30 décembre 2006

Meilleurs voeux

Le papier c'est ringard, vive l'internet. Pour les voeux 2007 nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser la carte de voeux électronique. Les politiques suivent la tendance. Avec plus ou moins de bonheur. Tour d'horizon.


Sur le site du PS, ce petit mot manuscrit signé Elio :"soyons fiers de nos idéaux, bonne année 2007". C'est efficace et classique, avec les visuels habituels du Ps "nouveau look" (notez le paysage très "force tranquille").


Le site du MR est lui sur son 31. Ambiance nouvel an dès la page de garde (avec la boule qui neige quand on la retourne).


Comme son ami Elio, Didier Reynders signe aussi ses voeux (désolé la reproduction n'est pas très grande, sur le site il faut avoir une loupe pour lire "bonne et heureuse année", faut croire que le MR ne veut pas d'internautes myopes dans son électorat).


La carte est la même que la version papier des voeux du président du MR. Notez ici que le père noël demandé à Dubus est vétu de bleu.


Au CDH l'année 2007 ne commence pas par une révolution, mais par du très classique, avec d'un coté la facade de la rue des deux églises, et de l'autre la signature de Joëlle (notez ici que le fond est rouge, cela fera sûrement jaser, les analystes pourraient y voir le signe que le CDH cru 2007 poursuit sur sa lancée 2006).







Coté originalité, belle performance d'écolo avec une photo collective (tiens, je les croyais plus nombreux, il en manque, non ?) sur la grand place de Bruxelles.



Mention spéciale pour le carolo Xavier Desgain qui a osé le maillot de bain (au centre). Méritoire, car vous constaterez dans cet excellent making off (ne vous privez pas du son !) que ce jour là les passants portaient des écharpes.







Enfin du coté des personnalités , distinguons ce message du président du parlement francophone bruxellois (ecolo lui aussi) qui a fait preuve d'un certain sens de l'humour.

Ce n'est pas fini, nous ne sommes que le 30 décembre, j'espère en trouver d'autres dans les prochains jours. N'hésitez pas à me signaler les meilleurs voeux politiques électroniques pour 2007...

19 décembre 2006

Devoirs de Noël

Pour les parlementaires, c’est le même scénario chaque année : juste avant noël il faut, dans l’urgence, voter une « loi programme » et une loi « portant des dispositions diverses ». Ces deux textes « mammouths » (on parle de milliers de pages) sont à avaliser impérativement avant les fêtes : certaines dispositions sont d’application au premier janvier. Cette semaine députés et sénateurs sont donc invités à mettre les bouchées doubles. Les députés qui ont commencé leurs travaux en plénière ce mardi matin devraient avoir voté le tout dans la nuit de jeudi à vendredi. Comme les sénateurs doivent attendre que le texte leur soit transmis par les députés, le vote est programmé dans la haute assemblée pour samedi 19 heures. Les mauvaises langues n’excluent pas que les sénateurs, dans un excès de zèle et n’adoptant pas le train habituel de leur assemblée, se débarrassent de leur corvée vendredi aux petites heures, histoire d’avoir un weekend presque complet.
Que les parlementaires travaillent d’arrache pied, n’est pas un scandale en soi. Ce qui peut être plus difficile à justifier en revanche c’est la présence dans ces textes de dispositions qui mériteraient à elles seuls un débat approfondi. C’est le cas d’un texte sur la double nationalité, ou de l’indemnisation des victimes de l’amiante. Même si l’intention est louable, il faut parfois, pour bien faire, prendre son temps.

17 décembre 2006

Passons à autre chose

Il faut oser l'écrire : la RTBF a parfaitement réussi un coup médiatique, nottament en mettant de son coté une partie de la presse écrite. Il faut ainsi souligner que les rédactions de plusieurs quotidiens avaient été opportunnément prévenues du caractère "historique" de l'émission avant son lancement. Cela aide à prévoir un espace internet et des pages spéciales pour le lendemain. Cela implique aussi que vous ne viviez pas l'émission comme un "telespectateur lambda" mais comme un observateur, déjà dans la confidence. On peut dire que ces rédactions ont fait l'objet d'un travail utile de "préparation" , pour ne pas dire "conditionnement".
Cela n'excuse pas une certaine dose de mauvaise foi. Ecrire ce week end que la prochaine réunion du front des francophones est liée à l'émission de mercredi est d'une complaisance qui dépasse l'entendement.
En ce qui me concerne, je pense qu'il est temps de clore le débat sur ce blog. Je vous renvoie vers deux forums où il pourra se poursuivre : l'un pour et mis en place par la rtbf , l'autre contre.

16 décembre 2006

Une erreur, pas de sanction


Le conseil d’administration de la RTBF a donc reconnu ce vendredi soir des « erreurs importantes » (ce n’est pas rien, mais le qualificatif de « faute » n’a pas été retenu), tout en confirmant sa confiance dans « les équipes de la RTBF, journalistes, hiérarchie et équipe dirigeante ». Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les termes du communiqué ou sur l’absence de sanction (il est vrai que travaillant pour la chaîne concurrente je ne suis pas le mieux placé dans ce débat). Je me crois cependant autorisé à soulginer deux points :
1) Il existe un décalage entre les condamnations fortes d’Elio di Rupo et Fadila Laanan au soir de la diffusion de ce programme et le communiqué du conseil d’administration, alors que les représentants du parti socialiste y disposent d’une majorité absolue.
2) L’annonce de la création d’un comité de déontologie interne est injurieux pour mes confrères de la RTBF. De telles questions de déontologie sont évidemment tranchées quotidiennement par chacun des journalistes à l’occasion de chaque reportage. On notera que des journalistes ont refusé de participer à l’émission et que d’autres (dont plusieurs chefs de services directement concernés par la thématique) ont été soigneusement tenus à l’écart de ce projet. La société des journalistes, dans ce débat a clairement joué son rôle. La « qualité déontologique » de l’ensemble de la rédaction n’est donc pas en cause, c’est bien celle des porteurs du projet et de la haute hiérarchie qui pose (posait ?) question. Le conseil d’administration a donc habilement déplacé le débat là où il ne devait pas avoir lieu.

Pour terminer, une anecdote. Ce vendredi après midi, au moment ou le conseil d’administration de la RTBF était réuni, le président de la société des journalistes de RTL TVI interpellait le rédacteur en chef de la chaîne privé après la diffusion dans le journal de 13 heures d’un reportage que plusieurs journalistes considéraient comme douteux. Consacré au « raid turquoise » on y voyait un protagoniste interviewé devant le drapeau de ses sponsors, ce que nous considérions comme déplacé. Le reportage n’a pas été rediffusé à 19 heures. Si je révèle cette anecdote , c’est pour indiquer que contrairement à ce que pensent beaucoup d’intellectuels, éditorialistes, et même quelques confrères, les journalistes de RTL TVI n’ont peut être pas tant de leçons à recevoir en matière de déontologie.
Il fut un temps pas si lointain, pourtant, ou un présentateur de la RTBF estimait nécessaire d’avertir son propre public que le premier ministre n’était pas « en vrai direct » sur la chaîne concurrente.

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15 décembre 2006

Ceci n'est pas un docu fiction


Dans une polémique comme celle qui nous occupe désormais le choix des mots a son importance. Depuis deux jours la RTBF, suivie par la plupart des journaux belges, utilise le terme de « docu-fiction » pour évoquer son « édition spéciale ». C’est un détournement sémantique. Un docu-fiction c’est l’utilisation d’acteurs pour reconstituer des faits réels. La prestigieuse BBC a donné ses lettres de noblesse à ce genre télévisuel. Ce n’est pas du tout ce qu’a fait la RTBF. Les personnes à l’antenne étaient des journalistes, connus et identifiés comme tels par les téléspectateurs. Les hommes politiques étaient de véritables hommes politiques. La soirée de mercredi n’appartient donc pas au genre « docu fiction » mais s’inscrit dans un registre, bien plus trouble de la manipulation de l’opinion.

On peut avoir plusieurs lectures de l’événement. Je comprends bien la position de plusieurs commentateurs qui sont intervenus sur ce blog, de la RTBF elle même, ou de certains confrères. Il s’agissait de créer un débat, de provoquer un choc. La démarche s’inscrirait dans la tradition d’Orson Welles. C’est voir la vraie fausse édition spéciale comme une création artistique. Un objet télévisuel non identifié qui a le mérite de remettre en cause les codes d’écritures journalistiques et de provoquer l’émotion. Très bien, mais cela n’est pas du journalisme. Adopter cette grille de lecture c’est méconnaitre l’impact de la télévision et abuser de la confiance de téléspectateurs, qui dans leur grande majorité ne possèdent pas les « clefs » permettant de déjouer une supercherie dont ils sont les victimes.

La seule lecture acceptable, à mon sens, est celle qui consiste à voir la télévision pour ce qu’elle est réellement (un média grand public extrêmement puissant dans la communication des émotions et qui obéit à des codes d’écriture) et le journalisme pour ce qu’il ne doit jamais cesser d’être (la recherche et la diffusion de la vérité). Sous ces deux prismes la RTBF est en faute : elle n’a pas maîtrisé la portée de l’émotion qu’elle provoquait sur base d’un fait factice, elle a instrumentalisé ses journalistes dans une démarche qui relève de la création vidéo et non pas de la diffusion d’informations.

Aujourd’hui la RTBF a perdu tout crédit au niveau international. C’est le prix à payer pour un « coup » pensé et mis en place pour faire l’événement, mais pas, contrairement à ce que la RTBF annonce, pour informer. Et je suis bien conscient que ces lignes vont irriter plus d'un lecteur de ce blog.
PS : de nombreux blogs parlent du phénomène. Je conseille ce billet de Philippe Leruth, ancien président de l'association des journalistes professionnels, et, à l'opposé, celui de François Schreuer, avec qui je ne suis cependant pas d'accord .

13 décembre 2006

Les apprentis sorciers

La RTBF vient ce mercredi soir d’offrir un spectacle consternant : une fausse édition spéciale annonçant la fin de la Belgique. Dans cette fausse édition spéciale on a pu voir les journalistes habituels du journal télévisés commenter un événement fictif. Certains hommes politiques se sont prêtés au jeu (d’autres prétendent avoir été abusés, c'est dire). On a également vu des policiers participer à cette mise en scène douteuse. La RTBF qui avait tout d’un coup retrouvé des moyens a multiplié les duplex et nous a même gratifié d’une séquence en hélicoptère. Beaucoup de téléspectateurs y ont cru (même le standard de RTL fût inondé d’appels de téléspectateurs paniqués. Des ambassadeurs se sont laissés abusés et ont alerté leur capitale. Il aura fallu (si je suis bien informé) l’intervention d’un cabinet ministériel pour que le bandeau « ceci est une fiction » apparaisse au bout d’une bonne demi-heure à l’écran. La vivacité des réactions (communiqué du premier ministre, du MR, d’Elio di Rupo, d’André Antoine, etc…) est à la hauteur du scandale. On ne mélange pas info et fiction (Orson Welles l’a fait, mais il n’était pas journaliste). On ne joue pas avec un thème aussi sensible que la fin d’un Etat lorsque des tensions réelles existent. On n'utilise pas des images de guerre pour faire peur au telespectateur (le parachutage d'un commando sur l'emetteur de Reyers étant un sommet). La RTBF a joué mercredi soir aux apprentis sorciers : en expérimentant « en direct » le pouvoir de la télévision. Sans se soucier apparemment des conséquences.

Laurent, Van Cau : même combat


Le prince Laurent est donc dans la tourmente médiatique. C’est le journal Het Laatste Nieuws qui a sonné la charge. 3 jours de scoops successifs annonce le très lu quotidien flamand, sur la base du témoignage du colonel en retraite Noël Vassen, poursuivi en justice pour des détournements de fonds. Ancien conseiller du presse celui ci ne fait pas dans la dentelle : le prince savait que l’argent employé pour rénover sa villa était d’origine douteuse affirme-t-il.
Et l’ancien conseiller ne s’arrête pas là : Laurent adore l’argent, la vitesse et les jeunes femmes, dans des proportions souvent déraisonnables. Les médias francophones ont embrayés. Voilà pour le décor.
D’emblée une constatation : il y a quelques années seul le détournement de fonds aurait intéressé la presse. L’usage immodéré de voitures de luxe, ou les aventures galantes à répétition relèvent à priori de la sphère privée et ne constitue pas des infractions. Ils sont à priori réservés à la presse « tabloid ». Il faut constater que la « peopelisation » du prince l’expose désormais dans sa vie privée. C’est une évolution de la presse belge.
Deuxième constat : la réalité des faits rapportés. La plupart des « travers » du prince révélés ces derniers jours étaient des secrets de polichinelle dans les milieux médiatiques et politiques. Il n’est pas anormal qu’ils soient désormais sur la place publique. Il n’est sans doute pas opportun de vouloir ne voir dans ces articles qu’une campagne antiroyaliste de la presse flamande. Cette explication est trop courte.
Du Prince Laurent on voudrait donc écrire la même chose que sur Jean Claude Van Cauwenberghe : il est normal que la presse relaye, relève et s’interroge. La limite à ne pas dépasser est l’attaque gratuite, sans fondement et la tentative de déstabilisation. Les journalistes n’ont le droit ni de se taire ni d’attaquer gratuitement. Ils n’ont pas non plus à se substituer à la justice. Les journalistes peuvent dénoncer et prévenir. La démonstration d’une infraction et la punition équitable incombent aux magistrats.
Troisième constat : le prince Laurent, malgré sa grande popularité n’a plus beaucoup d’alliés. Le communiqué publié par le premier ministre ce mardi soir indique clairement que Guy Verhofstadt ne veut pas être accusé de protéger le prince (même s’il se trouve des juristes pour contredire le premier ministre sur le point précis de l’immunité, puisque le prince est aussi sénateur). Il faut rappeler que celui-ci jouit désormais d’une dotation, mise en place sous gouvernement arc en ciel. Bénéficier d’argent public pour assurer sa subsistance est un grand privilège. On peut estimer normal que ce privilège impose un devoir de sagesse.

12 décembre 2006

Le paradoxe de l'équilibre


Le gouverneur de la banque nationale a donc confirmé ce lundi une croissance plus élevée que prévue en Belgique pour 2006. Au lieu des 2,5% annoncés en début d’année la croissance du PIB devrait atteindre 3%. C’est d’avantage que la croissance moyenne de la zone euro et on peut y voir le signe que l’économie belge va mieux. Autre prévision de la banque : le budget de l’état sera juste en équilibre (la prévision du printemps prévoyait un déficit). Là, contrairement aux apparences ce n’est pas une bonne nouvelle. D’abord parce que l’état n’atteint l’équilibre que grâce à une croissance plus élevée que prévue et grâce à une nouvelle série d’opérations non-récurrentes. Ensuite parce que dès l’an prochain la banque prévoit un déficit de -0,4%.Même s’il soulignait que la banque ne prenait en compte les mesures d’économie gouvernementales que quand elles sont précisées (et donc pas les effets d’annonce) et même si l’an prochain le contrôle budgétaire permettra d’arrondir les angles, le gouverneur a donc appelé hier à une politique plus audacieuse. On pourrait ainsi traduire son propos : avoir un petit déficit lors d’une année difficile est plus méritoire que d’atteindre l’équilibre une année de forte croissance

11 décembre 2006

Le tango de Bart et Jean-Marie


Pour une fois cela ne se passe pas en Wallonie mais en Flandre. Jean Marie Dedecker ne rejoindra finalement pas la NVA. Le transfert avait pourtant été annoncé spectaculairement il y a 15 jours. Sommée de choisir entre sa nouvelle recrue de poids et son juteux cartel avec le CD&V la petite formation nationaliste a préféré garder un pied dans la porte du gouvernement flamand (il se dit en Flandre que Geert Bourgeois est très attaché à sa fonction de ministre). Oui à Dedecker, à condition qu’il ne se présente pas l’an prochain. Jean Marie ira donc se présenter ailleurs. Comme dans un tango la NVA a fait deux pas en avant suivis de trois pas en arrière. L’histoire est riche d’enseignements.
1) Le président de la NVA Bart De Wever n’est pas le stratège qu’il croyait être et se retrouve affaibli.
2) La NVA ne peut pas se passer de son alliance avec le CD&V et vient de perdre en autonomie et en crédit.
3) Jean Marie Dedecker n’est pas le champion populaire qu’il pensait et peut aussi essuyer des revers. Il apparait aussi comme un "coureur de mandats" alors qu'il est déjà député flamand et sénateur.
Reste à voir quel kimono l’ancien entraineur de l’équipe belge de judo peut encore enfiler lors des prochaines législatives. Celui du VB ? Celui de Vlott, le parti de son ancien camarade du VLD, Hugo Coveliers ou bien les couleurs de sa propre formation ?
Comme ce remue-ménages a eu lieu en pleine période de sondage, le prochain baromètre RTL-La Libre sera particulièrement intéressant à décoder.

09 décembre 2006

L'affaire Kir n'est pas close

Il faut reconnaitre un grand mérite au journaliste bloggueur Mehmet Koksal : celui de ne pas abandonner facilement. Celui qui a le premier révélé que le secrétaire d'état bruxellois Emir Kir avait une position ambigue sur le génocide arménien revient à la charge. Après avoir mis en ligne une pétition où une signature répondant au nom d'Emir Kir figure en très bonne place, vous trouverez sur son site un papier sur les derniers débats consacrés à l'affaire au parlement bruxellois. Comme la plupart des médias grand public n'étaient pas présents, c'est une occasion de souligner l'apport de ce blog. Lors de cette séance le MR a menacé le secrétaire d'état d'une motion de défiance dans les 8 jours s'il ne clarifie pas sa position. Je vous conseille l'écoute du podcast proposé ici.

La fête de l'esprit


C’est une expression employée fréquemment par un membre du gouvernement régional « le parlement wallon ? » raille-t-il en glissant un regard oblique vers son interlocuteur, « cette fête de l’esprit ? ». La boutade dit toute l’estime que le ministre porte à ceux qui sont censés le contrôler. On ne saurait trop le blâmer : le niveau du débat parlementaire à Namur dépasse rarement les quelques mètres au dessus de la Meuse qui permettent au bâtiment de ne pas être inondé en cas de forte crûe.
Le spectacle offert cette semaine par la commission « immo-congo » ne déroge pas à la règle. Le sommet du genre « parlementaire cloche merle » a été atteint ce jeudi avec l’audition de Marie Dominique Simonet (CDH) et Jean Claude Van Cauwenberghe (PS). La première n’était pas ministre au moment des faits (elle dirigeaient alors le port de Liège, c’était sans doute très loin de Kinshasa), elle fût pourtant auditionnée près de 5 heures. Le second est au centre de l’affaire : il était ministre président wallon, a permis à l’une de ses connaissances d’être « récupérée » alors que le marché lui avait échappé : les députés wallons l’ont entendu pendant 3 heures seulement. Si la durée est révélatrice l’ambiance l’était plus encore. Face à Marie Domnique Simonet les députés socialistes et réformateurs se sont montrés pugnaces, intraitables, agressifs parfois et souvent de mauvaise foi. Il fallait absolument faire dire à Marie Dominique Simonet que c’était un acte politique (comprenez politicien) que de transmettre le dossier « immo congo »à la justice. Qu’elle n’avait pas de preuve contre Van Cau et que tout cela s’était fait sur ordre de sa présidente de parti. Les questions étaient très répétitives. Et on ne peut pas dire que le talent oratoire de ceux qui les posaient permettait de rendre le débat passionnant. En début d’après la quasi totalité des journalistes avaient d’ailleurs fini, lassés, par quitter la salle.
Jean Claude Van Cauwenberghe, qui était entendu par ses collègues puisqu’il est désormais redevenu "simple"député wallon, eut droit à un autre traitement. D’abord un long exposé de près d’une heure, sans aucune interruption. Ensuite une séance de questions polies, sans réelle contradiction à l’exception du député CDH Michel Lebrun. Van Cau est pourtant au centre de l’affaire. Sa déclaration était en complet décalage avec celles d’Hervé Hasquin , ou Philippe Suinen, entendus précédemment, mais les députés l’ont à peine relevé. Son manque d’explication sur des points cruciaux est presque passée inaperçu (ainsi lorsqu’on lui demande pourquoi le nom de la société Capamar , qui figure dans un document de la communauté française, est remplacé par l’expression neutre « une société wallonne » dans un document du gouvernement wallon signé de sa main, Van Cau dit juste qu’il ne sait pas comment cela est arrivé, ses collaborateurs non plus paraît-il, et aucun député n’ose aller plus loin dans l’interrogatoire°. On concédera que Van Cau était « à l’aise » , qu’il avait bien préparé son intervention et que son charisme est réellement supérieur à celui de Marie Dominique Simonet. Il n’empêche : on a eu l’impression , pour paraphraser un proverbe chinois, que les députés wallons cherchaient plus de poux au sage qui montre la lune qu’à la lune elle-même. L’entente MR-PS pour défendre les exécutifs sortants et tenter d’éclabousser le CDH était évidente. On corrigera donc l’ironique ministre : « le parlement wallon ? la fête de l’esprit…partisan ».

04 décembre 2006

Quand l’état protège l’image de VW


Le conflit qui oppose les travailleurs de VW Forest à la direction du groupe automobile entre dans une nouvelle phase. Depuis vendredi on sait donc officiellement que la direction allemande entend conserver 3000 travailleurs pour produire au moins 100 000 exemplaires de l’Audi A1 à partir de 2009. Pour cela les travailleurs devront vraisemblablement accepter un surcroît de productivité (en langage trivial cela signifie travailler plus pour le même salaire, ou gagner moins pour produire autant). La période 2007-2009 reste floue (quand arrêtera-t-on la production de la golf, quelle devra être l’intervention de l’état, et que comprendra le plan social restent des questions sans réponses). La manifestation de ce samedi aura probablement permis de tourner la page, et donne le coup d’envoi de négociations nécessairement plus discrètes.
Le groupe VW a donc donné le signal que l’on attendait. Mais il l’a donné dans une situation particulièrement confortable. Ce vendredi les patrons de VW, Martin Winterkorn et Ferdinand Piech ont eu droit à un accueil digne d’un grand chef d’état. La garde au « 16 rue de la loi » avait été renforcée par des policiers en tenue (le double du nombre habituel) et en civil. Le convoi de VW a également eu droit à un escorte officielle et l’arrivée à la chancellerie fut rocambolesque : le convoi a remonté un bout de rue en sens interdit et est entré dans le parking du parlement par la porte de sortie. L’accès du parking fut interdit aux journalistes le temps de la rencontre. L’enjeu était clair : éviter toute photo attestant de la présence des dirigeants allemands à Bruxelles et leur éviter tout contact avec la presse. Question d’image. Grâce à la protection de l’état aucun journaliste n’aura donc pu interpeller les partons allemands. Les ouvriers de Forest apprécieront.

De l’influence du baromètre


En météo le baromètre mesure la pression atmosphérique et sert à prévoir le temps du lendemain. En politique le baromètre (comprenez ce sondage régulier qui mesure la popularité et la confiance de la population pour leurs élus) a théoriquement la même fonction. En pratique il arrive que les acteurs du climat politique, se sachant sous le coup de l’observation des sondeurs, adaptent leur comportement aux circonstances. La saga de ce début de semaine n’échappe pas à ce dérèglement. Si Philippe Courard a déjà tenté ces derniers jours de « mouiller » les élus communaux de Charleroi dans la mauvaise gestion de leur ville, il n’a pas fait dans la dentelle ce week-end, intervenant fortissimo dans les débats télévisés sur le mode « la meilleure défense est l’attaque « (il faut rappeler que le ministres des affaires intérieures a bien la tutelle sur les communes, même s’il estime qu’il lui était impossible d’agir sans dénonciation). Didier Reynders n’a pas réagit mezzo voce en estimant qu’il s’agissait d’un amalgame comparable aux « méthodes de l’extrême droite », ce qui demeure insultant pour n’importe quel élu démocratique, qu’il soit socialiste ou pas. Elio Di Rupo n’a rien arrangé en estimant (un peu tard, puisque son communiqué n’est expédié que vers 19 heures, soit après que la déclaration soit diffusée une deuxième fois au journal de RTL TVI) qu’il était « indiqué » que le président du MR présente des « excuses sincères » au ministre wallon de l’intérieur. Ce lundi matin Didier Reynders appelait à son tour Philippe Courard à présenter des excuses, mais cette fois aux conseillers communaux qu'il aurait offensé. Aurait-on évité cette surenchère si le sondage du baromètre RTL-La Libre Belgique n’était pas en cours ? C’est hélas probable. Au lendemain des élections la présidente du CDH Joëlle Milquet réclamait l’interdiction des sondages à la veille des élections. Elle devrait surtout déconseiller à ses confrères de vouloir améliorer leur côte à n’importe quel prix.