24 avril 2008

Carnets suédois

L’auteur de ce blog vient d’avoir la chance de suivre une mission de la région wallonne à Uppsala (centre-est de la Suède) en ce début de semaine. Je n’ai pas eu l’occasion d’écrire de billets sur place, mais je me permets de vous renvoyer à mes reportages sur RTL TVI. Celui consacré aux descendants des wallons en Suède, mérite, je crois d’être visionné.

Au début du XVIIème siècle prés de 5 000 wallons émigraientdans le centre et l’est de la Suède. Autour d’Uppsala la trace de leur passage est visible dans les forges et châteaux de l’époque. Surtout il existe en Suède une véritable « fierté wallonne » : 1 200 descendants des immigrés wallons sont regroupés au sein d’une association, et j’ai, à ma grande surprise, croisé en 3 jours des 10aines de suédois ravis de clamer leurs racines wallonnes. Vous avouerez que le contraste avec l’image que l’on véhicule parfois à quelques kilomètres de la Wallonie est saisissant. Commentaire de Rudy Demotte, lui aussi impressionné « cela doit rendre confiance aux wallons, et les convaincre qu’ils appartiennent à un peuple réputé pour son savoir faire et son ardeur au travail. »

Football et petite gayolle

Coté coulisse, le ministre président wallon aura laissé échappé une phrase malheureuse alors que des confrères le questionnaient sur la victoire du standard de Liège en championnat « je n’aime pas spécialement le football », avant de se rattraper « mais mon fils Sacha est un passionné ».
Reçus à dîner par le gouverneur de la région de l’Uppland les ministres wallons (Rudy Demotte et Marie-Dominique Simonet) auront été aussi impressionnés par les chants de leurs hôtes suédois (la tradition veut que pour un repas de gala une chanson accompagne chaque verre d'alcool ou de vin)… et ont rendu la politesse en entonnant la petite gayolle, ainsi qu’une chanson en picard.

Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?

A l’aller comme au retour Rudy Demotte et Marie-Dominique Simonet auront été assis l’un à coté de l’autre dans l’avion. A l’exception de la dernière demi heure. La ministre de l’enseignement supérieur a en effet demandé à s’installer dans le cockpit pour vivre l’atterrissage entre le pilote et le copilote. Rudy Demotte ne la voyant pas revenir finira même par s’en émouvoir auprès du steward. Maire-Dominique Simonet, après avoir été directrice du port de Liège et ministre ne détesterait pas, semble-t-il, prendre un peu de hauteur..

18 avril 2008

Petit péché d'orgueil, grosses conséquences


Les deux dernières semaines ont donc été dominées par les polémiques autour de Frédéric Laloux, puis par un débat sur l’organisation des institutions francophones. Je ne ferai pas l’injure aux deux ministres présidents de penser que les deux événement sont liés ( et que le second épisode ferait ainsi office de diversion du premier, Rudy Demotte et Charles Picqué sont au dessus de cela) mais je ne peux m’empêcher de penser que l’un et l’autre doivent être lus au travers d’un même prisme : celui d’un affaiblissement relatif et progressif d’ ElioDi Rupo.


Ces dernières années le président du PS a régné en maître sur la politique francophone. Son goût pour la communication, le changement de style qu’il a imposé à son parti, sa maîtrise de l’agenda et sa stratégie en faisait l’incontournable numéro 1 au sud. Longtemps le patron du boulevard fût incontesté au sein de son parti et jalousé en dehors. Cette époque a pris fin lors des élections de 2007 (le MR est désormais premier parti francophone) mais il aura sans doute fallu 9 mois supplémentaires pour qu’on en mesure toutes les conséquences.


En désignant des secrétaires d’état inattendus Elio Di Rupo réitère une politique qui lui a souvent réussi lors de la nomination des exécutifs : créer la surprise, et donc focaliser l’intérêt des médias, propulser de nouveaux visages, et donc renouveler les cadres du parti, réaffirmer son autorité et exposer au grand public les candidats de l’élection suivante dans les arrondissements les plus sensibles. Sans doute le casting est il moins réussi cette fois-ci. Mais il conviendrait sans doute que les analystes et les concurrents politiques conservent un peu de mémoire : on connaît des nomination de secrétaires d’état à la famille (FDF) ou des exécutifs bruxellois (avec des personnalités pour lesquelles Philippe Moureaux, très critique aujourd’hui, était à la manoeuvre hier ) qui ne furent pas beaucoup plus brillantes.


Le péché d’orgueil du président du PS est sans doute d’avoir pensé que ses choix seraient, comme toujours, approuvés par les ténors du PS, au moins sur la place publique. Elio Di Rupo a sous-estimé le malaise qui couve au sein du parti socialiste. Certains parlementaires étaient au bord des larmes paraît-il lorsqu’ils ont appris la composition du nouveau gouvernement. D’autres ne cachaient pas leur colère ou semblaient démobilisés, convaincus que la défaite était désormais inéluctable lors du prochain scrutin. Ce ras-le-bol des « cadres intermédiaires » (ceux qui « rament » pour décrocher leur siège) a été signifié au grand chef lors d’une réunion du groupe parlementaire socialiste. Ce malaise a fini par déborder dans les journaux, radio et télévision. Elio Di Rupo a reçu un message clair de son vice-président bruxellois : il n’est plus seul maître à bord et doit se résoudre à une direction plus collégiale à moins d’être poussé vers la sortie plus tôt que prévu.


Si le débat institutionnel n’a de prime abord rien à voir avec la désignation de Fédéric Laloux, il est difficile, là aussi de ne pas voir un affaiblissement d’Elio Di Rupo. Il y a moins d’un an une telle initiative n’aurait été prise que par le montois lui-même. Qu’elle émane cette fois-ci de Rudy Demotte et Charles Picqué, même si l’on peut imaginer que le président du PS a au moins été averti (ou impliqué) dans la démarche, est donc aussi un signe que les rapports de force évoluent au boulevard de l’empereur. C’est vrai aussi sur le fond : Elio Di Rupo a jadis évoqué une « patrie francophone ». Il était plutôt perçu jusqu’ici perçu comme un « rempart » contre les tentations régionalistes. Mais attention : l’affaiblissement est relatif, et si un débat interne est possible ces jours-ci il deviendra suicidaire dès que les élections approcheront (et cela sera très rapide). Ceux qui contestent Di Rupo aujourd’hui sont condamnés à rentrer dans le rang au nom de l’intérêt du parti et les successeurs potentiels n’ont pas intérêt à provoquer un effondrement général avant 2009. Ce dimanche le président du PS tentera même de reprendre la main sur les plateaux de télévision.

Reste à décoder la fameuse carte blanche du Soir. Celle-ci préconise, ce que je pourrai résumer par un « renforcement du fait régional » et une « confédération bruxelles-wallonie ». Mais Rudy Demotte et Charles Picqué sur les plateaux télévisés jeudi soir insistaient sur leur souhait de conserver la communauté française (les journalistes à les entendre auraient forcé le trait). A vrai dire la carte blanche peut sans doute être lue sous plusieurs angles. Et faire plaisir à un panel très large qui va de Jean Claude Van Cauwenberghe (régionaliste affiché) à des personnalités beaucoup moins en pointe sur ce combat là comme Serge Kubla ou Marcel Cheron.


Je ne peux m'empêcher toutefois de souligner un tournant : les francophones, hier "demandeurs de rien", auront bien besoin de négocier avec la Flandre, surtout s'ils veulent toucher à l'architecture des institutions bruxelloises. Cela change tout. Il suffit de lire le communiqué courroucé du parti de "madame non" pour s'en convaincre.

Regarder l’interview de Jean-Claude Van Cauwenberghe
Regarder l’interview de Charles Michel

15 avril 2008

Leterme premier : peut mieux faire


Il semble incorrigible. Ce weekend Yves Leterme a accordé à la chaîne Euronews une interview où il défendait le code flamand du logement. Pire, le premier ministre a laissé publiquement percer son peu de considération pour les inquiétudes d’institutions comme les Nations Unies ou la Commission Européenne : « Je crois que les juristes qui approchent ce dossier devraient savoir qu'au-delà de leurs cogitations très intéressantes au niveau juridique il y a un drame social ", indiquait-il au reporter de la chaîne européenne avant d’expliquer que la mauvaise compréhension du néerlandais est source d'injustices sociales. « Il y a des enfants, aujourd'hui, qui entament leur scolarité sans connaître ni le français ni le néerlandais. Et donc, au-delà des Nations-Unies, de la Commission européenne et des rapports très savants qui ont été publiés, il faut surtout essayer de résoudre cette question sociale ». Ceux qui ont pu visionner l’entretien dans sa durée peuvent constater que le premier ministre a hésité avant de répondre à Sergio Cantone. Il a très bien senti le piège se refermer sur lui, et le long silence qui précède sa réponse lui a probablement permis de soupeser l’intérêt qu’il avait à se taire ou pas.


Soyons de bonne composition : il n’est pas illogique de vouloir faire œuvre pédagogique et d’expliquer les dessous d’un dossier complexe à un public européen. Et Yves Leterme a le doit de défendre ses opinions (il était ministre président lorsque le fameux code a été adopté). Mais en employant le terme méprisant de « cogitations » vis à vis d’institutions internationales et en omettant de préciser que les francophones ne se reconnaissaient pas dans son analyse le premier a dérapé. Ce n’est pas la première fois et cela ne sera sans doute pas la dernière.

Très logiquement les francophones ont donc fait part de leur désaccord. « L’attitude d’un premier ministre c’est d’entendre ce que dit la communauté internationale et pas de réagir comme le premier flamand » indiquait l’écolo Christos Doulkeridis sur bel RTL lundi matin. Le président du FDF Olivier Maingain estimait de son coté qu’Yves Leterme, par ses déclarations « nuit aux intérêts de la Belgique » et proposait de créer une agence chargée de veiller au respect des engagements internationaux du royaume. Honnêtement cela aurait pu être bien pire. Le MR ce lundi ne réunissait pas son bureau (Didier Reynders étant à l’étranger), le PS s’occupait d’affaires Wallonnes à Namur et ses principaux leaders ne souhaitaient pas accorder d’entretien à la presse sur ce « dérapage ». Idem au CDH. Au final aucun communiqué de presse n’a été publié sur la question. La machine médiatique et politique ne s’est pas emballée et l’entourage d’Yves Leterme a sans doute poussé lundi soir un ouf de soulagement.


Ce volontaire manque de tact communautaire du premier ministre ne doit pas masquer un autre dérapage, collectif celui-là. Je veux parler de la saga de la TVA sur les terrains à bâtir. Que les choses soient claires : la décision d’instaurer cette taxe a été prise collectivement dans le cadre des discussions budgétaires et inscrite dans la loi programme. Yves Leterme ne peut pas ne pas l’avoir vu passer et a nécessairement dû donner son aval. Voir ensuite les barons de son parti, Chris Peeters en tête, partir en guerre contre cette décision est plus que surprenant. Constater que l’open VLD est entré dans la danse et que le fédéral s’apprête à faire machine arrière est consternant. L'affaire est une illustration parfaite de la hiérarchie des intérêts telle qu’elle est défendue par le monde politique du nord du pays : la Flandre d’abord, le fédéral ensuite. Voici donc une mesure avalisée par tous au fédéral qui risque d’être retirée parce qu’elle déplait au gouvernement flamand. Pouvons nous imaginer qu'une fronde du gouvernement wallon produise les mêmes effets sans que les élus et les journalistes flamands ne s'en émeuvent ?
Voici donc un premier ministre qui recule bien vite sous la pression de ses amis. Faire à ce point preuve de manque d’autorité n’est pas un bon départ.

Couac au printemps, accord en été ?


Le premier ministre Yves Leterme et le ministre de l’environnement Paul Magnette ont donné ce mardi matin le coup d’envoi du « printemps de l’environnement ». Une série de table ronde qui associera pouvoirs publics, associations du secteur et grand public pour définir à la mi- juillet les grandes priorités de la politique environnementale belge. Objectif affiché : mieux coordonner le pouvoir fédéral et les régions. Départ raté : Paul Magnette a fixé seul l’agenda et n’a prévenu son collègue wallon de la date de lancement du printemps qu’une semaine à l’avance. Benoît Lutgen expliquait ce matin sur Bel RTL qu’il ne serait donc pas présent… en Belgique le printemps ce n'est pas la même chose le beau temps.


11 avril 2008

François van Hoobrouck s'énerve



Le bourgmestre (MR) de Wezembeek-Oppem correspond à ce que les journalistes appellent un « bon client » : clair et franc, concis et direct et facilement passionné. A tel point que l’homme, bourgmestre depuis 1994, fini par incarner le «combat» des francophones de la périphérie. L’interview de ce vendredi sur Bel RTL fut conforme à la réputation du bourgmestre : très pédagogique pour expliquer (ou réexpliquer) pourquoi 3 bourgmestres de la périphérie ne sont pas encore nommés, et pourquoi les francophones doivent les défendre... et assez explosif lorsqu’il est poussé dans les cordes. Alors que je lui demande, sur le ton de la provocation, si bloquer l’avenir du pays pour trois communes n’est pas excessif François van Hoobrouck s’emporte : « je ne suis pas d’accord, c’est le nœud du problème. Le respect des règles de droit pas le gouvernement flamand n’existe pas. En démocratie il faut pouvoir dire stop. Si on ne dit pas stop on voit que les régimes qui dérivent continuent de violer la démocratie. Et la Flandre viole la démocratie ».

L’interview intervient quelques heures avant l’envoi d’un nouvel acte de candidature au ministre de l’intérieur du gouvernement flamand. Un ministre, Marino Keulen (VLD), que le bourgmestre reconnaît n’avoir jamais rencontré. Pour l’instant les 3 bourgmestres pensent pouvoir compter sur l’appui des principales formations francophones : « on discute ce point comme un préalable » avant une éventuelle discussion sur la réforme de l’Etat affirmait le bourgmestre en écho aux déclarations des uns et des autres ces dernières semaines. En vérité, la nomination des bourgmestres était déjà mentionnée dans ce communiqué des présidents de parti du 16 novembre 2007 qui précisait que le débat sur la périphérie (comprenez l’arrondissement électoral Bruxelles-Hal- Vilvorde) en pouvait faire l’impasse sur cette question. Mais en conclure qu’aucune discussion institutionnelle n’est possible sans résoudre ce point auparavant serait un poil forcer le trait.




L'interview est ici.

Louis Michel, le retour

Louis Michel était ce jeudi mon invité sur Bel RTL. Le commissaire européen en charge du développement et de l’aide humanitaire est revenu sur les « émeutes de la faim » qui secouent Haïti, l’Egypte et le Burkina- Faso (liste non exhaustive) depuis quelques semaines.
Arrêtez-vous sur la fin de l’entretien, alors que je demande à l’ancien patron des libéraux francophones s’il envisage de revenir en Belgique en 2009 « je suis totalement disponible pour un retour sur mon pays ». Insistez sur le "totalement" pour mieux faire passer le message.
Traduisons : Louis Michel n’entend pas prendre sa retraite, et si le poste de commissaire européen devait être attribué à une autre personnalité (Karel De Gucht, par exemple) il entend bien jouer un rôle de premier plan sur la scène intérieure. Premier destinataire du message : Didier Reynders bien sûr, qui est ainsi prié de noter qu’il doit réserver une place à l’homme de Jodoigne dans ses projets futurs.

L’interview est ici.

09 avril 2008

Michel Daerden : "j'aime beaucoup Alain Mathot"

Le ministre du budget de la région wallonne et de la communauté française était mon invité ce matin à 7h50 sur Bel RTL. Evoquant la désignation récente des secrétaires d’état du gouvernement fédéral il a nié avoir fait barrage à une désignation d’Alain Mathot comme cela a été écrit par plusieurs journaux : « j’aime beaucoup Alain Mathot et j’étais l’ami personnel de son père. Il est promis à un grand avenir politique » avant d’indiquer qu’il ne participerait pas à une réunion « entre liégeois » (annoncée par "La Meuse") que Didier Reynders entend mettre en place mais sans y inviter Willy Demeyer, le bourgmestre (PS) de Liège « comment organiser une telle réunion sans le bourgmestre de Liège ? L’ambiance à la fédération de Liège n’a jamais été aussi bonne ». Déclaration aimable alors que la compétition entre clans semble pourtqnt toujours exister : la confection de la liste PS de Liège pour les prochaines élections régionales reste un casse-tête (et Michel Daerden sera on s'en doute très attentif à la place qu'occupera son fils Frédéric).

Au niveau de la communauté française Michel Daerden ne cède pas aux sirènes régionalistes « il faut garder un lien fort, personnellement j’ai du mal à imaginer le développement de la Wallonie sans Bruxelles ». Tiens, tiens : Daerden prononce cette phrase alors qu'il a lu le matin un entretien de Jean Claude Marcourt au Soir qui défend lui une option beaucoup plus wallonne. Quand on vous dit qu'il y a des clans...

Enfin celui qui occupe le fauteuil de ministre des sports de la communauté se montre réticent à l’idée d’évoquer un boycott de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques « ce sont des prises de positions émotionnelles à l’emporte pièce ».

08 avril 2008

André Antoine : j'attends...

Exercice difficile ce matin sur Bel RTL. Comment commenter une situation politique en plein mouvement, sans injurier l’avenir ? André Antoine a donc défendu le dispositif mis en place au sein du CDH : préparer des élections présidentielles sans les lancer vraiment. D’ici le 21 juillet un comité des sages prépare l’organisation des élections à la présidence du parti mais en s’assurant que les candidatures ne pourront pas être entrées avant le 15 août. En clair Joëlle Milquet n’a pas complètement abandonné la présidence, et elle conserve deux fers au feu, au cas où le débat communautaire tournerait à l’aigre. Bref cela ressemble à un cumul, temporaire certes, mais cumul quand même. Traduction dans le langage du ministre wallon :
« Il reste encore une hypothèque sur la vie de ce gouvernement, que va-t-il se passer d’ici au mois de juillet ? Nous restons vigilant et pour cela le premier timonier du parti doit rester Joëlle Milquet dans les prochaines semaines ».

André Antoine est il un observateur neutre ? Sans doute pas. Mine de rien il a ainsi glissé l’un ou l’autre message à usage interne lors de cette interview. Il est évident que le vice président du parti suivra de très près la désignation d’un nouveau président et il veillera à ce que Joëlle ne s’accroche pas trop longtemps à son bureau la rue des deux églises : « Je connais bien Joëlle c’est une femme tenace, c’est son dernier mandat ». Alors que je le presse de dire s’il est ou non candidat Antoine refuse de se dévoiler : « pour l’instant la question ne se pose pas ». Traduction : cela n’est pas exclu. Cela ne doit pas rassurer tout le monde.

Vu du nord



Alors que nous nous apprêtons à discuter d’une nouvelle phase de réforme de l’état il n’est pas inutile de se pencher sur ce que pense l’autre communauté du pays. Je suis frappé par le décalage croissant entre journaux du nord et du sud. Nous vivons dans deux systèmes médiatiques (et donc politiques) très différents, il suffit d’une revue de presse pour s’en convaincre.
La négociation et le dialogue sont ardus quand les deux partenaires, qui ne parlent déjà pas la même langue n’ont en plus pas les mêmes informations.
Je profite donc d’un instant de répit pour vous signaler la sortie d’un ouvrage très attendu des journalistes du Standaard. Il s’agit des coulisses de la formation du gouvernement Leterme (quelle matière !) et la série d’articles parus dans le quotidien flamand offrait quelques pépites qui valaient le détour (la reconstruction des entretiens des uns et des autres au palais de Laeken n’est qu’une partie de l’iceberg). Une véritable enquête au long cours, avec sans doute quelques inexactitudes et manipulations, mais un bel ouvrage de journalisme qui prouve que l’investigation en politique est possible. « De zestien is voor u » est publié aux éditions Lannoo et sera officiellement présenté en fin de semaine. A acquérir, lire ou traduire absolument.

Si vous maitrisez le néerlandais je vous conseille aussi de fréquenter le blog de Boudewijn Vanpeteghem (ancien du Standaard et co-auteur de la remarquable biographie de Guy Verhofstadt « numéro uno ») qui propose sur le site de trends un exercice assez comparable au mien. Je glisse son adresse dans la liste de liens ci-contre. Parce que la multiplication des sources d’information est le meilleur moyen de développer son esprit critique la lecture comparée de nos deux blogs devrait être instructive.

Reynders corrige Ducarme

Didier Reynders était mon invité lundi sur Bel RTL. Alors que je l’interroge sur l’opportunité d’un boycott de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Pékin le président du MR se montrait sceptique « je pense que c’est un débat européen » répond-il d’abord et comme que je lui fait remarquer que le député MR Denis Ducarme a déposé une proposition de résolution en ce sens il précise « il faut qu’on en débatte, si une démarche doit intervenir elle doit être européenne, cela n’a pas de sens d’avoir à Pékin la présence des uns et l’absence des autres ».
Le président indique ainsi publiquement qu’il n’est pas sur la même longueur d’onde que le parlementaire. Alors que je m’en étonne à la sortie du studio Didier Reynders lâche, accompagné d’un haussement d’épaule : « ce n’était pas concerté. Si ce n’est pas concerté, alors… ».

07 avril 2008

Le MR s'inspire du PS



Le mouvement réformateur a lancé ces dernières semaines une campagne baptisée « De vous à nous » destinée à valoriser ses fédérations provinciales. Au programme une série de rencontres décentralisées portée par le logo ci contre. En observant celui-ci et plus particulièrement sa déclinaison vidéo diffusée en boucle dans le hall du MR je me suis dit que ces éléments graphiques me rappelaient quelque chose. De quoi s’agit-il ? Simplement de quatre cercles de couleur pâle (rose, vert, bleu et orange) qui renvoient probablement au souhait d’incarner une forme de synthèse du débat politique, et insinuer l’idée qu’au terme de ces débats la force politique qui les organise est à même de représenter la société belge dans sa complexité et ses nuances.

Après recherche effectuée dans mes archives voici une communication visuelle qui utilise la même recette. On y retrouve les 4 cercles de couleurs. Il s’agit d’un dépliant distribué par le PS peu avant la campagne électorale de l'an dernier pour faire le point sur les réalisations du gouvernement sortant (et souligner l’empreinte PS dans ce gouvernement bien sûr). Le plus surprenant est dans le choix des teintes pâles : à quelques nuances près ce sont les mêmes couleurs qui retiennent l’attention des communicants du boulevard de l’empereur et de l’avenue de la toison d’or. Visiblement le mouvement réformateur surveille de près ce qu’édite le PS… et le ressort un an plus tard. Inconsciemment ?

02 avril 2008

Il ne regrette pas d'avoir raté la photo

Bernard Clerfayt était mon invité à 7h50 ce matin. Le tout nouveau secrétaire d’état aux finances a indiqué qu’il comptait notamment centrer ses nouvelles fonctions autour de la fiscalité verte (comprenez les incitants fiscaux favorables aux investissements écologiques). Bernard Clerfayt est également revenu sur l’arrêt de la cour de justice européenne sur l’assurance dépendance flamande. Enfin, il ne regrette pas d’avoir raté la photo officielle du gouvernement Leterme devant le parlement : « cela m’a fait beaucoup de publicité » dit-il.

L'interview est ici.

01 avril 2008

L'équipe Leterme s'installe sur internet


La chancellerie virtuelle est encore en cours d’installation. Si vous visitez ces jours-ci le site http://www.premier.be/ vous découvrirez le nouveau site d’Yves Leterme en tant que premier ministre. Le nouveau locataire du 16 a choisi un style sobre et aéré, dans une tonalité orange pâle pas désagréable. D’emblée les différences sautent aux yeux avec la version précédente du site, gérée par Guy Verhofstadt : place plus importante pour l’iconographie, présence de vidéos (ce n’était pas le cas avec l’équipe de Guy : on franchit ici une étape) et surtout une volonté de faire apparaître l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Les trombines de tous les ministres apparaissent désormais sur la page d’accueil alors qu’autrefois les liens vers les autres ministres étaient introuvables.
Je ne sais pas depuis combien de temps ce site est ouvert au public, mais il reste encore des imperfections. Ainsi l’agenda ne propose que des évènements passés (en temps que journaliste c’est plutôt l’agenda des jours à venir qui m’intéresserait), beaucoup de rubriques restent vides et lorsque j’essaye d’importer le feed xml il arrive chez moi… en néerlandais… Fâcheux.

Vous souhaitez comparer avec l’ancienne version ? Très simple. Si le site premier.be est désormais géré par l’équipe Leterme, l’adresse http://www.ruedelaloi.be/ a été oubliée et reste pour l’instant aux couleurs de Guy Verhofstadt. Précipitez-vous, car après la publication de cet article cela risque de ne pas durer très longtemps. Le dernier billet mis en ligne est celui qui indiquait les horaires de la mise en place du nouveau gouvernement. Tout un symbole.

Les cartes essences namuroises, épisode II

J'avais mentionné sur ce blog les maladresses de l'échevin namurois Arnaud Gavroy dans l'utilisation de sa carte essence. L'affaire a désormais une suite. Le journal Vers l'Avenir affirme ainsi que Frédéric Laloux, frais secrétaire d'état et chef de file du PS local, aurait eu dans le passé une utilisation douteuse de sa propre carte.

Marcourt répond à Peeters


Jean-Claude Marcourt était mon invité ce matin sur Bel RTL. Il est revenu longuement sur les propositions dominicales du ministre président flamand Kris Peeters. Le ministre wallon a dit assez clairement « non » aux suggestions du numéro 1 du nord. Pas question de « régionaliser » une partie des allocations chômage pour récompenser des demandeurs d’emploi plus méritants que d’autre, ni de déterminer les subsides fédérales versées aux régions en fonction du nombre de demandeurs d’emploi replacés. En revanche le socialiste liégeois a fait un pas vers la Flandre : il ne se dit pas opposé à des politiques différenciées. En clair on peut imaginer que la Flandre aide davantage les chômeurs de plus de 55 ans tandis que Bruxelles et la Wallonie se concentreraient sur les plus jeunes. Deux fois « non » peuvent donc cacher un « oui ».

L’interview est ici.