tag:blogger.com,1999:blog-239835072024-03-07T20:06:55.097+01:00Arts - Loi Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.comBlogger660125tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-56360461930856670322019-03-30T17:41:00.000+01:002019-03-30T17:46:42.380+01:00Rue de la loi continue sur BX1 (et vous pouvez m’entendre aussi sur Bel RTL)2006 ... cela fait 13 ans que ce blog existe. C’est vrai, avec des absences et plus ou moins d’assiduité. Mais, sauf erreur de ma part, cela doit bien en faire le plus vieux blog politique de Belgique francophone.<br />
Depuis deux semaines maintenant ma production est reprise sur le site de BX1, la télévision régionale bruxellois, toujours sous le titre de « rue de la loi ». J’y poste chaque jour en fin d’apres-midi un édito sous forme de vidéo accompagnée d’un texte. J’y parle de politique avec un prisme bruxellois francophone.<a href="https://bx1.be/dossier/rue-de-la-loi/">https://bx1.be/dossier/rue-de-la-loi/</a><br />
Mes articles sur la culture ou autre chose continueront à être postés ici.<br />
En parallèle j’ai également repris l’interview de 07h50 sur Bel RTL, que je vous encourage à écouter en direct ou en podcast.<a href="https://www.rtl.be/belrtl/emission/l-invite-rtl-info-de-7h50/1230.aspx">https://www.rtl.be/belrtl/emission/l-invite-rtl-info-de-7h50/1230.aspx</a><br />
Parce que la politique nous concerne tous.<br />
Merci de votre fidélité.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-66922254525877827962019-03-04T12:03:00.000+01:002019-03-04T12:03:59.522+01:00Didier Reynders, l’intelligence et l’ironie <div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9NHS1j0ZSXIhHo0mRMmu54gPZk_OSKQ4RP-JLbMnsCMVY_-kgIkYrbaIn3zAhIWiCYZyDKWZBnpnSpW7L27HjdWZ8rmjBa8kjb1_7EOQnDP7wdX3eoJlgQTy4Tx7muGqp0Cmy/s1600/dr.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="194" data-original-width="259" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9NHS1j0ZSXIhHo0mRMmu54gPZk_OSKQ4RP-JLbMnsCMVY_-kgIkYrbaIn3zAhIWiCYZyDKWZBnpnSpW7L27HjdWZ8rmjBa8kjb1_7EOQnDP7wdX3eoJlgQTy4Tx7muGqp0Cmy/s1600/dr.jpg" /></a>Peut-on rire de tout ? Oui mais surement pas avec tout le monde. Peut-on rire de soi ? C’est encore mieux, mais les réactions du public sont parfois décevantes.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
Au départ il y a donc<a href="https://plus.lesoir.be/207999/article/2019-02-21/didier-reynders-exprime-ses-ambitions-au-soir-le-casting-bleu-est-logique" target="_blank"> cette petite phrase de Didier Reynders au journal le Soir qui l’interroge sur ses ambitions post-électorales.</a> Le ministre des Affaires Etrangères y fait cet étrange aveu : il a le souhait de pouvoir rester en politique belge si sa candidature n’est pas retenue au Conseil de l’Europe. Et comme le journaliste le relance sur une hypothétique fonction européenne (genre commissaire européen), Didier Reynders de répondre : « <i>Même pape, je l’ai toujours dit, je peux le faire : je suis baptisé ! Après les élections, on verra bien qui fait quoi. Mais le problème au parlement européen, c’est qu’il y a une incompatibilité entre le maintien au gouvernement en affaires courantes et le mandat de député européen. Je ne me voyais pas quitter le gouvernement en juin ou en juillet, alors qu’on serait peut-être encore en pleine négociation. »<o:p></o:p></i></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
De cette interview on ne retiendra que la petite phrase « même pape, je peux le faire ». Elle est reprise sur les réseaux sociaux, partagée, commentée, raillée et sert même de point de départ à <a href="https://www.levif.be/actualite/belgique/didier-reynders-une-certaine-idee-de-la-modestie/article-opinion-1098823.html" target="_blank">une chronique au vitriol du Vif.</a> C’est la règle à l’heure des réseaux sociaux : la portée d’une déclaration est difficile à maitriser et sa propagation et son commentaire dépendent désormais des internautes et des algorithmes bien plus que du locuteur ou du journaliste qui retransmet ses propos. Corrolaire : si tu pêches par l’excès de punchline le bad buzz te rattrapera un jour.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
D’accord. Sauf que la petite phrase en question n’était évidement pas à prendre au premier degré. « Même pape je peux le faire » : arrêtez de fantasmer sur des scénarios qui sont hypothétiques, ne me posez pas des questions sur du sable. Une petite ironie, mi-amusante, mi-cinglante comme le libéral en a l’habitude, sauf que cette fois il mettait en boite son interlocuteur et s’amusait de lui-même par la même occasion. Le problème de l’ironie c’est qu’à moins de fournir le mode d’emploi dans la phrase suivante on est pas certain qu’elle soit comprise. Au final cette interview, si on veut l’analyser vraiment, est plutôt un terrible aveu de faiblesse de Didier Reynders : il a postulé pour une fonction qu’il n’est pas sûr d’obtenir, il a la trouille de quitter le monde politique parce qu’il ne sait faire que cela, il ne sait pas ce qui l’attend après les élections et son destin ne dépend plus de lui.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
De la déferlante des moqueries qui ont suivi on se dira qu’elles étaient de mauvaise foi ou que leurs auteurs ne sont pas aptes à comprendre du second degré. Ce serait sans importance si elle ne participait pas à un appauvrissement sans fin du débat politique ou de son analyse. Bien sûr Didier Reynders paye ici pour une image personnelle qui ne date pas d’hier : celle d’une certaine suffisance et d’une grande intelligence plus souvent mise au service de l’ambition personnelle que de l’intérêt collectif. Peut-être. Sauf que pas là. Vraiment pas là. Pour interpréter cette phrase comme elle le fût il ne fallait vraiment pas lire l’article avec le minimum d’honnêteté intellectuelle requis. L'ironie il faut de l'intelligence pour en faire et de l'intelligence pour la comprendre. </div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 15.54px; margin: 0cm 0cm 8pt;">
Nous approchons des élections. Un peu de finesse (intellectuelle) dans un monde de brutes ne ferait pas de tort. Prendre le temps de lire les interviews pour ce qu’ils disent vraiment avant de flinguer gratuitement les orateurs non plus. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0pt;">
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<div class="MsoNormal" style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0pt;">
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-50583263236494112262019-02-05T22:06:00.008+01:002019-02-06T17:32:27.719+01:00Climat et élections : le grand glissement de paradigme<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Vous connaissiez l’adage : « <b><i>6 mois en politique, c’est une éternité</i></b> ». La sentence date du siècle dernier, quand les campagnes électorales se faisaient encore à coup de petites phrases dans les débats télévisées, que les éditorialistes de la presse écrite donnaient le ton des revues de presse et des conversations familiales du dimanche et que les partis politiques investissaient massivement dans les campagnes d’affichage à l’approche des scrutins. En 2019 il ne faut plus six mois. Quelques semaines suffisent à faire basculer un paysage politique du tout au tout. Entre la fin 2018 et le début de 2019 <b>nous n’avons pas seulement changé d’année, nous avons franchi un pallier et sommes entrés dans un nouvel univers</b>, avec des thématiques inattendues et des courants nouveaux, des acteurs surprises et un monde politique contraint de pivoter sur son axe s’il ne veut pas purement et simplement disparaître. </span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>Rappelez-vous.</b> Fin 2018 la rue de la loi est en émoi. La N-VA a décidé de faire du pacte migratoire des nations-unies un casus belli. Elle refuse que la Belgique le , interdit au premier ministre de se rendre à Marrakech et fait finalement chuter le gouvernement. Charles Michel fait mine de chercher une coalition alternative, envisage le gouvernement minoritaire et croit encore pouvoir compter sur un soutien extérieur des nationalistes flamands sur les questions sociales et économiques mais sera finalement contraint de démissionner et d’entrer dans une longue période d’affaires courantes. A ce moment-là du récit l’affaire est entendue. <b>Le climat de la campagne sera « identitaire »</b> mot poli pour dire que la N-VA a décidé de boxer sur le ring du Vlaams Belang, que l’immigration, l’asile et la défense d’une prétendue culture nationale seront ses thèmes privilégiés. Pour le dire clairement la N-VA lance une campagne d’extrême-droite (que l’on rebaptise pudiquement de populiste) et les slogans qu’elle diffuse (moyennant finances) sur Facebook en pleine crise ne laissent planer aucun doute à ce propos (devant le tollé, le parti les retirera rapidement mais les électeurs concernés auront eu le temps de recevoir le message). Rien ne semble en mesure d’arrêter le rouleau compresseur nationaliste. Le glissement vers la droite touche aussi les francophones, sur le mode « i<i>l faut oser parler de ces thèmes là </i>». L<b>e succès de la N-VA dans l’opinion est tel que même quand elle vous trahit il vous est difficile d’en dire ouvertement du mal.</b> Lorsque la N-VA quitte le gouvernement le premier réflexe de Charles Michel est de rendre un hommage appuyé au travail de ses ministres alors même que Jan Jambon et Théo Francken sont encore occupés à saper son autorité. A l'époque Ecolo est en bonne forme dans les sondages, sans plus, le PTB à un niveau d'intention de vote élevé. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b><br></b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>Coté Wallon c'est un affrontement droite-gauche sur fond d'affaires qui se met en place</b>. Là ce n'est pas Bart De Wever </span><span style="-webkit-text-stroke-width: initial; font-size: 11pt;">un certain Benoit Lutgen qui a débranché la prise. L’homme a décidé à mi-parcours de changer de partenaire. Les socialistes l’avait convié à la table régionale en 2014. Le président humaniste les a jugé indignes de gouverner 3 ans plus tard et a finalement offert la ministre-présidence wallonne aux libéraux pour la seconde partie de la législature. Pour Lutgen le PS était abîmé par trop d’affaires et cela devenait dangereux pour le crédit de la classe politique. Pour les socialiste le CDH a simplement trahit et commencé à préparer le sauvetage d’un parti mal en point en privilégiant une alliance qu’il pressentait porteuse d’avenir. </span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>On en était donc là. Une campagne sur l’immigration avec un peu d’économie</b>, une N-VA dominante au nord, un PS endommagé par les affaires au sud, une coalition suédoise dont la reconduction restait envisageable, des libéraux qui espéraient pouvoir revenir dans le jeu à Bruxelles et un CDH dans le rôle du traitre qui après une longue période à regarder sur sa gauche décidait de bifurquer à droite. On préparait ses arguments, sur l’asile ou sur les fameux jobs jobs jobs créés ou pas, sur la gouvernance en Wallonie ou le statu quo communautaire. </span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>C’est au tournant du nouvel an que les assurances ont commencé à se fragiliser.</b> Venu de France le mouvement des gilets jaunes avait été un coup de semonce. Des barrages un peu partout en Wallonie courant décembre. Quelques affrontements avec la police. <b>La découverte pour le monde politique et syndical d’une radicalité qu’il ne soupçonnait pas.</b> Au delà du mal-être. Une envie d’en découdre, de manifester sa colère, de rendre par la violence un sentiment d’oppression ou d’abandon. <b>C’est la lutte des classes et le </b></span><b><span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt; font-style: italic;">lumpen</span><span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"> </span><span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt; font-style: italic;">proletariat</span></b><span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b> chers à Karl Marx mais en version 2.0 sans leader et réelle revendication audible. </b>Le mouvement va s’essouffler mais le monde politique vient de vivre une première secousse. Les gilets jaunes ont imposé un débat social. La démocratie représentative est contestée, la tentation révolutionnaire présente, les médias contournés. La gauche et les syndicats n’arrivent pas à se connecter au mouvement, l’extrême droite en revanche (le groupuscule Nation en tête ) fait le tour des barrages et participe aux lancements de pavés. Cette première mobilisation, parce qu’elle échappe aux cadres partisans et syndicaux traditionnels est un signal : <b>dans un tel climat de désespérance rien ne dit que les électeurs reproduiront leurs comportements traditionnels une fois dans l’isoloir. </b></span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>La seconde mobilisation est climatique.</b> Et comme une montée des eaux, elle est lente mais constante. 70 000 personnes (au minimum) le 2 décembre. Une surprise. On est en pleine réunion de la COP 26, les médias ne parlent que de cela observent les esprits critiques. Mais le 27 janvier la mobilisation est à nouveau du même niveau. I<b>l y a désormais plus de gilets verts à Bruxelles que de gilets jaunes à Paris.</b> Et surtout entre ces deux marches dominicales c’est un rendez vous hebdomadaire mise en place par les jeunes qui fait recette. Quelques centaines d’élèves des écoles européennes la première fois. Des milliers de flamands ensuite. Les francophones pour finir. Rhétoriciens, etudiants, réseau libre ou officiel, avec ou sans accord des parents, punition ou pas à la clef, la croisière jeune est en marche, et pas prête de s’arrêter. C’est la seconde déstabilisation que les hommes politiques et les journalistes n’ont pas vu venir. À quatre mois de l’élection c’est le branle bas de combat dans les états majors. Il y a ceux qui sont bien placés et ont tout intérêt à ce que la mobilisation se maintienne (Ecolo) ceux qui peuvent tenter d’adhérer au mouvement (le PS, le CDH) même si ce n’est pas leur vocation première, ceux qui doivent réviser leurs programmes pour coller à la vague climatique et<b> tenter une synthèse entre un électorat traditionnel attaché à son diesel de société et un nouvel électorat qui voudrait une société sans diesels </b> (le MR). Enfin, il y a ceux qui s’ agacent de cette verdisation de la campagne. Ils sont très nombreux, dans beaucoup de partis, mais la plupart du temps arrivent à le cacher ... <b>Si Joke Schauvliege est seule à avoir perdu ses nerfs et son poste ministériel soyez conscient qu’ils sont nombreux à partager une forte suspicion d’une manipulation climatique et d’une instrumentalisation des marcheurs du jeudi et du dimanche. </b></span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>Pour répondre aux citoyens</b> et ne pas paraître passifs les uns et les autres multiplient les initiatives. Débat avec les jeunes, textes législatifs. La température est montée d’un cran, quitte à faire de la surenchère. Avec une difficulté : quand le public devient mono maniaque, bien informé et radical, il sera difficile de l’enfumer avec quelques slogans. Soyez sûrs que les jeunes suivront les débats parlementaires. Et qu’un peu de technicité ne les rebutera pas. Au contraire, ils font leur apprentissage de la démocratie, seront passionnés et critiques, et on ne devrait que s’en réjouir. Dans les trois mois qui nous séparent du scrutin les partis vont devoir faire des choix. Savoir quel électorat privilégier : celui des voitures de société, celui qui vole Ryanair ou celui qui se dit plus chaud que le climat ? Ce sera encore plus douloureux pour les formations qui abritent des climatosceptiques en leur sein. Le débat risque d’être vif. Mais suivre Ecolo n’est pas la seule option, loin de la. La N-VA, par exemple, joue la rupture, renvoie les jeunes à leurs études en qualifiant l’alerte climatique de fantasme irrationnel, et indique clairement qu’avec elle les belges (ou en tout cas les flamands ) ne changeront pas de mode de vie, et tant pis si la mer (du nord) monte. </span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><b>Le thème du climat est donc bien installée dans la campagne. Déjà Ecolo et Groen se voient vainqueurs incontournables</b>. En position de peser ou même de choisir leurs partenaires. On commence à parier sur une majorité rouge-verte à Bruxelles et namuroise (on dit aussi jamaïcaine) à Namur. Au Nord la N-VA semble bien moins incontournable qu’avant les élections communales (qui au passage n’ont pas été pour elle un si grand succès ) et l’affaire des visas humanitaires a fragilisé l’un de ses ténors, Théo Francken. Mais attention. Nous votons dans un peu plus de 100 jours. Trois mois, c’est la moitié d’une éternité. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas le 26 mai. La véritable leçon est celle-ci : les mouvements de l’opinion n’ont jamais paru aussi rapides et aussi marqués. <b>En 2019 pour gagner une élection il est important de savoir monter dans le train.</b> Si vous n’êtes pas dans la locomotive vous devez au moins donner l’impression d’être à l’aise et ne pas craindre d’arriver à destination. Mais n’oubliez jamais d’en changer quand le suivant vient à passer. </span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<br>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-59580485333769691442019-01-31T11:45:00.005+01:002019-01-31T16:04:04.841+01:00Olivier Py et l'horrible masque du pouvoir<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrBNSjCgRsve5JULFT0s4Hj_PmahQM1Sg9gMcgYH9nZ7US5nQKLZ4zQuUGVoZ0heuOpwhgK_WnaRFFNLzDfn9h412EfYGK-yi9JVJ2LtokazHfAWdAevMnnGVKvySKHne8AxKY/s1600/IMG_5263.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="432" data-original-width="640" height="216" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrBNSjCgRsve5JULFT0s4Hj_PmahQM1Sg9gMcgYH9nZ7US5nQKLZ4zQuUGVoZ0heuOpwhgK_WnaRFFNLzDfn9h412EfYGK-yi9JVJ2LtokazHfAWdAevMnnGVKvySKHne8AxKY/s320/IMG_5263.jpg" width="320"></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Olivier Py est de retour à la Monnaie. Ceux qui avaient vu ses précédentes mises en scène (le Dialogue des carmélites, Lohengrin)ne seront pas dépaysés : même esthétique, même soin des décors et surtout mêmes interrogations autour de la violence du pouvoir. </div>
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<br></div>
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C'est l'un des messages essentiels du metteur en scène : convoquer les symboles de la dictature pour nous alerter sur le monde d'aujourd'hui. Dans La Gioconda, comme dans Lohengrin, Olivier Py et Pierre-André Weitz (qui signe décors et costumes) renvoient donc directement à l'esthétique du IIIe reich ou de l'Italie mussolinienne : chemises noires, longs imperméables de la même couleur, bottes de cuir... et même le brassard qu'on sort opportunément lorsqu'on veut marquer son autorité. Sommes-nous en train de revivre les années 1930 nous interroge, mise en scène après mise en scène, Olivier Py ? Tout l'intérêt de la Gioconda est dans cette question et dans le telescopage de trois époques : la république vénitienne du XVIIe siècle (le texte de Victor Hugo qui sert de base au livret) les années 1930 (les costumes) et notre époque contemporaine (ces immenses paquebots de croisière qui traverse la scène tous feux allumés par exemple). Et en filigrane une constante : le pouvoir, quelque soit l'époque, s'appuie sur la connaissance et la manipulation, et si les hommes d'Etat peuvent être animés de sentiments nobles, ceux qui les entourent et accomplissent les basses oeuvres sont peu souvent recommandables. Le pouvoir c'est la puissance, son utilisation la violence.</div>
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Que le personnage central de la Gioconda soit un espion qui tire bien des ficelles à l'insu du conseil résume à lui seul les dangers d'un pouvoir régalien tombé en de mauvaises mains et sur lequel le contrôle démocratique est défaillant. C'est Bernaba dans la Gioconda, Bennalla dans la France de Macron, un intermédiaire douteux dans la politique d'asile made in NVA en Belgique. Le mal avance masqué dans les plis du pouvoir. Et ce masque, hideux, est plus proche d'halloween ou des clowns terrifiants que du carnaval de Venise. Olivier Py ne manque d'ailleurs pas d'en souligner la dimension sexuelle. Hommes nus dès le premier tableau, femmes à la poitrine offerte, scènes de copulation et même viol collectif. Provocation un peu gratuite sans doute, mais petit rappel que quand les hommes de pouvoir perdent le contrôle d'eux-même ils deviennent parfois des prédateurs sans limite, et que la pulsion sexuelle est l'un des ingrédients du cocktail de l'ambition. </div>
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Au delà du message politique on appréciera l'astuce du pédiluve (quelques centimètres d'eau pour nous transporter à Venise et jouer des reflets) un décor sombre et épuré, avec des textures qui renvoient au béton, symbole des temps modernes, une profondeur de scène inédite qui sont autant de régal pour nos mirettes. On ressort de la Monnaie décontenancé. Nos yeux et nos oreilles ont apprécié le spectacle (sans être critique musical je m’autorise juste à souligner la puissance et l’expressivité des chœurs de la Monnaie). Mais la passivité de l'époque, le renoncement des puissants et le cynisme des hommes de l'ombre surgissent, plus clairs que jamais.</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-85321929313334246912019-01-29T09:29:00.002+01:002019-01-29T11:46:53.944+01:00Next Ape : quand Antoine Pierre emprunte le chemin de Portishead
<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/CuxYAEbFRqU" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen=""></iframe><div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span>
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span>
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Le projet commence par une carte blanche. Lorsque le théâtre Marni, dans le cadre d’un festival, propose au batteur Antoine Pierre de monter un projet original. Le jeune liégeois saisit l’occasion : troquer son costume de jazzmen pour monter un groupe aux frontières du trip hop et du rock. Cela aurait pu être une soirée unique. Elle fut tellement enthousiasmante que c’est désormais un groupe et un premier album (il sera présenté le 13 février à Bozar, moment à ne pas rater).</span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Il faut dire qu’Antoine Pierre a l’art de savoir s’entourer. Et de tirer le meilleur de ses partenaires. Next Ape (le prochain singe) est donc une combinaison inattendue de deux jazzmen belges (Antoine Pierre et le guitariste Lorenzo Di Maio), d’une chanteuse hongroise (Veronika Harsca) et d’un clavier luxembourgeois (Jerome Klein, explorateur inclassable qu’on a pu voir au Nancy Jazz Pulsations). Ne cherchez pas le swing ou l’influence du be-bop. La musique est délibérément carrée, le rythme définitivement binaire. L’esprit du jazz c’est aussi de marier les influences, de réinventer sa musique en y incorporant de nouveaux matériaux, en s’éloignant de l’héritage orthodoxe. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">En cinq titres Next Ape propose une synthèse de ce qui se produit de mieux sur la scène musicale des quinze dernières années. L’influence du trip hop et de Portishead en particulier saute aux oreilles des le premier titre (Undone ) : une basse lancinante, hypnotique, la voix cristalline de Veronika Harsca qui ose les vocalises, les roulements de caisse claire. L’influence de Portishead est aussi très sensible sur le deuxième (le sautillant The New Three Monkeys) et le troisième titre (le très beau et planant A Robot Must) : entrée progressive des instruments, voix parlée puis chantée, basse profonde minimaliste, mise en valeur des cymbales, mais on y croise aussi des réminiscences de Susan Vega et une atmosphère que ne renierait pas Mélanie De Biasio. L’ambiance est sombre, le climat anxieux comme un journal télévisé de 2019. Le 4ieme morceau (Alarm Clock) est délibérément rock, et nous emmène sur les terres des Gorillaz ou Oasis, guitare saturée à souhait et tempo élevé, hit potentiel. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">À la deuxième écoute, vous trouverez bien des traces de jazz (des vocalises, des changements de rythmes, des harmoniques), mais c’est bien un album pop-rock que les 4 musiciens proposent ici. Au petit jeu des filiations on pense encore à Hooverphonic, à Massive Attack, et on se dit que les 5 titres (A Robot Must est proposé en deux versions ) pourraient bien rencontrer un succès comparable. L’enjeu est donc d’importance. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br></div>
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<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Si on ose une comparaison Next Ape pourrait être à Antoine Pierre ce que Stuff est à Lander Gyselinck. Les deux batteurs belges, l’un francophone et l’autre flamand, excellents rythmiciens et compositeurs tous les deux, se sont affirmés comme les espoirs de la jeune scène jazz belge. Antoine Pierre a acquis sa notoriété par des collaborations avec Philippe Catherine ou Tom Barman. Lander Gyselinck a conquis les puristes avec le LAB trio. Mais le jeune flamand a une longueur d’avance sur les dance floor, avec Stuff, une musique dansante mais intelligente qui séduit bien au delà des habitués des clubs de jazz. Next Ape pourrait connaître le même destin. Antoine Pierre pourrait avoir en 2019 un pied dans la programmation de Musique 3 et l’autre dans celle de Pure FM. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Et nous, on écoutera les deux. </span></div>
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<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-52847808105532505752019-01-26T11:38:00.008+01:002019-01-26T17:13:51.716+01:00Urbex, l’émotion a/à son rythme <p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir-S1h4oJxdhOwvnohYjVbcPa5ux3EPXat5-EP0SDNzBZ6pvDB9o92ew0vdNemoJ2JJWqlSvWcFR70WwpFFqazQ7alJgJ1mkD2WIvNfWD-c1jPkaR-Ve7R_3HTf2VLMfDGGwub/s1600/urbex.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="640" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir-S1h4oJxdhOwvnohYjVbcPa5ux3EPXat5-EP0SDNzBZ6pvDB9o92ew0vdNemoJ2JJWqlSvWcFR70WwpFFqazQ7alJgJ1mkD2WIvNfWD-c1jPkaR-Ve7R_3HTf2VLMfDGGwub/s400/urbex.jpg" width="400"></a>Le coup de foudre n’est pas toujours automatique. Ni réciproque. Mais parfois cela vaut la peine de persévérer. En amour comme en musique.<br>
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À là première écoute de « sketchs of nowhere » l’album du collectif Urbex j’avoue que j’étais resté dubitatif. Est-ce que tout cela n’est pas un peu compliqué ? Certes il y a des combinaisons de rythmes intéressantes mais ces compositions sophistiquées ne font-elles pas plus plaisir aux musiciens qui les jouent qu’au public qui les écoute ? L’interrogation était d’autant plus légitime qu’Antoine Pierre est à l’évidence un batteur à suivre, que ses concerts sont convaincants, qu’il est ici magnifiquement entouré, et qu’un premier concert d’Urbex, avant l’album, nous avait complément scotché.</p><p><br>
En amour comme en musique il faut donc ne pas se figer sur une première impression. Réécouter l’album. Et surtout, puidqu’on parle de Jazz, aller voir les artistes en concert. C’est dans une salle, pas trop grande de préférence, qu’on ressentira le mieux l’énergie et la sensibilité de la musique. Au contact visuel des musiciens qu’on devenira leur plaisir ou leur souffrance, leur engagement ou leur sacerdoce.<br>
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J’ai donc vu Urbex à trois reprises pour comprendre ce qu’on pourrait essayer d’en écrire. À Liège et à Bozar dans une formule proche de l’album, assez étoffée donc, avec Toine Thys et Ben Van Gelder aux saxophones et Frédéric Malenpré aux percussions. Au centre Senghor (Etterbeek) dans une formule plus réduite mais avec le flûtiste Magic Malik.<br>
J’ai donc vu trois concerts très différents et j’y ai éprouvé un plaisir grandissant. Je ne sais pas dire si c’est mon oreille qui se forme ou si la musique évolue dans une direction qui me plait davantage. Les compositions d’Antoine Pierre sont comme un assemblage de strates complexes et extrêmement travaillées. La basse de Félix Zurstrassen, discrète mais solide, plante un rythme lancinant. Il y a de la transe techno dans cette pulsation sur laquelle le batteur pose ses ornementations. Un solo d’Antoine Pierre est toujours un moment fort. Le guitariste Bert Cools appose des couches d’harmonie et d’effets, comme un coloriste avec de grands aplats de couleur, c’est doux, parfois très contemporain, parfois avec un parfum des annnees 70. Braam De Looze agit dans le même registre, même si on regrette que ce pianiste si subtil ne soit pas toujours suffisamment audible dans une aussi grande formation.<br>
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Au troisième étage de l’exploration urbaine les souffleurs. Tous talentueux. Steven Delannoye ou Toine Thys parfaitement à l’aise. Jean-Paul Estievenart aussi. Si Antoine Pierre est le moteur d’Urbex, le trompettiste en est le supplément d’âme. Omniprésent, il pose les thèmes et déroule des improvisations époustouflantes.<br>
Ajoutez des invités capables de sortir des solos d’exception. Frederic Malempré et son univers de rythmes et de bruitages (ha, la bassine d’eau). Magic Malik le flûtiste ( de son vrai nom Malik Mezzadri, ancien membre du groupe de reggae Human Spirit ensuite converti au jazz) qui alterne flûte et chant et une technique mixte, le growl, qui consiste à chanter ou parler dans sa flûte. Au Senghor l’apport de l’invité magnifiait encore les créations d’Urbex. Un clin d’œil au Miles Davis période électrique, avec la furie du rythme et de la révolte, et quelques perles de douceurs (« aux contemplatifs » par exemple, un des plus beaux thèmes de l’album) on sent que la palette est étendue. Suffisamment pour qu’on attende avec envie, le prochain tableau, riche de de ce que l’on a déjà entendu et sans savoir à l’avance ce que l’on va découvrir. Il ne faut pas forcément partir d’un coup de foudre pour que le désir soit durable. </p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-19442809990856380392019-01-24T08:00:00.006+01:002019-01-24T08:26:32.940+01:00Aka Moon, l’enthousiasme intact <div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi26J6OMo5n7QobxnAt6-e12MDmEM9sSmMR_7ROZr89OLcfbJjF5-MkwQsJz4T-xKD2mFHjdeRCw-gWDPhVdETOdPwglhwNkiL6mTBPjdGxqLfYWC8y_jbDI1H_d9gSGdZ7gD1Q/s1600/5768C8E9-D54B-4CF7-AAE1-AFBB5CAF6A3E.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi26J6OMo5n7QobxnAt6-e12MDmEM9sSmMR_7ROZr89OLcfbJjF5-MkwQsJz4T-xKD2mFHjdeRCw-gWDPhVdETOdPwglhwNkiL6mTBPjdGxqLfYWC8y_jbDI1H_d9gSGdZ7gD1Q/s320/5768C8E9-D54B-4CF7-AAE1-AFBB5CAF6A3E.jpeg" width="320"></a></div>
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<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">On les avait quitté fin 2017, début 2018. Aka Moon était alors en pleine célébration : 25 ans de carrière, un coffret souvenir, un nouvel album, un anniversaire qui s’offrait la tournée des grands ducs (du Festival Jazz à Liège à Bozar en passant par une double soirée à la Jazz Station) avec le soutien indéfectible du public et l’admiration de la critique. Un an plus tard nous retrouvons Aka Moon sur la scène du Marni. Même sans anniversaire, la musique d’Aka Moon a le goût du champagne. L’explosion du bouchon pour vous réveiller, la fraîcheur pour vous désaltérer, la finesse des bulles pour titiller vos neurones, une musique festive, intelligente, distinguée. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Au centre Michel Hatzigeorgiou, le bassiste. L’homme se penche sur sa basse, l’épouse, tourne autour. La danse est sensuelle, le visage expressif. La pulsation est constante. Vélocité, rythme et puissance. Dans ses moments de grâce, et ce concert au Marni en était un, Hatzigeorgiou tutoie Jaco Pastorius. Mieux, c’est un guitare hero façon Hendrickx qui oublie qu’il n’a que 4 cordes et pas 6 et aurait emprunté l’ampli de Motorhead. De la grosse basse qui tache et ne déteste pas un peu de distortion, mais aussi des accords et des harmoniques. À lui seul Michel Hatzigeorgiou place déjà Aka Moon dans son registre : celui d’un jazz fusion, qui a assimilé depuis longtemps l’efficacité funk et l’énergie du rock, pour y greffer des influences plus subtiles. L’Afrique (Aka Moon tire son nom d’un voyage à la rencontre de la culture pygmée) bien sûr, mais aussi l’Inde, l’Europe centrale, les Caraïbes... D’un mouvement de tête Hatzigeorgiou indique à ses partenaires la reprise du thème ou un changement de tempo. Son engagement est total, jusqu’à s’écorcher des doigts qu’on imagine pourtant endurants. Quand le bassiste assure des fondations aussi hautes, ses partenaires ne peuvent qu’ériger des cathédrales. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"> À droite Stephane Galland excellent dans la juxtaposition des rythmes. Ralentissements et accélérations épousent les traits du bassiste. Le tempo est déstructuré pour être mieux repris. On reste avec ses baguettes en suspend, souffle coupé, avant de retomber sur le temps. Frissons garantis. On a déjà écrit de ce batteur qu’il en valait deux. Sa rapidité nous le confirme à chaque audition. </span></div>
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<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">À gauche le sax de Fabrizio Cassol. Aérien, lyrique, chantant, au son parfait. À l’énergie de ses compagnons il ajoute la créativité et la mélodie. Au champagne ajoutez du caviar. Et notez les sourires sur les visages. Ces trois là restent heureux de jouer ensemble. Ça se voit, ça s’entend. Aka Moon est en route vers ses 30 ans. N’attendez pas les anniversaires, ce serait gâcher.</span><br>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br></span></div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-71974074754025682542019-01-16T10:15:00.005+01:002019-01-16T10:38:50.558+01:00Benoit Lutgen et le départ inévitable <p></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNgqA7Ts3IG4VCCPr0TcDJXUDZksj2RmBlNHX0aBQ9A9oOboFdw1QMUbszoYLuCsySf2pZnOZI0oXeLD_QxJhmy35_-P-wtsjIUw3LmRfgbMHi5ldf5svDBh-8zJF2rDqBU-z9/s1600/5AB94A49-4CDA-453E-A6C2-41020FA85D6A.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="1500" height="149" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNgqA7Ts3IG4VCCPr0TcDJXUDZksj2RmBlNHX0aBQ9A9oOboFdw1QMUbszoYLuCsySf2pZnOZI0oXeLD_QxJhmy35_-P-wtsjIUw3LmRfgbMHi5ldf5svDBh-8zJF2rDqBU-z9/s320/5AB94A49-4CDA-453E-A6C2-41020FA85D6A.jpeg" width="320"></a></div>
Solitaire et secret, il sera resté imprévisible jusqu’au bout. Avec une opération de com rondement menée (la une de presque tous les quotidiens -sauf l’Echo - et des interviews dans le Soir, la Libre, l’Avenir, un passage sur la Première, bref un strike, surtout quand l’embargo n’est rompu qu’à 23 heures, une performance) Benoit Lutgen aura donc surpris les commentateurs. Pas sur le fond : son départ de la présidence était inscrit dans les astres, l’hypothèse avait déjà été évoquée à plusieurs reprises. Mais on l’attendait plus tôt (dans la foulée des communales) ou plus tard (après les prochaines élections).
Le nom du successeur le plus probable, Maxime Prévôt, était connu depuis longtemps. A vrai dire le CDH n’a pas beaucoup de choix. Catherine Fonck ou Celine Fremault manquent d’assises, André Antoine , Benoit Cerexhe, René Colin et même Carlo Di Antoine n’incarnent pas l’avenir. Bref, tant que Melchior Wathelet ne tenterait pas un come back en politique l’affaire était entendue. Prévôt est le seul à appartenir à la bonne génération et à avoir démontrer la capacité de gestion, la surface électorale et la solidité médiatique nécessaires à la fonction. <p></p><p> Reste donc le choix du moment. Un coup de tête impulsif comme Benoît Lutgen les affectionne railleront ses détracteurs. Il y a un peu de cela : depuis son accession à la présidence Benoit Lutgen pratique volontiers l’art du contre-pied, et n’informe qu’un entourage très restreint. Le président consulte un peu, rumine beaucoup et surprend toujours. Mais croire que ce départ est irréfléchi serait une erreur. Il est, au contraire, la conséquence logique des actes posés par le président partant.</p><p> Comme toujours en politique les jugements manichéens n’offrent qu’une vue partielle. Benoit Lutgen avait pour objectif, atteint, de changer l’image d’un CDH au centre gauche, devenu un parti urbain et ouvert à la diversité, pour le repositionner plus près de l’électorat wallon et rural. Il en a payé le prix en terme électoral (les sondages ne sont pas bons, surtout à Bruxelles, et si le parti s’est maintenu dans certaines bourgades wallonnes, son déclin est loin d’être enrayé) et surtout en terme d’image personnelle.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. La difficulté de la famille centriste (on disait social-chretienne il y a 15 ans encore) à retrouver une position originale et solide dans l’offre politique contemporaine pèse lourdement sur le sort peu enviable de ses premiers de cordée.</p><p> La présidence de Benoit Lutgen pourrait se résumer en deux séquences particulièrement fortes. La première en 2014, alors que les négociations régionales ont permis au CDH de monter dans les exécutifs régionaux, le président du CDH ne veut pas entendre parler d’une coalition avec la NVA au fédéral. L’affrontement avec Charles Michel se fera sur les plateaux de télévision. Benoit Lutgen y apparaît déterminé, ses attaques sont frontales, viriles. Question de principe martèle-t-il, genre la NVA c’est le démantèlement de la Belgique, ils ne passeront pas par moi.
Seconde séquence forte, en 2017. Le président du CDH voit que son parti n’en finit pas de s’abîmer dans l’exercice du pouvoir. Il déclare le PS indigne et décide de changer de partenaire. Brusquement, et apparement sans sommation. Une trahison pour les socialistes et une aubaine pour les libéraux. </p><p> Il faudra attendre les prochaines élections pour tirer le bilan comptable de la présidence Lutgen. Sur le plan de l’image si l’essentiel était de se « descotcher » du PS, le sparadrap n’existe plus, les compteurs ont été remis à zéro, la présidence est un succès. S’il s’agissait de se mettre en position de continuer à peser sur le cour des choses en participant aux majorités à venir, on peut en douter. En se brouillant avec Charles Michel pour mieux se jeter dans les bras de son parti par la suite, en déclarant la NVA infréquentable en début de législature pour finalement se fâcher avec le PS ensuite (même si ce n’est pas le même niveau de pouvoir), Benoît Lutgen s’était personnellement mis dans une situation intenable. Humainement compliquée et illisible pour le grand public. Négocier avec un nationaliste flamand ou un socialiste francophone après les prochaines élections ne lui aurait pas été aisément possible. Maxime Prévôt, au caractère plus rond et aux déclarations plus prudentes pourra faire l’un et l’autre.
La cohérence entre ces deux séquences fortes me direz-vous ? Benoit Lutgen a soldé l’héritage de Joëlle Milquet. C’est ce que lui demandait le bureau du CDH. Au final son retrait est moins à contretemps qu’il n’y parait. La chute de la majorité suédoise et le positionnement clairement populiste et flamand de la NVA ont ouvert une nouvelle séquence. Il faut redéfinir stratégies et positions. C’est vrai pour tous les états-majors, pas seulement au CDH. Avec une barbe de trois jours et une expression moins fluide qu’à l’accoutumée l’homme a déjà tourné la page. Pas par caprice. Mais parce qu’il lui était difficile d’aller plus loin.<br></p><p></p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-11910285364780594792019-01-15T09:00:00.005+01:002019-01-15T09:42:43.778+01:00Eric Legnini, le pianiste aux baskets rouges remet du jazz dans son groove <p><img src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5WIy7l22_aRQn_qL78MjzKfWQKF41YKdXCnuDtJvBZ384JWeOmP9Mx9Ll75pAi6BEC9WKSa3JY04k5SFvZS7ZDEyAPKcW9FbYS027JGnwIQhqpSXhPwwDsMVaIAiWkhhrHmSR/" alt="">C'est un retour à la maison. Comme si on déposait ses valises sur le seuil, après un long voyage. Les pérégrinations d’Eric Legnini ne l'ont pas emmené bien loin. Du jazz il était passé au groove, du groove au funk. Ses deux précédents albums, The Vox (récompensé aux victoires de la musique) et Waxx Up empruntaient ces chemins, comme des pérégrinations, des détours, des respirations, ou mieux, un voyage initiatique où l’on change de continent pour enrichir sa propre culture et renouveler son point de vue sur le monde.
Eric Legnini est de retour au jazz. Oubliés les voix planantes (celles de Yaël Naim ou Mathieu Boogaert, Michèle Willis figuraient, par exemple sur ses derniers enregistrements ), les rythmes syncopés, la batterie, les cuivres. Le pianiste liégeois aspire à plus de dépouillement. Son piano, un guitariste, un contrebassiste, point.
Le concert qu’il a donné au théâtre Marni dans le cadre du River Jazz Festival annonce donc une nouvelle direction. Parti de Liège (pardon, de Huy précisent les puristes), monté à Paris, passé par New-York, redescendu à Bruxelles pour être prof au conservatoire. Comme pour chaque voyage on ne sait pas si le retour à la maison Jazz est définitif ou juste une escale. D’ailleurs n’allez pas croire qu’Eric Legnini revient pour reproduire la musique des autres. Le garçon a bien joué avec Toots Thielemans, Éric Lelann ou les frères Belmondo, il pourrait. Mais non. Pas de standards, mais un ou deux titres anciens de son propre répertoire, et des nouvelles partitions. C’est jazz dans la forme mais groove, plus que swing, dans la pulsation. On sent l’influence de la soul, mais aussi de la bossa. Les arpèges Legniniens coulent comme une cascade ininterrompue, de boucle répétitive en boucle répétitive. Un peu comme si Erikha Badu rencontrait Jobim avec la complicité de Philip Glass. Le style est décontracté, très belge (ha, ces baskets rouges, qu’on oserait pas porter dans un chic club parisien mais que nos jazzmen de Toine Thys à Legnini adorent) les prises de parole limitées au minimum (tant mieux, on est là pour la musique). Le tempo est enlevé (parfois un poil trop, comme sur ce blues qui frôle l’excès de vitesse) les impros bien cadrées, et les partenaires (Thomas Brammerie à la contrebasse et Ricky Grasset à la guitare) se montrent à la hauteur. Eric Legnini annonce qu’il y aura peut être un album à l’automne prochain. Peut-être ? A l’automne seulement ? On savoure notre chance d’avoir entendu cette prestation. Et on prie les maisons de disque de se hâter. </p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-20404065971643388672018-11-27T09:01:00.001+01:002018-11-30T06:27:08.622+01:00Emmanuelle Praet : les médias, la politique et les fake news<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">C’est une curieuse séquence, mais elle est sans doute symptomatique de la confusion qui s’est emparée de notre époque. Emmanuelle Praet, journaliste de presse écrite reconvertie en chroniqueuse de radio et télévision (et conseillère en communication sur le côté ) est donc suspendue par RTL-TVI à la suite d’une sortie très approximative sur la fiscalité verte et défendue depuis lors par une partie du public et du monde politique qui demande sa réintégration. Que le cœur de la chroniqueuse penche très nettement à droite et que ses soutiens, qui vont de Théo Francken à Charles Michel, appartiennent à cette famille de pensée n’est pas une surprise et n’est pas le problème. En revanche les propos de la chroniqueuse et les arguments de ceux qui demandent sa réintégration méritent qu’on les décortique. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Les faits d’abord. Lors d’un débat sur les gilets jaunes Emmanuelle Praet a donc lié le vote en faveur d’Ecolo avec la hausse de la fiscalité verte en général et sur l’essence en particulier. Outre qu’elle se pose en donneuse de leçons et indique aux citoyens en face d’elle, en adoptant une posture infantilisante, qu’ils n’ont quece qu’ils méritent, elle commet à mon sens une double erreur. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">D’abord une erreur factuelle. La fiscalité de ce pays relève du niveau fédéral. La dernière hausse des accises sur le diesel a été décidée par le gouvernement Michel dans le cadre du tax shift (moins d’impôts sur le travail compensé par des hausses de la fiscalité ailleurs, notamment sur les carburants) en 2015. La seule participation des écologistes à une majorité fédérale remonte au premier gouvernement de Guy Verhofstadt (1999-2003). Il y a 15 ans. Aujourd’hui ce parti n’est présent à aucun niveau de pouvoir. Faire porter la responsabilité des taxes actuelles sur un parti d’opposition est au mieux un niveau de connaissance politique extrêmement faible et indigne d’une personne rémunérée pour commenter l’actualité, au pire une entreprise franche de manipulation de l’opinion. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Ensuite une erreur de positionnement. Le rôle d’un commentateur est d’éclairer le débat. Il ne s’agit pas simplement d’apporter son opinion, mais de développer des arguments, d’apporter des exemples, de s’appuyer sur des données pour pouvoir défendre une idée face à une autre. Appeler de manière aussi outrancière (sans argument et sur une base erronée) à ne plus voter pour un parti (ou un ensemble de partis, puisqu’en lisant certains commentateurs éclairés j’apprends qu’Emmanuelle Praet visait la gauche en général ) n’est plus du commentaire mais de la militance. L’ancienne journaliste avait donc quitté sa fonction de chroniqueuse pour devenir porte-parole. Il n’est donc pas illégitime de la ramener à la position qu’elle adopte : face aux gilets jaunes Emmanuelle Praet était une citoyenne parmi les autres. Sa parole n’avait pas le recul et le regard analytique qu’on est en droit d’attendre d’un commentateur. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">En prenant la défense d’Emmanuelle Praet le monde politique joue donc un jeu dangereux. Il consiste à dire que ce n’est pas l’argumentation ou le rapport à la vérité qui compte, mais bien le profil idéologique. Que peu importe la qualité du débat, pourvu que ma position y soit représentée, et si possible gagnante. Vouloir s’immiscer dans la gestion des médias est un réflexe malsain. Une pulsion autoritaire qui voudrait s’assurer que le droit à la critique est aussi réduit que possible. Depuis une 30aine d’années nos partis politiques (et les libéraux francophones y ont bien participé) ont pourtant fait de grands progrès en matière de dépolitisation de l’information. Pour vivre les choses désormais de l’intérieur je peux attester que les processus de nomination à la RTBF sont désormais plus clairs et transparents, et que c’est la qualité du projet du candidat qui prime quand il y a un poste a pourvoir au sein de la rédaction. Même si à intervalles réguliers la tentation de vouloir contrôler, exclure, promouvoir tel ou tel journaliste en grâce ou en disgrâce s’exprime. La responsabilité première d’un rédacteur en chef est bien de résister aux pressions et protéger ses journalistes tant qu’ils sont indépendants, même si cette indépendance dérange, et de les sanctionner quand ils ne le sont plus. Que les politiques se rêvent rédacteurs en chef et souhaitent désormais s’immiscer dans la gestion d’un média privé n’est pas forcément un progrès. On commence par une interférence, on termine dans l’ingerence.&nbsp</span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal; min-height: 13.1px;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"></span><br /></div>
<br />
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">En journalisme l’indépendance et l’exigence de vérité sont deux valeurs cardinales. Je dis bien l’indépendance et pas la neutralité : on ne demande pas à un journaliste et encore moins à un chroniqueur de ne pas avoir d’opinion. On lui demande de pouvoir l’étayer et d’apporter un éclairage qui bénéficiera à toute son audience. Bien sûr le commentateurs se base sur des valeurs et défend une vision du monde ; c’est la condition du débat, sinon tous les commentateurs diraient la même chose et nous vivrions sous le règne de la pensée unique. Mais on demande au commentateur de pouvoir écouter, d’avoir un sens critique et de se prononcer en toute bonne foi. Quand on en appelle à voter pour ou contre, on est plus commentateur, on devient acteur. Ceux qui défendent Emmanuelle Praet aujourd’hui veulent-ils que les commentateurs de demain puissent dire qu’il faut voter pour les mauves ou les turquoises ? Si oui, autant remplacer les chroniqueurs par des politiques, ce sera plus clair et le public saura à quoi s’en tenir. Et si tous les coups sont permis, y compris dire n’importe quoi sur un plateau TV, sans aucun recadrage possible, autant admettre que nous sommes effectivement entrés dans l’ère de la post-vérité. Quand on défend ceux ou celles qui les énoncent ou les propagent, il est inutile de prétendre lutter contre les fake news.</span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-65295062738456491442018-10-15T08:35:00.020+02:002018-10-15T22:20:02.791+02:00 Communales : 5 enseignements pour la presse et les partis politiques <p>C’est l’usage après chaque élection : tenter de tirer les enseignements de scrutin. Politologues, journalistes, éditorialistes ou commentateurs de tout poil s’y exercent avec plus ou moins de talent. Les mauvaises habitudes ne se perdent pas facilement : puisque j’ai longtemps officié dans ce registre pour mes employeurs précédents, je ne résiste pas à la tentation d’ajouter ma petite contribution, en me concentrant sur le traitement médiatique de l’actualité politique. </p><p><b>Les sondages ne visent pas juste </b></p><p> C’est une constante. Avant chaque scrutin les instituts de sondage sous-estiment le score du Parti Socialiste. Depuis 20 ans que j’observe la vie politique de près côté francophone cela se vérifie à chaque fois. Cela ne veut pas dire que le PS réalise un bon score, loin de là, il n’a même jamais été aussi bas en Wallonie, mais la bérézina annoncée n’a pas eu lieu. Les sondeurs n’ont pas vu non plus que le Mouvement Réformateur serait sanctionné. En revanche, ils avaient bien anticipé la percée du PTB, même si celle-ci avait été un petit peu surestimée ces derniers mois, ainsi que les difficultés du CDH. </p><p><b>Les bourgmestres cachent la forêt, ou son absence </b></p><p>Dans une soirée électorale il faut savoir communiquer. Surtout quand les résultats ne sont que partiellement connus ou en grande partie défavorables. Le CDH aura réussi à sauver les meubles à grand coup de symboles. Alors que le parti centriste/humaniste est en net recul, le maintien de Bastogne et Namur dans son giron suffit à faire passer la soirée de la case dépression à la case soulagement. Cette perception n’est pas forcément correcte : il y a bien le feu dans la famille CDH. </p><p>Le MR n’a pas cette chance : la perte de 3 mayorats en région Bruxelloise et quelques déconvenues en Brabant-Wallon, fief bleu par excellence, disent assez bien que le parti du premier ministre est en difficulté. </p><p>Côté vert la multiplication des bourgmestres (une dizaine, c’est la progression qui est significative pas la valeur absolue) est plus qu’un symbole de soirée électorale. C’est une perspective d’enracinement plus durable dans la vie politique locale, qui a souvent été le talon d’Achille de ce parti et l’une des causes de son instabilité électorale (accessoirement cela va recréer de l’emploi pour un parti qui en avait beaucoup perdu, je sais, vous n’y pensiez pas, mais c’est ça aussi la politique). </p><p>Enfin si on souligne beaucoup la percée, réelle, des verts, celle du PTB n’est pas moins spectaculaire. Mais l’absence de bourgmestre du parti de la gauche de la gauche et sa difficulté à monter dans des exécutifs rendent cette progression moins tangible. </p><p><b>L’immigration n’est pas un sujet local</b></p><p>Les sorties à répétion de Théo Francken sur le sujet. Les sondages qui reviennent régulièrement sur la thématique. La stratégie délibérée de la NVA de faire de « l’identité » un thème de campagne. La forte présence du Parti Populaire sur les reseaux sociaux. La radicalisation du discours, y compris au MR, sur le sujet, par exemple chez Alain Courtois. Le débat sur le port du voile ou les écoles musulmanes qui reviennent aussi souvent qu’une tarte à la crème sur le visage de BHL au début des années 2000. L’hysterie médiatique autour de ces thématiques censées faire vendre du papier ou gagner des points d’audimat, avec un affolement généralisé autour des listes Islam par exemple. Tout cela n’aura pas profité aux promoteurs de ces questions. La NVA se tasse et le MR recule, Alain Courtois est clairement sanctionné, le parti Islam perd ses quelques élus. La paranoïa identitaire est hors sujet pour les élections communales. À Bruxelles 3 bourgmestres sont désormais issus de familles dont l’histoire est liée aux grandes vagues d’immigration, tout un symbole. Le parti qui semble le plus proche des citoyens qui accueillent des réfugiés (je veux parler d’Ecolo) sort grand gagnant. En Flandre les électeurs les plus radicaux ont préféré retourner vers le Belang. Les partis comme les médias qui font leur choux gras des questions d’immigration devraient prendre le temps de faire un arrêt sur image et un brin d’introspection (je sais que c’est un vœu pieux et qu’on sera reparti dans ces travers dans trois mois mais c’est mon côté utopiste). </p><p><b>N’est pas tenor qui veut </b></p><p>La suppression de l’effet dévolutif de la case de tête et la désignation du Bourgmestre au plus fort score dont désormais sentir leurs pleins effets en Wallonie (la région bruxelloise n’a pas adopté les mêmes règles). Et cela fait des victimes. Au PS Elio Di Rupo est déboulonné (volontairement ou pas, on demandera le renfort d’un psychanalyste) par Nicolas Martin et surtout Rudy Demotte écarté par son camarade challenger Paul-Olivier Delannois.Au CDH René Collin ne sera pas bourgmestre. Au MR François Bellot et Pierre-Yves Jeholet sont battus, tout comme Marie-Christine Marghem. Au delà d’une sanction, claire, des ministres et donc des politiques mises en place au fédéral et à la région wallonne, c’est la confirmation que la Belgique est une terre de municipalistes. Il vaut mieux avoir un ancrage local puis se lancer à l’assaut d’une carrière ministérielle que prétendre faire le parcours dans l’autre sens ... souvent l’inverse de ce qui se passe en politique française. Le parachutage n’est pas dans les coutumes belges et l’absence du terrain local pour cause de ministère rédhibitoire. </p><p><b>La Belgique a deux boussoles</b> </p><p>Un tassement du PS largement compensé par la percée écologiste et le grand bond en avant du PTB. Une sanction du MR et du CDH : l’électeur francophone pose clairement un choix de gauche. Les partis dit « progressistes » sortent renforcés au sud du pays.</p><p>Un tassement de la NVA largement compensé par le rebond du Vlaams Belang, un bon comportement du CD&V, un recul du SPA, le PVBA qui ne décolle pas : l’électeur flamand fait le choix de la droite, parfois même de la droite radicale, avec une gauche qui n’a plus voix au chapitre. </p><p>Ces deux choix de société, à l’opposé l’un de l’autre, augurent de négociations difficiles si les choix locaux se confirment lors des scrutins régionaux et nationaux de l’an prochain. Vouloir informer, débattre, analyser en adoptant un point de vue national devient mission impossible. </p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-72290684779107312592018-10-14T10:30:00.011+02:002018-10-15T00:43:23.718+02:00On peut être à la fois au groove et au Moulin<img alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMeL4pzk8QEP380EKBvFuktkhL9mU_X2G5fbF9ODD46jUbRQwUULKHMw6wi1bZUapF3oWxVHMW420rNQD2Qfu2CqXUMQ8kHbr1fvA_lNmk61EXHhn_3S1Kq5KxkQZO7ndLs5oX/" />C’est le temps des hommages. Dix ans après la disparition de Marc Moulin on célèbre à la fois l’homme de radio, le producteur et le musicien. Ce samedi soir à Flagey c’était mieux qu’un double hommage, un pont entre les musiques et les générations.<br />
En première partie Philip Catherine recrée l’album Stream. Il faut savourer la portée historique de ce moment. Certes Stream a été enregistré à l’époque avec Marc Moulin aux claviers, il signe d’ailleurs plusieurs compositions, et c’est la (bonne ) raison pour laquelle Flagey et Musique 3 ont demandé au guitariste de le recréer fidèlement sur scène. Mais c’est aussi et surtout le premier album de Philip Catherine sous son nom et l’hommage devient double (on ne souligne pas assez qu’après la disparition de Toots Thielemans il est le dernier monstre sacré du jazz belge, à la fois sensible instrumentiste mais aussi formidable compositeur). La collaboration entre Catherine et Moulin se poursuivra. Trois ans après Stream, Marc Moulin produit « September man », l’album qui lance Philip sur la scène internationale, et qu’on a pu découvrir en live cet été au Middelheim à Anvers avec les musiciens d’époque dont un Palle Mikkelborg bluffant de grâce. Au total Marc Moulin produit 4 albums de Philip Catherine (Stream ayant été produit par un certain ... Sacha Distel).<br />
Ce samedi soir seul Philip Catherine était donc encore sur scène pour interpréter une musique qui reste imprégnée du son et des rythmes de l’époque (on est en 1971 et l’influence du jazz rock est explosive ) mais il a su, comme souvent, s’entourer de musiciens qui rendent grâce à l’album d’origine. Un bluffant Federico Pecorari à la basse électrique, un toujours aussi véloce Stéphane Galland (on a écrit un jour sur ce blog que le batteur d’Aka Moon <a href="http://ruedelaloi.blogspot.com/2018/04/le-jazz-est-un-combat-que-les-belges.html">battait double</a> , l’impression se confirme à chaque fois ) Dree Peremans assurant le trombone et Nicola Andrioli, toujours sensible, relevant le lourd défi de remplacer Marc Moulin.<br />
Comme toujours la musique de Catherine est aérienne et lyrique... la reprise de « Marc Moulin on the beach » , morceau qui ne figure pas sur l’album mais écrit plus tard étant sans doute le moment le plus touchant.<br />
Le jazz, mais pas seulement, et peu importe l’étiquette. Marc Moulin ne se résume évidement pas à ce jazz qui, bien que novateur a l’époque, sonne si classique aujourd’hui. La claque viendra donc en seconde partie de soirée. Avec Stuff, le groupe emmené par Lander Gyselinck qui est aussi le <a href="http://ruedelaloi.blogspot.com/2017/02/le-lab-en-parfait-equilibre.html">fabuleux bateur du LAB trio</a>, on est à la frontière du jazz et de l’électro. Un saxo électronique ( Andrew Claes ) une basse funky et efficace (Druez Laheye) des samples qui n’hésitent pas à utiliser la voix de Marc Moulin (Mixmonster Menno) et des claviers qui sont là pièce maîtresse de cette musique à la fois si jazz et si moderne (Joris Caluwaerts).<br />
Avec Stuff c’est la période Télex de Moulin qui saute à nos oreilles. Mais c’est mieux qu’un hommage, c’est une modernisation. Les jeunes jazzmen flamands ajoutent au groove des années 80 la transe hypnotique de la techno. Weather Reaport croise l’acid house, la caisse claire de Gyselinckx assure un beat fascinant autour duquel s’élève une cathédrale musicale. Le quintet excelle dans l’art du ralenti quand le tempo semble se déconstruire et que les uns et les autres se jouent du chaos qu’ils viennent de mettre en place. La reprise de Moscow Discow est d’anthologie.<br />
Musique 3 à eu la bonne idee de capter cette soirée. Que vous soyez fan de jazz ou avide de découvrir une musique plus moderne qui ne tombe pas dans la facilité de la boucle répétée à l’infinie, tous les amateurs de groove trouveront de quoi s’épater les tympans et réchauffer le cœur.<br />
https://www.rtbf.be/auvio/detail_concert-du-soir?id=2409048<br />
<i>Si vous êtes pressés : le concert de Stuff est à 2h10, la reprise de Moscow Discow à 2h57.</i><br />
<i>Entre les deux concerts une table ronde animée par Philippe Baron pour mieux comprendre la de Marc Moulin. </i>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-73291638618242718282018-09-29T09:52:00.010+02:002018-09-30T03:09:14.168+02:00Fabrice Murgia, Ann Pierlé et 9 femmes inventent le making off de Sylvia Plath <div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPap2sIXrJRhdA9r8-vMSwm3A09C_sUOBCLWPh2MMjGXs4PaDlJfIzQLZqydzOCSQzOplMxRl5i1GaF8m42nzetxpysiXR8DEvFGgnr-qBSkRjctL51b_ezfCzIkzUXf2NGxwS/s1600/%255BUNSET%255D" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPap2sIXrJRhdA9r8-vMSwm3A09C_sUOBCLWPh2MMjGXs4PaDlJfIzQLZqydzOCSQzOplMxRl5i1GaF8m42nzetxpysiXR8DEvFGgnr-qBSkRjctL51b_ezfCzIkzUXf2NGxwS/s640/%255BUNSET%255D" width="640" /></a></div>
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Virevoltant. Choral et éblouissant. En adaptant la vie et la poésie de Sylvia Plath, Fabrice Murgia, les 9 comédiennes, Ann Pierlé et les musiciens, Juliette Van Dormael, caméra à l’épaule et 10eme actrice, son assistant, figurant et régisseurs qui opèrent àvue sur le plateau surpassent le genre théâtral. Il y la vidéo bien sûr, comme souvent chez Murgia, mais aussi la musique d’Ann Pierlé, les décors qui bougent sans cesse, se défont et se reconstruisent au fil du récit, les mouvements de caméras, le ballet dynamique de l’ensemble. La prouesse est chorégraphique. Quand les murs de ce décor façon Hollywood se déploient ou se replient, que les jupes aux imprimés des années 50 tournent, qu’ Ann Pierlé quitte son perchoir pour chanter comme une meneuse de revue, quand les changements de costume se font à même la scène ou qu’une caméra est déjà en train d’être installée pour la scène suivante. Nous assistons à une pièce, à un ballet, à des lectures, à un concert : c’est un film en fabrication. Fabrice Murgia nous invite à un grand making off qui joue à saute-mouton avec les différents genres, passant avec vélocité et brio d’un genre à l’autre. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
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<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br /></span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-text-stroke-width: initial; font-size: 11pt;">Sur scène le dispositif est riche. Les décors signés Aurelie Borremans, mobiles, convaincants et appropriés. Deux cubes accueillent une récitante et un dressing au rez-de-chaussée, Ann Pierlé, son piano et ses musiciens prenant place au premier étage. Entre les deux un grand écran accueille les images filmées sur scène. Juliette Van Dormael et son assistant, Takeiki Flon, opèrent avec deux caméras, l’une sur grue, l’autre à l’épaule. Juliette est au plus près des comédiennes, gros plan sur les visages, les mains, les détails du décor comme pour mieux faire ressortir la banalité sordide de la vie quotidienne de Sylvia Plath. Déjà, Takeiki ( ou Dimitri Petrovic , autre assistant caméra mentionné dans la distribution, et on savoure ici cette inversion où les hommes laissent le premier rôle artistique aux femmes ) prépare le cadre et positionne l’autre caméra pour la scène suivante. Le passage d’une caméra à l’autre est une prouesse de réalisation TV. Comment faire aussi riche avec seulement deux objectifs ? Notre regard passe des plans serrés de l’écran à la vue large de la scène. L’intimité sur l’écran du haut, le mouvement d’ensemble sur la scène du bas. Pas anodin. La vie de Sylvia Plath c’est aussi celle de l’âge d’or de la TV. Quand le petit écran impose l’image de ménagère modèle. Celle qui prépare les corn flake le matin, monte les blancs en neige l’après-midi et se morfond en attendant l’hypothétique retour de l’homme en soirée. Sylvia Plath intègre les stéréotypes, les assume. Elle ouvre aussi le courrier des maisons d’édition, tape les poèmes du mari à la machine, enfante et élève. Perd le temps de créer. Vole sur son sommeil quelques heures d’écriture. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Ann Pierlé, aérienne, et pas seulement parce que son piano est perché, prend du recul et donne du sens. Mélodies et textes s’interpénètrent. Des extraits d’enregistrements radio où les comédiennes évoquent le projet se superposent. Il y a Sylvia, sa vie, le projet des comédiennes et le film qui réunit le tout. Le discours et le meta-discours. C’est pourtant fluide et convaincant. Saxophoniste et percussionniste apportent ce qu’il faut de swing et de rupture. La vie de Sylvia n’est pas la mine ou l’usine. C’est juste une comédie musicale un peu trop mièvre pour celle qui assume le rôle principal. Une vie enfermée dans un décor de carton qui fini par être en dissonance avec le scénario annoncé.</span></div>
<br />
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;">Une vie qui se consume trop vite et se débat avec les renoncements. Neuf comédiennes incarnent tour à tour ce rôle principal. Clara Bonnet, Solène Cizeron, Vanessa Compagnucci, Vinora Epp, Léone François, Magali Pinglaut, Ariane Rousseau, Scarlet Tummers, Valérie Bauchau et sa grâce ne sont pas seules. Blondes, rousses, brunes, jeunes ou dans la force de l’âge. Toutes jouent juste et forment un chœur féminin, à la fois acteur et spectateur d’une histoire de la féminité. Comme pour nous rappeler que Sylvia n’est pas un cas unique. Dans les années 1950 la poétesse qui se sacrifie jusqu’à la folie et la négation de soi pour la gloire d’un poète ingrat est une femme méprisée parmi tant d’autres. En 2018 on aimerait que cela ait changé. Un peu. </span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br /></span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); -webkit-text-stroke-width: initial; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11px; font-stretch: normal; line-height: normal;">
<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><i>Le spectacle est à voir au théâtre narional cet automne. Il sera visible ensuite à La Louvière, Mons et en France</i>.</span></div>
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<span style="-webkit-font-kerning: none; font-size: 11pt;"><br /></span></div>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" mozallowfullscreen="" src="https://player.vimeo.com/video/290111172?color=31A6C1&title=0&byline=0&portrait=0" webkitallowfullscreen="" width="640"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/290111172">SYLVIA / Teaser 2</a> from <a href="https://vimeo.com/theatrenational">Théâtre National / Bruxelles</a> on <a href="https://vimeo.com/">Vimeo</a>.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-66504242569635767272018-09-09T10:07:00.023+02:002018-09-10T17:23:56.068+02:00Le moment antiraciste sera-t-il plus qu’un moment ? <p></p><div style="text-align: justify;">
<img alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8mqFzDH0iH0scYp4nngfl3G3RE59DjNhQ_McqyyNVbykmSsu2eK0Fji5-jcVd3L2B4MPQcMIZn5XQ3OBYCXwXEQ3zOyXOFRkh4O0BjxsGIjcNWgsQxhYhjxz_W1dPBx_qC-Zw/"></div>
<div style="text-align: justify;">
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<div style="text-align: justify;"><br></div><div style="text-align: justify;">
C’est une opportunité rare, peut-être unique, dans ce pays bipolaire qu’est devenue la Belgique. Une vidéo virale, postée sur Facebook par une présentatrice météo de la RTBF, et un reportage de la VRT sur un groupe d’extrême droite qui s’invite et s’infiltre dans l’intelligentsia et l’élite flamande ont provoqué quasi-simultanément stupeur, empathie et interrogations. Que la même thématique s’impose, avec des termes et des émotions comparables des deux côtés de la frontière linguistique est devenu inhabituel. On a donc vu ou entendu en cette semaine de rentrée le premier ministre condamner, en néerlandais, un phénomène « révélé » par un reportage qu’il n’avait pas encore vu, des ténors qui pour l’un, promettait de faire le ménage, et pour l’autre, pointait la responsabilité de la parole politique dans la banalisation des propos racistes. Nous avons entendu encore, incrédules, un secrétaire d’Etat, tombé des nues, faire mine de découvrir que ceux avec qui il pose en photo tenaient des propos haineux et se préparaient physiquement à des affrontements contre un ennemi racial. Pour dire vrai, on a un peu douté de leur sincérité. Car si les contrebandiers font d’excellents gendarmes le pyromane n’est pas toujours crédible quand il se proclame pompier. Mais ne blâmons pas seulement le politique. </div><div style="text-align: justify;"><br></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous avons lu, entendu, vu un touchant élan de la presse, des députés, des commentateurs contre le racisme. Une déferlante. Ne crachons pas dans la soupe. Félicitons nous-en. Mais comme le politique qui, à coup de « communautés qui n’apportent pas de valeurs ajoutées »<span id="selectionBoundary_1536523991499_9218334330850635" class="rangySelectionBoundary" style="line-height: 0; display: none;"></span> a contribué à la banalisation du rejet de l’autre, la société civile et les médias pourraient également mener une petite introspection. Il est plus facile de témoigner de son soutien à Cecile Djunga ou de son effroi vis à vis de Schild & Vrienden que de bannir les petites blagues racistes en conférence de rédaction, de ne pas s’apesentir sur l’origine des auteurs des faits divers ou de cesser de s’interroger à longueur d’années sur les ratés de l’intégration (qu’on confond souvent avec assimilation). Plus facile de surfer sur l’émotion quand elle déboule comme un torrent sur les réseaux sociaux que de s’obliger à produire des reportages ou des éditoriaux sur des initiatives positives qui mettraient concrètement et positivement en valeur les apports de la diversité et de l’immigration. </div><div style="text-align: justify;"><br></div>
<div style="text-align: justify;">
Revenons à nos politiques pour insister sur le moment. A quelques semaines des communales, à quelques mois des législatives, nous avons envie de dire banco. Nous sommes quelques uns à attirer l’attention depuis quelques années sur les dangers de la banalisation de propos impensables il y a 20 ou 30 ans. Nous ne pouvons que nous réjouir d’entendre nos avertissements enfin repris avec un tel enthousiasme. Alors, oui, on veut bien vous croire. Croire que la belle émotion des derniers jours va convaincre chacun qu’il ne faut plus courtiser les bas instincts, les peurs, les frilosités ou la bêtise pour quelques milliers de voix. Que notre classe politique est désormais habitée d’hommes d’Etat qui ont compris que l’Europe et la Démocratie risquaient gros à suivre la tendance populiste qui calme ses angoisses à coup de boucs émissaires. Que le rejet du racisme proclamé main sur le cœur sur un plateau de TV est désormais supérieur à toutes les conversations de bistrots ou de marché de campagne. Que ceux qui déraperont seront désormais exclus des coalitions envisageables. Que nous ne verrons plus de Une de magazines sur le foulard, et que l’Islam ne sera plus réduit à sa seule pratique radicale (inquiétante certes mais minoritaire). Que nous aurons un plan fédéral contre le racisme, ou qu’à défaut, les organismes et ASBL qui luttent dans ce domaine seront correctement subsidiés. </div><div style="text-align: justify;">On dit chiche. Tope-là. Et on espère ne pas devoir écrire « tartuffes » dans un prochain article.</div>
<p></p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-33721245889322826262018-04-22T14:38:00.006+02:002018-04-24T22:44:32.165+02:00Le Jazz est un combat... que les belges affrontent en bande<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG9MXo6BWw2YBG_MKSdHSbETOTazp5FvonxPPzORHNFpkx8HdyD84AVsLr_CL34MTS9kyCl83cL8maOPZP__dUlDPmo01_Q1uwK2V238NI5jljKXKQhsGGIgSBsHPKNcakTj6x/s1600/IMG_3300.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG9MXo6BWw2YBG_MKSdHSbETOTazp5FvonxPPzORHNFpkx8HdyD84AVsLr_CL34MTS9kyCl83cL8maOPZP__dUlDPmo01_Q1uwK2V238NI5jljKXKQhsGGIgSBsHPKNcakTj6x/s320/IMG_3300.JPG" width="320"></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Le jazz est un sport de combat. Une lutte permanente. Un match incertain. Un affrontement qui n’aura ni vainqueur ni vaincu mais dont la beauté croît avec le niveau des compétiteurs et l’intensité de leur engagement. Tout dans cette musique relève de l’art martial sonore. Quelques règles de vie, mais très peu, valables sur scène et en dehors, l’exigence de se dépasser et de se réinventer, sans tricher, en livrant chaque soir un nouveau combat, d’autant plus beau, d’autant plus fort, qu’on y intègre les leçons du précédent tout en sachant pertinemment qu’on ne pourra pas le rééditer. <o:p></o:p></span></div>
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<span lang="FR">Le conflit est total. En vrac, sur le champ de bataille, se jettent l’improvisation contre la partition, l’innovation contre la tradition, le solo contre le chorus, la dissonance contre l’harmonie, la mélodie contre le rythme, le binaire face au ternaire, le swing contre le groove, l’accord mineur qui déstabilise contre la gamme en majeur qui rassure, la douceur du piano ou la fragilité de l’harmonica contre la puissance des cuivres, la pulsation régulière du contrebassiste contre la cassure de rythme du batteur. Dans ce bombardement musical les héros s’arc-boutent sur leurs instruments, se déhanchent, se livrent eux-mêmes à un corps à corps avec la musique. La leur et celle du voisin. <o:p></o:p></span></div>
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<span lang="FR">En jazz, le musicien part à l’assaut de la tranchée adverse, stratégiquement, par ruse, en douceur ou à la hussarde suivant ses moyens et son tempérament, la baïonnette remplacée par une hanche de saxophone ou une paire de baguettes. Dans cette improvisation plurielle il faut prendre sa place, se faire entendre, passer des alliances, se faire respecter, épater l’autre, le dépasser, l’amener à vous dépasser en retour, le surprendre, construire ensemble et déconstruire ensuite pour reconstruire plus loin et plus haut encore. Cette musique est une cathédrale, en perpétuelle élévation. Qu’on s’appelle Quasimodo ou Esmeralda la pratiquer, la comprendre, l’aimer vous fait quitter terre et vous rapproche des cieux. <o:p></o:p></span></div>
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<span lang="FR">Cette élévation passe donc par la confrontation des instruments, qui doivent chacun vivre leur vie tout en formant un tout cohérent. C’est de cette lutte et de l’équilibre instable sur lequel elle débouche que dépendent la beauté d’un concert ou d’un enregistrement et l’assurance pour le public que cette musique est vivante puisque deux prestations ne devraient jamais être identiques.<o:p></o:p></span></div>
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<span lang="FR"> À qui incombe la réussite ou l’échec de cette construction éphémère c’est toute la question. Le succès des orchestres de Count Basie ou Duke Ellington sont-ils à mettre au crédit de celui qui en assume la direction et lui apporte son nom ou à l’ensemble des musiciens, souvent anonymes, qui y sont enrôlés (et le fonctionnement quasi militaire des big band a l’ancienne nous autorise à poursuivre la métaphore) ? Les deux mon colonel. Mais l’orchestre de Duke Ellington sans Duke Ellington n’aurait pas eu le même succès, c’est une lapalissade. La question est encore plus ouverte lorsque la formation est réduite. Keith Jarret nous épate. Mais accompagné de Dave Holland et Jack Dejohnette il nous éblouit. Miles Davis est un exemple parfait de la problématique. Toujours leader, toujours bien entouré. Dans les années 50 avec Sonny Rollins ou John Coltrane. Plus tard avec Herbie Hanckok , Chick Corea, John Mc Laughling, Tony Williams, etc. <o:p></o:p></span></div>
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<span lang="FR">La question n’est pas seulement de bien choisir mais aussi de répartir, motiver, pousser, freiner. Il ne suffit pas de prendre les meilleurs mais de leur donner de l’espace et les pousser à mettre leur talent individuel au service de l’ensemble. De pousser chacun à sortir le meilleur de lui-même. Le leader qui distribue les solos comme autant de récompenses ou motivations, le sideman qui se replie et sabote parce qu’il s’estime mal considéré, la jalousie, ou au contraire la compétition accompagnent l’histoire de cette musique. L’enregistrement de 1954 qui oppose (le terme est juste) Thelonious Monk à Miles Davis est <a href="http://www.telerama.fr/musique/miles-davis-et-thelonious-monk-desaccords-parfaits,114729.php" target="_blank">le plus connu</a>. Le trompettiste demande au pianiste de ne pas soutenir ses solos de trompette. Monk obtempère et fait silence ... mais il se venge quelques morceaux plus tard en s’arrêtant de jouer pendant de longues mesures alors que c’est son tour... avant que Miles ne le rappelle à l’ordre d’un coup de trompette autoritaire. Le jazz est non seulement un art de combat, il est aussi une école du management. <o:p></o:p></span></div>
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<div class="Corps" style="border: none; font-family: "Helvetica Neue"; font-size: 11pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<span lang="FR">Et nos jazzmen jeunes belges dans tout cela ? J’avoue avoir pensé à la confrontation des géants de 1954 à quelques reprises et observé quelques concerts des derniers mois avec ce prisme en tête. Entre le leader formel et les autres musiciens comment trouve-t-on l’équilibre en 2018 ? Les musiciens qui ont trente ans aujourd’hui, qui sont donc nés bien après le décès de Thelonious voir celui de Miles, sont-ils eux aussi conduits par des querelles d’ego (musical on s’entend ) qui leur permettent de sublimer leur talent ? Les jazzmen d’aujourd’hui continuent-ils de jouer des coudes et de se provoquer par solo interposés ou cette compétition appartient-elle au passé ?<o:p></o:p></span></div>
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<span lang="FR">J’étais dans ces questionnements en écoutant le trio de <b>Jean-Paul Estievenart</b> à la Jazz Station. Le trompettiste défend un jazz pur, dont les racines historiques sont évidentes, sa technicité et sa sensibilité lui permettent de s’inscrire dans l’héritage des plus grands. C’est riche, complexe, moderne et orthodoxe. En face il y a le jeune et talentueux batteur Antoine Pierre et Sam Gertsman joue les juges de paix à la contrebasse. Pour ce concert Estievenart a voulu quitter la scène et installer son trio au niveau du public. De plein pied. À portée de main. Cette volonté de réduire la distance amène les spectateurs à se placer en arc de cercle autour des musiciens. Nous avons quitté le face à face du théâtre pour l’arrondi des arènes, même si cette symbolique a sans doute échappé aux musiciens. Et le combat aura bien lieu. Le matador Estievenart face au taureau Antoine Pierre. Le batteur charge, rompt le tempo, le distant, le ralentit ou dédouble sans crier gare, s’en affranchit, s’amuse à introduire des rythmes binaires et commerciaux, utilise un poteau comme instrument... fort de sa jeunesse et de son succès il est à la limite du cabotinage. C’est joyeux, bienveillant, le regard est complice et les deux hommes s’amusent et sourient. Mais le batteur est bien en train de défier amicalement le trompettiste sur sa propre musique au sein de son propre trio. En face Estievenart hausse donc le niveau de jeu. Improvise, s’élève, s’éloigne, revient, ramène la musique là où elle devait atterrir. Il résiste et triomphe. Le défi, tout potache qu’il en ait l’air, a permis aux trois hommes d’atteindre quelques moments de grâce. <o:p></o:p></span><br>
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Cet esprit de compétition est-il indispensable pour atteindre un haut niveau ? Je me garderai de répondre de manière catégorique, en citant 3 ensembles qui m’ont surpris par leur cohérence et leur esprit de groupe. Le groupe de <b>Thomas Champagne</b>, dont le CD fut présenté au théâtre Marni il y a déjà quelques mois (oui cette chronique est aussi l’occasion pour le chroniqueur négligent de rattraper un peu de son retard). Officiellement Thomas est le leader d’une formation qui porte son nom. Mais sur scène le saxophoniste partage l’avant plan avec le remarquable Guillaume Vierset. Le guitariste prend au final la même place que le saxophoniste. Avec sa coiffure et son look soignés il semble débarquer de la scène pop anglaise. Et on se rend compte que cet esprit rock/pop où les musiciens répètent des mois inlassablement quelques mesures binaires imprègne notre culture. Efficace et cohérent comme un groupe de rock, c’est ce qu’on s’était dit en écoutant les agréables mélodies de Thomas et son quartet. Derrière les deux solistes, la rythmique (Ruben Lamon, Alain Deval, look plus proche des Clashs que de Louis Armstrong) déménage. Ce n’est pas le saxophoniste contre ses musiciens, plutôt du 2 contre deux. Si le trio Etievenart est une corrida, Random House est un match de basket, rapide, intensif, limpide. Le leader Champagne dompte ses musiciens caviar, c’est du luxe, un peu de calme et beaucoup de volupté. <o:p></o:p></span></div>
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<span lang="FR">Guillaume Vierset on le retrouve aussi à la tête du <b>LG Jazz Collective</b> pour un second album (strange deal) dont on avait vu la présentation à Dinant, au château de Pont-à- Lesse. Le LG collective est à l’origine un projet 100% liégeois monté pour le festival Jazz à Liège. Officiellement Vierset en est le leader, signe les compositions et assure la présentation sur scène. Mais c’est plutôt un « all star band » (a l’échelle belge, n’abusons pas ) avec Estievenart et Pierre (encore eux) et Rob Banken et Steven Delannoye (taxi wars entre autre) aux saxophones. Félix Zurstrassen assure le sérieux à la basse et Alex Koo a remplacé l’exceptionnel Igor Gehenot au piano. Évidement on ne dirige pas un septet comme un trio. La musique est plus écrite, les espaces pour les solos plus limités. On se défie mais dans les limites d’un canevas précis. Le chef ne profite pas de sa position pour s’ imposer plus que les autres mais signe de très belles introductions, comme si la formule était avant tout l’occasion de savourer ses compositions. Ce n'est plus Thelonious et Miles s'affrontant sur le ring mais un équipe de handball (ils sont sept) qui fait circuler le ballon. En observant cette jeune génération on mesure la conjugaison des influences. A la démarche individuelle du jazzman s'ajoute désormais l'esprit collectif de la musique pop-rock. Ce n'est pas une question de styles qui se sur-exposeraient les uns aux autres, c'est une question de rapport à la musique, de rapport au groupe et à l'adversité. <o:p></o:p></span></div>
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<span lang="FR">On terminera ce tour d’horizon avec, de retour à la Jazz Station le projet <b>Shinjin</b>. Ce n’est pas du belge, le projet a été monté à Tourcoing, avec un saxophoniste américain, un bassiste français, un batteur belge et un clavier suisse. Pour tous ceux qui ont assisté à ce concert, et qui attendent la sortie d’un album, un moment d’énergie intense, qui n’était pas sans rappeler Uzeb ou Weather Reaport. Sur scène deux barbus chevelus, au look moitié hipster moitie Père Noël un lendemain de guindaille (Malcolm Braff aux claviers et Laurent David à la basse électrique) et deux chauves, (Stéphane Galland à la batterie et Jacques Schwarz-Bart au saxo) choisis ton camp camarade. Dans nos oreilles des tempos à 100 km/h, funk, du groove, des démonstrations techniques. Certains sont passés par le groupe d’Ibrahim Maalouf, il y a de la maîtrise et le goût de la mélodie mais les compositions sont profondes, complexes. Stéphane Galland y bat double (pas seulement parce qu’il utilise deux caisses claires et deux charleston mais aussi par son volume de jeu). Comment une musique très clairement binaire, à la rythmique de haute précision, truffée de changements de rythmes et à la structure aussi écrite peut-elle laisser encore de la place à l’improvisation et au combat des musiciens ? Sans doute parce que Malcolm Braff continue d’improviser envers et contre tout, échantillonnant et recyclant le son de ses camarades à même le concert. Sans doute parce le saxophoniste est à la limite de la rupture. Et ça, même sans leader, même sans rythme ternaire, ça reste l’esprit du jazz. <o:p></o:p></span><br>
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<iframe width="600" height="400" src="https://www.youtube.com/embed/pX1XxGnEKWY" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-60727681127086338862018-04-21T08:34:00.013+02:002018-04-22T14:39:25.561+02:00Lohengrin : Olivier Py souligne l’ambiguïté de Wagner et la beauté de sa partition <img alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFBd5kmZCkY9qYr9A0O7Oay39s8CP1VNlb1ZGZ-06s9YAsubPPopjTXXftoEPuD8OazYCYFexQhCxHvF0eZQK-sOuaF-rU2BaUlXTN9lTdRZJMATMFR-W-booxwkPyQ0OKD4M5/" /><br />
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C’est une façade défigurée. De hautes fenêtres brisées qui pourraient être celles d’un bâtiment officiel (théâtre, parlement, château ou palais). On devine à travers les béances un enchevêtrement de poutrelles métalliques, de passerelles et d’escaliers de services, comme si nous entrions par effraction dans les coulisses d’un spectacle ou d’une démocratie, mais c’est peut être la même chose. Les murs de briques ont été éventrés, on imagine la toiture soufflée par une explosion. Tout est noir et blanc comme les photographies de 1945. On pense au bombardement de Dresde, à Varsovie, à la prise de Berlin. Cette façade immense occupe toute la largeur mais aussi toute la hauteur de la scène de l’opéra et nous plonge d’emblée dans le propos en commençant par la fin. Wagner et le romantisme allemand c’est aussi, au final, la puissance du pouvoir, l’affrontement, la destruction. Si on commence par le décor c’est qu’il est central, dans tous les sens du terme. Pierre-Andre Weitz (qui signe aussi les costumes) a imaginé une rotonde qui tourne sur elle-même, se divise et s’ouvre tantôt sur une salle de débat, tantôt sur une scène bucolique. Nous passons des ruines à l’alcôve, du Reichtag à la maison de poupée, divisée en 9 cases, allégorie de la culture allemande, de la place à l’échafaud. C’est vertical, impressionnant, parfaitement souligné par les lumières de Bertrand Killy et entièrement au service de la mise en scène d’Olivier Py.</div>
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Tiens, le voilà Olivier Py. Il est sur scène pour une déclaration préalable. Une mise à distance de l’œuvre et de la démarche de Wagner. Rappelle que le compositeur n’a pas connu le nazisme, mais qu’il a bien rédigé des textes antisémites impardonnables et qu’en mettant en scène Lohengrin, Py ne monte pas un opéra nationaliste mais un opéra sur le nationalisme. À vrai dire la précision nous paraît superflue, mais puisqu’on verra des uniformes et des bottes noires, des aigles romains, des étendards, un danseur torse nu aux postures martiales et des sigles proches de la svatiska, il vaut mieux peut-être, par ces temps incertains, prévenir que guérir. Oui, Olivier Py a choisit de nous rappeler que derrière cette histoire de demi-dieu envoyé pour notre rédemption, de chevalier de lumière qui lutte contre des forces obscures, de cygnes et de sortilèges, il y a bien l’essor du romantisme allemand, la conviction que la nation allemande doit être unie et forte, qu’on puise sa force de l’appartenance à une lignée et que l’obéissance est une vertu. Même si Lohengrin c’est aussi l’affrontement du bien et du mal, celui de deux femmes (La noire Ortrud et la blanche mais un tantinet illuminée Elsa), une réflexion sur la fidélité, Lohengrin, fils de Parsifal, a quitté le moyen-âge pour l’Allemagne des années 1930. C’est assumé, explicite et magnifiquement lisible. La mise en scène apporte donc cet éclairage historique, elle ne nous privera pas du bonheur de la musique.</div>
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Il n’y a pas besoin d’être un grand musicologue pour savoir que le propos wagnérien repose sur la puissance. Sur cette montée progressive qui nous emporte, nous transporte, à la fin de chaque acte. Olivier Py a raison de souligner que toute musique de film commence chez Wagner. Indiana Jones, la Guerre des Étoiles, les grands westerns, les bandes originales de Hans Zimmer, ils ont tous quelque chose en eux de Richard Wagner, pour autant qu’on ferme les yeux et ouvre ses oreilles. Il n’y a pas besoin d’être un grand mélomane non plus pour entendre qu’Alain Altinoglou, le chef de la Monnaie, excelle dans ce registre. On soulignera la maîtrise, la nuance et l’explosivité exceptionelle des chœurs dirigés par Martino Faggiani et ses lunettes autour du cou. On s’extasiera sur une incarnation d’Ortrud par Elena Pankratova parfaite de roublardise, la puissance de Gabor Bretz (le roi Oiseleur) et Andrew Foster-Williams (le noir comte de Telramund). Et si le spectacle dure 4h30,c’est vrai, on ne s’ennuie pas une seconde, on se laisse guider. Et on ressort en se demandant comment une musique aussi fine a pu servir un projet politique aussi grossier.</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-74259429336681763672018-03-25T09:46:00.003+02:002018-03-25T09:50:08.804+02:00Le 22 mars de la douleur des attentats à leur représentation théâtrale<p>Un couple qui s’avance seul au milieu de la scène et qui raconte sa sidération lorsqu’il apprend par télévision interposée que des attentats ont lieu à Bruxelles. L’ensemble des comédiens, ils sont 19, qui reprennent à capela « Bruxelles ma belle » de Dirk Annegarn. Des extraits de conversations, banales, futiles, brutalement interrompus par un bruit d’explosion. 32 extraits comme les 32 victimes des attentats. Et puis ces victimes devant vous, dressées, le visage ensanglanté. Leurs premières pensées, pas toujours très nobles, leurs appels au secours, la fumée, les blessures, la douleur. Ce sont les premiers tableaux, chocs, émouvants, de « Bruxelles, printemps noir » monté au théâtre des Martyrs (lequel aura rarement si bien porté son nom). Il y en a 19 au total. 19 scènes indépendantes les unes des autres mais qui misent bout à bout reconstituent le kaléidoscope de nos émotions au moment des attentats et aussi dans les semaines ou les mois qui ont suivi.</p><p><br></p><p><b>Un texte de fiction en écho aux témoignages des victimes réelles</b></p><p> </p><p>Ils s’appellent Karen, Walter ou Béatrice. Vous avez pu entendre ou voir leurs témoignages à la télévision, à la radio, dans la presse. Karen cette ancienne prof de sport qui n’est toujours pas sortie de l’hôpital 2 ans plus tard. Walter, qui raconte comment il se bat pour apprivoiser sa prothèse. Beatrice, qui suit un parcours de revalidation de l’armée américaine a San Diego pour espérer remarcher. Ces trois là ont perdu l’usage de leurs jambes. Les deux attentats ont fait plus de 200 blessés. Certains s’expriment, d’autres pas. Et ces 32 morts dont on n’entendra plus les voix. Vous en connaissez peut-être directement ou indirectement. Les gorges et les poings se serrent, les regards se troublent. On se souvient des victimes. Mais on est aussi assaillis par une palette d’émotions. Cela va de la douleur à la colère, en passant par le sentiment d’injustice, la peur ou le cri de vengeance. C’est ça que permet le théâtre. Retracer le parcours de nos émotions et de nos pensées. Notre rapport a l’Islam, notre rapport à la violence, notre besoin de sécurité, notre confiance dans les médias et surtout la manière dont le discours politique s’est emparé de tous ces thèmes (cruelle scène où les marionnettes de Bart, Joëlle et Charles s’écharpent avec cynisme) en deux ans tout a changé. Le 22 mars a profondément marqué des parcours de vie, les témoignages de victimes nous le rappelle mais il aussi boulversé notre paysage mental, cette pièce, entre autre, permet d’en prendre conscience.</p><p> </p><p><b>Deux ans après, notre capacité de résilience</b></p><p> </p><p>La vie reprend le dessus. Nous sommes capables, individuellement , collectivement, de digérer, dépasser, surmonter les traumatismes. Dans la pièce de Jean-Marie Piemme le début est très fort. La suite, peu à peu, perd en intensité. Les émotions s’estompent. La parole prend plus de place. On commence à réfléchir et plus seulement à ressentir. On passe par la colère d’un fils contre son père , le témoignage d’un terroriste qui n’exprime aucun remord, le dérapage des policiers dans un interrogatoire. Il y a de la mise en scène, des costumes et des décors magnifiques. Une belle distribution aussi (Ben Hamidou, Itsik Elbaz, Stéphane Ledune). On a quitté le monde réel on a glissé dans le théâtre. Le grand mérite du texte est d’embrasser une large palette d’émotions et réactions provoquées par ces attentats, sans juger. Un excellent point de départ pour lancer notre introspection et comprendre les positions que l’on ne partage pas forcément. Certains moments sont oniriques, la mise en scène de Philippe Sireuil réussie, mais il y a des longueurs, un peu de bavardage. Les personnages qui semblaient unis dans la chanson de la première scène apparaissent complètement désunis dans la dernière. On ne doit pas forcément y chercher de logique. Puisque propre des attentats et des entreprises terroristes c’est justement d’échapper à la logique.</p><p><br></p><p>Le teaser : https://youtu.be/p3IxflkpyQw</p><p><br></p><p> </p><p></p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-14838415538421137762018-02-17T16:18:00.003+01:002018-02-18T08:16:38.855+01:00Requiem pour L : Fabrizio Cassol dépose Mozart dans un écrin africain<div>
<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBkvMm9OLeW4Q3Ev6In29cHUGK0fQyE3i8u6wT9JJdbh_TwDJm56X5dABCnvC4s3i7xFDKabsJ7hgm0Ts9MrK3rCRK9FGP3omiwITY3Z8VK9JgdjKG9xRdp6C2fK0n5fRF2M4m/s640/blogger-image-229302311.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBkvMm9OLeW4Q3Ev6In29cHUGK0fQyE3i8u6wT9JJdbh_TwDJm56X5dABCnvC4s3i7xFDKabsJ7hgm0Ts9MrK3rCRK9FGP3omiwITY3Z8VK9JgdjKG9xRdp6C2fK0n5fRF2M4m/s640/blogger-image-229302311.jpg"></a></div>
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<p> Un plateau envahi de formes rectangulaires noires posées à même le sol entre lesquelles chanteurs et musiciens cheminent, se posent, s’asseyent, se dressent. La référence au cimetière est explicite. C’est dans ce décor minimaliste qu’Alain Platel a déposé la mise en scène du « Requiem pour L » qu’il cosigne avec Fabrizio Cassol (saxophoniste et membre du groupe Aka Moon). Les deux hommes ont déjà souvent collaboré et signé une oeuvre unanimement saluée où ils mariaient la musique baroque de Bach aux rythmes africains (Coup Fatal, grand succès de 2014). Ils africanisent cette fois-ci Mozart et son requiem inachevé. Même démarche, même réussite. </p></div>
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<div> C’est peu de dire que la partition de Cassol nous a enthousiasmé. La profondeurs des airs de Mozart gagne en grâce et en légèreté en s’inserant dans les rythmes dansants. Le diamant brut monté sur une bague d’ébène s’offre une nouvelle jeunesse. Plus moderne, plus brillant, plus accessible sans doute, sans rien perdre de son éclat originel. Aux trois chanteurs « traditionnels »qui assurent les partitions lyriques répondent des choristes/danseurs plus proches de Fêla Kuti que de l’opera de Vienne. Un guitariste, un bassiste, qui joue les chefs d’orchestre, et un batteur assurent une rythmique funk qui n’a pas du souvent résonner à la Monnaie. Un accordéoniste (magnifique) et un tuba apportent la sensibilité musicale. </div>
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<div> Les airs d’Afrique et d’Europe se répondent, s’epaulent, finissent par se mélanger et les deux univers se marient parfaitement. Dans le cimetière on passe du recueillement à la conversation, de la célébration à l’exultation. Les acteurs nous tournent parfois le dos, se retournent, se rassemblent ou s’isolent, et réussissent à nous entraîner avec eux.<span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> Alain Platel a dissimulé des chemises colorées sous les costumes noirs. Tout le monde porte de hautes bottes. Les mouvements chorégraphiques sont plus sobres que dans les créations précédentes, mais Dieu, que cela sonne juste, sans excès, avec élégance. </span></div>
<div><span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"><br></span></div>
<div> Reste le fond de la scène, et le point qui fera débat.<span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> Sur toute la largeur de la salle une vidéo au ralenti retrace l’agonie d’une femme en fin de vie. Elle c’est L. Une dame âgée qui a choisit l’euthanasie et a offert à Alain Platel le droit d’utiliser la vidéo de ses derniers instants. Pendant toute la durée du requiem son visage est en gros plan derrière les musiciens. Yeux mi-clos, ouverts, fermés. Ses proches apparaissent furtivement pour caresser son visage, prendre une main, déposer un baiser. Un mélange de souffrance et de sérénité, on ne saurait dire si L souffre ou pas. L’agonie semble durer une éternité. </span></div>
<div><span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"><br></span></div>
<div><span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> Ma consœur Nicole Debarre avait <a href="http://Grand Angle https://www.rtbf.be/auvio/detail_grand-angle?id=2310388">signalé</a> son malaise sur les ondes de la Premiere, estimant se retrouver malgré elle en position de voyeurisme, guettant l’instant d’une mort dont on nous impose l’image. D’autres trouvent la vidéo essentielle. C’est bien de mort qu’il s’agit dans un requiem, et cette vidéo nous rappelle combien en Europe occidentale nous avons peu l’habitude de voir la mort de face. Chaque spectateur réagira sans doute en fonction de son propre vécu pour cette question par essence intime.</span></div>
<div>J’adopterai une position médiane. Je me suis demandé si un simple fond noir n’aurait pas suffit. Cela aurait sans doute retiré une partie de sa force à cette création. Une photo figée aurait été un bon compromis. J’avoue que l’usage du ralenti, qui rejoue cette mort en en accentuant la lenteur me questionne : cette vitesse lente était-elle nécessaire, ou s’agit-il de nous émouvoir encore davantage ? La question, parce qu’elle n’exclut pas une démarche obscène, n’est pas anodine. Elle ne doit pas vous distraire de ce qui se passe en aval : devant cette image, la performance est remarquable et ce requiem magnifique.</div>
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<p><a href="https://vimeo.com/250588785">Requiem pour L. (Fabrizio Cassol, Alain Platel, Rodriguez Vangama) - video by Jan Bosteels</a> from <a href="https://vimeo.com/user9314204">les ballets C de la B</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</p>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-79817013088532472002017-12-17T17:56:00.001+01:002017-12-26T17:21:39.496+01:00Gilad Hekselman électrise le nouveau jazzImaginez Pat Metheny qui rencontrerait Joe Zawinul et Tony Williams ... et vous avez une idée de ce qu'ont pu partager les spectateurs de la Jazz Station ce jeudi 15 décembre. <div>Au centre Gilad Heksleman, guitariste prodigieux. Né en Israël, installé depuis 2004 à New-York où il écume les meilleurs clubs aux côtés de <span style="color: rgb(74, 73, 73); font-family: Frutiger; font-size: 9pt;"> Mark Turner, John Scofield, Ari
Hoenig, ou encore Avishai Cohen. Style lyrique, son parfaitement maîtrisé, compositions impeccables, vélocité technique : à peine trentenaire Gilad est déjà un grand de la guitare. On entend chez lui l'influence du be bop, le son de Metheny et quelques douceurs pop se mêler joyeusement. Dans </span><span style="color: rgb(74, 73, 73); font-family: Frutiger; font-size: 9pt;">« ZuperOctave », il propose un trio sans
basse avec Aaron Parks aux claviers et Kendrick Scott à la
batterie. Pour dire la vérité je ne suis pas toujours convaincu par les formations qui font l'impasse sur le bassiste ou le contrebassiste. Il manque souvent la pulsation qui fait que le jazz est une musique qui s'écoute avec l'estomac et pas seulement avec le cerveau, qui nous fait bouger les pieds et pas seulement remplir notre âme. Mais là, les trois compères arrivent à palier le manque. La paire Hekelsman /Parks fonctionne à merveille, sans à peine se regarder. Du blues, des compositions plus funk, tempo rapides ou lents, le groove est toujours là. Même lorsque le guitariste sollicite l'aide du public pour un claquement de mains improbable sur un rythme alambiqué (le charme du contre temps )... Aaron Parks assure une solide base... basse à la main gauche, mélodie et accords de la main droite. Hekselman n'a plus qu'à placer des fulgurances qui déclenchent les exclamations du public, sur le mode feu d'artifice. On attend avec impatience la sortie d'album de ce trio. Dans la salle les habitués sont au premier rang, un public plus jeune qu'à l'accoutumée se masse à l'arrière. On affiche complet. À la pause les musiciens viennent demander un vin blanc ou une trappiste au bar. </span></div><div><span style="color: rgb(74, 73, 73); font-family: Frutiger; font-size: 9pt;">Apres Sofia Ribeiro, Shai Maestro, Petros Klampanis, les jazzmen new-yorkais semblent avoir placé le chemin de la Jazz-Station dans leurs parcours européens. On ne va pas s'en plaindre. </span></div><div><span style="color: rgb(74, 73, 73); font-family: Frutiger; font-size: 9pt;"><br></span></div><div>Dans une autre formation : <a href="https://youtu.be/d-TzxF2dxSc">https://youtu.be/d-TzxF2dxSc</a></div>
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<p><img src="webkit-fake-url://97aa62ad-23bb-4378-ae5a-a298651707f4/imagejpeg"></p>
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</div><br><div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuEFIzcJpJ8pwgvKmD6GpAJ0r21XcmQIJ0KvtQC3GOg14zPcAVeh9fve-qjkCNj5a5UM4UZoPj54rdKkAeLDQm7XAq4dPXR1WXMh2mFoJgWNhhI1EF4-VrqNcvxsfh5AhU3F-5/s640/blogger-image-1944850203.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuEFIzcJpJ8pwgvKmD6GpAJ0r21XcmQIJ0KvtQC3GOg14zPcAVeh9fve-qjkCNj5a5UM4UZoPj54rdKkAeLDQm7XAq4dPXR1WXMh2mFoJgWNhhI1EF4-VrqNcvxsfh5AhU3F-5/s640/blogger-image-1944850203.jpg"></a></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-31022152997609254862017-10-01T16:00:00.001+02:002017-10-01T21:20:34.795+02:00Parce que l'histoire n'a pas de sens<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkIFPAAsKhCcchB6K1c84WVl1QLyLhxunW13HDooPLv3NZwZjVv1zII2O_EIltlZmZ2psNHGMuF8NLMrCLML5LZkWQJlbEZBAvEVDQl6f-4zM2O5RxLkoRdkDsCV_eW9oqmMTe/s640/blogger-image--1521752118.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkIFPAAsKhCcchB6K1c84WVl1QLyLhxunW13HDooPLv3NZwZjVv1zII2O_EIltlZmZ2psNHGMuF8NLMrCLML5LZkWQJlbEZBAvEVDQl6f-4zM2O5RxLkoRdkDsCV_eW9oqmMTe/s640/blogger-image--1521752118.jpg"></a></div>Elle commence le spectacle dans un costume de Monsieur Loyal, haranguant le spectateur, façon bateleur à l'entrée du chapiteau. Elle termine chevelure dénouée et chemise déboutonnée avec une voix radoucie, sur le ton de la confidence. À l'oreille vous êtes passés du speaker des actualités cinématographiques aux interviews intimistes de Mireille Dumas (pour les français) ou Régine Dubois (pour les belges). Pendant 1h20 Anne-Marie Loop n'a cessé de changer de registre pour vous raconter le siècle passé. De la guerre de 14 à mai 68 en passant par l'Holocauste. <div><br><div>Tenir la scène, seule, pendant 80 minutes, nécessite de l'endurance et des ruptures de ton pour relancer l'attention . Le dispositif scénique est minimal : un rideau rouge, quelques caisses en bois pour se poser, le tapis du chien qui l'accompagne sur scène, un micro et quelques musiques pour agrémenter et rythmer la représentation. Le monologue est une performance au profit du texte. Celui-ci n'est pas une simple ballade historique qui nous mènerait de la découverte de la pénicilline à "Come Together" des Beatles, de l'attentat de Sarajevo aux slogans de mai 68. Non, le texte de Patrick Ourednik est d'abord une interrogation de la notion de progrès. L'arrivée de l'électricité dans les campagnes, la locomotive à vapeur, l'eau courante et les sanitaires : le XXe siècle est celui de ces avancées techniques. Mais aux progrès de la science et des industries l'auteur mêle l'évolution des arts et des idées : vous croiserez l'impressionnisme, le surréalisme, l'existentialisme, le communisme et la montée en puissance de la sociologie. Cela donne un joyeux fatras jubilatoire où le pire côtoie ironiquement le meilleur. Car le progrès au XXIe siècle engendre des monstres, le nazisme, bien sûr, qui occupe une place centrale dans le monologue, le nationalisme, le racisme, l'eugénisme, longtemps défendu par les savants les plus pointus, ou , dans un registre moins dramatique, la frénésie de consommation et l'acculturation des masses... </div><div><br></div><div>Ce qui paraissait le progrès de l'époque résonne comme une horreur vu de la nôtre. Et Anne-Marie Loop et Patrick Ourednik de nous amener à nous poser la question du sens de l'histoire. C'est quand l'humanité croit marcher d'un bon pas vers un futur radieux où le soleil brille brille brille (le spectacle commence par cette chanson d'Annie Cordy) qu'elle déclenche les pires oppressions et catastrophes. C'est au nom du bonheur et du progrès de la race humaine que les esprits les plus éclairés déclenchent guerres et violences. De ce XXe siècle, analysé ici par un prisme uniquement européen, on retiendra encore la libération sexuelle et la lente accession des femmes à la citoyenneté. Il n'y a donc pas eu que des horreurs. Mais ce retour sur un passé récent suffit à nous alerter sur ce qui nous attend au XXIe siècle. Du terrorisme, des guerres, du nationalisme, des scientifiques sans éthique et des philosophes sans empathie... </div><div>Sur scène, on consomme et on jette les objets au fur et à mesure du récit dans l'insouciance la plus totale, et cela finit par ressembler à une décharge, comme notre environnement. Peut-on se sortir de cette histoire, avec un grand H ? Non répond le texte. Attendre la révolution cosmique du New Âge ou se tourner vers le bouddhisme n'empêchera pas les adeptes d'être engloutis par leur époque. Parce qu'il n'y a pas de morale de l'histoire. Le siècle qui suit le précédent ne progresse ni ne régresse. L'homme ne va pas naturellement dans le bon sens. Ni dans le mauvais. </div><div><br></div><div>"<i>Europeana, une brève histoire du XXe siècle " au théâtre des martyrs. Photo emprunté au site du théâtre. </i></div></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-68624493804415952512017-10-01T09:19:00.001+02:002017-10-02T21:21:20.698+02:00Après la décolonisation, la lutte des classes continue<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsAQg68TBSuMQFo7xuZpGx0mjOMJhWDh-r_AJeKCzqyX0npKrYeDWgageRVLdyzRGmfYGetx9hjhD5BxwQli1Ro4NGLmOGSCbD8XtuzTxQkT8Iv2SQsGLY5jlqlycPiHV2lT0c/s640/blogger-image-499906002.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsAQg68TBSuMQFo7xuZpGx0mjOMJhWDh-r_AJeKCzqyX0npKrYeDWgageRVLdyzRGmfYGetx9hjhD5BxwQli1Ro4NGLmOGSCbD8XtuzTxQkT8Iv2SQsGLY5jlqlycPiHV2lT0c/s640/blogger-image-499906002.jpg"></a></div>Les noirs contre les blancs. Ou plus précisément une femme noire contre des hommes blancs. C'est la toile de fond de Boatala Mindele, texte de Rémi De Vos et mise en en scène de Frederic Dussenne, à l'affiche du théâtre de poche. Une toile de fond dont le propos est bien plus politique et sociologique qu'historique. Certes, le pays est nommé : nous sommes au Congo, la décolonisation, au moins dans son versant politique, est achevée. Les européens présents viennent de Belgique, mais ils pourraient, on l'imagine, aisément être français ou anglais. Nous sommes dans une période récente, celle où les intérêts européens reculent au profit des investissements chinois. Mais ce contexte historique n'est que la carrosserie de la pièce. Une fois le capot soulevé, le moteur est une dialectique du maître et de l'esclave alimentée à la fois par les pulsions sexuelles et par la lutte des classes. <div>La femme noire, jouée par Priscilla Adade, est donc Louise, domestique au service d'un couple blanc installé depuis des lustres. Lui, Ruben ( Philippe Jeusette) est arrogant et cynique, raciste et blasé. Elle, Mathilde (magnifique Valérie Bauchau) traîne l'ennuie des femmes de coloniaux. Ruben a trouvé le moyen d'égayer son quotidien en étudiant, hilare, les comportements de nouveaux venus qui prétendent s'installer dans la culture du caoutchouc. Il faut dire que les "nouveaux blancs" (Stephane Bissot et Daniel Van Dorslaer) sont d'une bêtise crasse et que leur incompréhension du Congo permet à Ruben d'organiser des "dîners de con" qu'il pressent mémorables.</div><div>Malheureusement pour lui la grande et la petite histoire dérapent de concert. L'activisme économique des chinois perturbe l'ordre établi. Et surtout Louise, toute domestique qu'elle soit, suscite les désirs des hommes et des femmes, et entend bien en tirer le meilleur parti. Voici un personnage féminin qui se présente soumis au départ de la pièce et se révèle parfaite manipulatrice à la fin. À l'inverse Ruben qui croyait maîtriser ses affaires et son ménage se révèle impuissant dans tous les sens du terme. Autant il paraît odieux dans sa suffisance initiale, autant la scène finale le laisse fragile et philosophe. </div><div>L'écriture de Rémi De Vos est tendue comme un arc, mais les flèches de cupidon, sont trempées dans le poison de la cupidité et de la domination. Les personnages masculins sont veules ou pleutres. Les caractères féminins vont de la greuluche écervelée à l'allumeuse intéressée. Difficile de s'identifier. Même si l'issue n'est pas aussi tragique, cette combinaison de la séduction et de la domination sociale, nous fait penser à Mademoiselle Julie de Strindberg, comme si en transposant l'action au Congo, l'auteur avait inversé les rapports et offert aux femmes l'occasion d'une revanche (chez Strindberg Mademoiselle Julie séduit un valet de ferme, elle finira par se donner la mort). </div><div>Pour réussir ce passage du vaudeville au drame, Frederic Dussenne a imaginé un décor de huis-clos qui ajoute à l'oppression. On ressort de la pièce sonné. Le désir sexuel, les rapports hommes-femmes, la décolonisation, le regard des blancs sur les noirs et inversement, la promotion sociale : tout cela reste d'une violence brutale. La culture, l'amour et l'égalité ? écrasés par les rapports de force. Dans le Congo de Botala Mindele l'oppression est tour à tour sexuelle, économique et politique ... dans le monde contemporain aussi, pour peu peu qu'on veuille le voir. </div><div><br></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-38337369979383263702017-09-30T18:06:00.001+02:002017-09-30T22:07:40.925+02:00Shaï Maestro sublime Petros Klampanis<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiR-hDJYbBhwh8YhT3PVfFCGM1vlo8XuHcabcRu3OZ14_FaJFANdRg-RYLYE4WQGeLzxoA3-BB-iWDIPWDCIIGZ5rAnzMDZ1xGA5wdxn_MIciAD4GjHm989QkBcmgHcpaMUxwLs/s640/blogger-image--485933780.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiR-hDJYbBhwh8YhT3PVfFCGM1vlo8XuHcabcRu3OZ14_FaJFANdRg-RYLYE4WQGeLzxoA3-BB-iWDIPWDCIIGZ5rAnzMDZ1xGA5wdxn_MIciAD4GjHm989QkBcmgHcpaMUxwLs/s640/blogger-image--485933780.jpg"></a></div>On avait découvert Shaï Maestro aux côtés d'Avishai Cohen. On avait été bluffé par le modernisme de son trio programmé il y a quelques années au festival Jazz à Liège. On était impatient de l'entendre dans une autre formule. <div>On avait apprécié Petros Klampanis aux côtés de Sofia Ribeiro, chanteuse qui croise fado et Jazz, pour qui il assure une solide rythmique. On n'avait pas été déçu, loin de là, par la présentation de son album personnel "Chroma" à la Jazz-Station de Saint-Josse la saison dernière. On se disait que le revoir dans une formule avec cordes allait nous éloigner des pulsations jazz mais qu'il fallait tenter l'expérience. </div><div>Shaï et Petros, Maestro et Klampanis, le pianiste virtuose israélien de Tel Aviv et le contrebassiste grec de l'île de Zkahintos, tous les deux immigrés aux Etats-Unis s'entendent donc bien. Mieux. Ils sont visiblement en parfaite harmonie. Et nos oreilles se régalent de cette belle entente. Les compositions du grec (il s'agissait de rejouer son album) sont un terrain de jeu parfait pour l'israélien. On n'entend pas si souvent des pianistes tour à tour aussi véloces que nuancés. Shaï Maestro conjugue la rapidité et la science du toucher. Il propose un son qui n'appartient qu'à lui avec des variations mélodiques qui nous rappellent les mélopées du Moyen-Orient. <span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Une influence discrète, pas envahissante. Sur ses solos il </span> est parfois touché par une grâce et une sensibilité qu'on oserait presque comparer à celles de Keith Jarrett... Petros Klampanis, malgré quelques longueurs quand il est seul en scène, est un formidable contrebassiste. À l'évidence l'influence d'Avishai Cohen pèse sur les deux hommes. Mais si Klampanis n'a pas le charisme de la star Cohen, il n'a rien à lui envier dans la maîtrise de l'instrument et l'inspiration. Ses compositions sont solides, aux confluents du Jazz et de la World Music. Ensemble ces deux là vous offrent une musique simple, mélodique, accessible , riche ... On les imaginerait bien en duo. À la Jazz Station ils se prèsentaient avec un quatuor à cordes, ajoutant encore au lyrisme des compositions, et faisaient parfois chanter le public, Au dehors, la chaussée de Louvain, trottoirs ouverts et bitume enlevé est eventrée sur des dizaines de mètres apres un profond écroulement, elle offre des allures de champ de bataille. À l'intérieur, contraste saisissant, les tympans présents goûtaient sereinement la joyeuse paix <span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"> que les belles musiques possèdent.</span></div><div><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br></span></div><div><a href="https://youtu.be/iDk6bbEMLjI">https://youtu.be/iDk6bbEMLjI</a></div><div><br></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-22523946330805965152017-09-17T08:34:00.001+02:002017-09-17T15:23:56.866+02:00Antoine Pierre acidifie son jazz à coup de boucles technos<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgw2GTkoZfXeBCkR9qfh55lIC3nmWSQJJc2YxCLsQlFfu5g_d26ud2Kt2VtX7ricbdmnx_Za5pK-dXYBHY89NxAKc0X_u3ol4iL8cCdAwNxi56DaSGkRZYLjNfmNvFS1nUL4z1/s640/blogger-image-303962540.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgw2GTkoZfXeBCkR9qfh55lIC3nmWSQJJc2YxCLsQlFfu5g_d26ud2Kt2VtX7ricbdmnx_Za5pK-dXYBHY89NxAKc0X_u3ol4iL8cCdAwNxi56DaSGkRZYLjNfmNvFS1nUL4z1/s640/blogger-image-303962540.jpg"></a></div><div class="separator" style="clear: both;"><br></div><div class="separator" style="clear: both;">On attendait la soirée avec une certaine curiosité. Parce qu'Antoine Pierre est le fer de lance de la jeune génération jazz belge et qu'il avait annoncé que ce projet là ne serait pas jazz, ce qui est un fameux teasing. Parce qu'on sait aussi que le jeune batteur sait fort bien s'entourer (Urbex regroupe le meilleur des musiciens trentenaires du plat pays, sa collaboration avec Tom Barman dans Taxi Wars, sans oublier une collaboration avec Philippe Catherine sont d'autres bons exemples) et qu'il a démontré, outre son aisance aux baguettes, de réels talents de compositeur. </div><div class="separator" style="clear: both;">On attendait la soirée avec un certaine curiosité, et on était pas les seuls, le théâtre Marni affichant quasi-complet ce vendredi pour sa carte blanche. Autant le dire tout de suite : les amateurs de swing orthodoxe auront sans doute été décontenancés. </div><div class="separator" style="clear: both;">Le concert s'ouvre sur une bande son, où, derrière les trompettes rétro, domine un speaker de radio américaine, années 50 ou 60. Les musiciens entrent et attendent têtes baissées, comme si s'éloigner du jazz autorisait tout d'un coup un semblant de mise en scène pop. </div><div class="separator" style="clear: both;">Puis vient la musique. Ce n'est jamais facile de rendre la musique avec des mots sans faire de tort aux uns et aux autres. Imaginez une collaboration inédite où les mélopées chaloupantes de Cassandra Wilson croiseraient des boucles technos dignes des Chemical Brothers, avec un soupçon d'esprit planant style Pink Floyd version Ummaguma... ou, si cela vous parle plus, Björk et Portishead prenant d'assaut Hellen Merril. </div><div class="separator" style="clear: both;">Du jazz, le nouveau projet conserve la liberté et un espace pour l'improvisation. Du rock et surtout de la techno, il a récupéré l'énergie et la puissance. Et cela donne une belle force à cette musique basée sur des boucles redoutablement efficaces. Le projet doit beaucoup à Jérôme Klein, clavieriste géant, qui, en l'absence de bassiste, assure l'essentiel de l'ossature rythmique et mélodique. Sur cette base solide et efficace les solos très "Mike Stern" de Lorenzo Di Maio et les vocalises de la chanteuse d'origine hongroise Véronika Harcsa s'ajustent à tour de rôle, innovants. Seul le saxophone de Ben Van Gelder, au son si maîtrisé, et les ballets ou baguettes d'Antoine Pierre nous ramènent au jazz dans son acception classique. Il y a de la tension, de la fougue, et le récitatif du comédien Martin Swabey sonnera comme un point d'orgue. </div><div class="separator" style="clear: both;">Sur l'ensemble du concert on avoue une réserve sur les tempo les plus lents ... un peu classiques à notre goût, et sur la montée extatique improvisée qui faisait officie de deuxième rappel et qui semblait un peu facile ... mais on compense par un fort enthousiasme pour les morceaux les plus rapides, dont la vigueur et le dynamisme nous ont plus que séduit. </div><div class="separator" style="clear: both;">Le principe d'une carte blanche est de proposer un concert unique. Les deux caméras présentes et les objectifs disposés sur scène nous font espérer une trace vidéo. Et si Antoine Pierre avait l'idée d'emmener ce nouvel ensemble vers un studio d'enregistement, on ne pourrait que l'encourager. </div><div class="separator" style="clear: both;"><br></div><div class="separator" style="clear: both;"><br></div><div class="separator" style="clear: both;"><br></div><div class="separator" style="clear: both;"><br></div>Pour vous faire une idée : Antoine Pierre a posté ce teasing <a href="https://youtu.be/kWG2viEX2lM">https://youtu.be/kWG2viEX2lM</a><div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Et mon confrère du Soir Jean-Claude Van Troyen dit ici son enthousiasme : <a href="http://plus.lesoir.be/114494/article/2017-09-16/nextape-une-fameuse-decouverte">http://plus.lesoir.be/114494/article/2017-09-16/nextape-une-fameuse-decouverte</a></span></div></div><div><br></div><div><br></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-46726054148709110242017-07-30T18:44:00.001+02:002017-08-02T00:51:47.405+02:00Un changement systémique<b><div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM0SKc0moaaOJd9B2D2Wr7RKel7qkiDEBydZnsmNWuugkB-EWYL-uFkxiQZPMjoprD6jV8Wtd6PYbmcXeNuyQQuXTYQ1DFcFbg9COSS5cd4pqO3jJ19rqUzSyo5-AsuPc5eYkK/s640/blogger-image--1911218075.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM0SKc0moaaOJd9B2D2Wr7RKel7qkiDEBydZnsmNWuugkB-EWYL-uFkxiQZPMjoprD6jV8Wtd6PYbmcXeNuyQQuXTYQ1DFcFbg9COSS5cd4pqO3jJ19rqUzSyo5-AsuPc5eYkK/s640/blogger-image--1911218075.jpg"></a></div>Nous sommes fin juillet</b> et le petit monde parlementaire prépare ses valises. Les plus rapides ont même déjà sauté dans l'avion des vacances. Les plus besogneux prennent des cours de langues au Ceran. D'autres s'exhibent pour quelques heures encore à Libramont ou à Tommorow Land. Et pourtant tous n'ont peut être pas réalisé à quel point ces congés d'été marquent <b>une césure</b>. L'installation d'une nouvelle majorité à la Région Wallonne sans passer par la case électorale est une fracture qui irradie bien au delà de l'Elysette. Le renvoi du Parti Socialiste, qu'on pensait jusque-là incontournable, n'implique pas qu'un changement de gouvernement régional. Il est le point de départ d'une période d'instabilite (qui en politique comme ailleurs prépare l'arrivée d'un nouvel équilibre). <b>Les prémices d'une réaction en chaîne dont nous ne mesurons pas encore tous les effets. </b><div><br></div><div>D'abord à <b>Bruxelles</b>, même si Défi ne semble pas vouloir d'un virage à droite et préfère la continuité avec Rudi Vervoort à l'aventure avec les libéraux. La messe n'est pas complètement dite. La suite des auditions de la commission Samu Social (mais pouvons-nous encore y apprendre quelque chose ? ), la capacité du CDH bruxellois à se maintenir dans le gouvernement Vervoort, tout en conservant la confiance de ses partenaires, et le climat politique global décideront de la suite.</div><div><br><div>Le scénario reste incertain aussi pour la <b>Fédération Wallonie-Bruxelles </b>(ex- Communauté Frančaise ) qui reste étrangement en suspens. On imagine mal les démocrates-humanistes voter avec le MR en Wallonie et avec le PS en Federation tant ces niveaux de pouvoirs sont complémentaires et désormais institutionellement imbriqués par la double casquette d'Alda Greoli. Peut on sereinement croire qu'une ministre évoque l'assistanat (un vocabulaire anti-PS d'inspiration très droitière ) le lundi pour discuter budget avec Rudy Demotte et André Flahaut le mardi et enseignement supérieur avec Jean-Claude Marcourt le mercredi ? Non.<b> La rentrée de la fédération sera explosive</b>. CDH et MR y mettront une pression maximale pour tenter de faire basculer la majorité. Socialistes et Défi résisteront. Les écologistes continueront de se faire prier sans vouloir prendre des responsabilités pour lesquelles ils ne s'estiment pas mandatés. La paralysie est prévisible mais risque d'être rapidement intenable. Le monde de l'enseignement, les parents, les artistes : les attentes sont nombreuses et <b>l'inaction n'est pas une option. </b></div><div><b><br></b></div><div>À cette instabilité francophone s'ajoute <b>une perspective federale.</b> En changeant de partenaire <b>le CDH a sorti le Mouvement Réformateur de son isolement</b>. Le front commun "anti Nva" qui avait fait de la coalition Suèdo-kamikaze l'ennemie absolue de la cause francophone a volé en éclat. Si en 2014 Benoit Lutgen avait catégoriquement refusé de suivre le MR à coup de viriles déclarations sur les plateaux TV, il en devient de facto l'allié aujourd'hui... et donc <b>un partenaire plus que plausible pour une négociation avec les partis flamands. </b>À l'inverse, avec une Flandre qui penche à droite, le PS semble aujourd'hui condamné à rester sur les bancs de l'opposition au moins à ce niveau de pouvoir. Il est déjà loin le temps où Elio Di Rupo incarnait la défense de l'unité nationale. </div><div><br></div><div>Deux partis francophones dans une éventuelle majorité federale, c'est définitivement plus confortable... les chances de trouver une nouvelle majorité qui ne serait pas en rupture totale avec l'heritage du gouvernement Michel Ier sont moins minces aujourd'hui qu'elles ne l'étaient il y a un mois. L'auteur de ce blog fait partie de ceux qui pensaient que l'asymétrie de ces dernières années allait conduire à une autonomisation accrue de l'échelon régional. Reconnaissons que ce raisonnement doit être revu à la lecture des derniers événements : le fédéral et la wallonie ne jouent certes pas la même partition mais <b>leurs petites musiques respectives seront moins dissonantes dans les prochains mois. </b></div><div><b><br></b></div><div><br></div><div>Ajoutons, et ce point n'a peut-être pas été assez souligné, que <b>les nouveaux partenaires wallons se sont lancés dans une ambitieuse réforme du système électoral. </b>Une circonscription wallone, la fin des suppléances, le démantèlement des collèges provinciaux : autant de moyens de changer la pratique politique wallonne et de contrarier l'influence du PS. Enfin, la fin de la dévolution de la case de tête renforcera les candidatures individuelles au détriment des stratégies des partis (ce n'est pas forcément synonyme d'un accroissement de la qualité des parlementaires , mais on y reviendra). </div><div><br></div><div>Bref, en juillet 2017 <b>nous avons bien changé de paysage politique. Le leadership socialiste en Wallonie (large) et à Bruxelles (moins confortable) n'apparaît plus comme une tendance historique </b>destiné à perdurer vaille que vaille. </div><div><br></div><div>Bien sûr, nous n'en sommes pas encore là. Il ne vous aura pas échappé que CDH et MR ont assuré la promotion de candidats qui ont des ambitions maiorales (Willy Borsus) ou au moins communales (Alda Greoli). Que Paul Magnette ou Elio Di Rupo pour le PS ou Maxime Prévôt pour le CDH se repositionner sur des objectifs de proximité. C'est la séquence électorale qui l'impose. En 2018 les citoyens votent pour les communales. En 2019 (au plus tard) pour les régions et le fédéral. Le premier scrutin donnera le ton du second. Le PS se concentre d'ores et déjà sur les grandes villes. CDH et MR, ironie de leur positionnement, se livrent à un match dans le match pour les villes moyennes et les bourgades rurales. <b>Les négociations qui se noueront au soir des communales seront capitales. </b>Au PS, fort de sa position dans les grandes agglomérations on espere faire comprendre au libéraux que la violette reste une option possible. Au CDH on aura à cœur d'enrayer un effritement électoral constant, en pariant sur le sursaut que le contre-pied de Benoit Lutgen avait justement pour but de provoquer. Les démocrates-chrétiens ont beaucoup à perdre dans l'aventure. C'est, finalement, à poids électoral constant, le Mouvement Réformateur, qui pourrait se retrouver en position d'arbitre. Être le principal bénéficiaire du changement d'attelage permet de partir en vacances le cœur léger. </div></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-23983507.post-27074304546602727902017-07-15T18:37:00.001+02:002017-07-16T16:56:04.641+02:00Crise : le CDH et le coup des dominos<b><div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimTpfg9cr2zZZG1ojCFs1V9GIcdIP1ZvdNLu6HRwLVF_oWysdGyoKbS0Gw5FBlOwBfzYCYsjQ6k3YPbHX1Xm1tjygLGhE_shYcxTGVfSGoAwqhz55Gp85IVVzLJPXwS1HskjQH/s640/blogger-image--134274025.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimTpfg9cr2zZZG1ojCFs1V9GIcdIP1ZvdNLu6HRwLVF_oWysdGyoKbS0Gw5FBlOwBfzYCYsjQ6k3YPbHX1Xm1tjygLGhE_shYcxTGVfSGoAwqhz55Gp85IVVzLJPXwS1HskjQH/s640/blogger-image--134274025.jpg"></a></div>Un coup dans l'eau,</b> un coup de com, un coup de sang, un coup d'un impulsif à gros cou, mais surtout un coup mal pensé, mal préparé, mal ficelé, presqu'un coup d'amateur. Sur le changement d'alliance inopiné annoncé par Benoit Lutgen nous avons vu, lu, entendu, quantité d'analyses peu amènes. Paralysie, <b>chaos</b>, enlisement sont revenus comme des leitmotifs. <div>Un mois après l'annonce cela vaut pourtant le coup de se poser un instant pour faire le point. Parce que les choses sont moins figées qu'il n'y paraît et que l'enlisement n'est que relatif. </div><div>Mettons nous d'accord sur le point de départ. C'est bien un coup : coup d'état rampant ou coup de com, coup de Jarnac, mauvais coup ou bon coup, selon l'endroit d'où l'on se place, mais personne ne l'avait vu venir. Le CDH juge subitement le PS infréquentable et après ? Nous sommes à la mi-juillet et <b>les lignes bougent. </b></div><div><br></div><div>Le parti Ecolo après avoir monopolisé l'attention sur la gouvernance vient de déclarer <b>forfait</b>. Il ne montera pas dans les exécutifs. Ni à Namur, ni à Bruxelles. C'est un premier éclaircissement. </div><div>MR et CDH entament donc une négociation à deux pour la région wallonne. Il est probable qu'ils pourront aller au bout. Renversement d'alliance probable à Namur mais pas à Bruxelles écrivaient les analystes... C'est là qu'intervient <b>le deuxième coup du CDH</b>. Celine Fremault affirme s'être fait <b>doublée</b> dans la gestion du Samu Social dont elle avait la tutelle et décrète que cela suffit à rompre la confiance. Qu'importe que le coup soit tordu, moyennement crédible ou alambiqué. Le fait est là : <b>le CDH ne veut pas rester en coalition avec le PS à Bruxelles non plus</b>. Pour ceux qui douteraient, réécoutez Julie De Groote sur BX1 qui évoquait dès vendredi soir un "système socialiste"... si ce n'est pas une sortie concertée et une communication coordonnée je ne sais pas ce que c'est ... </div><div><br></div><div>Ce second coup de canon n'est pas innocent. Il intervient après le forfait des écolos et alors que l'idée d'un maintien de la coalition bruxelloise faisait son petit bonhomme de chemin. Une semaine plus tôt les propos de Celine Fremault auraient été noyés dans la cacophonie. À ce moment précis, au lendemain du forfait des verts, ils ont pour effet de faire tomber le gouvernement Vervoort. C'est <b>une stratégie de dominos</b>, où voyant les choses bien embarquées à Namur les centristes jouent quitte ou double sur Bruxelles. PS ou CDH, l'un des deux devra quitter la coalition régionale. </div><div>La clef de la région bruxelloise est désormais <b>dans les mains de Defi.</b> Soit il privilégie l'accord de gouvernement passé avec le PS ... mais il devra convaincre les écologistes de remplacer le CDH, ce qui n'est pas gagné (la majorité garderait alors 42 sièges sur les 72 députés francophones). Soit il consent à s'embarquer dans une nouvelle coalition avec les centristes et le MR (soit 37 sièges pour les 3 partis). Dans le premier cas Défi joue sur la continuité de son action politique et la stabilité des institutions bruxelloises, avec un programme qui lui convient, et joue à l'aile droite. Mais il sera accusé de sauver le PS. Dans le second il se retrouve à devoir négocier avec ses anciens alliés du MR, et on sait que ce divorce a laissé des traces, dans un rôle où il devra basculer sur l'aile gauche pour affirmer une position plus sociale que celle de ses potentiels partenaires. Le parti d'Olivier Maingain n'a cependant pas tout à y perdre : il serait <b>en position de réclamer la ministre-présidence </b>bruxelloise en échange de son ralliement et s'offrirait <b>une vitrine à la communauté française </b>(pour un parti qui peine à s'implanter en Wallonie ce n'est pas si négligeable). Car <span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">MR-CDH-DEFI c'est aussi une majorité à la fédération Wallonie-Bruxelles (49 sièges sur 94), une manière de sortir de la crise par le haut et de répondre aux préoccupations communautaire d'Olivier Maingain (la presse est passé à côté de cette interprétation des propos du président de Défi : la stabilité de la fédération pourrait passer une responsabilité dans l'enseignement ou la formation pour son parti). Pour y arriver il faudra sans doute des discussions approfondies entre les amarantes et les libéraux qui pourraient ainsi se retrouver dans une situation délicate, alliés de la Nva au fédéral, en discussion avec les ex-FDF à la region... Quand Olivier Maingain met en avant le dossier du survol de Bruxelles il tape là où cela pourrait faire le plus mal. Ce coup aura donc un coût et il ne faut pas sous-estimer l'aversion personnelle qui subsiste entre les états-majors des deux formations. </span></div><div><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br></span></div><div>Impossible de dire aujourd'hui donc ce que privilégiera le parti d'Olivier Maingain. Mais laissez de côté les difficultés avec les partenaires bruxellois flamands : il est de tradition en région bruxelloise que les deux communautés négocient d'abord séparément avant de se retrouver. Si Guy Vanhengel a pu travailler avec Laurette Onckelinx et Rudi Vervoort il pourra aussi le faire avec Olivier Chastel, Didier Reynders et Vincent De Wolf. Et ne croyez pas que Pascal Smet abandonnera la majorité régionale si le PS francophone n'est plus là. Le plus compliqué est finalement de dépendre des néerlandophones pour les sujets régionaux les plus sensibles (il y a 89 députés au total). Bref<b> le renversement d'alliance à Bruxelles n'est peut être pas fait mais il est crédible. </b></div><div><br></div><div>La gestion et le commentaire de crise imposent de <b>trouver le bon rythme.</b> Le temps d'une négociation s'étire toujours plus que ne le croient les journalistes. Il faut que chacun puisse se positionner et s'exprimer. Qu'Ecolo fasse son tour de piste arrangeait tout le monde. C'est désormais Défi qui sera au centre de l'attention et pourra faire connaître ses conditions. Sauf qu'entre temps les contacts bilatéraux auront permis de tâter le terrain. Ces quatre semaines auront aussi permis de taper fort sur le CDH pour qu'il ne sorte pas renforcé de son coup d'éclat. Condition politique pour monter dans un attelage : ne pas paraître trop faible au moment où les négociations débutent vraiment. Le tempo médiatique qui veut livrer une nouvelle analyse, si possible définitive, jour après jour, n'est pas le tempo des négociateurs qui savent bien qu'il faut des semaines pour décanter une crise, faire oublier les petites phrases, se dégager des postures et de la pression. <b>L'été est une période propice</b>. Parce que l'attention du citoyen est moins forte. Parce qu'il y a aussi juste ce qu'il faut de moments symboliques pour emballer un rush final : la fête nationale du 21 juillet, ou la rentrée scolaire ... dans un pays qui a connu tant de crises gouvernementales, les plus impatients sont finalement les journalistes. </div><div><br></div><div>Pour l'instant Benoit Lutgen n'a pas encore gagné son pari. Mais il est loin de l'avoir perdu. <span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><b>Au théâtre il faut frapper trois coups. Nous en sommes au deuxième.</b> Le troisième viendra donc peut être d'Olivier Maingain.</span></div><div><br></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/17441724872142330003noreply@blogger.com4