31 décembre 2007

Bonnes résolutions

Mes vœux pour 2008 :

- Un gouvernement tranquille, qui prépare ses dossiers bien à l’avance et prend soin de donner toute l’information aux journalistes

- Des ministres de bonne humeur qui ne pensent pas que s’il leur arrive malheur c’est de la faute de la presse qui, forcément, roule pour leur adversaire

- Des contrôles budgétaires qui ne se déroulent plus la nuit, surtout celle du dimanche au lundi

- Des conférences de presse qui commencent à l’heure et de préférence pas 30 minutes avant le journal télévisé

- Des communiqués clairs ou l’on n’est pas noyés sous des chiffres invérifiables

- Un passage de relais sans anicroches entre Guy Verhofstadt et Yves Leterme de préférence avant les vacances de pâques qu’on puisse profiter des cloches tranquilles


- Pas d’élection (enfin moi je veux bien mais ma rédaction n’a pas le budget pour, donc…)

- Tant qu’on y est : le bonheur pour tous, la santé, et un climat clément

- Quoi, je rêve ?

20 décembre 2007

Spécial copinage et bonne année

Puisque nous sommes sur le point d'avoir un gouvernement (voir le billet ci dessous) permettez moi de vous abandonner une dizaine de jours, le temps de souffler en famille. Comme cadeau de noël je vous recommande ce site : http://www.lesbonnesadresses.be/. Vous savez que les journalistes ne sont pas toujours à côté de leur rédaction quand vient l'heure de midi, qu'ils débarquent souvent à 3 ou 4 dans un resto vers 13H30, et qu'en plus le forfait repas accordé par l'employeur est (très) limité (Philippe, si tu nous lis...).
Mes amis du car satellite de RTL ont donc commencé un recensement des restos sympas et peu onéreux qu'ils découvrent aux quatre coins de la belgique. Cela peut servir. Ne vous étonnez pas si les adresses sont situées à proximité d'un haut lieu de la vie politique ou vous rappellent l'un ou l'autre fait divers...

Tant qu'à faire des recommandations je vous indique également que je me suis beaucoup amusé en allant voir "sois belge et tais toi". J'avoue avoir ressenti un léger malaise en seconde partie de spectacle tant les charges communautaires sont lourdes (quand une salle siffle la caricature d'Yves Leterme, cela ne veut pas dire que la caricature est mauvaise, mais le signe que les opinions publiques se radicalisent excessivement et dangereusement). En revanche la première demi heure est vraiment exceptionnelle. Et Beaudoin Remy en Elio des salles de gym est irrésistible.

Guy Verhofstadt et le miracle de Noël


Il a la réputation d’avoir la baraka, et une fois encore elle ne lui a pas fait défaut. Guy Verhofstadt vient de réussir un retournement de situation spectaculaire. Mardi en fin d’après midi les carottes de Guy semblaient tellement cuites qu’elles en étaient devenues immangeables. Et puis il y eu ce déclic : vers 18 heures les présidents de partis francophones, tous invités dans les JT, annoncent, à la demande du premier lui -même paraît-il, qu’ils ne viendront finalement pas sur les plateaux.


L’auteur de ce blog qui était ce jour là l’éditeur du journal de RTL, avoue avoir eu une bouffée d’angoisse sur le coup de 18H10 : genre – je sais que nous sommes entre nous- : «mer-bip de censure-, les rats, qu’est ce qu’on va mettre dans ce journal maintenant, put-rebip de censure-, pourraient prévenir avant ces zouaves, savent pas ce qu’ils veulent ». Je vous rassure il y eu quand même un journal sur RTL TVI 50 minutes plus tard, l’essentiel fût bien consacré à la crise politique, et, mieux encore, ma consoeur Kathryn Brahy, en duplex rue de la loi, nous expliqua fort justement que si les présidents déclinaient l’invitation (et on sait que l’appel du plateau télé fait aux politiques un effet comparable à celui d’ un verre de chimay bleu sur un journaliste en fin de journée : un appât auquel il est difficile résister) c’était justement pour laisser une chance à la négociation et que c’était bon signe. Bien vu Kathryn. J’ai déjà souligné, et je ne suis pas le seul : une véritable négociation impose une pause dans la communication.

En milieu de soirée tous les clignotants étaient donc repassés au vert (bien que le verts ne soient pas là justement, j’y reviens dans quelques lignes). A 1h30 sms du porte parole du premier « de premier heeft de situatie gedeblokkeerd ». Série de sms pour confirmer et coup de téléphone avec l’équipe de reportage (les courageux) qui campe au CDH : « oui, ils sont toujours là, non Joëlle n’a pas encore parlé, ça fait 3 heures que tu nous dit de rester-3ième bip de censure- quand est-ce qu’on va se coucher ? ». Bon, le temps de me rendormir il était 3 heures, mais on a pas un gouvernement tous les jours.

A première vue ça ressemble donc à un miracle de Noël qui aurait juste une semaine d’avance. Avec Guy dans le rôle du créateur, Joëlle en vierge Marie (« j’ai rien demandé, je vous jure, on l’a voulu pour moi, mais quelle responsabilité »), Didier en Joseph (il est là tout le temps mais la conception du miracle lui a un peu échappée) Yves, Jo et Elio en costumes de roi mage (manque un Melchior, je sais pas si vous avez remarqué). Bon je m’arrête là car je sens que je suis à la limite du blasphème.

A première vue aussi ça ressemble à un triumvirat. Guy n’aura que deux vice-premiers ministres, qui de plus piloteront désormais la formation du gouvernement définitif (notez que deux pilotes dans un F16 c’est le crash assuré). Mais il faut se méfier des apparences. Si PS, CDH et VLD n’ont pas de vice-premiers ils seront bien présents en Kern (le conseil restreint où tout se décide) et devraient même bénéficier de « cabinets vice premier » (un cabinet élargi qui permet d’avoir des collaborateurs dans toutes les matières gouvernementales, histoire de suivre le travail des collègues et de préparer les grandes décisions). Il y a un précédent : Magda Alvoet pour Agalev n’était pas vice première ministre non plus, mais elle assistait au kern de l'arc-en-ciel quand même.

Ces deux « vice-premiers » ne vont pas avoir la vie facile. Yves Leterme n’a toujours pas sa réforme de l’état, et il lui reste trois mois pour la trouver, ou faire semblant de la trouver en espérant que la NVA de Bart feindra de croire que c’est vrai. On peut voir la mention d’une date pour passer de l’intérim au définitif et de Guy à Yves (le 23 mars) de deux manières : soit Guy s’est vraiment engagé, soit Yves s’est laissé enfermé dans une date. Beau piège, même s’il vaudrait être fou pour ne pas respecter la parole donnée dans un cas pareil, car ce serait la crise assurée.


Didier Reynders termine la période de formation dans un état moins flamboyant qu’il ne l’avait commencée. Dans la nuit de mardi à mercredi le président du MR a bien du accepter la large coalition francophone qu’il récusait quelques heures plus tôt. La reculade nocturne était devenue incontournable après la demande publique du CD&V d’intégrer le CDH dans la coalition (je vous signale au passage que la période de Noël est propice aux réunions de familles qui, souvent, s’ignorent le reste de l’année). Le président du MR, qui aurait pu être l’homme fort de l’orange bleue s’est retrouvé isolé. Et même s’il garde une partie des manettes en main il doit faire face à un front PS-CDH réel. Ce sera problématique pour 2009 : à l’exception d’Ecolo le président du MR n’a que des adversaires face à lui et ne peut, à ce stade, guère envisager de stratégies d’alliances susceptibles de lui ouvrir les portes de la région wallonne. On peut gagner les élections seul contre tous. Gouverner exige en revanche des compromis et des alliances, pas un flingage permanent. Mais il peut y avoir d’autres miracles d'ici aux régionales.

Elio Di Rupo, dont on aurait pu penser qu’il allait bientôt avoir son avenir derrière lui (l’avant dernier baromètre RTL-La Libre n’était pas bon) opère un rétablissement spectaculaire. En position de nommer des ministres, un président du PS est toujours plus influent. Je sous signale au passage aussi qu’ Elio a ressorti son nœud papillon et son costume d’homme d’Etat qu’il affectionne tant. Mais le PS devra affronter un SPA dans l’opposition. Schizophrénique.

Joëlle Milquet doit faire face à une grogne interne : 6 mois de bataille pour un seul poste ministériel est un maigre butin, surtout si vos « partenaires » annoncent eux même le nom du lauréat, ce qui laisse penser qu’il a fallu négocier une nomination qui est habituellement l’essence d’un pouvoir présidentiel. De plus Joëlle va de nouveau retrouver ses amis Bart et Didier (on ne sait pas lequel elle préfère) au mois de janvier, ce qui va la mettre encore dans des états pas possibles. Mais son boom dans les sondages devrait la consoler.

Les verts, seuls gagnants de l’élection (Ecolo était passé en juin de 4 à 8 sièges) n’entreront pas au gouvernement. Et à dire vrai on les a senti un peu hors du coup. Il n’est pas exclu que l’on fasse quand même appel à eux un jour ou l’autre : avec 101 sièges la nouvelle coalition gouvernementale dépend des voix de la NVA et du FDF pour atteindre la majorité des deux tiers, c’est un dépendance assez inconfortable. Mais les écolos ne sont pas le seuls à être à même de faire l’appoint, le SPA s’étant également déclaré disponible. Seul dans l’opposition le parti vainqueur doit ruminer. D’autant qu’une progression en 2009 ne lui ouvrira pas forcément les portes du pouvoir non plus.

Le seul vrai gagnant est donc Guy Verhofstadt qui a réussi en une nuit ce que tous les autres n’ont pas réussi en 6 mois : transformer une situation de blocage en compromis, grâce à un peu d’enthousiasme et une bonne idée (ne pas aller sur les plateaux de télé). Super Guy a donc sauvé la Belgique du ridicule, permet à tout le monde de ne pas vivre ce traumatisme redouté d’un premier de l’an sans gouvernement, laisse en selle pour la suite Leterme et Reynders tout en préparant l’avènement du premier nommé avec l’arrivée des cloches de Pâques. Beau lapin sorti d’un chapeau magique ce gouvernement Verhostadt III est donc un gouvernement de transition qui s’autodétruira au quatrième bip (il n'est pas exclu que ce bip là soit une motion de censure si la formation du gouvernement définitif tourne au vinaigre). Rien d’autre. Mais au passage Guy se repositionne sur la scène européenne, et on ne sait jamais, des fois qu’un poste se libère…

17 décembre 2007

Ducarme prend de la hauteur


Daniel Ducarme a prononcé ce samedi 15 décembre un discours remarqué sur les débats institutionnels. Sous le titre « Bruxelles, la révolution de l’Iris » l’ancien président-fondateur du MR lance quelques idées fortes : l’autonomie constitutive pour Bruxelles, la création d’une « Belgique Française » regroupant Bruxelles et la Wallonie , et une association poussée pour ce nouvel ensemble avec la République Française (Ducarme prend comme exemple le statut de la Polynésie Française, territoire d’outre mer jouissant d’une grande autonomie).


Bref, du costaud. L’initiative est bienvenue. Au moment où les négociations gouvernementales s’enlisent dans les querelles de personnes et les stratégies à court terme il était temps qu’un élu teste quelques idées institutionnelles. Que ce soit Daniel Ducarme n’étonne pas. D’abord parce que son statut (ancien président fondateur du MR, ancien ministre président Bruxellois, aujourd’hui simple député, après avoir affronté le fisc et un cancer) le lui permet : en d’autres termes cet homme possède la liberté de parole de ceux qui n’ont plus rien à perdre et qui ne courent plus vers d’hypothétiques trophées. Ensuite parce queDaniel Ducarme, souvent confronté à Hervé Hasquin, ne déteste pas montrer qu’il est aussi un « agitateur d’idée » et peu, au besoin avoir du souffle. Je me souviens l’avoir vu en vacances relire Tocqueville. Enfin, 3ième raison, parce que Ducarme nourrit une vrai passion pour la France, ses valeurs et son système politique. Qu’il souhaite s’en rapprocher n’est donc pas une surprise.


Trois raisons donc, pour lire son appel (sans, bien sûr, être obligé d’y souscrire) et émettre le souhait que d’autres (on pense à Charles Picqué, Philippe Moureaux, Jacky Morael, Melchior Wathelet Senior, etc…) se risquent sur le même terrain avant que le groupe Wallonie-Bruxelles, une fois lancé, ne concentre le débat en son sein. L’initiative a en effet le mérite de monter aux partenaires flamands que les francophones aussi peuvent avoir des idées sur leur futur et que la marche vers l’autonomie peut avoir des conséquences qui ne seront pas toutes systématiquement positives pour la Flandre. Depuis plusieurs mois j’attends ainsi le grand format francophone qui osera dire qu’en cas de confédéralisme Bruxelles ne sera pas forcément la capitale de la Flandre. Il n’est pas vain, dans la politique telle que je l’imagine, de lancer des réflexions à long terme. Surtout quand ce long terme se rapproche plus vite que prévu.

Le petit déjeuner de la discorde

La scène se passe le lundi 10 décembre (il y a une semaine) au Lambermont, la résidence officielle du premier ministre. GuyVerhofstadt, dans le cadre de sa mission d’information, a convié les 4 présidents des partis francophones à un petit déjeuner. Elio Di Rupo arrive avec une bonne vingtaine de minutes de retard. Objectif du premier : tenter de pacifier les relations entre francophones et s’assurer qu’une grande partie d’entre eux est susceptible de soutenir un projet de coalition.

Au cours de ce petit déjeuner les intervenants vont régulièrement faire référence à l’année 1980, au cours de laquelle, sous l’égide de Wilfried Maertens, les 3 familles vont préparer ensemble une réforme de l’état.

Didier Reynders pour le MR indique que pour souscrire à un tel scénario il lui faut des assurances sur le programme d’un tel gouvernement ou à un défaut un gage de confiance. Une partie de la conversation va ensuite tourner autour de l’entrée du MR dans les gouvernements régionaux et communautaires. Guy Verhofstadt, tente une médiation en indiquant que si le MR doit consentir à la montée de plusieurs partenaires au fédéral il est juste, selon lui, que les libéraux francophones puissent en compensation obtenir leur place dans les majorités régionales. Joëlle Milquet puis Elio Di Rupo estiment que les deux échelons sont découplés et qu’une telle compensation n’a pas de raison d’être. Par la suite il sera question d’une entrée du MR « différée » , d’abord à pâques puis en 2009. CDH et PS refusent de prendre un engagement en ce sens.

La présidente du CDH interroge ensuite Guy Verhofstadt sur la position du SPA. Le premier ministre fait savoir que les socialistes flamands ne semblent pas disponibles malgré plusieurs tentatives d’approches. Didier Reynders, souhaitant toujours un gage de confiance de ses partenaires se heurte alors de nouveau à un discours commun du CDH et du PS. A l’évidence Joëlle (qui parle en premier) et Elio ont préparé l’entretien. Didier Reynders quitte alors le petit déjeuner, visiblement fâché. Verhofstadt poursuit la conversation quelques instants avec Joëlle Milquet, Elio Di Rupo et Jean-Michel Javaux. Le président des écologistes indique alors à ses interlocuteurs qu’il n’est pas particulièrement demandeur d’une entrée dans les gouvernements régionaux et communautaires. Fin de la réunion. Le premier ministre n’a pas réussi à mettre les francophones d’accord.
Pourquoi vous raconter tout cela ? D’abord parce que j’ai pu récolter suffisamment d’éléments auprès de différentes sources pour rapporter un récit que je crois pas trop éloigné de la réalité. Ensuite parce que l’incident illustre assez bien l’importance des relations humaines dans la crise que nous traversons ainsi que la bipolarisation de la vie politique francophone sur le « clivage wallon » : PS et CDH d’un côté, MR et Ecolo de l’autre. Enfin, parce que toutes les déclarations et difficultés de la semaine dernière découlent de ce petit déjeuner très peu convivial.

12 décembre 2007

Le MR peut-il se risquer à l'opposition ?


Le travail de Guy Verhofstadt n'est pas simple. Pour sortir de la crise le premier doit donc commencer par informer le souverain "sur la mise sur pied rapide d’un gouvernement intérimaire, chargé des affaires urgentes" ( attention c'est bien "informer" et pas "former" qui est le verbe utilisé par le palais). Depuis lundi la coalition la plus citée est une formule "2+4" : CD&V/NVA-VLD coté flamand, et MR-PS-CDH-Ecolo côté francophone.

Problème depuis lundi le MR fait savoir urbi et orbi son peu d'enthousiasme pour la formule, surtout pour sa large composante francophone. Pour l'instant les libéraux s'en tiennent à un laconique " discutons du programme d'abord" mais on sent bien que le coeur n'y est pas.


Ce week end les réformateurs ont été tentés d'échanger leur soutien à la formule contre une entrée dans les gouvernements régionaux (l'information m'est confirmée à plusieurs sources dont certaines sont libérales, mais personne n'accepte de l'évoquer face caméra). Un "donnant-donnant" dont le PS et le CDh ricanent encore : l'hypothèse a fait long feu.


Pour le MR la situation est donc délicate : le pari de l' "orange bleue" a échoué, le poste de premier ministre semble acquis, pour l'instant, à un candidat flamand, et ses principaux concurrents électoraux (PS et CDH) ne sont pas écartés du pouvoir. Pire : il faut imaginer ce que donne la configuration "union nationale" en terme de mandats : le MR risque de n'avoir que 2 postes ministériels (en plus de la présidence du sénat)... soit autant que le PS (moins même si l'on doit prendre en compte le siège de commissaire européen). Ajoutez l'obligation de soutenir une réforme de l'Etat, et un programme socio-économique que les socialistes voudront "gauchiser" et les verts "ecologiser" (excusez ces néologismes). Bref, pas la formule gagnante.



Depuis 2 jours l'état major des bleus francophones menacent donc de réfléchir à l'opposition. C'est un peu "retenez moi ou je fais un malheur". Didier Reynders semble donc en difficulté : renoncer au gouvernement fédéral c'est prendre le risque de bloquer toute solution et de passer pour un "facteur de crise". Y entrer c'est se contenter d'un rôle mineur et reconnaître l'échec de la stratégie menée pendant plusieurs mois. A trop vouloir isoler et affaiblir le CDH au lieu d'en faire un partenaire, Didier Reynders a contribuer au renversement de situation que l'on connaît aujourd'hui.


Pour l'instant le vice-premier ministre tente de gagner du temps : parlons d'abord programme assure-t-il. Mais il faut le souligner : exiger maintenant une discussion approfondie sur le programme entre en contradiction avec l'exigence royale d'une mise sur pied rapide d'un gouvernement intérimaire. Il ne saurait être question de repartir de zéro et Didier Reynders le sait bien. Comme ses adversaires doivent aussi savoir que laisser le MR seul dans l'opposition est contraire au signal de l'électeur et à double tranchant pour les régionales de 2009.



Votre carte visa a-t-elle un goût de NVA ?

C'est une anomalie repérée par mon confrère de RTL, Frédéric Cauderlier. Les détenteurs d'une carte visa reçoivent encore aujourd'hui des courriers signés de Jan Jambon. Ce nom vous dit quelque chose ? Normal, Jan Jambon est l'un des députés NVA que nous avons eu l'occasion d'entendre ou de voir dans différents reportages. A l'occasion du renouvellement de ma carte visa j'ai donc reçu 2 courriers signés de ce député en tant que directeur commercial de BCC, la société bancaire qui édite cette carte.
Etonné j'ai donc contacté le service de presse de BCC, qui, dans sa réponse, me présente ses excuses, en m'indiquant que Jan Jambon a démissionné le 30 septembre, et que "si sa signature apparait encore sur certains documents" c'est parce qu'il n'a pas été "encore procédé au remplacement de ceux ci".
Consultant la fiche wikipédia de Jan Jambon je m'apperçois que son engagement à la NVA ne date pas d'hier, qu'il fût candidat aux communales en 2006 et siège en tant qu'échevin depuis janvier 2007.
Résumons : Jan Jambon a une fonction politique connue de tous depuis au moins le début de l'année, il est élu au parlement fédéral en juin, mais ne quitte sa société qu'en septembre, et celle-ci laisse encore "trainer" sa signature dans des courriers adressés à des dizaines de milliers d'électeurs potentiels jusqu'en décembre.
C'est de la bonne gouvernance made in flandre ?

08 décembre 2007

Elio ramène Joëlle dans la coalition


C'est désormais une certitude : l'orange bleue ne fleurira pas sous le climat belge, trop humide et pas assez chaud sans doute pour un fruit aussi exotique. Depuis une semaine les négociateurs de tous bords cherchent une nouvelle coalition. De préférence une coalition qui bénéficierait de la majorité des deux tiers "ou qui en serait très proche" a précise Yves Leterme dans un long entretien sur RTL TVI ce samedi. L'ancien formateur a également indiqué que le "CD&V et le CDH appartiennent à la même famille européenne (le PPE, parti populaire européen qui rassemble les formations démocrates-chrétiennes) c'est important, de plus je ne suis pas rancunier". Traduction : le CDH a bien sa place dans une coalition gouvernementale ou se trouverait le parti d'Yves Leterme et il n'a pas l'intention de laisser les humanistes dehors. Lors du même entretien l'ex- formateur a glissé que la famille socialiste "est une famille qui compte, une famille importante qui doit prendre ses responsabilités : il y a eu des signes en ce sens puisque Monsieur Di Rupo reconnaît maintenant qu'une réforme de l'état est nécessaire". Traduisons encore : le PS est nécessaire pour atteindre une majorité des deux tiers et Elio a envoyé le signal qu'il fallait. Sauf erreur de traduction de ma part, mais je crois avoir le bon dictionnaire pour comprendre Yves Leterme : le leader flamand souhaite publiquement que le CDH et PS participent à une grande coalition qui compterait au moins 5 partenaires .

Branchons le décodeur. Jeudi et vendredi Guy Verhofstadt a testé plusieurs formules possibles. Celle qui semblait avoir la préférence des libéraux était la suivante : CD&V-NVA et VLD côté flamand associé au MR et au PS. J'ai appelé sur l'antenne de RTL TVI cette formule "orange sanguine" pour souligner que par rapport à l'orange bleue le CDH y était remplacé par le PS (la formule est impropre puisque le bleu domine dans cette hypothèse, mais il faut parfois se montrer pédagogique, permettez moi cette liberté picturale). L'exhibition dans un reportage de la RTBF de l'inimitié que Joëlle Milquet nourrit pour Didier Reynders (et inversement, même si c'était mercredi moins visible) servait parfaitement le scénario. Mais la coalition "orange sanguine" ne permettait pas de réformer l'état. Les libéraux ont donc suggéré une "orange sanguine +" : CD&V-NVA, VLD, MR, PS, Ecolo-Groen. Cette coalition avait deux avantages : faire monter les verts (eux aussi gagnants le 10 juin) et afficher un total de 103 députés (3 de plus que la majorité des deux tiers). Elle s'est fracassée sur deux éceuils dans la journée de vendredi.
D'abord parce que Groen ne s'est pas montré très interessé. Ensuite et surtout parce que le parti socialiste n'entendait pas jouer dans la pièce. A plusieurs reprises Elio Di Rupo a souligné en interview que "Joëlle Milquet est d'une grande correction". Le président du parti socialiste n'entendait donc pas remplacer au pied levé un parti avec lequel il gouverne à Bruxelles et en Wallonie et a donc affiché un refus assez net. Les autres partenaires ont donc compris que PS et CDH monterait ensemble au pouvoir, et qu'à la limite cela simplifiera la situation de Joëlle Milquet qui pourra se caler dans la roue du PS : ce qu'Elio Di Rupo acceptera, la président du CDH devrait l'accepter aussi.

Bref, ce samedi après midi, et après avoir recoupé l'information a plusieurs sources j'arrive au pronostic suivant pour la coalition la plus probable : CD&V-NVA et VLD coté flamand (cela ne bouge pas) et MR-PS-CDH côté francophone. Total : 101 voix. Pour l'instant le SPA n'en est pas (les socialistes flamands ne sont pas demandeurs et les libéraux ont asssez dit leur hostilité à une tripartite classique) mais cela pourrait encore changer. Les voix du SPA pourraient être utiles en cas de réforme difficile à faire passer (dans le cas contraire la formule retenue ici dépend du bon vouloir des députés NVA et FDF).

Reste deux inconnues : d'abord qui sera premier ministre ? Sur RTL TVI Yves Leterme a estimé que la démocratie, avec 30 sièges pour sa formation, jouait en sa faveur "les résultats de l'élection n'ont pas changés" glissait il en affirmant que "dans ce pays ont compte les voix on les compare pas, ce sont les voix des électeurs qui comptent pas celles des analystes". On doute que Guy Verhofstadt et Didier Reynders se range facilement à cet argument.

Deuxième question, sans réponse à ce stade : cette coalition , si elle voit le jour , doit elle connaître un prolongement au niveau régional ? S'il accepte de voir Elio et Joëlle s'asseoir à ses côtés au fédéral (il n'a pas vraiment le choix) Didier pourrait demander la réciprocité à Bruxelles et Namur. Il n'est pas sûr que ses amis francophones souhaitent lui faire ce cadeau.
L'intégralité de l'interview d' Yves Leterme est ici.

07 décembre 2007

En attendant Yves Leterme

Dans quelques heures j'aurai l'honneur d'interviewer avec Kathryn Brahy Yves Leterme sur RTL TVI. C'est la deuxième fois que nous avons l'occasion d'un long interview en direct avec cette personnalité. Lors de son premier passage sur notre antenne, dans le cadre du "grand défi", celui qui était encore ministre président flamand m'avait impressionné par sa rapidité et son sens de la synthèse : beaucoup de ryhtme et des phrases courtes, pour laisser le moins d'espace possible à la contradiction de l'interviewer. La configuration est sensiblement différente : Leterme est désormais plus connu des francophones. Il vient d'essuyer deux échecs en tant que formateur, et n'est plus autant maître du jeu qu'il y a quelques mois. Cette série d' interviews (il passera également pas une télévision flamande) une semaine après sa démission peut lui permettre de rebondir, ou au contraire l'enfoncer. Rendez vous dans le journal de 13H de ce samedi.

06 décembre 2007

Montrez-vous sur Facebook



C’est le nouvel outil à la mode sur internet : le réseau « facebook » connaît un boom comme seules les nouvelles technologies sont capables d’en générer. Le principe est simple : mettre en relation des individus par le biais de leur centre d’intérêt ou de leurs parcours professionnels. Facebook repose sur le concept « d’amis » que vous autorisez (ou pas) à lire votre profil et partager vos informations. Personnellement je ne suis pas sûr d’avoir compris toutes les subtilités de l’outil, mais c’est très convivial, cela permet le partage de photos et de vidéos avec vos amis et c’est suffisamment bien construit pour qu’on y passe quelques heures sans voir le temps s’écouler.
Les hommes politiques ont compris l’intérêt de la chose. Etre sur facebook s’est mettre le pied dans un réseau où l’on peut faire passer ses infos, et surtout profiter d’une image techno, jeune et dynamique.
Sans surprise Elio Di Rupo a donc une présence militante sur Facebook et compte 277 amis à son actif.
Jean Michel Javaux, ecolo, 156 amis, affirme que l’outil est "passionnant".
Didier Reynders, sa vraie fiche est ici, compte 10 amis dont son frère et sa sœur. Joëlle Milquet n’a pas encore investi ce territoire (« toute modernité n’est pas toujours bonne à prendre » m’a répondu son porte parole visiblement peu intéressé par la chose). Plus amusant : les amitiés des uns et des autres. On notera que jean Michel Javaux est l’ami d’Anne-Marie Lizin. En revanche Elio et Didier, sur facebook, ne se sont pas rencontrés.
Coté flamand, un belle page pour Guy Verhofstadt, en revanche les profils d’Yves Leterme que j’ai trouvé ne semblent pas émaner de l’ex-formateur (glissons qu’il a peut être plus de temps pour jouer du clavier maintenant).
C’est un peu le problème et la limite de l’outil : sur Facebook on n’est pas toujours certain de l’identité de son interlocuteur. Un conseiller du ministre des finances m’indiquait la semaine dernière qu’il avait repéré 3 faux Didier Reynders. Cela peut être ludique, mais aussi dangereux. Méfiez vous donc des imitations.

04 décembre 2007

Pour son retour, Guy soigne les journalistes

On a déjà beaucoup écrit sur les relations tendues entre Yves Leterme et les journalistes (francophones en particuliers), l'ironie mordante de l'ex- formateur en interview, ses sprints devant les caméras et ses formules vides et méprisantes ("moi, Monsieur, je travaille pour trouver une solution", signifiant sans doute "quelle bête question").
Guy Verhofstadt, qui n'a pas toujours montré un grand interêt pour le confort des journalistes, a décidé d'en prendre le contrepied. Conseillé par un nouvel attaché de presse (le précédent, Didier Seeuws a repris sa carrière de diplomate au sein de la délégation belge auprès de l'UE), le premier a ouvert les portes de sa chacellerie ce vendredi. Entre chaque entrée et sortie des visiteurs, les journalistes ont donc eu accès à une salle chauffée, et même droit au café. Les services du premier n'ont pas agit sur un coup de tête : ils avaient condamner certaines portes pour éviter que la presse, tout en étant à l'abri des intempéries, ne se retrouve dans le hall ou dans l'escalier, en contact direct avec les négociateurs. Une idée qu'Yves Leterme et ses services n'ont pas eu pendant 5 mois (et pour être honnête que Guy n'a pas eu non plus pendant les 8 années précédentes). On découvre que la communication a un impact ? Et que les journalistes ont parfois mauvais caractère ?

La fin de l'orange bleue ?


Petite phrase de Didier Reynders alors qu'il sortait ce mardi soir, rue de la loi, d'un entretien avec "l'informateur temporaire" Guy Verhofstadt : " s'il n'est pas possible après six mois de faire l'orange bleue on est obligés de chercher autre chose au moins pour arrêter la crise".

A ce stade on en sait pas encre si cette déclaration enterre définitivement la coalition de centre droit ou si elle a juste pour but de faire pression sur un cartel CD&V-NVA qu'on décrit comme sens dessus dessous.

Si la première interprétation se vérifie c'est évidement un tournant dans la crise. Guy Verhofstadt se doit donc de trouver une majorité alternative. Sur le papier il n'y en a pas : sans CD&V (à moins d'imaginer travailler avec le VB mais on ne fait l'injure à personne d'envisager cette hypothèse) aucune majorité au sein du collège flamand. Le scénario bis consiste donc à "bricoler" une majorité violette "élargie" (socialistes et libéraux n'ont que 75 sièges, il en faut 76) qui pourrait compter, suivant les projets, sur un renfort du CD&V, d'Ecolo-Groen, ou du CDH, et même parfois juste sur l'abstention des uns ou des autres. C'est jouable à court terme et sur des projets "consensuels" et non communautaires, en ayant à l'idée que cette majorité reste "minoritaire" côté flamand.

Dans une seconde phase (traduisez après le lancement de la convention, si on y arrive) on cherchera alors la majorité des deux tiers. Mais pour que ça marche il faut que le SPA accepte de rester dans une "mini-majorité d'urgence"... la visite de Caroline Gennez, nouvelle présidente du SPA, chez le premier ministre ce vendredi sera donc très suivie...
Si les socialistes flamands acceptent d'entrer dans ce scénario, le CD&V pourrait se retrouver momentanément sur la touche... et serait peut être plus facilement enclin à l'une ou l'autre concession. Histoire que son champion Yves Leterme ne reste pas, pour longtemps, au balcon de l'histoire.

03 décembre 2007

Une mission camouflage

Guy Verhofstadt est donc rappellé en première ligne. Il faut lire attentivement le communiqué du palais pour se rendre compte que la mission du premier ministre est en réalité limitée. Que dit ce communiqué ? D'abord que le premier doit informer le souverain à très court terme sur une sortie de crise. Informer seulement. Le premier lui même a indiqué qu'il n'était pas sûr d'y parvenir. Caméras eteintes il indique qu'il se donne un mois. Son objectif sera donc de lancer la fameuse convention avec le plus grand nombre de participants possibles. Rendez vous fin janvier.
Deuxième mission assigné au premier : permettre des prises de décisions actuellement paralysées par le concept "d' affaires courantes". Guy Verhofstadt va donc chercher des majorités qui permettent d'avancer au coup par coup sur les dossiers les plus urgents. C'est tout.
Dans la journée l'idée d'un gouvernement d'urgence qui aurait joui d'un minimum de stabilité a donc été balayée d'un revers de la main. Il semble qu'un vote de confiance ne soit pas envisageable pour le moment. Il faut surtout constater que le souverain ne charge pas Verhofstadt de chercher un nouveau gouvernement. Albert II semble ainsi prendre acte du fait que la mise sur pied d'une majorité dans les prochaines semaines est illusoire. En chargeant son premier d'une mission d'information le communiqué du roi camoufle l'essentiel : la crise est toujours là et elle est partie pour durer.
Reste l'enthousiasme de Verhofstadt. Volontaire et communicatif. L'homme serait bien sûr ravi d'arriver à une solution et de damner ainsi le pion à son rival Yves Leterme. Verhofstadt a ainsi rencontré la presse pour un brieffing "off the record" ce soir, invitant reporters et éditorialistes francophones et néerlandophones confondus, ce que Leterme en 6 mois n'a jamais fait. Commentaire d'une consoeur : "Il est incroyable. On avait oublié que ça existait".

01 décembre 2007

Comment Leterme a coincé le CDH

Yves Leterme n'est donc plus formateur. Sans fanfaronner excessivement je me permet de vous renvoyer à la lecture de mes billets précédents (ici et ici) : pour les lecteurs attentifs de ce blog, ce nouvel épisode de la crise ne devrait pas être tout à fait une surprise.
Ajoutons que la démission de Leterme a même été sérieusement envisagée vendredi après midi : une rumeur en ce sens courrait sur le trottoir de la rue de la loi et le journal Le soir l'a même publiée un temps sur son site internet avant de faire retirer précipitamment l'info prématurée.
En n'obtenant aucun assouplissement de son encombrant partenaire NVA le formateur était donc condamné. Il s'est livré à une dernière manoeuvre qui relève autant de la diversion que de la stratégie partisane.
Intéressons nous aux trois questions posées par Yves Leterme dans une "ultime note". Il est évident qu'elles ont pour objet de "flamandiser" leur auteur, de lui permettre de se profiler en martyr flamand de l'aventure orange bleue. Yves a donc préféré son cartel à un poste de premier.
  1. Le formateur demandait à ses partenaires s'ils étaient d'accord pour que l'on puisse discuter de tout au sein de la Convention et du bureau restreint qui la dirigerait. Cela revenait à avoir un menu ouvert, où chaque parti pouvait à tout moment amener ses points. Le CDH avait fait part de ses réticences à un menu ouvert. Le MR l'envisageait e revanche comme possible, prévenant que dans ce cas là les réformateurs y déposerait le point "élargissement de bruxelles". bien entendu le fait de déposer un point n'est pas une obligation de résultat
  2. Acceptaient-ils que les Régions puissent octroyer des incitants fiscaux aux entreprises ? Là aussi le CDH avait publiquement fait part de ses réticences pour tout mécanisme susceptibles de créer de la concurrence entre les régions (si je ne me trompe pas c'est même rappelé noir sur blanc dans un communiqué de la semaine dernière). Pour le MR le seul tabou était l'Isoc (impôt sur les sociétés). L'appellation retenue ici était donc acceptable pour les libéraux.
  3. Les ex-futur coalisés acceptaient-ils que l'on vote la réforme de l'Etat avec une majorité des deux tiers sans garantir un équilibre entre francophones et néerlandophones ? Dans ce cas un seul parti francophone allié à tous les partis flamands pourraient constituer une majorité des deux tiers. Joëlle Milquet avait publiquement dit qu'elle voulait une majorité des deux tiers"équilibrée". Le MR était moins franc mais semblait partager le même point de vue (je me permet ici une parenthèse : en combinant les points 1 et 3 on voit qu'une grande réforme de l'état devenait possible). Ici encore, le CDH avait déjà répondu non avant même que la question ne soit formulée.

Bref, c'est évident Leterme et son entourage savaient pertinemment qu'ils ne pouvaient pas obtenir de"oui" à ces trois questions de la part du CDH. De même qu'ils avaient sans doute mesuré que le MR était plus ouvert à ces questions. Conclusion : le formateur a voulu faire porter la responsabilité de l'échec à Joëlle Milquet, et épargner Didier Reynders.

Suite logique : le CD&V devrait selon toute vraisemblance passer la main dans les prochains jours et le roi se verra obliger de recruter un nouveau formateur. Après Guy Verhofstadt, reçu ce samedi soir, Didier Reynders sera consuté ce dimanche. Il ne serait pas étonnant que le président du MR se retrouve en costume de formateur dans les heures ou les jours qui viennent.

Avec quelle coalition ? Mathématiquement (et à moins de travailler avec le VB) le CD&V est inévitable. Pas le CDH. Et même si Reynders prétendait bouter les rouges dans l'opposition, la longueur de la crise et l'impasse où nous nous trouvons peut tout à fait justifier le retour du PS dans la partie. Il va falloir que l'avenue de la toison d'or et le boulevard de l'empereur se téléphonent.

24 novembre 2007

Il est minuit moins cinq pour Yves Leterme


C'est devenu une évidence ce vendredi : Yves Leterme est désormais sous la pression de la NVA. Une évidence visible : pendant une bonne partie de la journée le formateur et les dirigeants du CD&V ont été en réunion avec Bart De Wever, le président du parti nationaliste. C'était le cas le matin (un tête à tête entre Yves et Bart si je suis bien informé), ce fût encore le cas dans l'après midi (avec au moins Vandeurzen, De Crem et Chris Peeters si je ne suis pas trop myope). En cause la note communautaire d'Yves Leterme. Celle ci ne prévoyait pas jusqu'à jeudi de régionaliser des éléments de la sécurité sociale (et Yves Leterme dans la vidéo ci dessous le confirme après un instant de réflexion). Bart de Wever a donc fait part de son mécontentement, d'où le pataquès de cette fin de semaine. Conclusion : Bart et Yves se contredisent ouvertement et publiquement.


Pour le formateur c'est une tuile de plus. Que les divisions internes de ce cartel arrivent ainsi sur la place publique ne peut que saper l'autorité d'un futur (ou ex-futur ?) premier ministre. Surtout si l'on constate que le formateur a du céder devant son allié alors que sa note, maintes fois remise sur le métier, avait , semble-t-il, été approuvée par les 4 présidents de parti. Yves Leterme ne pourra pas dire qu'il n'a pas eu sa chance. Après des pics de crise, des dramatisations, des ruptures, de gestes d'ouverture, des interventions royales et le soutien à deux reprises d'Herman Van Rompuy l'homme aurait du, depuis le temps, se trouver en position d'aboutir à un accord. Si ce n'est pas le cas il va falloir se rendre à l'évidence : s'il en a la capacité intellectuelle, Yves Leterme n'a peut être pas l'autorité nécessaire et le sens de la synthèse nécessaires pour devenir premier ministre.


Coté francophone on notera que jeudi et vendredi MR et CDH ont semblés plus en phase et communiquaient le même refus de scinder la sécu. C'est une communication de "fond" alors que ces dernières semaines le MR insistait plutôt sur les différents qui opposent CDH et CD&V que sur ses propres refus. Changement de stratégie ? Ou indice d'un climat particulièrement difficile ?

Voir le reportage

20 novembre 2007

De l'ouverture à l'essai


S’agit-il vraiment d’une ouverture réelle, ou bien simplement du 23ième rebondissement d’une négociation mal partie qui s’éternise ? A ce stade le doute est encore permis. Le mouvement réformateur a donc lancé au cours du weekend un message « d’ouverture ». A dire vrai le signal a même été émis dès vendredi matin par Didier Reynders. Au cours d’un point presse le président du MR lançait même « la Belgique de papa a vécue ». Histoire d’être sûr que le message serait bien reçu 5 sur 5 Charles Michel a fait le déplacement jusqu’aux plateaux de télévision flamands pour préciser le message : le MR est OK pour une régionalisation partielle de l’impôt et de la politique de l’emploi. L’honnêteté impose de dire que la position du MR n’est pas une nouveauté : Didier Reynders a toujours dit qu’il était ouvert à une réforme de l’état pour autant que celle-ci soit négociée. La nouveauté réside dans la tonalité employée (plus franche et clairement audible) et dans le moment choisi (un arrêt des négociations pour cause de crise confiance) que dans l’originalité de la position. L’art politique se confond parfois avec la communication : parler juste et au bon moment est parfois vital.

L’honnêteté impose également de dire que la position du président du MR, plutôt bien accueillie par le CD&V et le VLD n’est pas encore synonyme d’une sortie de crise. Car la NVA, le FDF et le CDH ont tenu à prendre leurs distances (ce qui n’est pas rien). Il n’est pas exclu que ces formations s’engouffrent malgré tout à terme dans la brèche ouverte. Prendre le risque de refuser l’ouverture c’est, alors que le ras le bol semble gagner du terrain dans l’opinion publique, prendre le risque de passer pour un facteur de crise. Le CDH n’y pas forcément intérêt (c’est plus discutable pour le FDF et surtout pour la NVA).
L’honnêteté impose enfin de rappeler qu’une ouverture n’est en rien une conclusion. A ce stade aucun acteur ne semble faire évoluer fondamentalement ses positions de fond : le CDH n’acceptera pas une réforme de l’Etat qui impliquerait une concurrence entre les régions, le MR s’oppose à une scission de BHV sans compensation, le CD&V exige des garanties sur la réforme de l’état, etc… L’ouverture seule n’est pas synonyme de déblocage, même si un nouveau climat s’installe.

Permettez-moi cette métaphore empruntée au ballon ovale. Au rugby le demi d’ouverture (ici Didier Reynders) a pour mission d’extraire le ballon de la mêlée. C’est un rôle crucial. Un bon demi d’ouverture se doit ensuite de faire « vivre son ballon », et a la redoutable tâche d’orienter le jeu. Si le demi d’ouverture est bien inspiré et si le « collectif fonctionne » (le rugby comme une formation de gouvernement est un jeu subtil où les qualités individuelles doivent s’inscrire dans un effort collectif) le ballon est alors transmis au ¾ qui lancent un ailier qui file, si tout va bien, jusqu’à l’essai. Si cela ne marche pas il y a de fortes chances que l’un des membres se retrouve plaqué au sol, que le ballon ne « vive plus », et que le jeu étant à nouveau bloqué l’arbitre ne siffle une nouvelle melée.

14 novembre 2007

Trucs et ficelles de la négociation, épisode 2

La « case caméra »

Au paroxysme de la crise, dans les heures qui ont précédées et suivies le vote des partis flamands en commission de l’intérieur il régnait une agitation inhabituelle rue de la loi. La présence de dizaines de journalistes belges et les éditions spéciales proposées par les télévisions y sont pour quelque chose, c’est entendu. Ajoutez une dizaine de caméras de TV étrangères, et la zone neutre prenait tout à coup des airs de quartier de l’Elysée un soir d’élections présidentielles. Les hommes politiques ont bien compris l’avantage à en tirer. Olivier Maingain, Didier Reynders (2 ou 3 fois), Bart de Wever et Joëlle Milquet sont donc passés à un moment où un autre devant la meute des journalistes pour lâcher l’une ou l’autre petite phrase. On même vu des élus qui visiblement désireux de passer par la « case caméra » ce jour là empruntaient le trottoir de la rue de la loi pour se rendre de la présidence de la chambre à une salle de commission… Ah bon, c’est un détour ?

Au dessus de la mêlée

La veille du fameux vote Yves Leterme quitte précipitamment le 10 rue de la loi. Justification : le formateur ne souhaite pas participera la délibération flamande qui aboutira à la décision de voter la proposition de scission. La ficelle est grosse, mais Leterme a compris que ce geste symbolique lui permettait de prétendre rester au dessus de la mêlée… et de ne pas galvauder ses dernières chances de migrer un jour vers le 16. Problème : comment faire savoir qu’on quitte la réunion, sans être l’auteur d’une fuite ? Une sortie en voiture était trop risquée (cela va trop vite pour un moment où l’attention des journalistes s’est relâchée, et pour être franc, l’auteur de ces lignes avaient même jugé le moment suffisamment creux pour aller chercher un sandwich). Stratagème utilisé pour contourner la difficulté : le formateur est sorti à pied avec son porte-parole, pour gagner la voiture de celui-ci garée une centaine de mètres plus loin. Vous avez eu le temps de mettre en route vos caméras ? Ce soir là Leterme n’a rien dit, mais il était sûr que l’image de sa sortie existait…
Le MR suspend son bureau
C'est la guerre au MR entre Olivier Maingain, président du FDF hostile à tout tranfert significatif de compétences vers les régions , et Gérard Deprez, grand manitou du MCC plus enclin à envisager une réforme de l'état et grand défenseur du dialogue nord-sud. Ces deux là en viennent aux noms d'oiseaux. La preuve ? Pour éviter tout incident le MR n'a pas réuni son bureau ses dernières semaines. On lui préfère des réunions informelles auquelles participent (entre autres) Olivier Maingain, Charles Michel, Olivier Chastel et Sabine Laruelle. Gérard Deprez (membre de droit du bureau) n'y est pas invité...

10 novembre 2007

Faut-il tuer l'orange bleue ?



L'orange bleue n'aura donc été qu'une chimère. C'est la conclusion à laquelle nous conduisent les soubresauts de ces dernières heures et une situation politique qui a rarement été aussi chaotique. Les acteurs, à peine libérés d'un problème se précipitent sur le suivant et tombent à chaque fois plus bas. L'observateur que je suis concède ce week end, après une semaine éprouvante, une pointe d'agacement et de désillusion. Je l'ai déjà souligné : ce projet de coalition manque de souffle et les participants semblent plus préoccupés par les régionales à venir que par le succès de la négociation.




En trois jours on aura vu l'impensable : le vote d'une communauté contre une autre, une intervention inhabituelle du palais dans un registre qui n'est habituellement pas le sien, et un regain de tension là ou on espérait l'apaisement. C'est surtout cette dernière phase qui doit retenir l'attention. Tout commence mercredi après midi, lorsque commentant le communiqué du palais royal, Didier Reynders muscle son discours : pas de reprise des négociations sans un geste d'apaisement du CD&V. Le FDF amplifie le lendemain en répétant qu' Yves Leterme n'est pas, du point de vue des francophones, un premier idéal. Riposte du CD&V : une réforme de l'état reste indispensable, aux francophones de faire un geste.



Bien sûr on peut penser qu'il ne s'agit ici que d'une musculation classique. Le bureau de la NVA ce samedi peut légitimer une certain radicalisation des propos. L'accusation (non démontrée) d'un scénario arrangé autour du vote en commission de l'intérieur peut amener à vouloir créer des contre-feux.



C'est sous-estimer la détermination des acteurs que j'ai le privilège de rencontrer et l'importance de l'incompréhension qui règne désormais entre les deux communautés. J'ai bien entendu des francophones refuser catégoriquement toute réforme de l'état et souhaiter ouvertement transformer le mandat donné aux présidents de la chambre et du sénat en manoeuvre dilatoire. Cela ne peut, côté flamand, qu'être perçu comme une agression. J'ai également vu cette semaine un CD&V déboussolé. Voter contre l'autre communauté et s'en excuser presque le lendemain, pour finalement revenir à la position initiale deux jours plus tard manque singulièrement de cohérence. J'ai vu vendredi un président du CD&V qui m'a semblé réellement meurtri... et perdu.




Au risque de passer pour un renégat communautaire l'auteur de ces lignes souhaiterait dire aux francophones que le principe d'une réforme de l'état est inévitable. Qu'il faut avoir le courage de le dire publiquement et envoyer ce signal positif vers la Flandre. Le processus proposé par le palais ne peut pas être un simple "encommissionnement". Il faut donc en accepter le principe, ce qui n'empêche pas d'être ferme sur les points "non-négociables". Je suis même surpris que ce fameux communiqué, et dont on imagine que les termes qui y sont utilisés ont été un peu négociés et soufflés au palais, aient pu donner lieu à une contestation publique. Le découplage entre formation et réforme de l'état était écrit noir sur blanc, il n'était pas nécessaire d'en rajouter, sauf à vouloir humilier le cartel emmené par Yves Leterme. A l'inverse ce communiqué évoque également sans détour une réforme du système fédéral actuel, ne pas vouloir en tenir compte est intellectuellement malhonnête.



Le bras de fer de ces dernières heures ne rend service à personne et réduit à néant les effets bénéfiques qu'on pouvait attendre d'un engagement du roi. Si l'on venait à la conclusion que cette intervention d'Albert II dans le champ politique a été souhaitée par ceux qui finalement la conteste ce serait dramatique. Le pugilat observé au parlement de la communauté française (le reportage est visible ici )s'ajoute à cette dimension délétère. On en vient à se demander si le personnel politique est à la hauteur de la situation, et je ne suis pourtant du genre à dénigrer les élus, qu'ils soient du nord ou du sud.


La coalition associant libéraux et sociaux chrétiens est la plus légitime politiquement. Elle n'est pas mathématiquement la seule possibble. Depuis la mi août l'orange bleue est en soins intensifs. L'intervention des docteurs Van Rompuy et Albert II aurait pu aider à trouver la voie de la guérison mais le malade refuse de suivre les prescriptions proposées. La patience des belges est à bout. Il est temps de mettre fin à l'acharnement thérapeutique.


Voir ici la déclaration intégrale du CD&V.

09 novembre 2007

La grande Bénédicte

Une actualité dense m'a tenu éloigné de ce blog plus longtemps que je ne le pensai. Même avec un peu de retard je ne voudrai pas revenir vers vous sans rendre d’abord hommage à Bénédicte Vaes. Les obsèques de ma consœur du service politique du Soir ont eu lieu ce vendredi matin à Wezembeek. Notre champ d’action professionnel nous amenait à nous croiser régulièrement. Bénédicte, grande taille, port de reine, avait, sur le plan humain toute ma sympathie, et sur le plan professionnel, ma plus grande estime.
Pour le Soir, elle suivait donc l’actualité politique, en particulier les grands débats communautaires et l’actualité sociale. Elle maitrisait les moindres détails des dossiers qu’elle traitait, capable de décoder les mouvements des grandes profondeurs tandis que le journaliste de télé que je suis se contente de l’écume de la surface. C’est Bénédicte la première, si ma mémoire ne me fait pas défaut, qui mit la main sur le texte du pacte entre les générations du gouvernement Verhofstadt. Un scoop parmi d’autre : sa grande connaissance du terrain et les liens qu’elles avaient tissés avec de nombreux acteurs lui permettaient d’avoir une longueur d’avance. Mais ce n’était pas tout. La « grande Béné » avait des convictions. De gauche, assurément. Parfois ouvertement exprimées dans ces papiers. Toujours motivées par les valeurs qu’elle défendait : un idéal de justice sociale, d’antiracisme et de tolérance.

Bénédicte Vaes avait le sens du contact et du respect. Face au journaliste relativement inexpérimenté que j’étais en débarquant dans les négociations interprofessionnelles il y a une dizaine d’année elle aurait pu me prendre de haut (au sens propre comme au sens figuré). Ce fût le contraire : discussions, parfois passionnées, toujours intéressantes. Les longues heures d’attente dans le hall de la FEB furent avec elle beaucoup moins longues. Bénédicte avait un grand sens de l’humour et de l’ironie, ce qui ne gâche rien.

Il y a quelques années Guy Verhofstadt avait convié la presse politique à une sortie vélo suivie d’un repas dans un restaurant du brabant wallon. Beaucoup de collègues s’étaient contentés de la deuxième partie du programme. Nous n’étions qu’une dizaine d’inconscients à nous risquer à prendre la roue du premier ministre, visiblement désireux de monter à « ses journalistes » sa supériorité physique. Avec deux collègues de RTL nous n’avons pas tenu 500 mètres. Le premier ministre s’est envolé, et passée la première côte, n’était déjà plus visible pour nous. Bénédicte Vaes, sportive exemplaire, fût la seule à ne pas être décrochée. Le premier, surpris, lui rendit d’ailleurs un hommage vibrant ce soir là.

La maladie fût plus forte qu‘un premier ministre surentraîné. Bénédicte, malgré sa combativité, et elle n’en manquait pas, a perdu son dernier sprint. Les propos de son compagnon, Claude Demelenne et de ses collègues du Soir témoignaient ce vendredi matin d’une personnalité à l’exceptionnelle humanité.

26 octobre 2007

Pari

Je m'absente une semaine. Et je lance un pari : il n'y aura pas de governement à mon retour...

22 octobre 2007

Le patron

Didier Reynders peut avoir le sourire. Ce lundi le baromètre RTL-La libre confirme le leadership du MR tant à Bruxelles qu' en Wallonie. Mieux encore pour le président des réformateurs : il est désormais l'homme politique le plus populaire au sud du pays, devant Elio Di Rupo, ce que peu d'observateurs auraient parié il y a encore 6 mois.

Cette nouvelle stature donne à Reynders le droit de se poser en "premier francophone", et le pouvoir de négocier d'homme à homme avec Yves Leterme. C'est d'ailleurs bien ce qui est en train de se passer. Sur les dossiers communautaires le MR a préféré ne pas négocier aux cotés du CDH. Les entretiens ont lieu en délégations séparées : c'est chacun pour soi.

Au poker communautaire le patron du MR a en outre une carte cachée dans la manche. Il peut à tout moment faire tonner les canons du FDF. Ce qui se passe ce lundi soir dans la périphérie peut ainsi lui être utile dans une semaine où le formateur semble rediscuter de BHV. Reynders prend d'ailleurs bien soin d'accompagner son soutien aux bourgmestres d'un discours d'ouverture : agitation francophone et propositions d'apaisement sont les deux facettes de la négociation. Il est donc sain, contrairement à ce qu'avancent ses adversaires, que le premier des francophones ose publiquement s'avancer sur le terrain des compromis. C'est effectivement de sa responsabilité : reconnaître qu'il faut des concessions permet d'avancer. Ceux qui prétendent le contraire sont en campagne électorale.

"Le patron" comme l'appelle certains barons MR a sur ses épaules l'obligation de réussir. Et en avançant la fin novembre comme date d'un prochain gouvernement, il confirme un optimisme qui lui fait rarement défaut.

21 octobre 2007

Les pyromanes

L’orange bleue s’apprête à vivre un lundi difficile. Pour être franc l’auteur de ce blog en vient même à se demander si cette coalition pourra dépasser le stade de projet. Le ver est dans le fruit : l’orange bleue est bel et bien rongée de l’intérieur par les visées régionalistes de ceux qui prétendent vouloir la porter au gouvernement.

Commençons par le cartel CD&V/NVA. La révélation par Le Soir de la mise hors jeu d’Herman Van Rompuy par ses collègues de parti doit nécessairement inquiéter les francophones. C’est grâce à l’explorateur que l’orange bleue a pu sortir du coma dans lequel elle avait été plongée fin août. On peut bien sûr concevoir qu’il soit nécessaire de « sacrifier » Van Rompuy pour contenter la NVA et les régionalistes du CD&V. On serait dans l’ordre du symbolique. C’est injuste pour l’explorateur, mais Bart De Wever a sans doute besoin d’un scalp à brandir devant ses camarades flamands. S’il s’agit de remettre l’ensemble du compromis en question, en revanche, Yves Leterme serait bien inspiré de siffler la fin de la récréation. Quelque soit le statut du document final (« note Milquet » ou « projet Van Rompuy », approuvé ou pas) celui-ci avait le mérite de délimiter un cadre de travail et les grandes étapes des réformes à venir, et c’est bien autour de ce document que les négociateurs ont conclu à « suffisamment de convergences » pour reprendre les négociations. Le remettre en cause aujourd’hui c’est repartir de zéro, trahir la parole donnée et aller dans le décor. Ce lundi, à l’heure des bureaux de parti l’explorateur et ses relais vont devoir avoir 5 minutes de courage politique. L’heure n’est plus aux positionnements musclés, mais à une négociation raisonnable que la population attend depuis trop longtemps. Yves Leterme doit d’abord faire entendre raison à son propre cartel s’il veut avoir l’autorité qu’il revendique sur l’orange bleue.

Mais soyons de bon compte : si l’incendie couve au sein du cartel, les prises de position du FDF doivent également être soulignées. Dans un communiqué ce week end son président Olivier Maingain attise le feu de la maison social-chrétienne flamande. Ce lundi 3 bourgmestres FDF et MR des communes à facilités entendent également mener une partie de leur conseil communal en français : c’est une provocation, et ils le savent bien. On ne discute pas ici du fond de la démarche (après tout il n’est pas absurde que des communes peuplées aux ¾ de francophones puissent se diriger en français) mais bien de la date choisie. La loi impose l’emploi du néerlandais dans les conseils de Flandre (pour rappel les facilités concernent les relations du citoyen avec les administrations, pas le fonctionnement de celles-ci). Remettre en question cette loi à un moment délicat des négociations revient à durcir le ton. Il est difficile d’ imaginer que les négociateurs flamands laisseront passer sans rien dire. Et l’on peut s’interroger sur le degré de participation de Didier Reynders à la manœuvre. Si le président du MR a réellement donné son accord au FDF on pourrait y voir l’indication que sa formation ne croit plus beaucoup dans les chances de l’orange bleue, et qu’il est préférable de ne pas laisser le terrain des intérêts francophones au seul CDH. Dans le cas contraire, et si le FDF va jusqu'au bout de ses déclarations, les lignes rédigées ci dessus à l'intention d'Yves Leterme peuvent s'appliquer également au ministre des finances.

En agissant de la sorte le CD&V et le MR, principaux promoteurs de l’alliance de centre droit, en viennent donc à nous faire douter de la viabilité de leur projet commun. Aux régionalistes du CD&V et aux bourgmestres FDF on serait, à la veille de ce lundi crucial, tenté de rappeler que les pyromanes ne jouent pas sans danger avec les allumettes. Craquez celles que vous avez en main, messieurs, revient à incendier l’orange bleue. Et à prendre le risque de nous faire passer d’une crise politique à une crise de régime.

20 octobre 2007

Trucs et ficelles de la négociation


Truc N°1 : la motivation par l'estomac


Lundi dernier Yves Leterme, pressé d'aboutir au plus vite à un accord sur le chapitre justice et et sécurité, a préféré ne pas servir de dîner aux négociateurs. Avec rien dans l'assiette on ne ralenti pas le rythme de travail semblait se dire le patron de la négociation. C'est donc le ventre vide que les présidents de parti se sont présentés devant la presse peu après minuit. L'un d'eux a même glissé aux journalistes présents qu'il n'avait pas mangé le midi non plus et qu'il commençait à avoir sacrément faim. Efficace : le ventre creux on a pu finalement débloquer la délicate question des mineurs délinquants après plusieurs jours de blocage. A vous de deviner quelle est la couleur des estomacs qui ont craqués en premier.

La récompense : après la conférence de presse le formateur a fait servir le repas à ceux qui souhaitaient rester. C'était des coquilles saint Jacques.


Truc N°2 : communiquer et sortir par derrière


Vincent Van Quickenborn a multiplié les déclarations à l'entrée de la dernière séance de négociation consacrée aux entreprises et services publics. L'élu VLd est en pointe sur ce dossier (vente de belgacom, diminution du nombre de fonctionnaire, service minium...). Pourtant "Quickie"ne participait pas à la négociation. A l'intérieur se trouvaient déjà Bart Sommers, Patrick Dewael et Karel De Gucht... et comme il n'y a que trois places par délégation. Van Quickenborn, après es interviews, s'est bien engouffré sous le porche du 10 rue de la loi, mais il est ressorti, quelques minutes plus tard, par l'arrière du bâtiment. Une belle visibilité aux JT, les ennuis de la négociations en moins... à condition de ne pas se faire prendre bien sur.

17 octobre 2007

De l'importance du texte


L‘orange bleue s’est offert ce mardi un beau quiproquo. En cause : la procédure qui permettra à l’avenir de renvoyer des jeunes de moins de 16 as en centre fermé. Revenons au point de départ : lors de la conférence de presse nocturne de lundi (les négociateurs de l’orange bleue ont pris l’habitude d’attendre minuit pour présenter leur accord, on pourrait appeler ça le syndrome de cendrillon) Didier Reynders, en interview, explique que ces jeunes de moins de 16 ans seront renvoyés vers une chambre de 3 magistrats. Cette interprétation se retrouve d’ailleurs également dans l’article de la libre de mardi matin. Quelques minutes après la diffusion de mon reportage mardi midi, coup de téléphone du porte parole du CDH : cette info est fausse assure-t-il, les moins de 16 ans relèvent exclusivement de la compétence du juge de la jeunesse. Je revérifie les enregistrements de la veille au soir : rien dans les propos d’Yves Leterme ne contredit la version de Reynders. Je contacte les porte-paroles du ministre des finances et d’Yves Leterme pour qu’ils vérifient ce point précis.

A 14 heures, reprise des négociations : Joëlle Milquet et Didier Reynders campent sur leurs positions. Avec force. Je me lance dans le reportage sans savoir qui dit vrai. Comme les acteurs y mettent du leur cela devient aussi passionnant qu’un France-Nouvelle Zélande. En milieu d’après midi le doute est plus que permis : un SMS m’indique que Tony Van Parys, négociateur CD&V aurait la même lecture que Reynders. Mais quelques minutes plus tard Patrick Dewael (vld) confirme la version de Joëlle Milquet… Il faut donc attendre le texte. Celui-ci sera distribué vers 18 heures. Il reste deux,trois coquilles, mais cela permet d’y voir enfin clair. Joëlle Milquet avait raison. Fin de l’incident.

Pourquoi je vous raconte tout çà ? Par souci de transparence, (c’est l’objectif de ce blog) et pour me rappeler à moi-même qu’une déclaration, quelque soit le crédit de celui qui la prononce et sa force de conviction, ne vaut pas une version écrite. On demandera donc au formateur de veiller désormais à la diffusion publique des documents. Et on en retiendra que l’orange bleue peine toujours, malgré ses accords, à trouver une vision commune…

14 octobre 2007

Leterme entre VLD et CDH

C’est une coalition de centre droit. L’orange bleue, très logiquement, prépare un accord de gouvernement qui se doit d’être le plus en phase possible avec les programmes politiques des formations qui la composent. Ce n’est pas simple sur le terrain communautaire, pour des raisons évidentes. Cela l’est un peu plus sur le terrain social et économique. Cela reste ardu pour l’éthique et les grands thèmes de société. Il n’est pas inutile de relire de temps à autres les programmes des uns et des autres pour deviner ce que la synthèse orange bleue suppose d’abandons et de retraites douloureuses. Mais la coalition avance. Ainsi sur l’immigration (premier accord) et sur la justice (négociation en cours mais avancée) l’orange bleue s’apprête-t-elle à mettre en place de nouvelles politiques qui vont rompre avec les habitudes violettes. C’est la conséquence logique des résultats électoraux : la Belgique est en train de glisser sur sa droite, pour reprendre l’idée du centre de gravité lancée par Didier Reynders.

Dans ce travail de traduction (il s’agit d’interpréter en politiques concrètes des résultats électoraux) l’open VLD et le CDH semblent s’opposer frontalement. Il faut reconnaître que l’accord immigration a permis aux deux formations de trouver un compromis acceptable et défendable par tous (chacun a pu apposer sa marque et le faire savoir). Cela semble plus délicat sur la justice et la sécurité, et Joëlle Milquet, Bart Sommers et Patrick Dewael sont à nouveau en première ligne.

Si les libéraux flamands et les centristes francophones s’opposent c’est bien pour une question de programme. Sur une échelle droite-gauche, le VLD est le parti le plus à droite de la coalition, le CDH le plus à gauche : CD&V et MR se retrouvent en position d’arbitre et ils ont jusqu’à présent plutôt consenti à se ranger du côté droit, isolant Joëlle Milquet. On peut parier que cela ne sera pas le cas sur tous les dossiers ( pour la santé, par exemple, il faudra suivre ce que le MR dit des fameux 4,5% d’augmentation annuels).
On peut envisager une autre raison, plus stratégique. MR et CD&V, de par leur positionnement idéologiquement mais aussi de par leur taille électorale, dominent la coalition. CDH et VLD, plus petits et surtout moins demandeurs, ont plus besoin que les deux « gros » d’obtenir des concessions de leurs partenaires pour imprimer leurs « marques » à l’accord de gouvernement, les faire savoir à leur électeurs et trouver ainsi une raison de participer à la coalition. Ce que semble avoir réussi Joëlle Milquet sur le communautaire et le droit d’asile, c’est ce que cherche maintenant le VLD sur la sécurité et la justice : une plume à son chapeau de négociateur. Cela explique les difficultés rencontrées par Yves Leterme. Vendredi soir le formateur s’est heurté à un VLD peu enclin à de nouvelles concessions. Ce dimanche, pas de répit : Yves Leterme travaille les deux « petites formations » de l’orange bleue pour tenter de trouver un compromis.
C'est sans doute une phase logique. Et on peut prédire que sur le plus sensible (BHV par exemple) c'est entre CD&V et MR que l'accord se dessinera. Les deux autres formations pourraient alors être priés de se rallier au compromis des gros, point à la ligne. A condition bien sûr que l'accord soir satisfaisant pour tous et d'avoir obtenu suffisament de plumes d'ici là.

12 octobre 2007

Leterme voit la RTBF... en deux temps

Le formateur poursuit sa tournée des rédactions francophones. Il a ainsi reçu les journalistes de la RTBF ce vendredi matin. L'entretien ressemblait à une seconde session. Car en début de semaine c'est un véritable lapin qu'Yves Leterme a posé aux journalistes du service public. Invités à 8 heures les confrères ont attendus patiemment le grand homme d'Ypres pendant près d'une heure trente. Seuls les attachés de presse du CD&v, embarrassés, étaient présents pour les accueillir. A 9 heures 30 les journalistes ont levés le camp, certains se demandant si on leur faisait pas payer l'une ou l'autre brabançonne. Officiellement Leterme était pris dans un embouteillage. Officieusement il était en réalité en pleine concertation avec les partenaires oranges bleus et ne souhaitait pas que cela se sache (au point de pas en avertir ses collaborateurs ?). Ce vendredi, Yves était bien présent pour son second rendez-vous ertébéen... Il parait qu'il était même là 10 minutes avant.

11 octobre 2007

Lecture



Faut-il voir un lien entre l’acte du jeune Han Van Temsche, condamné ce jeudi à la perpétuité, et la diffusion de l’idéologie xénophobe du Vlaams Belang ? Je m’en voudrai de vouloir épuiser rapidement une question complexe. Mais j’en profite pour vous conseiller la lecture de « Populisme, vieilles pratiques nouvelles méthodes » d’Henri Deleersnijder. L’ouvrage vient d’obtenir le prix du livre politique (j’ai eu l’honneur de faire partie du jury). Lecture interessante car l’auteur évite le simplisme, souligne les différences entre un Pim Fortuyn, un Jean-Marie Le Pen ou un Filip Dewinter et tente de cerner leur héritage commun.

09 octobre 2007

Discours syndical


Habituellement je ne suis pas du genre à me plaindre, et je considère même que j’ai la chance de faire un boulot formidable. Que mes conditions de travail sont mille fois plus enviables que celle d’un ouvrier d’une usine automobile, d’un déménageur un jour d’hiver ou d’une caissière de supermarché le samedi midi. Mais puisque ce blog semble désormais avoir une certaine influence, permettez-moi de signaler que les négociations de la nuit dernière se sont étalées sur 13 heures. Que ce fût surement très dur pour les négociateurs. Mais que ceci avaient quand même à leur disposition des salles de réunions, des chaises pour s’asseoir, des tables pour travailler, un repas pour se sustenter et même des toilettes.


Pendant ces même 13 heures, les journalistes politiques (nous étions une douzaine) patientaient sur le trottoir, mangeaient un sandwich debout sur le capot de la voiture, et allaient de temps un autre faire un tour dans le parc royal pour des raisons que vous pouvez imaginer. Alors bien sûr, nous ne nous plaignons pas. Guy Verhofstadt nous a d’ailleurs habitué à ces conditions de travail, et cela fait quand même huit ans que cela dure. En plus ce lundi soir la météo étaient clémente : pas de pluie et une moyenne de 13 degrés, et j’étais entouré de plein de collègues sympathiques. Mieux même : les chauffeurs des négociateurs VLD ont même fait un saut jusqu’au cabinet Dewael pour ramener à la presse deux litres de café chaud (merci à eux). Mais quand même : l’orange bleue peut-elle imaginer mettre à la disposition des journalistes les jours de pluie une salle (avec vue sur la sortie des ministres puisque c’est pour cela que nos employeurs nous envoient sur place), des chaises, un accès aux toilettes et même (là je pousse un peu sans doute) des bouteilles d’eau ? Après 121 jours de patience, c’est trop demander ?

06 octobre 2007

Du jus et des pépins

L’orange bleue a retrouvé du jus. La plupart des observateurs en conviennent désormais : le formateur a mis à profit son mois de repos forcé pour repartir d’un meilleur pied. Yves Leterme songe désormais à améliorer son image coté francophone : la Libre, le Standaard et le Morgen ont ainsi relaté ses derniers jours les efforts déployés pour mieux communiquer vers le sud. Yves Leterme a ainsi renforcé son équipe de communication (dans les moments délicats deux porte-paroles valent mieux qu’un) et rencontré les rédactions francophones. Pour RTL l’entretien a eu lieu au sénat mercredi après midi et a duré un peu moins d’une heure. C’est bien, mais cela ne sera pas évidemment pas suffisant, sauf à considérer que la presse francophone avait un à priori négatif vis à vis du formateur et qu’il suffit d’une rencontre pour rétablir la confiance. La réussite d’Yves Leterme passe avant tout par lui même (éviter une nouvelle « gaffe ») et par la bonne volonté de ses partenaires.

Vendredi soir on pouvait être à moitié rassuré sur ce second point. Le formateur réunissait dans une véritable ambiance de travail les 12 négociateurs de l’orange bleue. Autour de la table ronde installée dans les salons de la présidence de la chambre (merci Herman) les visages semblaient souriants. Yves espérait même un accord sur le chapitre immigration de son futur accord de gouvernement… il devra finalement attendre lundi, mais l’orange bleue ne fait plus du surplace, ce qui est déjà, le jour des 47 ans du formateur, un motif de satisfaction.

Côté pépins, la publication de la « non-note » des travaux de l’explorateur, figurera sans doute en bonne place dans la rétrospective des négociations.

Il faut relativiser la portée de la fuite :

- les négociateurs (Didier Reynders en tête) ont suffisamment dit qu’ils n’étaient pas liés par le document, écrit par Joëlle Milquet et sur lequel ils n’ont pas marqués leur accord.
- l’essentiel du contenu était connu dès la semaine dernière (l’auteur de ce blog en donnait les grandes ligne lors d’un duplex samedi soir, et la presse écrite avait déjà beaucoup écrit sur le sujet) il n’y donc pas de « scoop majeur » susceptible de faire chavirer une embarcation qui vient à peine de se risquer à quitter le port.

Cela reste malgré tout un beau coup pour la Libre, qui publie le document (Le soir en propose un résumé ici) et cela doit surtout amener le formateur à s’interroger.
Parmi les 12 convives à table vendredi, il y en a au moins un qui trouve plus d’intérêt à divulguer la note (pour affaiblir ses partenaires, contrarier l'informateur ou renforcer ses liens avec un/une journaliste, coup double voir triple) qu’à créer un climat de confiance.
A méditer : trop de pépins finissant par gâcher le meilleur des jus d’orange.

03 octobre 2007

Au travail


Yves Leterme fait des efforts. Le formateur a tourné le dos à Val Duchesse pour s’installer au parlement. Ce n’est pas le seul changement. Le formateur a également demandé aux négociateurs de la discrétion sur les travaux en cours (un vrai sacrifice, on verra donc au passage si son autorité est suffisante), souhaite restreindre les délégations à deux membres par parti et a même entamé une série d’entretiens bilatéraux (CDH et MR ce mardi, le VLD ce mercredi matin). Ce n’est pas anodin : la technique des bilatérales n’a pas été utilisée à Val Duchesse, elle devrait permettre au formateur « d’entendre » les positions des uns et des autres.
Sur suggestion des francophones, le patron du CD&V a même entamé un « tour de rédactions francophones », histoire d’essayer de modifier son image. Une nouvelle donne ?


En attendant Yves Leterme resté "stressé" par les caméras. Surpris dans les couloirs du parlement alors qu'il sortait d'une réunion avec les présidents de l'oranger bleue son premier reflexe fut de nouveau de s'enfuir et de lancer un regard noir au journaliste. C'était pourtant une image sans conséquences, et ce "stress" là , quand on est candidat premier ministre, devra être apprivoisé.


01 octobre 2007

www.ruedelaloi.info

Tout arrive ! On m'a souvent fait la remarque d'une adresse difficile à mémoriser. Grace à l'aide technique de Philippe G. (merci) ce blog est consultable désormais aussi à l'adresse www.ruedelaloi.info Plus simple, non ?
L'adresse originale www.ruedelaloi.blogspot.com reste valable.

Elio raille l'orange bleue

A plus de 110 jours de l'élection, l'état de grâce de l'orange bleue est passé. Et le PS semble se remettre de sa gueule de bois. Sur son blog, Elio Di Rupo ironise en se demandant si "la Ferme" va succèder au "château" (on notera au passage le goût prononcé du président du PS pour les émissions de téléréalité made in TF1)... et en vient à se demander si les partenaires de l'alliance de centre droit n'auraient pas un agenda caché qui vise à faire traîner les choses jusqu'en 2009...

Ceci n'est pas un accord




Il aura fallu attendre 48 heures pour y voir plus clair. Samedi matin les présidents de l’orange bleue ne sont donc arrivés qu’à un accord minimum : OK pour continuer et nommer un formateur, et rien de plus, soit à la virgule près le communiqué du palais. C’est tout ? Presque.





Sur la table il y avait bien un document plus conséquent : une note de 5 pages qui organisait le phasage du débat communautaire et la création d’un groupe de commissaires royaux et dont toute la presse parle depuis 15 jours. Ce document, qui a bel et bien servi de base aux discussions, en reste pour l’instant au stade de brouillon. Samedi matin le CD&V a refusé de marquer son accord sur le texte. Dimanche le VLD lui a emboîté le pas avec un communiqué commun aux deux formations. Résultat : Van Rompuy est allé à Ciergnon avec le strict minimum, probablement en remerciant ses camarades de parti de lui faciliter ainsi la tâche.




Ce lundi le président du MR affirme même devant les caméras que le texte n’émanait pas de l’explorateur. Formellement exact : le document était rédigé par Joëlle Milquet… mais il a bien été débattu en plénière et amendé à plusieurs reprises. En termes de droits d’auteurs on pourrait sans doute plaider l’œuvre collective même si personne ne veut y apposer sa signature.




Ce lundi soir deux versions s’affrontent. Lecture optimiste : s’il n’y a pas formellement d’accord sur le texte, celui reste néanmoins la base tacite qui permet de reprendre les discussions et le CD&V ne serait pas assez intrépide pour relancer le formateur sans la garantie de parvenir à un résultat.
Version pessimiste : Herman Van Rompuy, sous pression et découragé, n’avait pas d’autres choix que de jeter l’éponge et a donc cherché et trouvé une porte de sortie élégante… mais, sur le fond, on recommence à zéro.