20 octobre 2013

Ecolo invente le matricide

OLYMPUS DIGITAL CAMERA C'est un drôle de parti Ecolo. Pas parce que les militants y ont régulièrement le pouvoir de nommer leurs représentants : des exercices de désignation démocratiques existent dans d'autres formations, au moins pour la présidence, et sont organisés tout aussi démocratiquement. Plutôt pour les résultats inattendus qui sortent de ces consultations. Ce n'est donc pas tant cette tradition démocratique qui fait la singularité d'Ecolo que la culture contestataire qui s'exprime à ces occasions.

Par définition un vote en assemblée générale du parti écologiste est difficile à prévoir tant les débats qui le précède sont tumultueux, ouverts passionnés. 
En tant que journaliste j'ai connu trois époques. La première, celle des assemblées générales ouvertes faisait le délice des reporters politiques. On y voyait les courants s'affronter devant les caméra, les ambitions personnelles s'exprimer sous les huées des militants, les alliances contre-nature (on a beau être chez les écologistes, ça existe aussi) s'afficher. On s'insultaient, on se comptait, et puis on quittait le parti ou se réconciliait pour le combat suivant. 
La seconde période est liée à l'essor du parti dans la vie politique et sa transformation en partie de gouvernement (comprenez que les verts acceptaient de monter dans une majorité et de mettre les mains dans le moteur pour tenter d'influer sur le cours des choses au lieu de les critiquer de l'extérieur). On a maintenu les assemblées générales, mais on a alors interdit l'accès de la presse au débat. Cela a commencé par les caméras, puis la mesure s'est étendue à toute la profession. Les joutes oratoires continuaient, mais l'effet dévastateur que cela aurait pu avoir sur l'opinion publique est devenu plus limité. 

Nous sommes maintenant dans une troisième phase, celle de la professionnalisation d'Ecolo. Les assemblées générales y ont été remplacées par des comités de listes. On fournit une liste clef en main préparée par la direction du parti, le rôle des militants dans cette phase cruciale est donc moindre. Mais il restait  une exception. La liste européenne. Vu ce qui s'est passé hier à Mons les écologistes ne pourront pas faire l'économie d'une réflexion sur ce que représente cette exception pour un niveau de pouvoir où se concentre les enjeux environnementaux qu'ils portent.

Ce week-end les écologistes ont donc préféré Philippe Lamberts à Isabelle Durant (325 voix contre 270) pour conduire la bataille européenne de mai prochain. Une bonne cinquentine de voix d'écart, ce qui est significatif quand on est 600 votants. 
On pourra voir dans ce résultat la revanche de la désignation précédente (Durant l'avait emporté d'une seule voix face à son challenger). J'ai la faiblesse d'y voir bien plus : le maintien ou la résurgence de cette culture contestataire. Le désir de la base de montrer à ses élites qu'elles sont à sa merci, quitte à se tirer une balle dans le pied. Montrer qu'on a le pouvoir en prenant une décision contraire à ses propres intérêt pour manifester son autorité est assez peu rationnel, mais vous si vous me lisez régulièrement vous savez déjà que tout n'est pas rationnel en politique.

Les arguments de campagne des deux candidats l'indiquaient assez clairement. Isabelle Durant a essaye de convaincre les électeurs/militants en mettant en avant son expérience, son positionnement large (elle peut parler aussi bien de transport que d'énergie ou d'éthique) et surtout sa surface électorale (avec moins deux sièges sont possibles, sans moi, un seul est probable). Philippe Lamberts a mis en avant son bilan (être devenu l'un des parlementaires européens les plus compétents en matière de finances) et un renouveau politique dont il est indéniablement porteur (une nouvelle génération, une rupture de style, le retour aux fondamentaux : pas plus de deux mandats et le turn over assumé des élus). Lentement mais sûrement le débat européen s'est donc joué de la manière suivante à Ecolo : ceux qui pensent qu'ils faux aller au devant de l'électeur en étant le plus rassembleur possible, et ceux qui souhaitent que l'on s'en tiennent strictement au programme, peu importe qui le porte.  Gagner les elections parce que c'est la vocationd'unpart, ou garder son âme pure pour ne pas ressembler à ceux qu'on denonce. Depuis,longtemps l'un des deux candidats portait en lui un atttitude de defiance vis à vis de l'appareil, qui, disait-il, ne le soutenait pas assez. Avec lui les militants on voulu remettre ceux qui incarnent le parti dans l'opinion à leur juste place : des militants parmi d'autres. Une résurgence des combats fondi/realo des années 80. Avec Lamberts ce sont donc les fondi rigoureux qui gagnent.

Qu'on se comprenne bien. J'ai beaucoup d'estime pour Philippe Lamberts, que j'ai interviewé à plusieurs reprises et qui m'impressionne par sa connaissance réelle du dossier bancaire. Des articles du Monde et du Financial Times qui vous décrivent comme l'adversaire numéro 1 des grandes banques européennes ce n'est pas rien. L'homme est organisé, dynamique et bon communiquant. C'est un excellent député. 
Mais ce n'est pas le problème. Un bon parlementaire n'est pas forcément une bonne tête de liste. Thierry Giet fut un bon parlementaire, chef de groupe PS respecté à la chambre, mais toujours élu grâce à la suppléance. Pour  prendre un autre exemple, au sein d'Ecolo cette fois, Marcel Cheron est un négociateur incontournable des matières communautaires, il n'est pas une machine à voix. Compétence et force de travail ou puissance médiatique et pouvoir de séduction, faut pas confondre.  

Ce matin je suis sur que beaucoup d'écologistes belges ont un sentiement de gueule de bois. Après l'ivresse du coup d'eclat,  les éditoriaux moralisateurs (dont ce papier fait sûrement parti) vont leur expliquer que c'est pas terrible ce choix. Et que oui, c'est vrai, Isabelle Durant ratissait plus large et était une meilleure tête d'affiche, et que le score de mai prochain risque de s'en ressentir. 
Plus important encore, le sentiment que la vice-présidente du parlement européen se retrouve désavouée par ses propres troupes alors qu'elle aurait pu viser la place de chef de groupe avec le départ de Dany Cohn-Bendit. Que toutes les années Durant se soldent par un vote sanction. Il suffit de regarder le parcours : Isabelle Durant fut secrétaire fédérale du parti, avant de devenir la seule et unique vice première Ecolo d'un gouvernement fédéral. On peut l'aimer ou pas, mais on se souviendra qu'elle a incarné Ecolo au pouvoir, luttant becs et ongles avec Laurette Onkelinx et Didier Reynders, s'opposant aux camionneurs qui bloquaient la rue de la loi ou sortant du gouvernement sur la question des vols de nuit. C'est ce symbole là aussi, que les militants déchirent d'un geste sec, comme l'annonce d'un souhait assumé d'un retour à l'opposition en mai prochain. 

Cette assemblée générale de Mons c'est donc comme une boussole qui annonce un nouveau cap. Celui d'une reconstruction  qui passe par un changement de génération, la reapporpriation du parti par ses militants, mais aussi un éloignement du pouvoir. 
L'annonce que Jean-Marc Nollet et Marcel Cheron seront candidats à la chambre et non plus à la région confirme ce qui n'est aujourd'hui qu'un presssentiment de journaliste. Mieux vaut briller au federal qu'à la region si,on s'eloigne du pouvoir. On ajoutera que les ténors du parti, pressentant cette nouvelle tendance se sont montrés bien timides pour défendre Isabelle Durant. 
Pour conclure je voudrais renvoyer au livre 'Ecolo au pouvoir' que Chritian De Bast écrivait en 2002 (11 ans déjà !). À l'epoque l'auteur était journaliste à l'Avenir, il allait devenir quelques mois plus tard porte-parole du CDH. Dans ce livre on décrit comment Isabelle Durant était perçue comme une mère ou une grande sœur par les écolos. On explique aussi comment les dirigeants du parti  furent sans pitié avec Paul Lannoye ou Jacky Morael. À Ecolo on a n'a pas peur du parricide politique. On vient d'inventer le matricide. 

17 octobre 2013

Philippe Close (PS) juge que les poteaux bleus et jaunes ne sont pas une priorité

http://telebruxelles.net/portail/emissions/magazines-a-voir-en-ligne/linterview/27823-171013-philippe-close-ps


C'est un peu le feuilleton de la semaine en région Bruxelloise. Mercredi Brigitte Grouwels annonçait son intention de peindre les poteaux de feux rouges en bleus et jaunes. Un premier test serait d'abord mené sur 16 poteaux avant de se lancer dans une opération de plus grande ampleur... c'est une question de sécurité estime la ministre CD&V qui juge les poteaux gris pas assez visibles.

Ce midi le chef de groupe PS du parlement régional Philippe Close à fait part d'où e certaine réserve. 'Ce n'est pas une priorité et sur le plan esthétique je ne suis pas sûr' a-t-il glissé, même si il a ajouté que Brigitte Grouwels peut compter sur son soutien... Il suffit de voir la vidéo de l'interview (c'est vers les 2/3 de l'entretien) pour comprendre que l'accueil est donc très tiède au sein même de la majorité.

15 octobre 2013

Pourquoi écrivent-ils ?

La rentrée littéraire est derrière nous. Mais les livres politiques fleurissent. Frédéric Daerden et Paul Magnette se sont affichés en librairie il y a quelques mois déjà. Merry Hermanus et Isabelle Durant sont actuellement sur les rayonnages. Steven Vanackere, prédécesseur de Koen Geens aux finances, publie un ouvrage ce mardi. Philippe Moureaux, déjà auteur de plusieurs récits, peaufine son prochain manuscrit. Autant de livres, autant de styles, mais une constante : en prenant la plume les élu(e)s établissent un nouveau lien avec l'opinion publique. Ils délimitent un espace, dont ils ont le contrôle, adapté à leur message, sans passer par l'intermédiaire ou le filtre d'un média. Cette liberté, outre qu'elle permet de sortir des petites phrases pour avoir le temps d'expliquer une vraie vision, nous dit beaucoup des intentions de l'auteur. La forme littéraire choisie, le contenu du récit, son articulation, nous renseignent sur le public visé, et sur la relation que l'auteur espère entretenir avec ce lecteur. Et comme du lecteur à l'électeur il n'y a qu'une lettre cela mérite qu'on s'y arrête. Je ne suis pas critique littéraire, vous me permettrez donc de passer les livres en revue sans toutefois juger les styles.

Première catégorie de livres politiques, le recueil de chroniques. Bart De Wever et Paul Magnette ont en commun de publier des billets réguliers dans un grand quotidien flamand. Les réunir sous forme de livre ne demande pas beaucoup de travail en plus. Opération gagnante qui vous permet de gagner des lecteurs au delà du lectorat du quotidien dans lequel les chroniques ont été publiées, de pérenniser votre œuvre (le journal est éphémère, le livre reste) et accessoirement de déposer votre visage dans les librairies. Si j'étais sordide je comparerais l'homme politique à une marque.  Un visage sur une couverture, c'est autant de contacts avec la marque que de clients dans les librairies. Si votre éditeur décroche le rayon livre du carrefour c'est bingo. 

Sur le contenu Paul Magnette propose une visite de l'espace francophone à destination des lecteurs flamands. Pour un bruxellois ou un wallon lire ces chroniques c'est un peu se voir dans le miroir du miroir. C'est déformant bien sur, mais ça ne manque pas d'intérêt. On y comprendra que les clichés entretenus au nord sur le sud ne pourront pas être déconstruits tant les habitants du sud les  intègrent dans la perception qu'ils ont d'eux-même. Ajoutons que c'est une lecture agréable, par chapitre ou d'un trait.


Deuxième registre le livre-entretien, genre très prisé, que ce soit en duo avec un journaliste, ou comme dans le cas de Frédéric Daerden avec un interlocuteur artificiel censé incarner monsieur ou madame tout-le-monde. L'interlocuteur pose des questions, le politique y répond. L'ouvrage ici a une visée pédagogique. Frédéric Daerden y a même ajouté des fiches d'explication (qu'est ce que la subsidiarité ou une majorité qualifiée). On sent la patte des collaborateurs derrière l'ouvrage qui veut rapprocher l'électeur du fonctionnement du parlement européen. On est ici entre l'ouvrage scolaire et la profession de foi, et l'ouvrage sera instructif pour tous les étudiants en sciences politiques. On peut y voir, aussi, en creux, un malaise : celui d'un élu très implanté localement mais confronté au déficit d'explication des qu'on parle d'union européenne. Mais que fais-je donc si loin de vous, chers électeurs, lorsque je suis à Bruxelles ou à Strasbourg ? 

Toujours dans la catégorie Europe, Isabelle Durant a opté pour le livre-manifeste. Là aussi c'est un classique de la littérature politique, où l'auteur fait part de sa vision du monde et dévoile ce qui s'apparente à un programme. C'est dense, touffu, cela invite à la réflexion, et cela demande sans doute plus d'effort de la part du lecteur. Comme pour le livre précédent on notera toutefois une volonté pédagogique et ceux qui aiment l'Europe prendront un réel plaisir à découvrir quelques anecdotes sur le fonctionnement du parlement européen (Isabelle Durant en est vice-présidente et n'est pas tendre avec Herman Van Rompuy, le président du conseil). Particularité de l'ouvrage de l'euro députée ecolo celui- ci à été écrit à 4 mains avec une partenaire n'est pas membre du même parti (la socialiste allemande Gésine Scchwan) ce qui lui permet de sortir du lot des nombreux ouvrages qui proposent une vision européenne. 

Avec Merry Hermanus c'est une autre catégorie qui s'offre à nous, celle des livres-souvenirs. C'est déjà le second ouvrage du genre de l'ancien secrétaire général de la communauté française. Dans le précédent (l'Epreuve) l'auteur se concentrait sur les affaires Inusop et Agusta-Dassault qui lui ont valu d'être condamné. Dans ce qui pourrait paraître comme une suite Merry Hermanus dresse surtout le récit de ses jeunes années dans les cabinets ministériels. Des situations croquignoles, des anecdotes, un livre de récits savoureux où l'on croise les grands formats des années 70/80. Hermanus veut s'y poser en concurrent de Philippe Moureaux qu'il égratigne au passage. On y sent aussi le désir de crier 'ma vie ne se résume pas aux procès que vous connaissez'.

Philippe Moureaux justement prépare aussi une galerie de portraits. On y croisera de grands noms de la politique comme Wilfried Martens. Je suis prêt à parier qu'on y parlera pas beaucoup de Merry Hermanus. 

Enfin Steven Vanackere nous offre aujourd'hui le livre justification. Dans la premiere pierre il nous invite à suivre les vices de nos politiques mais c'est pourtant la vertu que l'ancien vice-premier ministre  décrit dans ses pages. Pourquoi faut-il faire de la politique semble vouloir nous expliquer le ministre démissionnaire, qui se decrit plus vertueux que vicieux, préparant sans doute ainsi son come back : il pourrait être candidat aux élections européennes de l'an prochain. L'ouvrage n'est à ce stade publié qu'en néerlandais. 

Notons que tous ces ouvrages ne feront pas la fortune des éditeurs. En Belgique francophone le livre politique se vend correctement  mais l'étroitesse du marche fait que l'exercice est rarement rentable. Il faut déborder sur le marché français pour atteindre le vrai succes. Il y a quelques années beaucoup d'ouvrages politiques s'editaient ainsi à compte d'auteur. Pour certaines maisons d'édition on demandait au candidat-écrivain de financer lui même l'exercice en achetant à l'avance de grandes quantités ou en s'engageant à reprendre les invendus. On n'est pas sûr que ces pratiques aient disparues. La preuve : de nombreux ouvrage paraîtront sûrement juste avant le début de la campagne officielle au printemps prochain. En faisant bien attention à la date, car une fois la campagne officiellement lancée les frais d'édition risquent d'être incorporés aux comptes de campagne. Et ça, même quand on aime beaucoup écrire, on préfère éviter. 


13 octobre 2013

Les 4 vérités d'une baisse de la TVA

J'ai participé ce dimanche midi à l'émission Controverse dont l'un des débat tournait autour d'une baisse de la TVA sur l'électricité. Comme vous le savez sans doute l'idée a été lancée par Johan Vande Lanotte lors des travaux sur le budget 2014, mais le CD&V l'ayant accueillie fraîchement, elle a été temporairement mise au frigo. Comme l'affaire n'est pas close il me  semble sain de ramasser ce débat sous forme de quelques affirmations  et de tenter d'y apporter les nuances ou la contradiction nécessaire. Ce qui paraît évident n'est pas toujours la vérité.

La baisse de la TVA sur l'électricité améliorera notre pouvoir d'achat
Cette affirmation peut sembler simple comme du bon sens. Il faut la nuancer. Comme je le faisais remarquer sur le plateau à Raoul Heddebouw (porte parole du PTB) dans une économie de marché il est rare que la baisse de la fiscalité soit intégralement répercutée sur le prix de vente d'un produit. Le plus souvent le producteur ou les intermédiaires profitent de cette baisse pour accroître leur marge bénéficiaire. On a pu le constater avec la baisse de la TVA sur le secteur horeca. La ristourne consentie par l'Etat ne se répercutera réellement sur le pouvoir d'achat que si l'on prend des mesures complémentaires pour contraindre les producteurs et distributeurs  d'électricité  à maintenir leurs prix actuels. Il faudra également s'assurer que les régions ne viennent pas alourdir la facture par des taxes compensatoires.

La baisse de la TVA est une mesure de gauche qui bénéficie aux travailleurs
Là on frise l'escroquerie intellectuelle. Si le consommateur paye effectivement moins, l'intérêt de la mesure réside surtout dans un décalage de l'index. Baisser la TVA aura pour effet de retarder la progression des prix à la consommation et donc des salaires. D'après les experts cela permettrait  d'economiser 0,4 % de notre masse salariale et de repousser toute augmentation de salaire au delà de 2014 (il n'y a déjà  pas eu de saut d'index en 2013). En clair ce que l'on accorde aux consommateurs d'une main on le reprend aux salariés de l'autre. Ceux dont les revenus ne dépendent pas de l'indexation (rentiers, boursicoteurs) profiteront davantage d'une baisse des prix de l'électricité. Ce n'est pas ce qu'on appelle une mesure de gauche. C'est la raison pour laquelle les fédérations patronales sont d'ailleurs enthousiastes : elles ont tout intérêt à limiter les hausses de salaire et cette mesure le permet, tout en étant intégralement à charge de l'Etat. 

La baisse de la TVA relancerait l'économie 
C'est en partie vrai. Le maintien de l'index en dessous de l'indice pivot aide les entreprises belges à gagner en compétitivité vis à vis des pays voisins puisque les salaires n'augmentent pas. L'affirmation selon laquelle l'énergie devient moins chère pour les entreprises est en revanche fausse puisque la  pupart des entreprises récupèrent la TVA. Reste à chiffrer l'impact de la mesure. Le cabinet Vande Lanotte avance le chiffre de 11 000 emplois créés. 


La baisse de la TVA est neutre pour le budget de l'Etat
Attention danger : c'est sans doute sur cette question que les chiffres doivent être relayés  avec le plus de prudence. Baisser la TVA de 21 à 6% cela représente au moins 400 millions de recettes en moins pour l'Etat fédéral. Si l'on tient compte de l'effet retour (les créations d'emploi) on peut espèrer un gain de 200 millions environ, il reste donc un solde de 200 millions à financer. 200 millions, ça tombe bien, c'est justement ce que l'Etat gagnerait avec un report de l'index qui permettrait de ne pas augmenter les salaires des fonctionnaires. 

Le problème c'est que le calcul d'un effet retour est fortement aléatoire. Le plus souvent il est surestimé. Le CD&V en demandant à faire vérifier l'ensemble de ces chiffres n'est pas inconséquent.  On notera aussi que cette neutralité budgétaire n'est valable que la première année. Sauf à imaginer que la TVA joue au yoyo c'est une baisse structurelle qui est décidée ici, alors que l'effet retour lui ne jouera à plein qu'une seule fois : l'Etat risque de la payer cher très rapidement. 

Pour résumer voici donc une mesure portée par un parti de gauche qui profite essentiellement aux entreprises et qui risque de peser à terme sur les finances de l'Etat. Et comme le CD&V ne veut pas faire de cadeau au SPA, et a eu le sentiment que l'ami Johan tirait un peu trop la couverture à lui,  c'est un parti de centre droit qui s'y oppose. Joli paradoxe, non ?