26 février 2007

Formation

Ne vous étonnez pas du rythme "ralenti" de ce blog. L'auteur est en formation. Déconnecté quelques jours de la politique, je vous suggère, ces deux visites : une pour réfléchir aux défis de la profession, et une autre pour vous divertir.

23 février 2007

Faut-il brûler Johnny ?


L’affaire est en passe de devenir un feuilleton parlementaire. Faut-il accueillir favorablement la demande de naturalisation déposée par Johnny Halliday ? Déjà les députés et leurs états-majors s’agitent. Le ministre des finances et président du MR Didier Reynders, lui même, a dîné en début de semaine avec le chanteur et on imagine mal que la question n’ait pas été abordée entre fromage et dessert. C’est que la demande ne fait pas l’unanimité, loin de là. L’une des membres CD&V de la commission naturalisation chargée d’étudier le dossier (chaque demande est d’abord traitée par un groupe restreint de 3 parlementaires, seuls les dossiers qui posent problème sont ensuite renvoyés devant la commission au complet) a fait publiquement savoir qu’elle s’y opposait. Coté francophone Olivier Maingain et Karine Lalieux, sans se prononcer clairement sur leur vote, font part de leurs réserves. On peut analyser la demande du rocker sous deux angles. Coté familial, Jean- Philippe Smet voudrait se rapprocher de ses racines et prendre la nationalité de son père. Coté fiscal la nationalité belge lui permettrait d’être résident monégasque sans payer l’impôt français (les nationaux français résidant sur le rocher continuent d’être imposés en France). La première motivation est respectable (et même plus : quelle pub pour le royaume !) la seconde beaucoup moins. On peut donc comprendre que les députés belges refusent de participer à de l’incivisme fiscal. Mais le débat n’est pas serein, et il est à vrai dire assez détestable de faire un procès d’intention à qui que ce soit (qu’il soit célèbre ou non). Pour trancher, la commission serait sans doute bien inspirée de renvoyer sa décision à plus tard. L’avantage est évident : dans quelques mois les conventions sur la double nationalité auront été modifiées. La manœuvre fiscale supposée ne sera donc plus possible. Si la destination finale était bien Monaco la demande de Johnny n’aura donc plus de raison d’être. Il pourra la retirer. Si en revanche il maintient sa demande passé ce délai c’est que son intention était purement filiale : il serait alors déplacé de refuser la nationalité belge à un citoyen aussi illustre.

19 février 2007

Un dinosaure tombe du fauteuil


L’information est tombée sous la forme d’une dépêche de l’agence belga (reprise ici sur le site de la tribune de bruxelles) aux environs de 15 heures ce lundi : Jacques Vandenhaute, bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre est privé de mandat. Le collège juridictionnel de la région bruxelles-capitale lui reproche un dépassement « significatif » des dépenses de campagne autorisées lors des dernières élections communales. Sur base d’une plainte des candidats socialistes, c’est la parution massive de photos du bourgmestre dans un journal local qui a emporté la conviction du collège.
Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que l’on ne s’y attendait pas. C’est que Jacques Vandenhaute fait partie des meubles en région bruxelloise. 23 ans de mandat font de lui un dinosaure de la vie politique locale, capable de rassembler FDF et VLD sur une même liste, même quand le président du parti amarante semble pourtant s’y opposer. Une personnalité qui domine ses interlocuteurs (il est de grande taille) ne dédaigne pas un langage fleuri et qui s'autorise même quelques moments d'insolence vis à vis de son parti s'il l'estime nécessaire (sur le dossier des vols de nuit par exemple). Aux dernières élections la liste du bourgmestre a d'ailleurs recueilli le score enviable de 57% des suffrages. Et le portrait du bourgmestre accroché aux murs de l’hôtel de ville, qui avait moins vieilli que son modèle, était là pour rappeler que le bourgmestre et la commune partageaient le même destin depuis un quart de siècle.
Ce départ pourrait ouvrir une course à la succession entre Willem Draps (troisième sur la liste ,MR, 2 300 voix, 1er échevin) et Serge de Patoul (1668 voix malgré sa douzième position, 2ième échevin). Si Willem Draps semble le mieux placé, on notera qu’il était cependant également visé par la plainte qui a déboulonné le bourgmestre sortant. La nouvelle donne peut aussi ouvrir des perspectives d’avenir à la tête de liste CDH Benoît Cerexhe, qui avec 2 680 voix avait réalisé le second score de la commune (dans l'opposition hier , le CDH a désormais intégré la majorité communale). Certes, le bourgmestre peut encore saisir le conseil d’état. Joint ce lundi soir au téléphonne il confirmait que c'était bien son intention, et n'avait pas de mots assez durs pour dénoncer, en des termes peu aimables, tant le conseiller communal qui a introduit la plainte que le collège juridictionnel. "C'est une décision politique" martellait-il, tandis qu'un communiqué évoque un "assassinat politique".
Si l’invalidation devait être confirmée, c’est une page qui se tournerait dans le sud est de Bruxelles. Jacques Vandenhaute tiendra une conférence de presse ce mardi matin.

17 février 2007

Une télé pour Reynders, un blog pour di Rupo ?

Comme en France, le formidable outil de communication directe qu’est devenu Internet, est en train de faire sa grande entrée dans la campagne électorale du 10 juin prochain. Certes, ce n’est peut être pas une « révolution » spectaculaire (tous les électeurs ne sont pas internautes) mais l’évolution est sensible et mérite d’être signalée.
Cette semaine le Mouvement Réformateur a donné un sérieux coup d’accélérateur dans le processus en mettant en ligne le site MR.TV. Sur le premier clip on peut voir un duo de présentateur emmené par Xavier Baeselen, conseiller communal en région bruxelloise et animateur habituel des débats et congrès du MR. Sans surprise le premier invité de MRTV est Didier Reynders (parions qu’il apparaîtra assez souvent dans le programme). L’ambition est d’installer un style « interactif » (cela signifie-t-il ouvert à la critique ?) et le MR qui ne semble manquer ni de moyens (le Clara, société de production qui réalise les émissions concédées du MR a visiblement été mis à contribution) ni d’ambition annonce même vouloir réaliser un « journal télévisé hebdomadaire ».
Le MR n’en restera pas là, il a déjà réservé l’adresse www.election2007.be ou figureront son programme et les fiches de présentation de ses candidats.
Coté PS l’Internet sera également intégré au dispositif de campagne 2007. D’après mes informations le site du parti devrait être entièrement rénové dans les prochaines semaines. L’opération ira de concert avec la création d’une base de données des militants leur permettant d’avoir accès à une partie « réservée » du site. Dans les dernières semaines de campagne Elio Di Rupo envisageraient de rédiger un « blog ».La question de son accès (réservé ou non aux seuls militants) ne semble pas tranchée.
Enfin Ecolo a également prévu d’utiliser la vidéo en publiant certains clips sur You Tube ou Daily Motion.
Je mentionnerai et commenterai plus en détail ces différents innovations en temps utile.

La tentation de contourner les journalistes

D’emblée, un constat : Internet permet aux partis politiques de communiquer sans passer par le filtre des médias. C’est très bien, à condition de ne pas vouloir faire croire qu’on est en mesure de les remplacer. La MRTV restera bleue, et l’éventuel blog d’Elio n’appellera pas à voter pour un candidat qui se présenterait sur une autre liste que celle du PS.
Je me permets de le souligner : le terme « journal télévisé » employé par le MR est usurpé. Ce programme n’est pas réalisé par une rédaction indépendante, et même si Xavier Baeselen a beaucoup de talent, il n’est pas journaliste. Rien ne remplacera un vrai interview mené par un(e) journaliste expérimenté(e)ou un vrai débat face à un contradicteur qui n’est pas un simple faire-valoir . C'est probablement la raison pour laquelle les hommes et femmes politiques n'aime pas les interviews où le journaliste est en mesure de les interrompre et tentent de trouver une communication alternative plus favorable à leur communication. Employer le vocabulaire journalistique pour tenter de faire croire que l’on donnera une vision « globale » et neutre de la campagne dans une démarche d’information dénuée d'arrière pensée("le journal") n’est donc pas correct (même si du point du MR c'est sûrement bien joué).
De même, imagine-t-on que le site du MR, du PS, du CDH ou d’Ecolo puisse réaliser une étude comparative des programmes qui serait crédible ? Dans une démocratie, il serait sain que les électeurs indécis continuent donc à s’informer aussi dans la presse.

Personnellement, je considère que le recours à Internet comme outil de campagne est inéluctable et positif. Cela pose un vrai défi aux journalistes politiques. Ouvrir le débat, le porter dans l’arène du web, accepter la critique est nécessaire (je tente modestement de le faire ici). Mais sans devoir renoncer à l’essence du journalisme : la vérification des faits, la mise en perspective, l’indépendance politique, la résistance aux pressions, la possibilité de contredire et même de critiquer, la hiérarchisation des informations et l’exigence de rendre le tout le plus intelligible et attrayant possible. Il faut rompre avec un temps ou les journalistes semblaient « confisquer » le débat. Mais il faut rappeler qu’en étant indépendants et bien au courant des dossiers, ils sont les mieux placer pour l’éclairer.

16 février 2007

Voitures propres (enfin presque..)


Deux ans après la signature des accords de Kyoto, intéressons nous aux voitures ministérielles. Le gouvernement fédéral montre-t-il l’exemple en choisissant des voitures économes en carburant et raisonnables en émission ? La réponse est non. Sur base des véhicules utilisés au conseil des ministres de ce vendredi voici un relevé non exhaustif, du plus pollueur au moins pollueur :

Marc Verwilghen , Audi Q7 : 282 grammes de CO2 au kilomètre
Didier Donfut, BMW X3 : 239 g CO2/km
Laurette Onkelinx, Guy Verhofstadt, Patrick Dewael, Rudy Demotte, Audi A 8 : 227 g CO2 /km
Didier Reynders, André Flahaut, Mercedes classe S : 223 g CO2/km
Els Van Weert, Renaat Landuyt, Volvo S60 : 174 g CO2/km

Pour être tout à fait précis, Patrick Dewael et Didier Reynders se rendent au conseil à pied (sans trop de mérite puisque leur cabinet est rue de la loi, à moins de 300 mètres).


L’exercice est-il poujadiste ? Peut-être, sauf si on le rapproche de cette déclaration de Guy Verhofstadt qui remonte au 2 février 2004, lors d’un colloque sur les technologies propres (le discours intégral est ici) :

« The government must set an example by systematically replacing its fleet of cars with clean, environmentally friendly cars. In fact, we've already started doing just that. Official government cars now coming to the end of their lease are being replaced by hybrids. Clean technology has benefits for military applications too. In fact, a great deal of research and testing is being done in this area - including on tanks. But this is just the beginning. I aim to have a full study carried out into the size of the fleet operated by the government and related companies, into the number of cars eligible for replacement in the short term, into the scope for reducing harmful emissions and into the impact this will have on the budget. »

Pour le porte parole du premier, il fallait entendre par « voiture gouvernementale officielle » les véhicules des cellules stratégiques, pas ceux des ministres. A la chancellerie du premier on compte d’ailleurs effectivement aujourd'hui deux Toyota Prius (dont une est utilisée par le porte parole).

Enfin si vous voulez vérifier les émissions de votre propre véhicule, un site officiel du gouvernement est à votre disposition.

15 février 2007

Reynders en librairie

Faites un tour dans une librairie, rayon « livres politiques ». Vous y trouverez à coup sûr la tête de Nicolas Sarkozy, et dans un coin, plus discrète, celle de Ségolène Royal. Des belges ? Pour l’instant aucun. Au mieux, le 4ième manifeste de Guy Verhofstadt (mais sa photo n’est pas sur la couverture).
En année électorale, le livre politique ne ferait pas recette ? A voir. Le 23 mars les éditions Luc Pire publieront une biographie de Didier Reynders. L’auteur est André Gilain, à qui l’on doit les «confidentiels» de trends-tendances et qui a déjà signé une bio de Louis Michel (à priori une plume qui préfère l’encre bleue à l’encre rouge, mais qui ne s’interdit pas d’être parfois incisive et souvent très bien documentée). L’ouvrage sortira pile au démarrage de la campagne officielle, et à la veille d’un congrès du MR. Le titre devrait faire référence au caractère « froid » (ses détracteurs disent glacial) du vice premier ministre.
Coté PS on attend (avec inquiétude ou gourmandise suivant les cas) l'ouvrage que Louis Maraitre (journaliste à Sud Presse) prépare sur Michel "nouvelle star" Daerden.

14 février 2007

Daniel Ducarme sait s'entourer


Depuis qu'il est "de retour" en politique active, Daniel Ducarme, par ailleurs député, préside aux destinées du MRI, la branche internationale du mouvement réformateur. Il vient à ce titre de mettre en ligne un site internet destiné aux belges de l'étranger. L'outil est plutôt convivial, la mise en page agréable et bien conçue. Au passage on peut s'etonner que seul le MR s'interesse aux belges de l'étranger, les autres formations francophones semblant se désinteresser d'un réservoir de voix non négligeable (135 000 électeurs lors des législatives de 2003 sauf erreur de ma part).

Si vous surfez sur le site du MRI ne manquez pas la composition du comité de direction. 24 membres, parmi lesquels vous noterez la présence de Denis Ducarme, Lucas Ducarme, Anne Monseu (ancien conseillère communale à Schaerbeek, proche de Daniel Ducarme) ou encore Alain Zenner (il fut chef de cabinet de Daniel Ducarme à la présidence du MR).

Je vous laisse le soin de trancher entre deux hypothèses :

- Soit le MRI est tellement attrayant que seules des personnalités amies acceptent de donner un coup de main à Daniel

- Soit le président a peur des putschs, et il a préféré fermer la porte à clef contre d'éventuels assauts extérieurs

13 février 2007

Duel à mort



Leurs relations personnelles sont exécrables. Joëlle Milquet et Didier Reynders ne s’entendent pas. A la tête du CDH et du MR, la bruxelloise et le liégeois se sont d’ailleurs échangés ces derniers jours quelques missiles par communiqués et interviews interposés. Alors que le président du MR souligne, depuis quelques temps déjà, à quel point il est plus facile de discuter avec les libéraux flamands du VLD de Guy Verhofstadt qu’avec le CD&V d’ Yves Leterme, Joëlle Milquet ripostait ce lundi par un communiqué assassin où son parti se disait « perplexe » face aux déclarations du MR. La confrontation est montée publiquement d’un cran. MR et CDH sont en concurrence ouverte et cela ne devrait pas se calmer. Si l’on considère que le PS a de fortes chances de rester incontournable après les élections du 10 juin, libéraux et humanistes doivent l’un comme l’autre tenter de s’imposer comme le partenaire incontournable. Dans cette perspective Joëlle Milquet a longtemps pu mettre en avant une forme « d’entente cordiale » avec Elio Di Rupo et peut défendre l’idée d’une symétrie avec le niveau de pouvoir wallon. Didier Reynders a pour lui une réelle expérience du niveau fédéral, un poids électoral plus important et ses relations avec les libéraux flamands, dans l’hypothèse où ceux ci se maintiendraient au pouvoir. Entre les deux partis il y a désormais une lutte ouverte pour le fédéral (sauf si l’on imagine qu’une tripartite s’impose aussi coté francophone, hypothèse aujourd’hui peu vraisemblable). On peut même entrevoir l’étape suivante. Si Didier Reynders se retrouve dans l’opposition au fédéral, il devra probablement faire face à la grogne des autres barrons libéraux. Si Joëlle Milquet échoue dans sa conquête du pouvoir, le CDH risque d’entrer en ébullition et la contestation interne pourrait fort bien emporter la présidence. Les deux gladiateurs savent que leur survie passe par la mort (politique) de l’autre. Voilà pourquoi Joëlle ne fera pas de cadeaux à Didier. Et inversement.
PS, qui n'a rien à voir : je conseille la lecture du reportage à Jérusalem et Bethleem de Mateusz.

12 février 2007

Plus vert tu meurs


Etranges opérations de communications ce lundi. PS, MR et Ecolo s'exprimaient sur le réchauffement climatique à quelques minutes d’intervalle. On ne s’étonne pas du thème, il est porteur, cela se sait, et d’une intense actualité, mais de la simultanéité des conférences de presse. Sur le climat, chacun a donc marqué son style :
- la proximité pour le PS qui faisait signer une charte en 5 engagements à ses 11 bourgmestres, soulignant au passage de son écologie était « humaine » (difficile de croire que d’autres versions de l’écologie seraient inhumaines, mais bon)
- la fiscalité pour le MR qui suggère une exonération de la taxe de circulation pour les véhicules propres (pour info, celui qui porte la proposition, le chef de groupe Serge Kubla, roulait avant et après interview dans une BMW de gabarit imposant )
- l’appel général à un grand plan sur 12 ans pour Ecolo, avec deux climatologues en « grands témoins », et la compilation de plusieurs suggestions déjà présentées.

Coté CDH on observait tout cela avec un brin d’amusement : le parti de Joëlle Milquet a tenu un congrès sur le même thème il ya un mois, et estimait inutile d’en rajouter.

On ne jugera pas de la pertinence des propositions des uns et des autres (à chacun son programme, et à l’électeur de trancher). On peut en revanche se demander qui a eu l’idée en premier. Coté PS on affirmait avoir lancé l’opération il ya un mois et fixé la date il y a quinze jours (111 bourgmestre à convoquer cela ne se fait pas du jour au lendemain). Ecolo affirme avoir organisé sa conférence de presse au début du mois. Les uns et les autres affirment ne s’être rendu compte de la conjonction de date qu’au courant du weekend.
Au MR on confessait s’être décidé plus récemment (il ya une semaine environ) mais en précisant que le lundi a été choisi parce que ce jour là les journalistes wallons sont plus libres que le reste de la semaine (il n’y a pas de réunion de commission le lundi) et après que Serge Kubla ait effectivement déposé (mercredi dernier) sa proposition au greffe.
Morale de l’histoire, version positive : quand tout le monde s’exprime le même jour cela permet de souligner les divergences de vue sur un même sujet.
Morale de l’histoire, version cynique : quand tout le monde s’exprime le même jour cela empêche votre adversaire politique de se démarquer. C’est ce qu’on appelle de la communication « parasite ».

09 février 2007

De Decker rime avec bulldozer

L’ interview « choc » faisait ce vendredi la une du soir ( je n’indique pas le lien puisque l’article sera payant dans deux jours :-), mais il est scanné sur le site d' Armand De Decker). Le ministre de la coopération au développement y développe plusieurs pistes pour lutter contre la montée de la violence chez les jeunes. La plus spectaculaire, qui allait immédiatement retenir l’attention : envoyer les jeunes délinquants les plus violents dans des unités disciplinaires de l’armée. Ces 17-19 ans, parfois condamnés pour meurtre, seraient alors soumis à une discipline des plus strictes et soumis à un entrainement physique conséquent. Argument du ministre « ils apprendraient qu’il y a plus fort qu’eux, que les caïds trouvent toujours plus forts qu’eux ». Et le ministre d’assurer que cette solution serait préférable à la prison où ces jeunes sont soumis à l’influence de délinquants plus âgés. Bien sûr il n’échappera à personne que cette proposition (une simple idée à ce stade) intervient dans le contexte du démarrage de la campagne. Un style que ne renierait pas Nicolas Sarkozy, mais on n’attendait pas forcément Armand De Decker sur ce terrain, autrefois plutôt réservé, coté MR, à François-Xavier De Donnéa. Prudent le président du MR Didier Reynders indiquait à l’entrée du conseil des ministres qu’il fallait « en discuter » mais soulignait, malin, que ce n’était pas très éloigné des idées de Ségolène Royal. Coté socialiste, haussement d’épaules de Laurette Onkelinx (PS) « les travaux d’intérêt général à l’armée existent déjà pour les jeunes comme pour les adultes. C’est Guantanamo qu’il veut ? Je lui laisse le bénéfice du doute, pour qu’il s’explique ». Catherine Fonck( CDH), en charge de la protection de la jeunesse rejetait plus sèchement le projet « la vocation militaire ne repose absolument pas sur l’éducation, mais bien sur des opérations de guerre, voire humanitaires », et le coup de grâce venait d’André Flahaut, ministre de la défense (PS) qui depuis Séville, en plein sommet de l’Otan jugeait l’idée « effrayante » avant de rappeler que les unités disciplinaires, dans l’armée belge… cela n’existe même plus.

PS : A titre informatif, le gouvernement fédéral vient de décider la création de 200 places pour mineurs délinquants dans un centre fermé à Florennes, pour compléter le centre saturé d' Everberg. Faut croire que l'investissement n'en vaut pas la peine. Notez que c'est quand même sur le site d'une caserne.

06 février 2007

La course est lancée

J’avais souligné sur ce blog la mise en « image » des entretiens de personnalités politiques au journal « le Soir ». « La Libre » riposte ce mardi en diffusant également une version vidéo de l’entretien que lui a accordé le premier ministre. Au cas où le lecteur se demanderait quel est l’intérêt de l’opération, un billet « d’ambiance » (???) de Pierre-François Lovens précise qu’il s’agit de la nouvelle démarche voulue par les actionnaires de la Libre : le « pluri-média » en l’occurrence la déclinaison papier, radio, internet du même contenu. Si vous visionnez le montage de 5 minutes (je suppose que l’intégrale occupait trop de mémoire pour être mis en ligne in extenso) vous percevrez les mêmes imperfections techniques que pour le concurrent du groupe Rossel : recadrages fréquents, balance des blancs automatique conjuguée à un contre jour (cela donne un premier tout bleu) et surtout une prise de son lointaine où l’ambiance couvre parfois la voix de Guy Verhofstadt. Mais il parait que les internautes pardonnent beaucoup de choses si le contenu vaut la peine (pas sûr que cela soit le cas ici).
Les groupes IPM et Rossel se marquent désormais à la culotte et entament clairement la marche vers des plates formes multimédia au départ de leur site internet. Les deux quotidiens tentent désormais de s’imposer sur tous les supports de l’infos, en espérant créer un effet de « marque », tiré par la notoriété de leur titre papier. La démarche n’est pas encore aboutie, on peut ainsi se demander pourquoi l’entretien du premier ministre n’est pas accessible au départ de la rubrique « libre tv », ce qui serait un cheminement logique pour l’internaute, mais l’intention y est.
La question est maintenant de savoir si la DH, Sud Presse ou Vers l’avenir vont aussi ouvrir un département « vidéo » ou « podcast ». Et si RTL ou la RTBF ont les moyens de produire du « texte » capable de rivaliser avec celui des sites de presse écrite. Je ne dévoile rien en indiquant que la création du département RTL Digital s’inscrit dans cette réflexion.
La presse écrite a incontestablement des atouts (identité forte des journaux, rédactions importantes et signatures spécialisées) mais les médias audiovisuels font peut être preuve jusqu’à maintenant d’une plus grande maîtrise technique dans la diffusion et la mise en forme .de vidéos et des podcasts. Les uns et les autres pourraient aussi se ringardiser avec l’apparition, en Belgique également désormais, de blogs spécialisés (je signale celui-ci, réalisé par un étudiant en journalisme et où l’on peut entendre des interviews podcasts (de Javaux et Reynders -je n'ai écouté que le premier pour l'instant, les questions sont un peu longues, mais la tonalité est séduisante - merci à Damien Van Achter de l'avoir repéré ).
Avec une question subsidiaire : si tout le monde se retrouve sur le même terrain, dans 5 ans, quels seront ceux qui sont encore vivants ?

Monsieur ni-ni


C’est désormais une posture revendiquée et répétée (martelée, même) à chaque interview. Guy Verhofstadt dans les matières institutionnelles ne souhaite « ni le séparatisme, ni l’immobilisme ». Cette position « ni-ni » élaborée pour le discours des vœux au plais royal est désormais la ligne officielle du premier ministre. Elle permet au premier de ne froisser ni les francophones ni les néerlandophones.
Ainsi, coté flamand, la déclaration du premier est tout à fait compatible avec le programme du VLD : il faut à terme, renoncer aux facilités ou régionaliser la politique de l’emploi. Mieux, même : n’ayant pas pris les francophones de front, comme son collègue et concurrent Yves Leterme, les chances de Verhofstadt d’aboutir à ses fins (en tout cas partiellement) dans un débat communautaire pourraient paraître plus grandes auprès de l’opinion publique du nord. Le premier, en jouant habilement la carte de « candidat premier », concilie deux arguments électoraux : la stabilité de l’Etat, dont il est le garant, et le réalisme politique.
Coté sud, Guy Verhofstadt paraît tout aussi gagnant. Face aux journalistes francophones, Verhofstadt ne renie pas son programme, mais déporte le débat : ce n’est pas l’essentiel assure-t-il, priorité au dialogue, c’est là la nouveauté. Même si la ficelle est un peu grosse, le premier est passé maître dans l’art de l’esquive. Il peut ainsi paraître, coté francophone, comme le moins « flamands » des candidats premiers néerlandophones. L’axe Reynders-Verhofstadt, de plus en plus visible, permet également de rassurer les francophones les plus anxieux.
Au nord, comme au sud, c’est donc une position habile. Reste à voir, si en cas d’emballement communautaire, la posture du « ni-ni » sera tenable jusqu’au 10 juin… ou même après.

Les gaffes de Jean-Marc


C’était samedi au congrès d’Ecolo sur « économie et écologie ». Le député Jean Marc Nollet, en charge du programme économique du parti, fustige le manque d’ambition du gouvernement Verhofstadt en matière de défense de l’environnement. Principalement visées la faiblesse des investissements dans les énergies renouvelables et la réduction minimaliste des émissions de gaz à effet de serre (-0,7% alors que l’objectif assigné par les accords de Kyoto était -7,5%). Nollet, en bon tribun, pour conclure sa démonstration, tonne « voilà le vrai bilan du gouvernement arc-en-ciel ». Quelques applaudissements fusent de la salle. Quelques rires aussi. Nollet, bredouille, sourit puis se reprend. « C'était pour vérifier que vous suiviez bien. Je la refais. Voilà le vrai bilan du gouvernement violet ».
Le poids d’écolo au sein du gouvernement arc en ciel était-il si léger, que même les principaux intéressés ne font pas la différence ?

02 février 2007

Transferts au rabais

Quand il est commandé par un gouvernement régional, il est rare qu’un rapport ne fasse pas l’objet d’une certaine publicité. Raison de plus pour nous intéresser aux travaux de la « commission d’étude de la méthodologie utilisée dans l’analyse des transferts interrégionaux ». Je n’ai pas trouvé de version française en ligne, mais une version NL a été publiée par De Tijd, ici. De quoi s’agit-il ? En décembre 2005 (il y a donc un peu plus d’un an) Yves Leterme charge un comité d’économistes de faire la lumière sur les fameux transferts nord-sud. Puisque ces transferts sont évoqués à chaque négociation institutionnelle autant avoir une base solide, et si possible, acceptable par tous. Sept économistes de grand renom (4 néerlandophones et 3 francophones) vont donc accepter de participer à la commission. Celle ci n’a pas pour mission d’évaluer les transferts, mais bien de proposer une « méthodologie appropriée pour quantifier ces transferts aussi objectivement et précisément que possible ». Les économistes prennent comme base une étude de 2004 de l’administration flamande, elle même inspirée d’une méthodologie mise en place par la KUL dans les années 80.
Dans ce rapport les économistes émettent donc une série de réserves sur la méthode de calcul utilisée jusqu’à présent. Certains paramètres mériteraient d’être nuancés, modifiés ou complétés, écrivent ils en substance. Le financement de la STIB (payée par les bruxellois alors que les 3 régions en profitent), de la SNCB, l’imputation de la TVA, de l’ISOC à une région ou l’autre font l’objet de nombreux commentaires. Je n’entre pas dans le détail. Mais on retiendra donc que les calculs présentés jusqu’ici comme « irréfutables », ne sont donc pas scientifiquement inattaquables. Mieux même, les recommandations des 7 économistes, laissent penser que les critères retenus jusqu’ici étaient fortement favorables à la région flamande. D’après un expert dans la matière, les recommandations des 7 économistes permettent d’estimer les transferts nord sud à 3 milliards par an. C’est considérable, certes, mais c’est la moitié des 6 milliards annoncés par la dernière étude en date. C’est beaucoup moins aussi que les 10 milliards avancés par le cercle De Warande.
Ce rapport, que le cabinet d’Yves Leterme ne souhaitait pas transmettre à la presse ce vendredi, devrait faire l’objet d’un débat au parlement flamand lundi prochain.