29 décembre 2013

Les archives qui tuent

    C'est une plongée dans les archives qui vaut le détour. Alors que Damien Thiery vient d'annoncer son ralliement au Mouvement Réformateur et qu'il n'épargne pas Olivier Maingain je me suis remémoré cette interview accordée à Télé Bruxelles en septembre 2012.

   Une éternité en politique, largement le temps de changer d'avis. Au cours de cette interview Damien Thiery défend bec et ongles les dernières déclarations d'Olivier Maingain (à l'époque  le président des FDF a estimé que le premier ministre Elio Di Rupo  a donné raison aux 'fascistes' en soutenant le Gordel, exactement le type d'exces de langage que Damien Thiéry dit aujourd'hui condamner). 

   Ecoutez aux alentours de 5 minutes "le  contenu de ces propos est extrêmement pertinent " ou encore "M. Maingain a toujours défendu de la meilleure façon qui soit les francophones de la périphérie" précise le bourgmestre non-nommé , qui ne semble pas du tout enclin à critiquer son président de parti, alors qu'une présidentielle interne se profile. À l'époque ces déclarations  étaient beaucoup plus favorables à Olivier Maingain que celles tenues par Bernard Clerfayt ou Didier Gosuin qui s'interrogeaient à voix haute sur le nécessité d'avoir du sang neuf à la tête de leur formation politique. 
 
    Un an plus tard, en novembre 2013 (c'est la toussaint, il est théoriquement en pleine réflexion sur son avenir politique si j'en crois le récit proposé aujourd'hui) Damien Thiery participe aux Experts. Il décoche quelques flèches aux partis qui ont négocié la réforme de l'Etat, dont le Mouvement Réformateur :  "il faut revenir sur la parole des politiciens en 2010 qui disaient qu'en cas de scission de BHV on élargirait Bruxelles" . 'Politiciens' : le terme est péjoratif. Habituellement il désigne un homme ou une femme politique qui fait passer sa carrière et son ambition avant ses engagements.



     Pour la route, je vous ajoute cette déclaration du 15 septembre 2011, malheureusement sans lien vidéo. Ce matin-là  quelques heures avant que le FDF ne rejette officiellement l'accord sur la réforme de l'Etat, Damien Thiéry tient les propos suivants :
"Je peux difficilement m'inscrire dans ce qui a été décidé. On a utilisé la nomination des bourgmestres contre la scission de BHV. Si la nomination des bourgmestres doit être tranchée par le Conseil d'État, c'est un peu la roulette russe, car selon que le Président du Conseil sera francophone ou néerlandophone on aura une décision favorable ou pas. Je constate aussi qu'on est en train de retirer des droits aux 80 000 francophones des communes sans facilités. Il sera très délicat de dire "oui" à cet accord".

 Allez, vive les archives. Et les journalistes qui vont y faire un tour de temps à autre.

09 décembre 2013

Magnette et Tobback relancent la "famille socialiste"


Paul Magnette a annoncé lundi midi sur Télé Bruxelles le lancement d'une série de conférences communes avec son homologue du SPA Bruno Tobback : "on partage une philosophie, une vision de la société, des valeurs, et pour tous les grands dossiers de ce gouvernement nous nous sommes soutenus, les dossiers importants sont menés conjointement par le PS et le SPA" a indiqué le président du PS.  La première de ces conférences aura lieu mercredi sur le site de l'ULB, avant d'autres rendez-vous programmés en Wallonie et en Flandre.

Paul Magnette a par ailleurs  réclamé une réforme de la directive européenne sur le détachement des travailleurs , actuellement débattue au conseil européen "on va tuer  notre tissu économique, il faut une convergence sur les lois sociales et surtout renforcer les contrôles".

Interrogé sur la succession de Freddy Thielemans, Paul Magnette  a apporté un franc soutien à Yvan Mayeur, futur bourgmestre, " c'est un parlementaire actif, brillant qui a de l'expérience, parfois un peu raide dans l'expression mais c'est ce qui fait son charme,  vous verrez, il  fera un excellent bourgmestre". Il a en revanche été plus discret sur la désignation de Pascale Peraita à la présidence du CPAS de Bruxelles "je ne la connais pas personnellement" a-t-il  sobrement commenté. 

08 décembre 2013

Les leçons de journalisme d'Yvon Toussaint







Ce matin je réécoute deux interviews d'Yvon Toussaint sur Tele Bruxelles. L'un pour la sortie de son recueil de chronique au Soir, quelques minutes dans le cadre du journal. L'autre, plus long, consacré à l'ensemble de son parcours face à Sabine Ringhelheim pour le magazine Rencontre. 
Je me souviens être venu le saluer à l'issue de l'un de ses passages dans nos locaux. Il était souriant, joyeux, et savait parfaitement qui j'étais, ce qui m'avait flatté. En attendant son taxi nous avions parle du Soir, du journalisme, de la télé et des réseaux sociaux, des présentatrices de Télé Bruxelles qui venaient de l'interviewer et qu'il avait appréciées. 





















En postant ces liens je me propose de partager ces interviews avec vous. On y parle d'écriture et de journalisme. On y rappelle qu'Yvon Toussaint démissionna lorsque le groupe Hersant fit son entrée au capital de son journal, ce qui démontre un certain panache et un sens moral certain. Je retiens pour mes propres moments difficiles (la campagne électorale à venir y est parfois propice) que les rapports entre les journalistes et les politiques sont toujours délicats. Dans Rencontre Yvon Toussaint explique très bien qu'il trouvait sa rédaction trop proche du FDF à l'époque, et qu'il ne faut pas confondre la défense de valeurs et la promotion d'un parti sensé les porter. Au contraire disait-il, il ne faut rien laisser passer à son propre camp. Je vais essayer de mémoriser la leçon. 

01 décembre 2013

Génération Laurette

O
 
Laurette Onkelinx
C'est un  changement comme il n'en survient que tous les 10 ou 15 ans. Peu d'observateurs l'ont relevé et ce sera pourtant l'une des grandes nouveautés du scrutin de l'an prochain. Entre 2010 et 2014 les fédérations bruxelloises des deux plus grands partis francophones, le MR et le PS, ont changé de patron. Ces president(e) sont en charge de la confection des listes, c'est en cours, du programme, cela arrivera bientôt,  et de l'incarnation de la campagne dans les médias, ce sera pour l'année prochaine : de quoi conditionner une élection et donner une toute autre saveur aux analyses à venir. 

Didier Reynders et Laurette Onkelinx sont donc occupés à prendre leurs marques et à marquer de leurs empreintes respectives cette période cruciale qui précède la campagne elle-même. Je reviendrais sur Didier Reynders dans une prochaine chronique, intéressons nous aujourd'hui à Laurette Onkelinx. 

Depuis qu'elle a pris les rênes de la fédération socialiste  le rythme de travail de la vice-première ministre  s'est encore accéléré. Considérée comme un élément central du gouvernement fédéral, ce n'est pas moi qui le dit mais un ministre flamand avec qui j'ai eu l'occasion d'en discuter : 'Laurette Onkelinx possède une grande connaissance de ses dossiers, défend crânement ses positions, sait faire preuve de caractère mais respecte les accords et les concessions obtenues par ses adversaires.' Un sans faute et beaucoup de louanges au delà de son propre camp.  
Au niveau bruxellois par contre cela reste à prouver. Un patron de fédération c'est un peu de visibilité et beaucoup d'ennuis en plus. L'accession de Laurette Onkelinx à ce poste s'est faite en douceur, avec l'aval (et même l'appui, ce qui est rare) de son prédécesseur. Un passage de témoin plutôt qu'une conquête. Inconvénient de la situation : à gagner des batailles sans combattre on n'est qu'un général de pacotille, sans connaître l'état de ses troupes ni ses ennemis intérieurs, on joue l'autorité sans savoir si on la possède vraiment. La préparation des listes et la campagne à venir sont donc le baptême du feu de Laurette en terre régionale. 

Ce baptême du feu commence à la fin de l'année dernière. Lorsque les socialistes décident de placer Rudi Vervoort à la ministre-présidence en remplacement de Charles Picqué. C'est assurément l'acte fondateur de la présidence Onkelinx. 'À ce stade Laurette et Rudi s'entendent parfaitement c'est un atout pour nous' me confiait la semaine dernière un haut dirigeant socialiste. Un homme incarne cette entente, c'est Yves Goldstein, chef de cabinet du ministre-président. En tant que secrétaire du gouvernement bruxellois il prépare les décisions, assiste au conseil des ministres, règle les relations avec les autres partis de la majorité, trouve les compromis et ajuste les budgets. Et en plus de tout ça il informe et conseille la présidente de la fédération. Car Yves Goldstein, comme Ridouane Chahid, chef de cabinet adjoint, vient de la sphère Onkelinx. Il fut longtemps le monsieur Europe du cabinet de la vice première, avant de devenir aussi le Schaerbekois de l'équipe, pilotant les deux campagnes électorales communales. Un homme de confiance. Le placer chez le ministre président c'était indiquer que la présidente de la fédération entendait être bien informée et gérer les choses en direct. 'Il n'y a plus une nomination d'huissier qui lui échappe' confie un autre socialiste. Goldstein, Chahid, mais aussi Mayeur, Madrane,  Laaouej, Vannomeslaeghe : ce sont les yeux et les oreilles de Laurette Onkelinx. Une nouvelle génération d'élus, qui l'informent, la conseillent, filtrent et font remonter l'information, et redescendre les décisions. Retenez ces noms. Si Laurette Onkelinx perdure à la présidence ce sont les décideurs du Bruxelles de demain. 

Yvan Mayeur est probablement le plus connu d'entre eux. Dans quelques semaines bourgmestre de Bruxelles, il jouit d'une relative autonomie : la présidente de la fédération s'est bien gardée d'intervenir dans l'affaire Pereita. Cela aurait pourtant permis d'assoir son autorité et d'éviter une campagne de presse très négative pour le PS ( sans compter que l'argument pourra ressortir en campagne). Mais c'est le pré carré d'Yvan. Celui-ci comme Rachid Madrane a pour lui d'avoir été formé et propulsé par Philippe Moureaux. Ces deux-là jouissent donc d'une double légitimité : choisis par le bourgmestre de Molenbeek et confirmés par la vice-première ils incarnent une forme de continuité, l'avant-garde de la génération Onkelinx en quelque sorte. Tous les deux peuvent aussi faire valoir une réelle expérience d'élus communaux. Madrane, comme Vervoort réussit en outre un bon démarrage gouvernemental.  Ahmed Laaouej affiche un profil plus technicien : spécialiste des questions fiscales du PS, il participe à ce titre à une partie des négociations gouvernementales aux cotés d'Elio Di Rupo. Il est une figure qui monte, le probable leader du PS sur le nord ouest de Bruxelles même s'il n'a pas encore de grande base électorale et qu'il affiche un caractere plus gestionnaire que conquérant. Stéphane Vannomeslaeghe est l'homme de l'ombre, celui qui gère la fédération pour le compte de la présidente. 

À ce stade Philippe Close et Karine Lalieux, aux profils plus Di Rupiens semblent dans un second cercle. Mais ça ne veut pas dire sans contact. C'est le propre d'un président de fédération de s'appuyer sur tout le monde est de ne pas se contenter de sa garde rapprochée si il/elle veut durer. Et on notera que Philippe Moureaux est loin d'avoir disparu, qu'il continue de voir Laurette Onkelinx régulièrement, que Rudi Vervoort n'est pas qu'un représentant de commerce et qu'il maîtrise bien ses dossiers, et que Charles Picqué n'est pas aussi effacé qu'il le dit. 
Voici l'équipe. Et devant Laurette Onkelinx, déjà quelques solides dilemnes. Par exemple pour la seconde place à la chambre. Faut il reconduire Yvan Mayeur ou lui  préférer Émir Kir ou  Ahmed Laaouej ? Mayeur, c'est la continuité et un parlementaire de grande qualité. Mais n'est ce pas trop pour un seul homme ? Kir c'est l'assurance d'un gros score, Laaouej un pari sur l'avenir mais une inconnue électorale.  Pas simple. Idem pour la liste à la région. Mettre en ordre la génération Onkelinx prendra encore quelques mois. 

24 novembre 2013

Les rouages de l'Etat au cinéma


  Thierry Lhermitte dans une satire de Dominique de Villepin lorsqu'il était le flamboyant ministre français des affaires étrangères. C'est ce que vous verrez si vous aller voir le dernier film de Bertrand Tavernier, "Quai d'Orsay". L'oeuvre est une adaptation de la très bonne bande dessinée du même nom. Elle raconte l'organisation et la vie d'un cabinet ministériel au travers du regard d'un jeune collaborateur engagé pour être la plume du ministre, celui qui rédige ses discours. L'intérêt du film est là : dans la relation trouble qui unit les membres d'un cabinet à leur patron, mélange de dévotion et de terreur, d'abnégation et d'épuisement. J'ai beaucoup d'admiration pour ces jeunes hommes et jeunes femmes  qui choisissent de travailler pour un ministre ou un président de parti. Le grand public ne mesure pas à quel point le rythme est élevé dans le milieu du pouvoir : entre une réunion préparatoire à 7h30 et une conférence débat qui va prendre fin vers 22h, une visite de terrain le samedi, et un débat le dimanche, il y a de quoi y laisser sa santé et sa famille. J'en ai vu des membres de cabinet se sacrifier pour un patron parfois arrogant et méprisant. J'en ai vu des hommes politiques maltraiter leurs collaborateurs, les humiliant y compris devant le journaliste que je suis, et ces collaborateurs s'abstenant toujours de répondre. Ce film décrit très bien l'étrange admiration qui lie un membre de cabinet à son patron. 

  L'homme politique inspire, insuffle, conceptualise, tranche, dynamise, il est là pour ça. Son équipe tente de traduire en projets de loi, désamorce les crises, instruit les dossiers, prépare les notes et gère l'intendance. Bien sûr  le conseiller aura sa récompense en bout de course : un salaire souvent correct, un mandat d'administrateur pour compléter et penser à autre chose, un recasement en fin de parcours quand les choses ne se passent pas trop mal. Mais le carburant reste l'amour de la politique et de son patron, la passion de la chose publique, et on est prêt à donner beaucoup pour cela :  la pression est énorme, le volume de travail  considérable. Ce que j'ai vu dans Quai d'Orsay est un poil forcé (comme dans la BD un ouragan précède le ministre qui fait s'envoler les dossiers , et la porte claque à chaque passage, un des effets comiques du film) mais reste proche de la réalité, y compris en Belgique. Niels Arestrup en chef de cabinet à la voix douce mais à l'autorité incontestable y est remarquable. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire l'un où l'autre parallèle avec des situations belges que j'ai pu approcher,  je tairais les noms bien sur, même si le film reste très français. Oui, un cabinet ministériel fonctionne ainsi : avec un ministre plus ou moins flamboyant qui fixe la ligne dans des moments plus ou moins inspirés, un directeur de cabinet qui dirige réellement les opérations, un chef de cabinet qui gere la tresorerie et les problemes de voiture, des cabinetards, galériens du pouvoir, qui rament, une administration qui est considérée comme un obstacle et des parlementaires qui ne sont que des faire-valoir. Oui on y trouve cette forme de violence et un brin d'érotisme dans les rapports hommes-femmes. Oui, l'action est parfois brouillonne et irrationnelle, malgré ce que les journalistes écrivent. Et oui, le cheminement qui mène à une déclaration ou à une prise de position est parfois très étonnant.

Courrez donc voir ce film.  Et si vous voulez poursuivre la réflexion procurez vous aussi l'Exercice de l'Etat avec un Olivier Gourmet en ministre des transports cannibale et Michel Blanc en chef de cabinet sacrifié volontaire. Plus sombre, moins grand public, mais tout aussi juste dans la description des machineries ministérielles. 

15 novembre 2013

Bruxelles : les grandes manoeuvres sont lancées

Vincent De Wolf vient de lâcher le morceau. Dans l'émission Les Experts diffusée ce samedi sur Télé Bruxelles le chef de file des libéraux bruxellois reconnait que la campagne a bel et bien démarrée. D'ailleurs dimanche il organise un premier rassemblement de ses supporters au stade Constant Vanden Stock. A plus de 6 mois de l'élection c'est sans doute plus facile de dire que la campagne est lancée quand on est dans l'opposition. Dans la majorité on a plutôt intérêt à dire qu'il faut encore travailler.

  Ce vendredi vous pouviez également lire dans la Libre Belgique un bon topo signé Mathieu Colleyn de ce qui vous attend pour la confection des listes électorales. Quelques inconnus, un peu d'intoxication, des élus qui se placent, le moment est propice à ces spéculations. La vérité est que les états majors ont encore quelques semaines devant eux. Au Mouvement Réformateur l'ossature des listes devrait être communiquée lors de la tournée des vœux 2014, courant janvier. Le PS se donne un peu plus de temps, ce sera probablement pour février.

   Côté têtes de liste , quelques certitudes : Laurette Onkelinx, Didier Reynders, Olivier Maingain seront numéro 1 à la chambre pour leurs formations respectives. Rudi Vervoort, Vincent De Wolf, Didier Gosuin en pôle position pour la région. Au CDH c'est plus compliqué, j'y consacrerais un billet dans les prochaines heures ou prochains jours. Notez pour l'instant que Joëlle Milquet souhaite se présenter à la chambre, mais que la pression est de plus en plus forte pour lui demander d'être candidate à la région. A Ecolo Christos Doulkeridis sera numéro 1 à la région, Zoé Genot sera également sur cette liste alors que Yaron Pesztat, actuel chef de groupe annonce qu'il ne se représentera pas. Zakia Khattabi et Benoît Hellings sont en lice pour conduire la liste à la chambre.

  Ca c'est pour les grandes lignes. Je vous invite aussi à suivre la suite du casting. C'est souvent pour les places suivantes que les batailles sont les plus rudes, et les enjeux importants pour les partis. Au PS Fadila Laanan sera-t-elle en seconde position pour la région ? Rachid Madrane sera-t-il confirmé dans son rôle de ministre en décrochant la 3ieme place ? Emir Kir glissera-t-il vers la chambre ? Yvan Mayeur et Karine Lalieux seront-ils derrière Laurette Onkelinx, ou bien l'équilibre entre communes exige-t-il d'intercaler un élu qui ne vienne pas de la ville ? Au MR Françoise Schepmans sera-t-elle en deuxième position pour la région ? Où se retrouvera Françoise Bertieaux, qui fait aujourd'hui figure de principale victime de l'arrivée de Didier Reynders ? Des nouvelles venues comme Assita Kanko décrocheront-elles une place éligible? Au FDF Fatoumata Sidibé sera-t-elle numéro 2 à la région, la même place pour la chambre étant promise à Joëlle Maison ?

Ces interrogations taraudent le microcosme. Interviews, prises de position, cartes blanches : il faut lire les déclarations politiques des prochaines semaines en gardant ces questions à l'esprit. Elles vous aideront à comprendre pourquoi les uns et les autres prennent la parole. 

05 novembre 2013

Rue de la Loi: Mark Eyskens : la NVA est sur une autre planète

Rue de la Loi: Mark Eyskens : la NVA est sur une autre planète: L'ancien premier ministre et ministre d'Etat Mark Eyskens était mon invité ce mardi sur Télé Bruxelles. Il estime que les partis fla...

Mark Eyskens : la NVA est sur une autre planète

L'ancien premier ministre et ministre d'Etat Mark Eyskens était mon invité ce mardi sur Télé Bruxelles. Il estime que les partis flamands traditionnels ne pourront pas discuter du programme confédéral de la NVA. Le parti de Bart De Wever "pratique l'auto-exclusion, il est sur une autre planète" a-t-il estimé. L'intégralité de l'interview est ici : http://www.telebruxelles.net/portail/emissions/magazines-a-voir-en-ligne/linterview

04 novembre 2013

Mayeur constitue son équipe, Thielemans glisse vers Neo

C'est donc la confirmation d'un scénario dévoilé depuis longtemps. Ce lundi Freddy Thielemans, 69 ans, a confirmé qu'il mettait un terme à sa fonction de bourgmestre de Bruxelles. Un poste prestigieux, le bourgmestre de Bruxelles gère l'une des plus grandes villes du pays, et le statut de bourgmestre de la capitale lui ouvre les portes des grands de ce monde. Le successeur désigné est déjà connu : c'est Yvan Mayeur, président du CPAS qui devrait être désigné (déjà adoubé par Laurette Onkelinx, la confirmation par la section PS locale puis par la majorité communale ne semble n'être qu'une formalité).


 En coulisses cela fait plusieurs semaines qu'Yvan Mayeur se prépare. Son cabinet est même déjà prêt. C'est une femme qui deviendra son bras droit à la commune : Morgane Lobjois sera sa chef(fe) de cabinet. De nationalité française, inconnue du grand public, elle est actuellement conseillère santé du groupe PS à la chambre. C'est là qu'Yvan Mayeur l'a repérée. Le poste n'est pas anodin : Freddy Thielemans et Philippe Close ont tous les deux occupés la fonction de chef de cabinet du bourgmestre, vous connaissez la suite. Ce n'est pas un hasard si Yvan Mayeur recrute sa principale collaboratrice au parlement fédéral. Député actif, il devrait continuer à y sièger. Un cumul qui risque de faire jaser : bourgmestre de la capitale pourrait être considéré un boulot à plein temps. Les contre-arguments existent : Paul Magnette et Willy Demeyer, aussi bourgmestres de grandes villes sont aussi sénateurs, Bart De Wever est bourgmestre d'Anvers et député flamand et Elio Di Rupo fut longtemps député et bourgmestre en titre de Mons. D'après mes informations Yvan Mayeur souhaiterait d'ailleurs être de nouveau candidat à la chambre en 2014, laissant à Philippe Close le soin d'être candidat à la région. Notez que le bourgmestre de Bruxelles a dans ses attributions la direction de la police et les relations publiques (classique) mais aussi la gestion du budget (un gros morceau). 
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 Ce changement de bourgmestre ne signifie pour autant la disparition de Freddy Thielemans. Ainsi qu'il me l'indiquait ce matin sur Bel RTL le bourgmestre sortant espère continuer à jouer un rôle important  sur le projet Neo. D'après mes informations il pourrait ainsi devenir directeur ou secrétaire général de la structure qui gèrera le développement du futur quartier. Ce n'est pas vraiment un boulot de retraité

03 novembre 2013

La NVA, Bruxelles, les partis francophones et les Experts

C'est Jean-Christophe Pessese qui dirigeait les débats des Experts de Télé Bruxelles cette semaine. Et il y avait du grain à moudre avec les propositions de la NVA. Pour les journalistes présents le parti de Bart De Wever réussit une nouvelle fois à dicter l'agenda médiatique et les réponses francophones paraissent faibles. Les invités politiques étaient Damien Thierry (FDF) et Françis Delpérée (CDH).

Bernard Wesphael

Je n'ai rien à vous dire sur Bernard Wesphael. D'abord parce que ce n'est pas ma rubrique. Je connais l'homme politique, je ne sais rien de l'homme privé. C'est vrai pour lui comme pour beaucoup d'autres. 
Ensuite parce que je n'ai pas beaucoup de goût pour ces matières là. C'est un drame. L'émotion nous touche tous, inutile d'en rajouter. Un peu de pudeur. 
Je n'ai rien à vous dire parce que je ne sais rien. Je laisse les enquêteurs faire leur travail. Sans juger prématurément. Sans défendre aveuglement. Il faut attendre. Le temps de la justice n'est pas le temps de l'émotion, ni celui des médias. 
Je n'ai rien à vous dire par respect pour ma consœur décédée et par respect pour ses proches. 

La seule chose que je pourrai faire c'est vous rappeler le parcours de Bernard Wesphael : ancien chef de groupe Ecolo, trublion, contestataire, sans doute amer d'avoir été écarté des fonctions ministérielles auxquelles il pensait pouvoir pretendre, candidat malheureux à la présidence de son parti, en rupture encore et toujours. Mal à l'aise à Ecolo il demissionne, mais garde son mandat de deputé regional, fonde le mouvement de Gauche, se propose en Melenchon liégeois, mais lucide, constatait récemment que ce mouvement, abritant plusieurs tendances et doublé sur sa gauche par le PTB ne prenait pas l'ampleur souhaitée. La seule chose que je peux vous dire c'est celà. Qu'il avait rêvé à un cartel à la gauche de la gauche, mais que son rêve s'enfuyait.

Parce que nous ne nous réduisons pas à une seule facette de notre existence. Que nous sommes tous des individus complexes qui ne peuvent être réduits à un seul fait, un seul moment, une seule phrase. Que connaître et comprendre une personnalité demande du temps. C'est vrai pour les personnages publics comme pour les autres.

Mon témoignage ce triste week-end de Toussaint n'ira donc pas plus loin que ce rappel du parcours politique de Bernard Wesphael. L'homme n'était plus très présent dans les médias. En juin dernier je le recevais à Télé Bruxelles. Ce n'est pas notre meilleure interview, à l'un comme à l'autre. Mais c'est ce que je peux garder en mémoire, et éventuellement partager avec vous. Car sur le reste, je n'ai rien à vous dire. 

http://telebruxelles.net/portail/emissions/magazines-a-voir-en-ligne/linterview/25896-190613-bernard-wesphael

20 octobre 2013

Ecolo invente le matricide

OLYMPUS DIGITAL CAMERA C'est un drôle de parti Ecolo. Pas parce que les militants y ont régulièrement le pouvoir de nommer leurs représentants : des exercices de désignation démocratiques existent dans d'autres formations, au moins pour la présidence, et sont organisés tout aussi démocratiquement. Plutôt pour les résultats inattendus qui sortent de ces consultations. Ce n'est donc pas tant cette tradition démocratique qui fait la singularité d'Ecolo que la culture contestataire qui s'exprime à ces occasions.

Par définition un vote en assemblée générale du parti écologiste est difficile à prévoir tant les débats qui le précède sont tumultueux, ouverts passionnés. 
En tant que journaliste j'ai connu trois époques. La première, celle des assemblées générales ouvertes faisait le délice des reporters politiques. On y voyait les courants s'affronter devant les caméra, les ambitions personnelles s'exprimer sous les huées des militants, les alliances contre-nature (on a beau être chez les écologistes, ça existe aussi) s'afficher. On s'insultaient, on se comptait, et puis on quittait le parti ou se réconciliait pour le combat suivant. 
La seconde période est liée à l'essor du parti dans la vie politique et sa transformation en partie de gouvernement (comprenez que les verts acceptaient de monter dans une majorité et de mettre les mains dans le moteur pour tenter d'influer sur le cours des choses au lieu de les critiquer de l'extérieur). On a maintenu les assemblées générales, mais on a alors interdit l'accès de la presse au débat. Cela a commencé par les caméras, puis la mesure s'est étendue à toute la profession. Les joutes oratoires continuaient, mais l'effet dévastateur que cela aurait pu avoir sur l'opinion publique est devenu plus limité. 

Nous sommes maintenant dans une troisième phase, celle de la professionnalisation d'Ecolo. Les assemblées générales y ont été remplacées par des comités de listes. On fournit une liste clef en main préparée par la direction du parti, le rôle des militants dans cette phase cruciale est donc moindre. Mais il restait  une exception. La liste européenne. Vu ce qui s'est passé hier à Mons les écologistes ne pourront pas faire l'économie d'une réflexion sur ce que représente cette exception pour un niveau de pouvoir où se concentre les enjeux environnementaux qu'ils portent.

Ce week-end les écologistes ont donc préféré Philippe Lamberts à Isabelle Durant (325 voix contre 270) pour conduire la bataille européenne de mai prochain. Une bonne cinquentine de voix d'écart, ce qui est significatif quand on est 600 votants. 
On pourra voir dans ce résultat la revanche de la désignation précédente (Durant l'avait emporté d'une seule voix face à son challenger). J'ai la faiblesse d'y voir bien plus : le maintien ou la résurgence de cette culture contestataire. Le désir de la base de montrer à ses élites qu'elles sont à sa merci, quitte à se tirer une balle dans le pied. Montrer qu'on a le pouvoir en prenant une décision contraire à ses propres intérêt pour manifester son autorité est assez peu rationnel, mais vous si vous me lisez régulièrement vous savez déjà que tout n'est pas rationnel en politique.

Les arguments de campagne des deux candidats l'indiquaient assez clairement. Isabelle Durant a essaye de convaincre les électeurs/militants en mettant en avant son expérience, son positionnement large (elle peut parler aussi bien de transport que d'énergie ou d'éthique) et surtout sa surface électorale (avec moins deux sièges sont possibles, sans moi, un seul est probable). Philippe Lamberts a mis en avant son bilan (être devenu l'un des parlementaires européens les plus compétents en matière de finances) et un renouveau politique dont il est indéniablement porteur (une nouvelle génération, une rupture de style, le retour aux fondamentaux : pas plus de deux mandats et le turn over assumé des élus). Lentement mais sûrement le débat européen s'est donc joué de la manière suivante à Ecolo : ceux qui pensent qu'ils faux aller au devant de l'électeur en étant le plus rassembleur possible, et ceux qui souhaitent que l'on s'en tiennent strictement au programme, peu importe qui le porte.  Gagner les elections parce que c'est la vocationd'unpart, ou garder son âme pure pour ne pas ressembler à ceux qu'on denonce. Depuis,longtemps l'un des deux candidats portait en lui un atttitude de defiance vis à vis de l'appareil, qui, disait-il, ne le soutenait pas assez. Avec lui les militants on voulu remettre ceux qui incarnent le parti dans l'opinion à leur juste place : des militants parmi d'autres. Une résurgence des combats fondi/realo des années 80. Avec Lamberts ce sont donc les fondi rigoureux qui gagnent.

Qu'on se comprenne bien. J'ai beaucoup d'estime pour Philippe Lamberts, que j'ai interviewé à plusieurs reprises et qui m'impressionne par sa connaissance réelle du dossier bancaire. Des articles du Monde et du Financial Times qui vous décrivent comme l'adversaire numéro 1 des grandes banques européennes ce n'est pas rien. L'homme est organisé, dynamique et bon communiquant. C'est un excellent député. 
Mais ce n'est pas le problème. Un bon parlementaire n'est pas forcément une bonne tête de liste. Thierry Giet fut un bon parlementaire, chef de groupe PS respecté à la chambre, mais toujours élu grâce à la suppléance. Pour  prendre un autre exemple, au sein d'Ecolo cette fois, Marcel Cheron est un négociateur incontournable des matières communautaires, il n'est pas une machine à voix. Compétence et force de travail ou puissance médiatique et pouvoir de séduction, faut pas confondre.  

Ce matin je suis sur que beaucoup d'écologistes belges ont un sentiement de gueule de bois. Après l'ivresse du coup d'eclat,  les éditoriaux moralisateurs (dont ce papier fait sûrement parti) vont leur expliquer que c'est pas terrible ce choix. Et que oui, c'est vrai, Isabelle Durant ratissait plus large et était une meilleure tête d'affiche, et que le score de mai prochain risque de s'en ressentir. 
Plus important encore, le sentiment que la vice-présidente du parlement européen se retrouve désavouée par ses propres troupes alors qu'elle aurait pu viser la place de chef de groupe avec le départ de Dany Cohn-Bendit. Que toutes les années Durant se soldent par un vote sanction. Il suffit de regarder le parcours : Isabelle Durant fut secrétaire fédérale du parti, avant de devenir la seule et unique vice première Ecolo d'un gouvernement fédéral. On peut l'aimer ou pas, mais on se souviendra qu'elle a incarné Ecolo au pouvoir, luttant becs et ongles avec Laurette Onkelinx et Didier Reynders, s'opposant aux camionneurs qui bloquaient la rue de la loi ou sortant du gouvernement sur la question des vols de nuit. C'est ce symbole là aussi, que les militants déchirent d'un geste sec, comme l'annonce d'un souhait assumé d'un retour à l'opposition en mai prochain. 

Cette assemblée générale de Mons c'est donc comme une boussole qui annonce un nouveau cap. Celui d'une reconstruction  qui passe par un changement de génération, la reapporpriation du parti par ses militants, mais aussi un éloignement du pouvoir. 
L'annonce que Jean-Marc Nollet et Marcel Cheron seront candidats à la chambre et non plus à la région confirme ce qui n'est aujourd'hui qu'un presssentiment de journaliste. Mieux vaut briller au federal qu'à la region si,on s'eloigne du pouvoir. On ajoutera que les ténors du parti, pressentant cette nouvelle tendance se sont montrés bien timides pour défendre Isabelle Durant. 
Pour conclure je voudrais renvoyer au livre 'Ecolo au pouvoir' que Chritian De Bast écrivait en 2002 (11 ans déjà !). À l'epoque l'auteur était journaliste à l'Avenir, il allait devenir quelques mois plus tard porte-parole du CDH. Dans ce livre on décrit comment Isabelle Durant était perçue comme une mère ou une grande sœur par les écolos. On explique aussi comment les dirigeants du parti  furent sans pitié avec Paul Lannoye ou Jacky Morael. À Ecolo on a n'a pas peur du parricide politique. On vient d'inventer le matricide. 

17 octobre 2013

Philippe Close (PS) juge que les poteaux bleus et jaunes ne sont pas une priorité

http://telebruxelles.net/portail/emissions/magazines-a-voir-en-ligne/linterview/27823-171013-philippe-close-ps


C'est un peu le feuilleton de la semaine en région Bruxelloise. Mercredi Brigitte Grouwels annonçait son intention de peindre les poteaux de feux rouges en bleus et jaunes. Un premier test serait d'abord mené sur 16 poteaux avant de se lancer dans une opération de plus grande ampleur... c'est une question de sécurité estime la ministre CD&V qui juge les poteaux gris pas assez visibles.

Ce midi le chef de groupe PS du parlement régional Philippe Close à fait part d'où e certaine réserve. 'Ce n'est pas une priorité et sur le plan esthétique je ne suis pas sûr' a-t-il glissé, même si il a ajouté que Brigitte Grouwels peut compter sur son soutien... Il suffit de voir la vidéo de l'interview (c'est vers les 2/3 de l'entretien) pour comprendre que l'accueil est donc très tiède au sein même de la majorité.

15 octobre 2013

Pourquoi écrivent-ils ?

La rentrée littéraire est derrière nous. Mais les livres politiques fleurissent. Frédéric Daerden et Paul Magnette se sont affichés en librairie il y a quelques mois déjà. Merry Hermanus et Isabelle Durant sont actuellement sur les rayonnages. Steven Vanackere, prédécesseur de Koen Geens aux finances, publie un ouvrage ce mardi. Philippe Moureaux, déjà auteur de plusieurs récits, peaufine son prochain manuscrit. Autant de livres, autant de styles, mais une constante : en prenant la plume les élu(e)s établissent un nouveau lien avec l'opinion publique. Ils délimitent un espace, dont ils ont le contrôle, adapté à leur message, sans passer par l'intermédiaire ou le filtre d'un média. Cette liberté, outre qu'elle permet de sortir des petites phrases pour avoir le temps d'expliquer une vraie vision, nous dit beaucoup des intentions de l'auteur. La forme littéraire choisie, le contenu du récit, son articulation, nous renseignent sur le public visé, et sur la relation que l'auteur espère entretenir avec ce lecteur. Et comme du lecteur à l'électeur il n'y a qu'une lettre cela mérite qu'on s'y arrête. Je ne suis pas critique littéraire, vous me permettrez donc de passer les livres en revue sans toutefois juger les styles.

Première catégorie de livres politiques, le recueil de chroniques. Bart De Wever et Paul Magnette ont en commun de publier des billets réguliers dans un grand quotidien flamand. Les réunir sous forme de livre ne demande pas beaucoup de travail en plus. Opération gagnante qui vous permet de gagner des lecteurs au delà du lectorat du quotidien dans lequel les chroniques ont été publiées, de pérenniser votre œuvre (le journal est éphémère, le livre reste) et accessoirement de déposer votre visage dans les librairies. Si j'étais sordide je comparerais l'homme politique à une marque.  Un visage sur une couverture, c'est autant de contacts avec la marque que de clients dans les librairies. Si votre éditeur décroche le rayon livre du carrefour c'est bingo. 

Sur le contenu Paul Magnette propose une visite de l'espace francophone à destination des lecteurs flamands. Pour un bruxellois ou un wallon lire ces chroniques c'est un peu se voir dans le miroir du miroir. C'est déformant bien sur, mais ça ne manque pas d'intérêt. On y comprendra que les clichés entretenus au nord sur le sud ne pourront pas être déconstruits tant les habitants du sud les  intègrent dans la perception qu'ils ont d'eux-même. Ajoutons que c'est une lecture agréable, par chapitre ou d'un trait.


Deuxième registre le livre-entretien, genre très prisé, que ce soit en duo avec un journaliste, ou comme dans le cas de Frédéric Daerden avec un interlocuteur artificiel censé incarner monsieur ou madame tout-le-monde. L'interlocuteur pose des questions, le politique y répond. L'ouvrage ici a une visée pédagogique. Frédéric Daerden y a même ajouté des fiches d'explication (qu'est ce que la subsidiarité ou une majorité qualifiée). On sent la patte des collaborateurs derrière l'ouvrage qui veut rapprocher l'électeur du fonctionnement du parlement européen. On est ici entre l'ouvrage scolaire et la profession de foi, et l'ouvrage sera instructif pour tous les étudiants en sciences politiques. On peut y voir, aussi, en creux, un malaise : celui d'un élu très implanté localement mais confronté au déficit d'explication des qu'on parle d'union européenne. Mais que fais-je donc si loin de vous, chers électeurs, lorsque je suis à Bruxelles ou à Strasbourg ? 

Toujours dans la catégorie Europe, Isabelle Durant a opté pour le livre-manifeste. Là aussi c'est un classique de la littérature politique, où l'auteur fait part de sa vision du monde et dévoile ce qui s'apparente à un programme. C'est dense, touffu, cela invite à la réflexion, et cela demande sans doute plus d'effort de la part du lecteur. Comme pour le livre précédent on notera toutefois une volonté pédagogique et ceux qui aiment l'Europe prendront un réel plaisir à découvrir quelques anecdotes sur le fonctionnement du parlement européen (Isabelle Durant en est vice-présidente et n'est pas tendre avec Herman Van Rompuy, le président du conseil). Particularité de l'ouvrage de l'euro députée ecolo celui- ci à été écrit à 4 mains avec une partenaire n'est pas membre du même parti (la socialiste allemande Gésine Scchwan) ce qui lui permet de sortir du lot des nombreux ouvrages qui proposent une vision européenne. 

Avec Merry Hermanus c'est une autre catégorie qui s'offre à nous, celle des livres-souvenirs. C'est déjà le second ouvrage du genre de l'ancien secrétaire général de la communauté française. Dans le précédent (l'Epreuve) l'auteur se concentrait sur les affaires Inusop et Agusta-Dassault qui lui ont valu d'être condamné. Dans ce qui pourrait paraître comme une suite Merry Hermanus dresse surtout le récit de ses jeunes années dans les cabinets ministériels. Des situations croquignoles, des anecdotes, un livre de récits savoureux où l'on croise les grands formats des années 70/80. Hermanus veut s'y poser en concurrent de Philippe Moureaux qu'il égratigne au passage. On y sent aussi le désir de crier 'ma vie ne se résume pas aux procès que vous connaissez'.

Philippe Moureaux justement prépare aussi une galerie de portraits. On y croisera de grands noms de la politique comme Wilfried Martens. Je suis prêt à parier qu'on y parlera pas beaucoup de Merry Hermanus. 

Enfin Steven Vanackere nous offre aujourd'hui le livre justification. Dans la premiere pierre il nous invite à suivre les vices de nos politiques mais c'est pourtant la vertu que l'ancien vice-premier ministre  décrit dans ses pages. Pourquoi faut-il faire de la politique semble vouloir nous expliquer le ministre démissionnaire, qui se decrit plus vertueux que vicieux, préparant sans doute ainsi son come back : il pourrait être candidat aux élections européennes de l'an prochain. L'ouvrage n'est à ce stade publié qu'en néerlandais. 

Notons que tous ces ouvrages ne feront pas la fortune des éditeurs. En Belgique francophone le livre politique se vend correctement  mais l'étroitesse du marche fait que l'exercice est rarement rentable. Il faut déborder sur le marché français pour atteindre le vrai succes. Il y a quelques années beaucoup d'ouvrages politiques s'editaient ainsi à compte d'auteur. Pour certaines maisons d'édition on demandait au candidat-écrivain de financer lui même l'exercice en achetant à l'avance de grandes quantités ou en s'engageant à reprendre les invendus. On n'est pas sûr que ces pratiques aient disparues. La preuve : de nombreux ouvrage paraîtront sûrement juste avant le début de la campagne officielle au printemps prochain. En faisant bien attention à la date, car une fois la campagne officiellement lancée les frais d'édition risquent d'être incorporés aux comptes de campagne. Et ça, même quand on aime beaucoup écrire, on préfère éviter. 


13 octobre 2013

Les 4 vérités d'une baisse de la TVA

J'ai participé ce dimanche midi à l'émission Controverse dont l'un des débat tournait autour d'une baisse de la TVA sur l'électricité. Comme vous le savez sans doute l'idée a été lancée par Johan Vande Lanotte lors des travaux sur le budget 2014, mais le CD&V l'ayant accueillie fraîchement, elle a été temporairement mise au frigo. Comme l'affaire n'est pas close il me  semble sain de ramasser ce débat sous forme de quelques affirmations  et de tenter d'y apporter les nuances ou la contradiction nécessaire. Ce qui paraît évident n'est pas toujours la vérité.

La baisse de la TVA sur l'électricité améliorera notre pouvoir d'achat
Cette affirmation peut sembler simple comme du bon sens. Il faut la nuancer. Comme je le faisais remarquer sur le plateau à Raoul Heddebouw (porte parole du PTB) dans une économie de marché il est rare que la baisse de la fiscalité soit intégralement répercutée sur le prix de vente d'un produit. Le plus souvent le producteur ou les intermédiaires profitent de cette baisse pour accroître leur marge bénéficiaire. On a pu le constater avec la baisse de la TVA sur le secteur horeca. La ristourne consentie par l'Etat ne se répercutera réellement sur le pouvoir d'achat que si l'on prend des mesures complémentaires pour contraindre les producteurs et distributeurs  d'électricité  à maintenir leurs prix actuels. Il faudra également s'assurer que les régions ne viennent pas alourdir la facture par des taxes compensatoires.

La baisse de la TVA est une mesure de gauche qui bénéficie aux travailleurs
Là on frise l'escroquerie intellectuelle. Si le consommateur paye effectivement moins, l'intérêt de la mesure réside surtout dans un décalage de l'index. Baisser la TVA aura pour effet de retarder la progression des prix à la consommation et donc des salaires. D'après les experts cela permettrait  d'economiser 0,4 % de notre masse salariale et de repousser toute augmentation de salaire au delà de 2014 (il n'y a déjà  pas eu de saut d'index en 2013). En clair ce que l'on accorde aux consommateurs d'une main on le reprend aux salariés de l'autre. Ceux dont les revenus ne dépendent pas de l'indexation (rentiers, boursicoteurs) profiteront davantage d'une baisse des prix de l'électricité. Ce n'est pas ce qu'on appelle une mesure de gauche. C'est la raison pour laquelle les fédérations patronales sont d'ailleurs enthousiastes : elles ont tout intérêt à limiter les hausses de salaire et cette mesure le permet, tout en étant intégralement à charge de l'Etat. 

La baisse de la TVA relancerait l'économie 
C'est en partie vrai. Le maintien de l'index en dessous de l'indice pivot aide les entreprises belges à gagner en compétitivité vis à vis des pays voisins puisque les salaires n'augmentent pas. L'affirmation selon laquelle l'énergie devient moins chère pour les entreprises est en revanche fausse puisque la  pupart des entreprises récupèrent la TVA. Reste à chiffrer l'impact de la mesure. Le cabinet Vande Lanotte avance le chiffre de 11 000 emplois créés. 


La baisse de la TVA est neutre pour le budget de l'Etat
Attention danger : c'est sans doute sur cette question que les chiffres doivent être relayés  avec le plus de prudence. Baisser la TVA de 21 à 6% cela représente au moins 400 millions de recettes en moins pour l'Etat fédéral. Si l'on tient compte de l'effet retour (les créations d'emploi) on peut espèrer un gain de 200 millions environ, il reste donc un solde de 200 millions à financer. 200 millions, ça tombe bien, c'est justement ce que l'Etat gagnerait avec un report de l'index qui permettrait de ne pas augmenter les salaires des fonctionnaires. 

Le problème c'est que le calcul d'un effet retour est fortement aléatoire. Le plus souvent il est surestimé. Le CD&V en demandant à faire vérifier l'ensemble de ces chiffres n'est pas inconséquent.  On notera aussi que cette neutralité budgétaire n'est valable que la première année. Sauf à imaginer que la TVA joue au yoyo c'est une baisse structurelle qui est décidée ici, alors que l'effet retour lui ne jouera à plein qu'une seule fois : l'Etat risque de la payer cher très rapidement. 

Pour résumer voici donc une mesure portée par un parti de gauche qui profite essentiellement aux entreprises et qui risque de peser à terme sur les finances de l'Etat. Et comme le CD&V ne veut pas faire de cadeau au SPA, et a eu le sentiment que l'ami Johan tirait un peu trop la couverture à lui,  c'est un parti de centre droit qui s'y oppose. Joli paradoxe, non ? 

24 septembre 2013

Contrer le radicalisme sur le net : Joëlle Milquet a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Joëlle Milquet veut lancer un cellule spécialisée dans le "contre-discours" sur internet. C'est l'un des volets de son plan anti-radicalisme qu'elle entend défendre lors du prochain conclave budgétaire. La ministre de l'intérieur en a fait l'annonce ce matin sur Bel RTL. L'idée n'est pas neuve, elle s'inspire des moyens mis en œuvre aux Etats Unis. Par "contre-discours" il faut entendre la promotion des valeurs démocratiques et l'affirmation que l'Islam n'est pas le Jihad. Mais alors que je l'interroge sur les moyens à mettre en œuvre , Joëlle Milquet reste timide : 4 agents qui pourraient se relayer dit-elle.... C'est évidemment trop peu. Car si on s'en réfère à l'exemple américain, ce sont bien des dizaines de "propagandistes" veillant en permanence sur les réseaux et capables d'intervenir en plusieurs langues qui ont été recrutés. Chez nous il faudrait être capable d'intervenir en Français et Néerlandais, bien sur, mais aussi en Anglais, Perse, Arabe...et être susceptible d'aller en permanence d'un forum à un autre, de débusquer de nouveaux sites, de contourner les codages mis en place, etc. Un boulot à plein temps pour au moins une vingtaine de personne. Initialement la ministre belge rêvait d'une cellule européenne. Las, il semble que seul le français Manuel Vals soit plus ou moins convaincu de l'intérêt de l'opération, Joëlle Milquet souhaiterait donc prendre les devants au niveau national. Alors pourquoi seulement 4 personnes ? La réponse est dans l'expression "neutralité budgétaire" employée par la ministre de l'intérieur quelques secondes plus tard dans l'interview. En clair la ministre n'envisage qu'une équipe de 4 personne car c'est ce que son budget lui permet, mais si lors des arbitrages budgétaires ses collègues lui concèdent une rallonge elle pourra monter en puissance. Voici donc une demande par média interposé. L'objectif de Joëlle Milquet est de lancer cette fameuse cellule au début 2014.

21 septembre 2013

Pourquoi je défends le cordon sanitaire

L'article ci dessous est une carte blanche que je publie cette semaine dans la revue de l'association des journalistes professionnels. Il a pour but d'expliquer ma position sur une question délicate : qui invite-t-on dans les émissions politiques en direct. Il me semblait nécessaire de m'expliquer avant que nous n'entrions en campagne électorale.

 Journalistes 151D’abord entendons-nous sur les termes. Le cordon sanitaire dans les médias audiovisuels vise à exclure les partis liberticides ou racistes des débats en direct, et seulement cela. Une rédaction peut toujours aller interviewer des représentants de ces partis, diffuser leurs propos dans un reportage. Le travail de montage et d’écriture permettent d’assurer un traitement journalistique : en écartant des propos haineux ou contraire à la vérité,  en les diffusant mais en démontrant leur nature, en donnant la parole à un contradicteur, etc. Toutes choses que ne permet pas l’expression en direct. Pour le dire autrement, le direct  nécessite une attention particulière car il ne permet pas aux journalistes de faire de manière satisfaisante leur métier qui consiste à trier, vérifier et relativiser l’information avant de la diffuser.

  La télévision, qu’on le veuille où non, sert d’abord à rendre populaires ceux qui s’y expriment. En télévision c’est toujours l’image qui prime. Donner la parole à un tribun, c’est d’abord diffuser son visage, permettre que ce visage soit associé à un nom et que cela s’imprime dans la mémoire du téléspectateur.   Le second impact de la télévision est son efficacité à transmettre l’émotion. La peur, la colère, la joie, la tristesse : tout cela transparait sur un visage. Permettre à un représentant d’un parti liberticide d’apparaître à l’écran, c’est lui permettre d’exprimer ses émotions,  et au téléspectateur de les partager. Cette empathie naturelle est bien plus efficace que le discours en lui-même et c’est bien pour cela que la télévision nous subjugue.   Ces deux  premières  constatations me laissent dubitatif face aux reportages et aux débats qui se donnent pour mission de démonter les thèses des partis extrémistes. Une partie du public, souvent déjà convaincue, en retiendra des arguments pour combattre ces formations. Une autre, parfois déjà sensible aux discours populistes, y verra une tentative des journalistes de lui  faire la leçon. Les formations qui jouent volontiers la carte de la victimisation ont tout à y gagner.

 Permettez-moi d’ajouter encore deux autres constats liés à 15 ans d’expérience. La télévision c’est aussi du rythme. Dans une émission à grande audience, on coupe, on oppose, on saucissonne les propos afin de maintenir  l’attention. Or, ce rythme est particulièrement approprié aux petites phrases. Le discours d’extrême droite est très facile à résumer dans des formules de ce type : « trop de chômage, c’est trop d’immigrés » ou « la délinquance est surtout le fait des populations étrangères, regardez les statistiques. » Voici deux phrases de 5  secondes. Il vous faut 2 à 3 minutes pour les démonter. C’est beaucoup trop long, et au final vous serez moins convaincant que le premier orateur.   

 Dernier constat, la facilité avec laquelle on peut mentir en télévision.  Lors du dernier  débat dominical où le président d’un parti qui se trouve à la lisière du jeu démocratique a été invité, celui-ci a été le dernier à prendre la parole. Ce fut pour dire qu’un « sondage » réalisé auprès de plusieurs  dizaines de milliers de personnes « le plus grand panel possible »  lui donnait raison. Ce n’était évidemment pas un sondage mais une consultation en ligne sans aucune valeur scientifique… mais personne ne l’a contredit, et comme l’émission touchait à sa fin, les téléspectateurs seront donc repartis avec cette contrevérité jamais démentie.

 Vous l’aurez donc compris, je plaide pour le maintien d’un cordon sanitaire pour toutes les émissions de direct. Je sais que cette prise de position sera interprétée comme une limitation du droit à l’expression. Mais donner la parole dans les conditions du direct à un parti que je juge raciste ou liberticide est contraire à ma conscience. J’estime que c’est mon devoir de journaliste de faire un tri entre ce qui relève du débat démocratique  (comment organiser notre société pour qu’elle soit meilleure) et  ce qui relève de la haine (comment exclure l’autre de notre société). Croire que la télévision en direct est un outil dont les journalistes auraient la parfaite maitrise serait manquer de lucidité… ou de modestie.

20 septembre 2013

CDH et Ecolo consultent les bruxellois... l'olivier se délocalise à Liège

Quand je vous écrivais hier que la campagne est lancée... voici la traduction en vidéo. Notez que certains intervenants du reportage (Chistos Doukeridis et Celine Fremault) enchainait ces sorties de terrain avec un déplacement à Liège...où tout le gouvernement bruxellois passera la soirée, la nuit, et la matinée de samedi...

19 septembre 2013

La campagne bruxelloise, c'est maintenant

Un embouteillage dans les agendas. Ces jours-ci c'est comme si tout la classe politique s'était soudainement donnée rendez-vous sur le palier de l'électeur Bruxellois. Jugez plutôt : mercredi Joëlle Milquet réclame un plan Marshall pour Bruxelles, jeudi Laurette Onkelinx annonce son souhait de créer une residencé universitaire à Etterbeek, et demain, vendredi, Ecolo lancera à 10h30  une opération '1,2,3, Bruxelles' (solliciter notre électeur pour qu'il fasse remonter des idées) alors que le CDH bruxellois organise sa rentrée politique à 12h30. Ajoutez un demi week-end 'au vert' du gouvernement bruxellois (Rudi Vervoort et ses ministres seront vendredi et samedi à Liège) et un congrès  local de la NVA vous avez compris qu'on s'agite à Bruxelles. C'est même un casse-tête pour les rédactions : doit-on, peut-on tout couvrir ?
Bien sur si tout ce monde là s'agite c'est pour planter le décor de la campagne électorale. Ce n'est pas la campagne en elle-même mais 9 mois avant, sans doute le bon moment pour installer une image. Faire comprendre qu'on s'intéresse aux enjeux bruxellois. Imprégner la mémoire, c'est parfois plus efficace que s'agiter dans la dernière ligne droite. 
Cette campagne bruxelloise, donc, sera passionnante. Et elle sera autonome. Observez bien les positions de départ : autant l'olivier wallon semble s'être déchiré ces derniers mois, autant la confiance semble s'être installée au sein des francophones du gouvernement bruxellois. Le leadership de Rudi Vervoort, auquel peu d'observateurs croyaient, s'affirme peu à peu. Et si le MR est en bonne forme, le FDF est loin d'être ridicule. Bref le débat bruxellois existe et est sans doute plus singulier qu'on aurait pu le penser. Il est egalement moins previsible que son grand frère wallon, paysage réputé plus stable. Pour les directions nationales de nos partis politiques c'est une nouvelle donne qui pourrait avoir de sérieuses conséquences au soir des élections. Soit parce qu'on autorisera les bruxellois à 'tirer leur plan' et constituer leur majorité de manière autonome. Soit parce qu'on liera Bruxelles, la Wallonie et le Fédéral et que seule une majorité succeptible de s'imposer aux trois niveaux pourra alors voir le jour. Dans les deux cas c'est un incitant à ne pas rater la campagne bruxelloise.

L'intégralité de l'interview (où Laurette Onkelinx évoque aussi des pôles de compétences pour Bruxelles et l'anniversaire de Beliris)

11 septembre 2013

Cerexhe et Fremault se disputent la pôle position

Il n'est peut être pas aussi visible que la compétition entre Vincent De Wolf et Didier Reynders, pourtant l'affrontement existe. Sérieux, profond, violent. Céline Fremault et Benoît Crexhe ont bien ouvert les hostilités. Entre la jeune ministre de l'emploi et son prédécesseur on ne se fait pas de cadeaux ces derniers jours. En cause la tête de liste pour l'élection régionale de 2014. Au fédéral il est acquis que la liste centriste sera emmenée par Joëlle Milquet. À la région le suspens reste entier. 
En faveur de Benoît Cerexhe, son poids électoral et son expérience. En faveur de Céline Fremault sa jeunesse et sa place de ministre en poste. 

Ces derniers jours les deux élus ont indiqués plus ou moins ouvertement leur souhait d'être tête de liste. On s'abrite derrière des formules de prudence rappelant que c'est une décision collective et qu'en cas de conflit c'est le président de parti (ici Benoît Lutgen) qui tranche. Une fois les micros coupés, on est plus bavard... Et moins consensuel. 

Dans le camp de Benoît Cerexhe on met rapidement en avant le nombre de voix récolté par les uns et les autres et on souligne que prendre un maïorat donne une assise supplémentaire et qu'il n'est pas question d'être désavoué. En 2009 Cerexhe avait obtenu 11000 voix et ses partisans gloussent en signalant que la challenger de leur champion ne dépasse pas les 1000 voix aux dernières communales (rappelons quand même qu'en 2009 la tête de liste était Joëlle Milquet et qu'elle obtenait 23 000 suffrages).  Les supporters de Céline Fremault suggèrent un changement de génération nécessaire, une image plus jeune. Les plus incisifs glissent que quitter la région pour une commune, pour finalement revenir à la région est plus PSC que CDH et que ce ne sera paz facile à expliquer aux electeurs. Bref, la guerre d'influence fait rage, mélange de confidences discrètes et de lobbying intense. 

On serait à la place du président du CDH on ne laisserait pas trop s'envenimer les choses. Deux candidats l'un contre l'autre c'est bon pour l'émulation. Quand la lutte personnelle prend trop d'ampleur cela nuit au discours collectif. 

La concurrence Fremault-Cerexhe permet de poser une question de logique partisane. Le candidat tête de liste doit il être celui qui sera appelé à devenir ministre en cas d'accord électoral ? Si la réponse est oui, Céline Fremault s'impose comme une évidence. Si l'on souffre des exceptions, Benoît Cerexhe conserve touts ses chances. C'est finalement le même différent que celui qui oppose Didier Reynders à Vincent Dewolf. Il y a celui qui mène la liste et celui qui fait le plus de voix. Deux logiques qui s'opposent. 
Aux dernières nouvelles le CDH s'apprête à présenter une partie de son programme électoral pour Bruxelles dans quelques jours. La question de la tête de liste ne sera pas tranchée d'ici là. 

08 septembre 2013

Pour l'Avenir, Tecteo est un moindre mal

C'est amusant ces éditos, ces tweets, ces interviews pugnaces et ces débats dominicaux qui s'enflamment. Sujet du jour : le rachat de l'Avenir par Tecteo nuit-il à la liberté de la presse ?

Et c'est vrai il y a des questions à  poser. D'abord parce que lier un groupe de presse à une autre activité c'est prendre le risque que l'on ne soit pas très regardant sur ce que l'autre branche du groupe traficote. Il faut donc être vigilants. Mais affirmer que c'est une première  est une vaste blague : TF1 est lié au groupe Bouygues, Canal Plus à Vivendi, le Figaro à Dassault. Récemment Lagardère (ex-Hachette) et EADS (ex-Matra) cohabitaient joyeusement. Cela peut parfois limiter le pouvoir d'investigation ou d'indignation mais cela ne fait pas des journalistes employés par ces grands groupes de simples publicistes, soyons sérieux. Dans notre modèle économique, les intérêts économiques se croisent et les influences s'entremelent. La seule garantie d'une information de qualité reste la diversité des titres et la concurrence. C'est la raison pour laquelle service public et société privé sont si complémentaires en audiovisuel.

Deuxième élément à surveiller la propension de Stéphane Moreau, directeur général de Tecteo, à vouloir contrôler la presse. L'homme n'aime pas la critique dit-on, il aime jouer du rapport de force et n'hésite pas à lancer des actions en justice contre des quotidiens qui écrivent des choses qui lui déplaisent. Cela mérite d'être dit. Soit. Mais laissons la justice et la presse faire leur boulot. Ce n'est pas parce qu'on dépose plainte qu'on obtient gain de cause. Et ce n'est pas parce qu'on est menacé qu'on arrête d'écrire, fort heureusement. Contrairement aux idées reçus les plus habiles censeurs ne sont pas les plus bruyants. 

Pour éviter de dire ou d'écrire n'importe quoi sur cette affaire il importe de savoir deux ou trois petites choses qui n'ont pas réellement été expliquées à l'opinion publique. D'abord que Corelio était vendeur. Le groupe flamand investit dans une nouvelle stratégie en Flandre avec une grande concentration en court : la constitution d'un groupe "Het Mediahuis" où il met en commun ses titres papiers avec ceux de Concentra. Parallèlement Corelio doit aussi éponger les pertes de ses activités TV avec la chaîne Vier. En clair Corelio est passé d'une logique de diversification géographique (offrir à des annonceurs des médias francophones en complémentarité avec son offre flamande, raison invoquée lors du rachat de l'Avenir) à une stratégie de diversification des médias (on investit dans la télévision et l'internet et on syndique les contenus, stratégie actuelle).

Ensuite, si il y a un vendeur il ya forcément un acheteur. En l'occurrence il y en avait deux : Tecteo et Rossel. Je ne vous fait pas l'injure d'expliquer que Rossel est un groupe majeur de la presse francophone, concentrant près de la moitié du marché avec Le Soir et les éditions Sud Presse. L'avenir représente grosso-modo 30%. Si Rossel avait remporté la vente  il représenterait aujourd'hui les 3/4 du marché... une situation que les défenseurs de la liberté de la presse ne pourraient assurément pas accepter.

Surtout, il aurait fallut beaucoup de candeur pour croire que Rossel allait conserver les titres de l'Avenir en parallèle à ceux de Sud-Presse. A terme la fusion, et donc la disparition de l'un des deux journaux était inévitable. Disons-le franchement : le rachat par Tecteo a sauvé l'Avenir d'une mort certaine. Et ça c'est une bonne nouvelle pour les journaliste de l'Avenir, pour ceux de Sud-Presse aussi, pour l'information au sens large et pour la démocratie.

Quels sont donc les enjeux du débat aujourd'hui ? Tout simplement de garantir l'indépendance d'une rédaction. Il faut faire confiance aux journaliste de l'Avenir pour qu'ils organisent les conditions de cette indépendance : une société de rédacteurs qui se prononce sur la nomination du rédacteur en chef, une politique éditoriale claire et publiquement défendue, la poursuite d'une stratégie volontariste, des investissements, la conscience de chacun... C'est ce qui fait la qualité d'un journal.

Le second enjeux se trouve au niveau des pouvoirs publics. Il est de leur responsabilité que le monde de la presse soit protégé d'un certain nombre de dérives. La presse est soumise aux lois du marché, soit, mais cela n'empêche pas de prévoir des gardes-fous (par exemple lier les aides à la presse au respect des  recommandations du CDJ, organe qui émane du secteur, ne serait pas une sotte idée). C'est le boulot de la fédération Wallonie-Bruxelles.

Enfin, l'enjeu crucial réside dans la mise en place des outils d'information du futur. Le monde du papier va progressivement s'effacer derrière les tablettes et les écrans. Nous n'imaginons pas encore très bien comment nous consommerons de l'information demain, mais nous savons déjà que le modèle est fortement amené à évoluer. C'est ce qui conduit Tecteo à vouloir se rapprocher de grands groupes de presse (L'avenir aujourd'hui, IPM demain). Nous risquons d'avoir un marché francophone divisé en deux grands groupes Rossel/Tecteo à parts égales. Ajoutez deux grands opérateurs télé (RTL/RTBF) , car les métiers sont amenés à se rapprocher, c'est une  simple question de technique, vous aboutissez à un match à 4. Est-il normal que l'un des opérateurs contrôle à la fois  le contenant et le contenu, en d'autres termes les moyens de diffusion et les programmes ?  De mon petit point de vue de journaliste, cela me semble une question bien plus centrale que tout ce que j'ai entendu depuis 48 heures.








07 septembre 2013

Le PS met du bleu dans sa communication

Vous avez peut être partagé mon étonnement en découvrant les journaux télévisés de ce samedi midi (à moins bien sur, que vous ne fassiez partie de mes honorables lecteurs qui se sont rendus sur place) : à l'université d'été du PS Elio Di Rupo, Paul Magnette, et avant eux leur homologue français Harlem Désir, se sont exprimés devant un fond bleu. Oui, vous avez bien vu, bleu. Entendons-nous : pas un bleu vif libéral, non, un bleu ciel dégradé, assez pâle, mais bleu quand même. En soi c'est une petite révolution. Ca mérite qu'on s'y arrete.

Tout les spécialistes en communication vous le diront, en Belgique, les couleurs sont extrement connotées (bien plus qu'en France, ou vous verrez facilement un socialiste porter une cravate bleue ou un libéral avec un noeud pap rouge alors qu'à Bruxelles c'est imaginable uniquement pour carnaval). Mais si on passe outre cette symbolique politique, le rouge est perçu comme une couleur aggressive, celle de la vitalité, du sang, du désir mais aussi celle de la colère. Le rouge est la couleur des révolutionnaires, c'est aussi celle de la domination, du pouvoir (regardez les tapis du Sénat) et si vous tirez vers le pourpre celle des puissants. Bref, une couleur un poil autoritaire et trop agressive. En tant de crise, et au démarrage d'une campagne, un facteur d'anxiété alors que le parti socialiste entend se poser en parti de la stabilité.

Le bleu, et surtout un bleu pâle, c'est le rappel du ciel, l'horizon qui se dégage, la légereté, la douceur. Le bleu c'est aussi la pureté de l'eau, la preuve que les choses coulent de source. Ce n'est pas de la psychologie de cuisine, et vous pouvez être surs que ce choix a été murement réfléchi. Voici donc un parti socialiste qui adopte une identité visuelle plus calme, apaisante, en un mot, moins belliqueuse parce que le parti s'adresse à tous les citoyens et plus seulement aux adeptes du drapeau rouge. Ajoutez une frise de sapin genre forêt des Ardennes et vous avez un cliché bucolique, genre nous sommes toujours en vacances.

A bien y réfléchir cette histoire de couleur n'est pas le seul clin d'oeil à l'électorat centriste ou libéral. Derrière les orateurs on pouvait lire "le progrès ça se partage", un slogan qui sonne comme une réponse à "l'avenir ça se travaille" du Mouvement Réformateur. Sans doute ses promoteurs feront-il valoir que le progrès est une valeur plus positive alors que l'avenir peut se montrer incertain. Les détracteurs feront eux remarquer que c'est le travail qui transforme l'avenir en progrès, et le débat sera sans fin.

Interessons-nous maintenant à l'organisation de ces rencontres d'été. Le PS a inscrit son évènement à deux pas de la la fête des solidarités à Namur. Un événement de caractère festif donc, avec de nombreux concerts, et initié par les mutualités socialistes. Sur un plan de l'organisation voici une formation qui profite du public que d'autres que lui ont attiré à Namur.  C'est un mélange des genres dont on pourrait discuter.  Sur le plan symbolique voici  un parti qui s'inscrit dans le coeur du débat social et qui vient sur le terrain des mutualités, des syndicats et de jeunes amateurs de musique. Pour un parti socialiste qu'on dit en froid avec les syndicats c'est un démenti parfait. Le politique n'est plus à l'écart, il est là au plus prêt des valeurs ouvrières. En même temps, il y est sans que cela soit vraiment de la politique ; c'est de la récupération et de la communication soft.  Les amateurs de musique auront d'ailleurs reconnu le chapiteau du magic mirror, une salle de concert qu'on peut voir au Brussel Summer Festival ou dans d'autres grands rassemblements musicaux. Nous ne sommes plus sur un terrain strictement politique, au propre comme au figuré. Ajoutez  le début des fêtes de Wallonie, qui se tient au même moment dans la même ville et l'opération séduction grand public est parfaite.

 Bref, derrière le relooking de sa tribune le PS veut faire passer l'idée qu'il quitte ses habits traditionnels pour se rapprocher des citoyens et s'adresser au plus grand nombre. Troquer du rouge pour du bleu en début de campagne, c'est une volonté de casser les codes et de vous dire que le PS entend désormais parler à tout le monde. Quand on a dans ses rangs le premier ministre et qu'on veut se positionner en garant de la stabilité et de la sécurité de tous, les gouts e les couleurs du du communicant rejoignent la stratégie électorale. Quitte à ce que le rouge revienne dans quelques mois.