17 juin 2008

Olivier Maingain recale le 15 juillet


Le président du FDF est mon invité sur RTLinfo.be. Il indique clairement ne pas croire à l’échéance du 15 juillet. « On n’est nulle part, il n’y a pas eu de réunion entre les négociateurs politiques » affirme-t-il. Interrogé sur les chances d’aboutir à un accord il précise « il faut être honnête vis à vis de l’opinion publique. Il faudra sans doute au moins une bonne année pour faire progresser ce d&ébat là. Le 15 juillet il n’y aura pas de solution définitive on le sait très bien ».

L’interview est ici.

14 juin 2008

Docteur premier et mister Flandre


On a été assez critique sur ce blog pour devoir lui concéder une évolution. Cette semaine Yves Leterme nous a positivement impressionné. Voici un premier ministre qui a finalement décidé d'affronter les médias un an après les élections. Yves Leterme a, mardi dernier, enchaîné 4 entretiens, dans l'ordre aux journalistes de la VRT,VTM, RTL et RTBF. 20 minutes par chaîne accordées au dernier moment (je n'ai eu le feu vert que lundi soir alors que j'avais fait une demande pour cette date évènement une 20aine de jours à l'avance). C'est courageux : en communiquant ce jour là Yves Leterme prenait le risque de devoir endosser le passif de la crise. C'est remarquable : non seulement le premier a quitté le registre des gaffes qui ternissaient souvent ses apparitions TV, mais en plus il a pu communiquer assez clairement sur des sujets sensibles (pas de baisse de la TVA sur l'énergie car l'Etat n'a pas les moyens, annonce d'une table ronde avec les routiers, empathie affiché avec les manifestants qui réclament plus de pouvoir d'achat). Seul le registre communautaire fût moins convaincant, j'y reviens dans quelques lignes.


L'autre bonne surprise fut l'intervention à la chambre jeudi après midi alors que le premier était interrogé sur l'appel à la dénonciation linguistique lancé par la commune d'Overisje. Le premier aurait pu se retrancher derrière l'autonomie régionale et renvoyer ses contradicteurs vers la région flamande. Il n'en fût rien. Yves Leterme a ainsi rappelé que la loi sur l'emploi des langues ne s'applique qu'aux seuls actes administratifs et donc pas aux relations commerciales (c'est une déclaration importante : cela ne coule pas de source dans la périphérie de Bruxelles !). Il a très clairement condamné un bourgmestre pourtant issu des rangs de son cartel. C'était une posture de premier ministre, saluée comme telle par de nombreux commentateurs.



J'approuve les analyses positives que j'ai pu lire un peu partout sur cet épisode. Mais je reviens au flou de la position communautaire défendue par un "premier désormais mieux dans son costume". Si Yves Leterme prend de la hauteur, le reste de son parti joue toujours la carte radicale. Les révélations du soir et de la libre sur une stratégie de négociation de plus en plus dure laissent perplexe. Au fur et à mesure qu'Yves Leterme se rapproche de l'opinion francophone ses lieutenants s'en éloignent. De là à penser que l'accord sur la réforme de l'état n'est pas vraiment recherché par le CD&V...
Paradoxalement les difficultés sociales pourraient s'avèrer une chance pour un premier ministre en cours de repositionnement. Plus la grogne pétrolière monte, plus l'idée d'une nouvelle crise communautaire passe pour une lubie de politiciens. Aujourd'hui les acteurs de la négociation semblent obsédés par les seules institutions, alors que c'est de contenu politique que les citoyens ont besoin, se préoccupant fort peu du contenant.

11 juin 2008

Négocier la réforme en ligne

Quelles sont les compensations que vous jugeriez acceptables en échange de la scission de l’arrondissement électoral Bruxelles- Hal – Vilvorde ? Acceptez-vous de voir la Belgique devenir un Etat confédéral ? Souhaitez-vous la création d’une circonscription fédérale et quelle sont les compétences que vous refuseriez de régionaliser ?
Voici quelques unes des questions qui apparaissent sur le site « je vote pour la Belgique » lancé par deux personnalités actives du monde des blogs et de l'internet (l'un s'affiche de gauche l'autre de droite, cela tombe bien). L’initiative est intéressante : les questions ne sont pas manichéennes. Bien sûr ce questionnaire est « francophone » dans le choix des thèmes et la rédaction des questions, mais les auteurs ont pris soin de proposer une version néerlandaise du questionnaire. Cela n’aura pas de valeur scientifique (on reste sur internet) mais je vous encourage à répondre aux questions : cela permet de s’interroger sur ce qu’est la véritable marge de négociation dans un contexte communautaire difficile. A la fin du questionnaire, j’arrive pour ma part à la conclusion que cet espace du « compromis à la Belge » existe toujours.

Je vote pour la Belgique est ici.

Pourquoi personne ne bouge



C’est une petite phrase lourde de sens. Invité du journal de RTL TVI mardi soir, le premier ministre a renvoyé la balle des négociations institutionnelles aux vice-premiers ministres chargés du dossier, Jo Vandeurzen et Didier Reynders. Si l’on s’en tient à la lettre, cela ne manque pas de cohérence : puisque que ces deux personnalités sont officiellement en charge des réformes institutionnelles il est logique qu’elles pilotent les négociations. Si l’on s’intéresse à l’esprit dans lequel une majorité doit fonctionner, on peut en revanche s’interroger. Le premier ministre, s’il veut peser sur son destin, ne peut pas se désintéresser d’un thème aussi fondamental.
En faisant mine de s’en remettre aux ministres des réformes institutionnelles il laisse penser que le thème ne serait pas au cœur de ses propres préoccupations, ce dont on peut douter. Surtout il se met en position de ne pas devoir assumer un éventuel échec des discussions. En position d’observateur Yves Leterme se met à l’abri : en cas de fiasco la question de sa démission ne se posera pas puisqu’il n’était pas l’animateur des débats.

Cette absence d’engagement (sur la place publique, les choses peuvent être différentes en coulisses) a des effets collatéraux. Depuis plusieurs jours Didier Reynders indique lui aussi qu’il ne lui revient pas de faire des propositions. Si le premier renvoie la balle aux vice-premiers, le président du MR la dégage aussitôt dans les rangs du CD&V. C’est une attitude logique : le francophone n’est pas demandeur d’une réforme de l’état, il n’a donc pas à en porter la négociation. Continuons à suivre la cascade : si le MR ne prend pas de risques, le PS et le CDH (dont il faut souligner qu’il est en concurrence électorale frontale avec le MR, notamment pour capter un vote « francophonissime » à Bruxelles) n’iront pas dans un sens contraire.

La situation des jours prochains risque donc de se résumer à une course d’observation ou les uns et les autres se regardent sans lancer le sprint. Déposer une note de négociation dans les circonstances actuelles revient à prendre un risque politique majeur. On ne voit pas, actuellement, ce qui permettrait de débloquer la situation. Mais on rappellera aussi aux partenaires de la majorité que si la réforme de l’État peut attendre un an ou deux, la situation juridique de l’arrondissement BHV est plus problématique. Ce serait du bon sens que de vouloir régler ce problème avant de retourner aux urnes.




L'interview d' Yves Leterme est ici.

10 juin 2008

Wathelet : il faut une réforme équilibrée

Le secrétaire d'Etat au budget et aux familles est l'invité de l'interview hebdomadaire de "Rue de la loi". Melchior Wathelet estime qu'il faut sortir des provocations et qu'une réforme de l'Etat équilibrée est possible. Le secrétaire d'Etat estime également que le contrôle budgétaire ne devrait pas être trop délicat. Enfin il reconnaît utiliser internet essentiellement pour consulter les résultats sportifs.
L'interview est ici.E

06 juin 2008

Le dernier journal



Je travaille dans la même rédaction que Laurent Haulotte depuis bientôt 12 ans. La première fois que nous nous sommes croisés c’était dans les locaux de Bel RTL où Laurent présentait les journaux du petit matin du week-end alors que j’étais reporter (on pourrait même dire « jeune » reporter puisque je venais d’arriver en Belgique). Mes reportages ont donc alimentés les journaux présentés par Laurent en radio, puis en télévision. J’ai eu l’honneur de lui succéder à la présentation du 7/8 sur Bel RTL avant que Frédéric Bastien ne reprenne ce poste essentiel puisqu’il accompagne le réveil et les premiers moments de la journée des auditeurs. J’ai aussi travaillé à ses côté en tant « qu’éditeur » tant en radio qu’en télévision. La présentation de son dernier journal hier soir sur RTL TVI est donc une page qui se tourne. Je voudrai dire ici mon admiration pour un grand pro de l’info, efficace et pertinent dans ses choix, précis dans la rédaction de ses textes, volontaire dans sa manière d’incarner l’info. Au moment de prendre congés des téléspectateurs Laurent a eu la modestie de souligner qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Il a raison. Un bon journal ne peut reposer sur les seules épaules d’un présentateur : la qualité des reportages, la rapidité avec laquelle ils sont mis à l’antenne, la recherche de nouvelles informations, leur fiabilité, leur variété et leur hiérarchisation, la capacité à rendre compréhensible des enjeux complexes sans rien céder à la véracité des faits, la mise en image, le rythme de la réalisation, l’habillage et le dynamisme d’ensemble sont des éléments tout aussi essentiels. Laurent continuera à y veiller puisqu’il sera à partir du premier août le directeur de notre rédaction. Il m’a demandé de le seconder.
Puis-je vous dire que j’en éprouve une certaine fierté ?



NB : les photos ci dessus ont été prises par Bernard Fourmarier, directeur artistique du JT de RTL TVI. Quand on vous dit que c’est un travail d’équipe…

03 juin 2008

Durant : la manifestation de Woluwe est inutile


Isabelle Durant, co-présidente d'Ecolo est l'invitée de l'entretien hebdomadaire "rue de la loi". Elle est y critique l'organisation de la manifestation en soutien aux trois bourgmestres non-nommés de la périphérie bruxelloise. " A part se muscler, à quoi cela sert-il ? Je ne suis pas sûre que cela aide la discussion qui commence ce soir" indique-t-elle.


02 juin 2008

Négociations, le retour


Discussions institutionnelles, acte IV, scène 1. Après l’échec de l’orange bleue, la tentative avortée de l’explorateur Van Rompuy, les deux gifles de Bruxelles-Hal-Vilvorde, l’Octopus et le gel du premier paquet, le gouvernement d’Yves Leterme s’apprête à mettre sur pied un nouveau cénacle communautaire. Yves Leterme n’est plus en première ligne. Les deux ministres des réformes institutionnelles, Jo Vandeurzen et Didier Reynders, sont chargés de faire le boulot à sa place et multiplient depuis une dizaine de jours les contacts avec les présidents de parti. Cela ne veut pas dire que le premier ministre s’en désintéresse, mais confier le dossier à d’autres a été jugé moins risqué. Mercredi ces deux poids lourds du gouvernement devraient faire un nouveau rapport au conseil restreint et lancer (enfin) une nouvelle négociation. Ce n’est pas que nous trépignions d’impatience et d’enthousiasme, mais il faut se souvenir qu’il ne reste déjà plus que 45 jours avant cette fameuse date du 15 juillet. Ce lundi les négociateurs potentiels sont en possession d'une première note. Il est acquis que Groen et Ecolo seront associés aux discussions, ce qui ne sera pas le cas du SPA. Cela fait donc 7 partis autour de la table. Qui négociera (ou essaiera de le faire) ? L’idée de se limiter au Kern ou celle de reconstituer le groupe des sages ont été abandonnées.

Si je suis bien informé c’est un groupe élargi qui devrait être mis sur pied : chaque parti pourrait envoyer une délégation de 3 ou 4 membres. Un dispositif nécessaire au cartel CD&V-NVA qui souhaite que toutes ses composantes soient autour de la table (oui, vous avez bien compris : Bart sera là, et on fera une place aux deux courants du CD&V avec les régionalistes d’un coté, les historiques de l’autre). Faites le calcul : cela fera entre 20 et 30 personnes autour de la table. Autant dire que les chances de négocier en toute discrétion sont assez minces.

Si je suis bien informé encore, l’équipe gouvernementale procédera de la manière suivante pour Bruxelles-Hal-Vilvorde. En échange de la scission de l’arrondissement il est demandé aux partis de se prononcer sur l’opportunité de discuter 4 thèmes :




  • l’élargissement de la région bruxelloise


  • le principe d’extra-territorialité qui permettrait à la communauté française et à la région bruxelloise d’être compétentes pour certains domaines dans les communes de la périphérie


  • les droits civils accordés aux francophones de Flandre (traduisez la possibilité de voter ailleurs, le régime des facilités et la convention cadre sur les minorités)


  • la constitution d’une « communauté urbaine » autour de la région bruxelloise


Les partenaires doivent maintenant indiquer s’ils veulent ou non discuter et de quoi. On peut d’ores et déjà parier que tous les partis flamands ne voudront pas entendre parler de l’élargissement. Ce sera ensuite aux francophones de dire si une discussion sur les thèmes restants est suffisante.

Avec une inconnue : en cas d’échec des discussions le gouvernement Leterme peut-il se maintenir ? Dans la majorité on trouve des partisans des deux thèses. Ceux qui pensent que oui, car un échec en juin et des élections en septembre n’arrangent personne. Ceux qui pensent que non, parce que le CD&V ne peut pas rester éternellement les mains vides. A ce stade on ne sait pas qui a le plus de chance d’avoir raison. Mais honnêtement : on voudrait croire que les premiers l’emporteront, car on mesure bien, depuis notre confortable place d’observateur, combien ce débat lasse les électeurs….

NB : Depuis la rédaction de ce billet, il se confirme que les négociations reprennent ce mardi à 20H. Mon reportage pour le 19 heures de lundi est ici.