’alarme » plutôt que celle du conflit d’intérêt : renvoyer le dossier au gouvernement pendant 30 jours et chute du gouvernement en cas d’échec. En fin d’après midi/début de soirée il semble même qu’une partie des francophones se soit résignée à vivre un début de débat parlementaire…

Vient alors la précision horlogère d’Olivier Maingain. Elle offre un moyen de pression supplémentaire et va permettre aux francophones d’obtenir l’arrangement suivant : seuls les chefs de groupe pendront la parole avant la mise à l’ordre du jour du point BHV. Si d’aventure l’extrême droite insiste pour ouvrir la discussion malgré les amendements francophones les groupes de la majorité s’y opposeront. De source flamande on m’indique qu’ Yves Leterme avait marqué son accord. On ne vérifiera pas ce dernier point : les flibustiers de la liste Dedecker ou du VB ne disposent visiblement pas des conseils de juristes aussi créatifs que ceux qui sont au service du président de la chambre. Ils n’ont donc pas tenté un coup de force qui aurait permis d’ouvrir la discussion générale (sans la clore) et qui aurait offert à tous les parlementaires qui le souhaitaient de prendre la parole.

Quelle conclusion tirer de ce bras de fer plus tendu qu’il n’y parait ?

D’abord que les députés flamands de la majorité souhaitent réellement discuter de BHV, et qu’il faut donc réellement que les francophones s'y opposent. Ce n’était pas que du cinéma : le scénario avait beau être ficelé, certains acteurs ont mis un certain zèle dans l’interprétation de leur rôle. Ensuite qu’Herman Van Rompuy et ses juristes (contrairement à une image peut être trop flatteuse dans les médias francophones) ont plus tendance à appuyer sur la pédale d’accélérateur que sur celle du frein. Qu’enfin Yves Leterme, n’est pas l’homme impuissant que l’on décrit parfois au sud du pays. Si Yves Leterme ne contrarie pas ses troupes ce n’est pas tant qu’il ne peut pas le faire, c’est surtout parce qu’il ne le souhaite pas. Le premier ministre, comme les autres élus, est aussi un homme en campagne électorale, et il est sûrement profondément partisan de la scission de l’arrondissement (au passage, je rappelle que tous les partis flamands du VB à Groen en passant par le SPA et le VLD souhaitent la scission et que Guy Verhofstadt, dont on dit tant de bien, n’avait pas résolu ce problème, mais on a tendance à l’oublier).

Bien sûr ce que je vous raconte là reste entre nous, car cela n’aurait jamais du sortir des salons de la présidence de la chambre. Cela permet de comprendre pourquoi les acteurs étaient si crispés alors que l’on croyait le scénario approuvé par tous. J’avoue que c’est ce décalage qui m’ a poussé à étudier les dessous de la séance de jeudi soir.



Si d’aventure un député nationaliste flamand lisait ces lignes je lui présente mes sincères excuses pour la frustration que je pourrai lui causer. Passer ci près d’un débat historique alors que l’on croyait que tout était écrit d’avance ! Pour tous les autres (y compris les juristes) je propose de méditer sur ce qui pourrait être un bon sujet de dissertation : éviter le pire est nécessaire, mais est-ce satisfaisant ?

07 mai 2008

Yves Leterme perd pied




Cela n’aura donc été qu’une parenthèse. Le gouvernement mis en place le 20 mars risque d’entrer dans les heures qui viennent dans une phase d’intenses turbulences. Finalement c’est peut être mieux ainsi : cette majorité est une majorité fantôme, incapable de travailler sereinement, avec des ministres qui s’écartent sans vergogne d’un accord de gouvernement dont l’encre est à peine sèche et des députés qui se soucient comme d’une guigne de la solidarité gouvernementale. Le gouvernement Leterme n’a aura travaillé que la première semaine de son existence, pour mettre au point quelques mesures sociales (fonds mazout notamment), et depuis il se délite. A l’heure où vous lirez ces lignes, sauf surprise de dernière minute, le compteur de la crise sera sur le point d’être relancé.



Yves Leterme peut cependant espérer limiter la casse. C’est à cela qu’il s’emploie en tentant de convaincre les membres les plus régionalistes de son cartel. Sans doute les députés flamands ne renonceront-ils pas à une inscription de leur fanion BHV sur un ordre du jour. Mais le premier peut encore espère que cette inscription se fasse en relative douceur : en précisant par exemple, que le vote du budget et de la loi programme passent avant l’arrondissement électoral et que l’examen effectif ne soit pas programmé avant plusieurs séances, ce qui laissera le temps aux francophones de mettre en route leur riposte. S’il faut aller vite ceux-ci choisiront l’amendement à renvoyer au conseil d’état (cela ne prend que quelques minutes), s’ils ont plus de temps le conflit d’intérêt (actionné depuis le parlement wallon, le parlement bruxellois ou le parlement francophone bruxellois, ex-cocof, où l’on semble déjà prêt) qui donnera 120 jours de répit. Quelque chose a changé dans le camp francophone. On passe moins de temps à s'invectiver, on travaille désormais en équipe. Le résultat est là : ensemble les francophones réussisent à isoler le CD&V.



Et après ? Les jours de crise programmés ne déboucheront sans doute pas sur grand chose. La tentation francophone est désormais grande de limiter le gouvernement aux seuls thèmes économiques (les fameux « vrais problèmes des gens » pour reprendre une expression si souvent répétée qu’elle en devient ridicule). Il n’est pas sûr que le CD&V marche facilement dans l’opération. Il faudra sans doute encore tenter des négociations communautaires, ou au moins faire semblant. En l’état actuel des choses il n’y a pas de majorité alternative. Et il n’y a pas beaucoup de premiers ministres de rechange. On peut bien songer à Herman Van Rompuy ou Didier Reynders, il n’est pas acquis que l’un ou l’autre accepterait la charge ni que le CD&V leur simplifierait la vie. Bien sûr le nom de Kris Peeters (actuel ministre président flamand) commence à circuler, mais sa méconnaissances du français et son profil régionaliste le rendront difficilement acceptable pour les francophones. Le soldat Leterme se maintiendra peut être faute de concurrent crédible. Pourtant ces dernières heures les téléspectateurs francophones auront vu le premier ministre perdre pied face aux caméras. Dans la même situation son prédécesseur se serait abrité derrière les vitres de sa voiture. Saluons le courage de Leterme qui affronte les micros… mais soulignons aussi sa raideur et ses maladresses. Je suis bien placé pour savoir qu’une meute de caméras est terrorisante. Mais j’ai vu devant moi mardi soir un homme pâle désarmé tentant de s’enfuir dans l’humour. C’est d’autant plus regrettable que si la réunion avait, comme on le subodore, l’ambition de ramener le cartel à la raison, le faire savoir un peu n’aurait pas été si négatif. Ce jogging ridicule n’arrange pas l’image d’un homme si critiqué que l’on se demande comment il ne s’écroule pas.

06 mai 2008

Cherche francophone ou géographe



Un petit moment de détente. Voici un communiqué de presse reçu de la chancellerie du premier ministre au cours du week-end dernier. Le pays dont il est question est l'Albanie, et les services du premier ignorent visiblement que ses habitants sont des albanais. Mais bon, c'était le week-end...


05 mai 2008

Le Vaudeville de Bruxelles-Hal-Vilvorde

Une crise ne se commande pas. Elle est subie, ou désamorcée. Ces derniers jours la classe politique belge nous offre pourtant le spectacle d’une crise programmée et jugée inévitable. Pour être franc on a un peu de mal à ne pas y voir un habile stratagème destinée à camoufler des objectifs peu avouables.
Flamands et francophones peuvent se renvoyer la balle. Aux premiers on reprochera de ne pas avoir anticipé le problème, de vouloir rééditer le coup de force de novembre et de n’avoir rien retenu des 9 mois de crise. Auprès des seconds on s’étonnera de cette étrange stratégie qui consiste à aller au pied du mur, tête de baissée, comme le taureau se précipitant su la cape du toréador.

Depuis une semaine Yves Leterme semble se réveiller. C’est bien mais un peu tard. Le premier ministre aurait du mettre les derniers mois à profit pour avancer sur ce dossier. Il ne l’a pas fait, ce qui est une erreur. Si tout le monde s‘accorde à dire que résoudre le casse-tête BHV ne changera pas la face du monde, le dossier est chargé d’une telle émotion symbolique qu’il est urgent de vouloir le régler. Si le premier n’a pas le temps ou les talents pour le faire, il lui était possible de désigner un médiateur ou de mettre en place une procédure chargé de débroussailler les négociations à sa place. Par crainte de l’encommissionnement sans doute Yves Leterme n’a pas souhaité suivre cette voie. Il est face au dossier, c’est son job, il n’est pas à plaindre.

Son parti, le CD&V, ne lui facilite pas la tâche, en répétant régulièrement son intention d’aller au vote (et donc au conflit, car on ne mesure pas assez côté francophone combien le CD&V est un parti « va-t-en guerre » communautaire). Mais il faut aussi reconnaître que les sociaux-chrétiens flamands ont déjà reporté l’échéance d’une semaine et qu’Yves Leterme et Herman Van Rompuy ont tous les deux lancé des appels à la négociation. S’ils ne sont pas entendus (ce qui semblent être le cas) il faudra distinguer ce qui relève du positionnement politique (rappelons nous d’Yves Leterme quittant une réunion des ténors flamands quelques heures avant le vote du 7 novembre pour préserver ses chances d’être premier ministre) du réel manque d’autorité.

Coté francophones on a donc choisi de ne pas lancer de nouvelle procédure en conflit d’intérêt. Fort bien. Mais franchement : si le point vient à l’ordre du jour, qui peut croire une seconde que les francophone laisseront passer le texte sans rien faire pour empêcher un vote qui est fondamentalement hostile à leurs intérêts ? Les francophones réagiront, laisser croire le contraire est de la pure intox.

Nous voici donc dans un curieux vaudeville ou maris infidèles et femmes volages voudraient que l’autre sauve le foyer sans vouloir faire soi-même la moitié du chemin. Il est peu probable ici, toutefois, que les acteurs tombent dans les bras l’un de l’autre lors du dernier acte.

Ajoutons un élément perturbateur : les élections sociales, en cours jusqu’au 18 mai empêchent jusqu’à cette date toute négociation qui porterait sur l’emploi ou la sécurité sociale. Techniquement, une crise permettrait donc d’habiller cette période d’attente. Avec un danger : dans ces moments irrationnels, les politiques tentent de rééquilibrer les rapports de forces en leur faveur, d’affaiblir leurs adversaires, et de préparer la négociation suivante. En corolaire : des mots blessants, une méfiance de plus en plus grande entre les deux grandes communautés du pays, une impatience grandissante d’une partie de l’opinion publique et un désintérêt de plus en plus marqué du reste de la population.