30 juillet 2007

Elio y croit-il encore ?

Val Duchesse piétine. Ce lundi soir les négociateurs lancent deux groupes de travail supplémentaires, l'un sur l'arrondissement judiciaire de Bruxelles Hal Vilvorde, l'autre sur la coopération entre les régions et l'état fédéral. Le groupe de travail budget, qui se réunit lui depuis une semaine n'a toujours pas de chiffres précis à proposer (le déficit budgétaire 2007 varie de 1milliard 6 à 1 milliard 9 suivant les sources).
Improductive l'orange bleue ? Je vous conseille ce détour par le blog d'Elio Di Rupo : vous y lirez que le président du PS s'attend à des surprises (il vous propose même de parier un kilo de chocolat)... et n'exclut pas des rebondissements. On ne serait pas étonné que le terme "rebondissement" renvoie à d'autres coalitions "PS inside". Elio, est-il bien informé et plus si sûr d'aller dans l'opposition ? Ou c'est juste pour mettre la pression ?

27 juillet 2007

Le Doute


L’épisode du vrai-faux accord sur une baisse des impôts a amplifié un doute latent : et si Leterme n’y arrivait pas ? Plusieurs confrères de la presse écrite se posent désormais ouvertement la question (c’est même la une du Vif). Il est sans doute un peu tôt pour enterrer le formateur, à qui on accordera le bénéfice du doute. La maladresse n’est pas un pêché mortel, surtout lorsqu’on pèse 800 000 voix, et l’homme pourrait encore nous surprendre.


Je ne reviendrai pas sur la personnalité de Leterme et ses blocages face à la presse (le patron des sociaux chrétiens flamands tente apparemment de dissimuler son angoisse derrière de l’agressivité, ce qui n’est pas une bonne idée… et si je peux me permettre un conseil, un peu d’authenticité ne lui ferait pas de mal).
Si la fréquentation du porche de Val Duchesse tout au long de la semaine ne m’a pas appris grand chose sur Yves Leterme, le comportement des autres négociateurs est beaucoup plus édifiant. Il faut oser l’écrire : les partenaires de l’orange bleue ne négocient pas (ou pas encore). Ils sont en campagne électorale.


Quand la présidente du CDH se cabre sur un projet de baisse d’impôts (immédiatement et habilement rebaptisé « réforme fiscale » par le ministre des finances) elle se trompe d’exercice. Si Milquet négocie un accord de gouvernement, demande des chiffres, veut vérifier que c’est compatible avec l’épure budgétaire, ses partenaires, eux, sont à l’affut du « bon coup ». Ce vendredi le CDH s’est donc mis au diapason des autres formations en revendiquant la paternité de « l’accord de principe sur l’augmentation des allocations sociales ». Il ya quelques mois le CD&V et le CDH raillaient la politique d’effets d’annonce de Guy Verhofstadt. Ils utilisent aujourd’hui les mêmes ficelles.


A la place d’Yves Leterme on commencerait doucement à s’inquiéter. Tant que les négociateurs cherchent avant tout à marquer des points dans l’opinion publique il sera difficile d’avancer. "Je travaille pour réussir" lançait ce vendredi après midi le formateur devant les journalistes. Et les autres ?

25 juillet 2007

L'accord qui n'existait pas

Curieux vaudeville à Val Duchesse ce mercredi. Peu après 18 heures Joëlle Milquet, sortant de négociations, indique à la presse les difficultés à trouver un accord sur une baisse des impôts, les chiffres budgétaires n'étant pas bons et le marges réduites explique-t-elle en substance.
20 minutes plus tard Yves Leterme, formateur, précise toutefois qu'il est sûr qu'il y aura une baisse des impôts. Il ne précise toutefois ni la date de son entrée en vigueur, ni son ampleur ni les groupes bénéficiaires (bas salaires ou salaires moyens ?). Entre le CDH et le CD&V il y a une brèche.
Didier Reynders, s'y engouffre. Vers 19h40, sortant à son tour, le président du MR affirme qu'il a rappelé le formateur pour s'en assurer : il y a bien un accord sur une réforme fiscale dit-il. Traduction : Joëlle a tort, ou alors elle est la seule à s'y opposer. Réaction du CDH par voie de communiqué un peu plus tard : le CDH n'a pas marqué son accord sur une réforme fiscale. Le texte indique même que les centristes francophones sont "très étonnés " (traduction : furieux) de l'emploi du terme "accord."On y verra plus clair plus tard ?
Mon reportage pour RTL TVI est ici.

Remaniement : au tour des chefs cab

Marie Arena reste donc ministre présidente de la communauté française et conserve la compétence de l'enseignement. Ce qui n'avait pas été dit en revanche lors de l'annonce du remaniement ministériel de la semaine dernière c'est qu'elle change de chef de cabinet. Gaétan Servais sera remplacé par Renaud Witmeur, qui était jusqu'ici chef de cabinet de Rudy Demotte. Ce changement de patron pourrait annoncer un réorganisation de l'ensemble du cabinet Arena. La nouvelle, connue des membres du cabinet depuis quelque jours déjà, m'a été confirmée par la porte parole du parti socialiste. On peut y voir la volonté du président du PS de renforcer la solidité de l'équipe dirigeante en place à la communauté française. Gaétan Servais, organisateur du festival de rock des Ardentes, aurait été jugé en partie responsable des "errements" parfois reprochés à la ministre-présidente.

24 juillet 2007

Leterme atterit, le pugilat s'amplifie




Yves Leterme a fait ce lunddi soir un réel mea culpa : reconnaissant une faute, et présentant ses excuses à « ceux qui auraient pu être choqués », le formateur a confirmé qu’il s’était bien mélangé les pinceaux sur l’hymne national. En agissant de la sorte Yves Leterme ne se laisse pas enfermer par ceux qui voulaient ne voir dans l’incident qu’un excès d’esprit critique de la presse francophone, et se place en bien meilleure situation pour négocier. Fin de l’incident qui aura donc permis à Yves Leterme de retomber sur ses deux pieds en prouvant qu’il peut bien, à terme, s’imaginer en premier ministre de tous les belges.

Le formateur est-il sorti d’affaire pour autant ? Pas sûr. A peine sa note remise les libéraux francophones et flamands ouvraient les hostilités. Le texte est vague, imprécis, pas concret disaient les uns. Inacceptable disaient les autres : les gars, il faudra vous mettre d’accord. En réalité si la note reste imprécise sur les points les plus délicats elle contient aussi beaucoup de projets. Certains vont ouvertement à l’encontre des intérêts francophones ou wallons. D’autres devraient hérisser les syndicats. J’y reviendrais dans le détail.



Lundi soir, à chaud, Didier Reynders n’hésitait pas à affirmer que l’on s’avait d’où venait la note et qu’on gagnerait du temps à réécrire d’emblée certains chapitres.

Ce mardi parès midi c’est Joëlle Milquet qui a durcit le ton à son tour. Si l’on souhaite discuter de transfert de fiscalité, pas question expliquait-elle, très remontée, en sortant de la première journée de négociation. Et la présidente du CDH ajoutait même que si elle avait été tenue à un devoir de réserve jusqu’à présent elle pouvait désormais dire tout le mal qu’elle pensait de cette note puisque celle-ci est aujourd’hui publique : « si vous la lisez vous devez comprendre pourquoi nous étions réticents jusqu’à présent » a-t-elle lancé à la presse.

Est-ce surprenant ? Non si l’on considère qu’un début de négociation impose toujours un peu de musculation pour que les partenaires aient le sentiment d’être respectés. Mais l’on pouvait penser que cette phase était derrière nous. Pour négocier il faut du calme, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Val Duchesse avait été retenu. Si les déclarations d’entrée et de sortie continuent à ce rythme il faudra alors se rendre à l’évidence : l’orange bleue, jusqu’à présent, a enclenché une spirale négative où chaque partenaire semble tout à tout vouloir durcir le jeu.




Mon intervention dans le journal de 19 heures est ici.
NB : certain lecteurs avisés avaient remarqué une confusion dans les dates... j'ai sans doute hâte que cela avance... c'est corrigé, merci pour vos remarques.

22 juillet 2007

Le 21 juillet d'Yves Leterme



La Belgique présente-t-elle une valeur ajoutée ? On se souvient que l'affirmation contraire figurait dans une fameuse interview accordée à Libération par Yves Leterme. Un peu moins d'un an plus tard il était donc légitime de reposer la question à celui qui s'apprête à devenir premier ministre. Ce qu' a fait la RTBF. Au risque de déplaire à la hiérarchie de RTL, mais il faut vivre dangereusement, je vous invite donc à visionner ce reportage inspiré de Christophe Deborsu diffusé samedi soir.
Yves Leterme ignore visiblement la symbolique du 21 juillet (incapable de préciser qu'il s'agit de la date de prestation de serment de Leopold 1er, mais c'est aussi le cas de Rudy Demotte, et Guy Verhofstadt aura besoin d'un temps de réflexion). Plus spectaculaire encore : lorsqu'on lui demande de chantonner la Brabançonne... c'est le premier couplet de la Marseillaise qui sort de ses lèvres.

On peut bien sûr imaginer qu'Yves Leterme a voulu faire de l'humour au second degré. Cela ne serait qu'une faute de goût. Le premier couplet de la marseillaise une provocation.


J'ai peur que le malaise soit plus profond. Jeudi matin j'avais moi même tenté de sonder l'attachement du formateur à la date du 21 juillet, alors qu'il sortait d'un entretien avec Albert II. Cela avait donné ceci :


"-Assisterez vous aux festivités du 21 juillet ?

- Oui.

- Cette date revêt elle une importance particulière pour vous ?

- C'est la fête nationale."


Réponse courte, passons à autre chose. Leterme s'en tenait au service minimum. La nomination de Rudy Demotte comme ministre-président wallon suscitait davantage d'émotion dans ses réponses qu'une date symbolique. Le thème du 21 juillet l'avait donc déjà mis sur la défensive. Coincé 24 heures plus tard par un confrère incisif, le malaise est réel et visible.


Lorsqu'il avait participé au grand défi Yves Leterme avait reconnu dans les couloirs, une fois les micros éteints, que son interview à Libération lui avait appris une chose : le second degré ne passe pas en politique. La leçon n'a pas été retenue longtemps.


Bien sûr on m'objectera qu'un homme politique ne peut pas avoir réponse à tout. La toute puissance de la presse dans ce genre de circonstances peut s'assimiler à une dictature du reporter, qui s'arroge le droit de coincer dans les cordes le premier élu qui passe par là. Etre saisi au vol avec une caméra qui tourne n'est pas agréable, et on peut admettre qu'Yves Leterme soit accaparé par d'autres réflexions ces derniers jours. Je ne nie pas que l'immense pouvoir du reporter et de sa caméra peuvent aboutir à des dérapages. Mais dans le cas présent les interrogations du journaliste apparaissent légitimes. Nous ne sommes toujours pas sûrs que le futur premier ministre aime le pays qu'il prétend vouloir diriger. Nous conseillerions volontiers à quelques négociateurs francophones de lui poser franchement la question.

20 juillet 2007

Rénovation, confirmations et ambitions


Rudy Demotte est donc le nouveau patron de la région wallonne. Il a deux ans pour réussir et cela ne sera pas évident. Le parcours de Demotte est jusqu’ici un sans faute : responsable des jeunes socialistes, parlementaire, ministre à la communauté, puis gestionnaire du portefeuille ultra-sensible de la sécu, il n’a jamais trébuché. L’homme est décrit comme rigoureux et fiable, mais parfois un peu terne dans sa communication. Reproche que je nuancerai : Demotte est austère dans son expression orale, mais suit attentivement les nouvelles technologies (le premier reportage dont j’ai souvenir avec lui concernait l’utilisation d’internet par les élus) et se lâche de temps en temps sur son blog. Son récit de l’avant dernier conseil des ministres et des prestations de serment à la chambre vaut le détour.

Cette fois-ci le pari est différent : Demotte ne doit pas seulement gérer, mais aussi incarner un gouvernement. Plus difficile encore : il devra faire la synthèse entre CDH et PS, et faire coexister deux poids lourds liégeois qui ont pu rêver d’avoir son poste. Ce jeudi la déception de Jean-Claude Marcourt était palpable. Son nouveau ministre président devrait veiller à ce qu’elle ne se transforme pas en amertume. Demotte devra donc être capable d’affirmer son leadership tout en donnant à ses lieutenants l’occasion d’exister… dans une période ou Jean-Claude et Michel pourraient avoir à cœur de se placer pour la tête de liste liégeoise aux prochaines élections régionales, c’est déjà tout un programme… On glissera au passage que désigner un ministre président liégeois dans de tells circonstances n'était sans doute pas rendre service à la fédération liégeoise du PS...

Le maintien de Daerden et Marcourt dans leurs fonctions actuelles (symboliquement, un peu augmentées) devrait permettre au gouvernement wallon de rester immédiatement opérationnel. On notera d’ailleurs qu’Anne Poutrain reste chef de cabinet du ministre-président : Demotte s’inscrit bien dans les pas de Di Rupo.

Le même raisonnement peut s’appliquer à Marie Arena : outre une communication basée sur la stabilité le président du PS ne souhaitait sans doute pas se désavouer ni sembler donner raison, beaucoup plus tard, à une presse qui s’était embrasée sur une douche qui semble aujourd’hui assez anecdotique.

Enfin, en sortant deux nouveaux noms de son chapeau le président du PS apporte la touche de nouveauté nécessaire à tout remaniement… et indique clairement aux carolos qui devra désormais conduire les troupes socialistes dans la première ville de Wallonie. Invité sur Bel RTL Paul Magnette le reconnaissait à demi-mot. Marc Tarabella, bourgmestre d' Anthines, faisait de son coté partie du comité de soutien à Ingrid Betancourt.


NB : C’est l’avantage et l’inconvénient du blog : les archives sont en accès libre. Je viens donc de revenir 3 semaines en arrière (le 27 juin pour être précis) pour relire mes pronostics de l’époque sur le remaniement annoncé des gouvernements wallon et de la communauté. J’avais vu juste sur Rudy Demotte, mais je m’étais planté sur la communauté française. Mes prévisions pour Claude Eerdekens, Christiane Vienne, Laurette Onkelinx et Fadila Laanan étaient correctes. Pas pour Christian Dupont. Au total 5 sur 7… Bien sûr je dois reconnaître que je n’avais vu venir ni Paul Magnette ni Marc Tarabella (pas plus il y a deux jours qu’il n’y a trois semaines, soyons honnête) , mais quand je vois que certains collègues avançaient toujours le nom de Jean-Claude Marcourt pour présider la région jeudi matin, ce n’est pas si mauvais…

18 juillet 2007

L'orange bleue, concentré d'acidité


Vous avez aimé la coalition violette, ses vases à 75 euros, son évasion de Termonde, ses 850 millions perdus, et son feuilleton DHL ? Alors vous aimerez la coalition orange bleue. Depuis quelques jours les gentils organisateurs nous ont convaincus : on ne sait pas combien de temps durera le voyage (2 ans ? Une législature complète ?), ni quelle sera la destination finale (Une réforme de l’état ? BHV ? Une réforme fiscale ?), mais le tour opérateur peut déjà garantir une ambiance incomparable.


Cela a commencé il y a deux semaines. La presse flamande puis quelques ténors du CD&V raillent le rapport de l’informateur. : Didier Reynders, selon eux, aurait reçu beaucoup, écrit très peu et quasiment rien déminé. Riposte du MR : la case Dehaene est inutile, elle consiste surtout en une conciliation « interne à la famille sociale-chrétien-humaniste-nationaliste » (Didier Reynders a toujours le chic des formules chocs qui font plaisir). Depuis c’est la foire.
Dehaene (qui a passé 17 heurs avec Milquet mais qui a aussi vu Reynders à 3 reprises) rend son tablier plus tôt que prévu. Une vraie surprise : samedi, il avait annoncé à ses interlocuteurs qu’il remettrait son rapport le mardi. Le lendemain c’était finalement dans l’heure qui suivait. De là à imaginer une certaine mauvaise humeur


Lundi le CDH appelait ses partenaires à instaurer un climat de respect mutuel (vous suivez l’allusion ?) puis répétait au micro de Bel RTL tout le mal qu’elle pense d’un cumul présidence de parti/ vice premier (elle vise quelqu’un ?) et ce mardi Didier Reynders en rajoutait discrètement une couche «je connais un rapport, le mien, j’attends avec impatience celui du formateur » avant de balancer « il est temps de comprendre que nous ne sommes plus en campagne électorale » (et là, vous la voyez l’allusion ?).


Bref si la coalition violette était un couple contre nature, l’orange bleu est un condensé d’acidité et d’amertume. si Joëlle et Didier dînent à nouveau ensemble un soir, cela restera une information digne de figurer dans les journaux. Surtout si ils ne cassent pas la vaisselle.

17 juillet 2007

Egocentrisme

Soyons honnête : être mentionné dans ses colonnes n’est pas toujours agréable, mais en être ignoré est bien pire encore. Etre interrogé par "le Pan" est donc une forme de consécration, pour un journaliste, comme pour un politique… J’ai été un peu étonné que la plupart des questions tournent autour de ce blog, qui, je le concède, fait beaucoup moins d’audience que mon activité principale… mais pourquoi pas…
Le résultat est ici.

05 juillet 2007

Techniques de communication


Pour les journalistes c'est un retour de 8 ans en arrière : Jean Luc Dehaene est à nouveau au premier plan et ses manières vis à vis de la presse n'ont pas changées. Le médiateur-négociateur a donc affronté la (petite) meute des photographes, cameramen et reporter ce jeudi. Pas un mot, même pas bonjour, une moue dépitée (t'es pas content d'être là Jean-Luc ?) et même un revers de la main pour écarter physiquement certains confrères. On mesure à ce moment là toute l'estime qu'ont certains hommes politiques vis à vis de la presse.


Avec Yves Leterme le problème est différent. En apparence Leterme ne refuse pas le contact et les questions... mais il n'y répond pas. Question fermée ? La réponse sera "oui" ou "non", ce qui est un peu court. Question ouverte ? Réponse langue de bois. J'avoue que je n'ai pas encore trouvé le mode d'emploi pour ouvrir l'huître Leterme (visionner l'intégralité de cet interview si vous voulez me voir ramer). Si quelqu'un a une suggestion, elle est la bienvenue...


Depuis 15 jours Didier Reynders communique beaucoup lui aussi. Le problème est même l'inverse de celui rencontré avec le CD&V : le formateur distille ses messages mais en choisissant ses interlocuteurs. Pour la RTBF, la première page du rapport, pour RTL les images de la relecture, à la Libre Belgique le contenu du rapport avant sa remise (le morceau de choix), pour l'Echo l'interview du lendemain... C'est une vente par appartement. Reynders est gagnant : il apparaît sur tous les médias. Les journalistes (et leur rédac chef) aussi : chacun a eu droit à son exclusivité.


Dernière méthode, celle du CDH : le silence radio. Depuis 3 jours les rédactions sollicitent les élus oranges pour qu'ils viennent expliquer leur position face aux événements en cours... Refus poli. Une fois sur deux c'est même le directeur de la communication qui répond à la place de l'élu : "nous ne communiquons pas pour l'instant". La position du parti n'est pas claire ?



NB : je prends une semaine de repos. Retour sur ce blog dans une dizaine de jours. N'hésitez pas d'ici là à consulter mes confrères repris dans la colonne de gauche...


04 juillet 2007

Négociations, prudence et ministères


Yves Leterme et Didier Reynders se parlent, mieux même ils négocient déjà. Depuis quelques jours c’est une évidence : les deux leaders politiques coordonnent leur agenda et leurs déclarations. Ce mercredi matin la caméra de RTL a donc surpris le sénateur CD&V (et futur probable formateur) au cabinet de l’informateur (ce n’était pas prémédité, et je n’ai bénéficié d’aucun tuyau : il faut parfois un peu de flair et beaucoup de chances pour faire une bonne image… j’en rate, mais bon, sur ce coup là je reconnais que je n’étais pas mécontent). Qu’indique cette image ? Que les propos rapportés au roi en début d’après midi étaient bien documentés. Didier Reynders a d’ailleurs reconnu qu’il avait rencontré ces dernières heures les 4 formations susceptibles d’entrer dans l’orange bleue.

Ainsi si Leterme était au cabinet des finances entre 11 et 12 heures, il est fort probable que le rendez vous suivant ait été accordé à Joëlle Milquet. Prévenue de la présence d’une caméra la présidente du CDH aura sans doute pris la précaution d’entrer par une porte dérodée (on peut passer du 16 rue de la loi au 1é par des couloirs, idem en venant du parlement, c’est beaucoup plus discret). Son porte parole refuse de le confirmer, mais il ne le dément pas non plus.



Tout cela indique donc que les négociations débutent. Ce jeudi le roi Albert II nommera probablement un « médiateur » susceptible des les accélérer en débroussaillant la partie communautaire (de loin la plus délicate, on voit mal comment éluder une scission de BHV et un nouveau transfert de compétences). Didier Reynders a donc clairement indiqué la coalition (4 partis et non pas 6) et donné une première indication de tempo : il faut être entré dans une négociation active (comprenez la formation du gouvernement) pour le 21 juillet.

Projetons nous en avant. Si l’orange bleue se concrétise, quel goût aurait-elle ?

Le premier ministre serait logiquement Yves Leterme. Les deux postes de présidents d’assemblée iraient en théorie au MR (Armand De Decker se verrait volontiers revenir au sénat) et au CD&V.
Reste 14 ministres.
Coté néerlandophone 4 postes devraient revenir au CD&V et 3 au VLD. Pour les ministres sociaux-chrétiens on cite les noms d’Inge Vervotte, Carl Devlies et Eric Van Rompuy. Pieter De Crem aimerait en être, mais son ami Yves le préférerait à la présidence de la chambre.
Au VLD difficile de faire l’impasse sur Karel De Gucht et Patrick Dewael. Dans l’idéal le 3ième devrait être une femme.

Coté francophone, pas d’unanimité sur le partage. Le MR revendique, en raison de son poids électoral, 5 postes ministériels et en laisserait 2 au CDH. Coté centriste on en demande 3 : les libéraux francophones oublient qu’ils ont déjà le poste de commissaire européen (coté MR on affirme que cela ne compte pas puisque le poste a été attribué pendant l’ancienne législature). Coté MR Sabine Laruelle, révélation de la coalition sortante, est incontournable, comme l'est sans doute Olivier Chastel. Le sort de Charles Michel oscille entre un département et la fonction de chef de groupe. Au CDH, Joëlle Milquet hésite à accepter la charge de vice première, mais ses troupes l'y poussent.



Les choses sont elles figées ? Non. D’abord parce que l’ajout de quelques secrétaires d’état peut aider à faire passer les choses les plus difficiles (c’est notamment vrai pour le VLD qui avec trois ministres seulement .tombe de haut). Ensuite parce que les négociations ne font que commencer. Paradoxalement le CDH, en théorie plus petit partenaire, est peut être celui qui est le mieux armé de ce point de vue là. En n’apparaissant comme pas demandeur le parti de Joëlle Milquet se met en position d’exiger beaucoup. Pour que la stratégie réussisse il faut naviguer habilement -le bluff ne dure qu’un temps en politique- ne pas jouer trop longtemps avec les nerfs de votre futur partenaire sans pour autant se dévoiler trop vite… c’est pour cela qu’il est parfois capital d’éviter une caméra.

03 juillet 2007

De Clercq à boulets rouges vifs


Jean Pierre De Clercq, candidat à la présidence du PS était ce matin mon invité sur Bel RTL (l’interview se trouve à la seconde moitié de ce podcast ).


Vous y entendrez une attaque en règle contre Elio Di Rupo qui, selon De Clercq, se sert du PS comme un « marche pied pour ses ambitions ». Très clairement c’est l’homme qui est visé, même si l’ancien député permanent du hainaut affirme aussi incarner une autre ligne : « Nous avons perdu à gauche un pan de nos électeurs naturels par une politique du ‘ratissez large’ »

De Clercq qui se défend d’être soutenu par Van Cau, refuse l’étiquette de parvenu et affirme que son président a divisé les socialistes à Charleroi « il a soufflé sur les braises et n’a pas pris les bonnes décisions ».


« Que la justice fasse des enquêtes, très bien, qu’elle déploie des moyens disproportionnés à Charleroi, c’est excessif » glisse-t-il après avoir évoqué Paul Magnette , « je ne comprends pas comment avec 23 conseillers l’envoyé de Monsieur Di Rupo a pu ne pas obtenir le maïorat pour le parti socialiste. »


Pour l’instant, De Clercq fait cavalier seul : aucun ténor, même de second rang, n’a annoncé son intention de voter pour lui. Les réunions où il s’oppose, fédération après fédération, à Elio Di Rupo étant à huis clos, l’interview de ce matin aura donné une idée des débats internes au PS… et de leur violence.

02 juillet 2007

Sarkozy félicite Reynders... mais de quoi ?


Didier Reynders a reçu ce dimanche un étrange coup de téléphone du président français. Nicolas Sarkozy souhaitait semble-t-il le féliciter. Ce sont même, honneur suprême, les services de l'élysée qui se sont chargés d'établir la connection. Félications, donc. Mais pourquoi au fait ? Si c’est pour le résultat des élections législatives Nicolas a trois bonnes semaines de retard. Si c’est pour la formation du gouvernement, c’est semble—t-il trop tôt. Explications de Richard Miller, aide de camp de l’informateur que je recevais sur Bel RTL ce matin à 7h50 (le podcast de la tranche est ici) : « Notre système est un peu complexe, il a fallu lui expliquer en quoi consiste une mission d’information »…

On peut retenir deux choses de l’épisode :
1) Nicolas et Didier ne s’appellent pas tous les jours.
2) Un coup de fil du président français fait toujours autant plaisir, que l’on soit ou non en campagne électorale.