Il y a les bonnes résolutions. Il y a aussi les dossiers urgents à résoudre. Les décisions laissées en souffrance, les questions renvoyées à plus tard faute de temps pour les étudier. Cela vous donne un petit air de "devoirs de vacances". Les présidents de parti en année électorale sont comme les étudiants en blocus : ils ne profitent pas pleinement de la trêve des confiseurs. Ils ont déjà la tête dans la confection de leurs listes.
Prenons la "to do list" de Benoit Lutgen, président du CDH.
Pendant la quinzaine de Noël le bastognard devait d'abord prendre des nouvelles de Marie-Dominique Simonet. Depuis qu'elle a mis sa carrière ministérielle entre parenthèse pour raison de santé Marie-Dominique Simonet et Benoît Lutgen ont eu une série d'entretiens téléphoniques. De courtoisie d'abord, pour savoir comment évoluait la santé de l'ancienne ministre. Mais des conversations politiques aussi pour déterminer un éventuel retour de "Marie-Do" comme on l'appelle dans son cabinet. L'interview qu'elle accorde cette semaine à Paris-Match confirme ce que Benoit Lutgen savait déjà : si les nouvelles médicales continuent d'être rassurantes Maie-Dominique Simonet reviendra bien en politique. Elle en a l'envie. Pour le président du CDH c'est un dilemme de moins à trancher dans la confection des listes pour les élections du mois de mai. A Liège vous devriez donc voir Melchior Wathelet en tête de la liste pour les élections législatives, Marie-Dominique Simonet emmènera donc la liste à la région en principauté et Marie-Martine Schyns tirera celle de l'arrondissement de Verviers. Voici don un casting de réglé, et une ligne à barrer dans la liste des cadeaux de Noël.
A l'autre bout de la Wallonie, le dilemme est comparable et tout aussi douloureux mais le scénario n'est pas tranché. Là aussi c'est une maladie qui complique la donne . Damien Yzerbyt échevin à Mouscron et député wallon s'apprêtait à être tête de liste aux prochaines régionales. Lui y croit toujours. Il l'annonçait d'ailleurs à des journalistes de la presse locale début décembre, sur le mode "bien sûr que je suis tête de liste". L'état-major du CDH en doute pourtant. "Son état de santé ne lui permettra pas de mener campagne, ce n'est vraiment pas raisonnable" entend-on dans les couloirs de la rue de Deux-Eglises. Entre l'intérêt du parti et le message personnel douloureux à faire passer, la décision, humainement délicate, n'est pas encore tout à fait prise, et Benoit Lutgen y aura surement pensé au cours de derniers jours, soupesant le pour et le contre. A Noël, pour les présidents, il n'y a pas que des cadeaux.
Entre Liège et Mouscron, géographiquement, il y a Bruxelles. Ce n'est pas le nœud le plus simple à trancher. Joëlle Milquet a vocation à être tête de liste aux élections législatives. Un combat des rois qui lui permettrait de se mesurer à Didier Reynders, Laurette Onkelinx, Olivier Maingain. Mais dans son parti beaucoup la prient de mettre son potentiel électoral au service de la bataille régionale : " à la chambre avec Joëlle Milquet ou pas les équilibres ne changeront pas beaucoup, alors qu' à la région, elle est capable de nous faire prendre un ou deux sièges". Jusqu'à présent Joëlle Milquet ne voulait pas entendre parler de ce scénario. Son président de parti aura peut-être tenté une dernière fois de la persuader pendant la trêve. S'il n'y parvient pas il devra choisir entre Benoit Cerexhe et Céline Fremault pour conduire la liste régionale. Aux dernières nouvelles la côte de Benoit Cerexhe ne cesse de grimper : c'est lui qui a représenté le CDH lors des dernières négociations avec les partis flamands, et plusieurs observateurs internes au parti estiment qu'il serait préférable pour Céline Fremault d'accepter la seconde position plutôt que de s'imposer en tête de liste sans avoir la garantie de faire le plus gros score. Benoit Cerexhe bénéficierait donc de la préférence de son président de parti, même si Benoit Lutgen, comme à son habitude, ne laisse rien transparaitre.
Enfin, avoir une "to do list" bien remplie ne doit pas vous empêcher de faire face à l'imprévu et sentir les bons coups. Alors qu'il doit faire face à l'arrivée de Willy Borsus sur ses terres luxembourgeoises le président du CDH n'a pas manqué d'apporter un soutien très visible au FDF cette semaine. Son parti accordera une signature de député à celui d'Olivier Maingain pour lui épargner la fastidieuse campagne de signature permettant de déposer une liste à la chambre. Avec la défection de Damien Thiéry le FDF n'avait en effet plus le nombre de députés nécessaires. "Le cdH souhaite que le débat démocratique ait lieu" précise le communiqué qui annonce ce soutien trans-partisan. En réalité le risque que le FDF n'obtienne pas les signatures requises était relativement faible. L'opération était donc autant un coup de pouce à la démocratie qu'un coup de coude au mouvement réformateur, dont on souligne par la même occasion qu'il a bien débauché un député sortant dans une forme de loyauté discutable . Pour Benoit Lutgen, comme pour les autres dirigeants d'une formation politique, une pique à destination d'un parti concurrent reste toujours une occasion à ne pas rater, que l'on soit en période de vacances ou pas.
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