28 janvier 2008

L'open VLD sur les traces du MR




Cela ressemble à une déclaration de guerre. Des propos chocs dignes d'être repris à la une. Ce week end le président de l'Open VLD, Bart Somers a flingué son partenaire gouvernemental du CD&V. En visant les hommes. Ainsi Yves Leterme est-il implicitement accusé d'avoir joué double jeu à Val Duchesse : "pendant que nous négocions pour former un gouvernement au château, il négociait une tripartite dans notre dos". Le président des libéraux flamand décoche également une belle flèche pour le nouveau président du CD&V Etienne Schouppe : "il a quand même volé environ 1,5 milliard (de francs) à la population avec ABX et la SNCB".


C'est un tournant. Certes ces propos tombent alors qu'une campagne interne s'engage au VLD, Somers remettant en jeu son mandat de président. Mais cela n'explique pas tout. Les reproches de Somers à l'encontre d'Yves Leterme sont désormais les mêmes que ceux que Didier Reynders réserve à Joëlle Milquet. De là à imaginer que les libéraux du nord et du sud avancent ensemble et ont décidé d'en découdre avec la famille centriste...


Les bleus font donc vraisembalblement monter la pression avant que les socialistes (PS à coup sûr, SPA peut être) ne monnayent dans les prochains jours leur ralliement à un gouvernement durable. Se faisant, il rendent la vie impossible au formateur.


En temps normal et dans un pays rationnel de tels propos devraient provoquer une crise majeure et risquer d'entraîner la chute de la coalition. On ne peut pas bâtir une majorité quand les coups politiques s'échangent avec une telle violence. Mais nous sommes en Belgique. Et Bart Somers a rapidement corrigé le tir. Ces propos, précisait son porte parole ce matin, ont été tenus dans une réunion interne du VLD à Saint Nicolas pour galvaniser les militants et aucun journaliste n'aurait du s'y trouver. Cela n'excuse rien : une déclaration finit toujours par percoler. L'important n'est pas de savoir quelles oreilles ont entendus ce discours mais quelle est la bouche qui l'a prononcé. Ce lundi Bart Somers a donc, si je suis bien informé, appelé le CD&V pour s'excuser. Dans l'après midi il précisait dans une conférence de presse qu'il ne voulait absolument pas d'élections législatives anticipées. Si c'est vrai, le président de l'Open VLD va devoir apprendre à tenir sa langue.


Note : les propos de Bart Somers ont été relayés par le Standaard et les journaux du groupe Corelio, qui ne les ont malheureusement pas mis en ligne. Mais cet article du Morgen y fait référence. Mon reportage vidéo est ici.

25 janvier 2008

Le retour du clivage économique

Au moment précis où j'écris ces lignes Yves Leterme et Didier Reynders réunissent le groupe Octopus pour la seconde fois. Ils reçoivent , toujours dans les salons dorés du sénat et avec la présence de moults caméras et objectifs photographiques, les ministres présidents des gouvernements régionaux et communautaires (avec un traitement particulier pour Chris Peeters, en voyage à l'étranger : la Flandre aura droit à une audition spécifique).
De mon fauteuil de commentateur en ligne ce grand show parait presque anachronique. Tout le monde sait désormais que le débat communautaire avance lors d'entretiens discrets et de réunions en plus ou moins petits comités. L'exercice du sénat risque donc d'être aussi formel que convenu.
Si je m'autorise le terme d'anachronisme c'est aussi parce que le débat s'est fortement déplacé ces dernières semaines. Ce n'est plus sur le terrain communautaire que les partis s'opposent mais bien sur les questions budgétaires et économiques. Côté flamand Yves Leterme a tiré la sonnette d'alarme en fermant le robinet : pas de nouvelles dépenses avant le conclave budgétaire, et un trou de 3 milliards à combler a-t-il annoncé début janvier. La mine sévère du ministre du budget peut donc s'appliquer à d'autres thématiques que les seules questions communautaires. Au passage Leterme enfile un costume d'homme d'Etat sérieux et responsable qui peut, vis à vis du sud du pays, contribuer à sa crédibilité.
Côté Francophone Elio Di Rupo a également oeuvré à ce repositionnement du débat public : l'expression "la droite vide les caisses" lancée depuis la tribune d'un congrès résonne encore aujourd'hui. Il n'est pas exclu que le débat autour des mesures fiscales prises en faveur des entreprises (les fameux intérêts notionnels) soit à nouveau au centre des discussions budgétaires. Le président du PS, sur son blog, et celui du MR dans ce communiqué de presse, affûtent en effet des arguments parfaitement contradictoires. Évaluer la pertinence des cadeaux fiscaux, notamment en terme de créations d'emplois pour l'un, offrir par la fiscalité des gains de compétitivité aux entreprises et ne pas rompre un cercle vertueux pour l'autre.
Pour le journaliste et le citoyen que je suis, l'émergence de ce débat (sans préjuger de la suite qui lui sera donnée) est plutôt une bonne nouvelle : ces questions là sont un peu plus dignes que les querelles de leadership de ces derniers mois.

22 janvier 2008

Guerre d'usure à la défense

Ces deux là ne se lâchent plus. Entre Pieter De Crem, le nouveau ministre CD&V de la défense, et André Flahaut, son prédécesseur PS, ce n’était déjà pas l’amour fou. Depuis la passation de pouvoirs, c'est même une atmosphère de guerre froide. Ce mardi après midi le nouveau patron des militaires, en visite à Marche-en-Famenne, vient d’appuyer sur la gâchette. Il annonce qu’il va faire revoir la décision, prise sous le gouvernement violet, d’acheter des véhicules blindés « Piranha II » équipés de canons 90mm. Le nouveau ministre estime que ce type de projectiles ne correspond pas aux standards internationaux et qu’il serait préférable d’opter pour des 105 mm. Bref, Pieter détricote ce qu’André avait construit. Le socialiste fait déjà savoir que son successeur développe, avec cette décision, une vision plus offensive de l’armée, et qu’il va se battre pour s’y opposer. Flahaut, qui ne rate pas une occasion de monter au front sur son blog, semble décider à en découdre. Un rouge et un orange dans les tranchées. On appelle les casques bleus ?

18 janvier 2008

Fadila et Richard s'empoignent sur TV5

L’avenir de TV5 inquiète depuis quelques semaines les partenaires de l’Etat français au sein de la chaîne de télévision internationale. La France souhaite en effet regrouper TV5, Radio France Internationale et France 24 (chaîne d’info continue lancée conjointement par France Télévision et TF1 vers l’étranger) au sein d’une même holding. Pour les détracteurs du projet cela nuirait au caractère « multilatéral » de TV5. Ainsi suisses, québécois et belges menacent-il s de se retirer de la chaîne francophone si celle ci devenait trop franco-française (on simplifie à grands traits).


Ce vendredi Richard Miller allume la mèche dans un communiqué « l’attitude de la Ministre Laanan dans le dossier TV5 est irresponsable. Face au risque de voir la France transformer la chaîne francophone en une chaîne internationale essentiellement porteuse des intérêts de la France, la Ministre joue les vierges effarouchées » écrit-il avant de reprocher à la ministre en poste de privilégier le projet Arte Belgique que Miller qualifie de « chaîne culturelle élitiste ». En clair : la communauté française a msi tout son budget dans Arte, il ne reste plus assez pour TV5.


Réponse quelques heures plus tard et dans un autre communiqué de Fadila Laanan qui juge « consternants les propos tenus par Richard Miller, le député et ancien ministre MR, qui est visiblement devenu le nouveau porte-parole en Belgique du président français Nicolas Sarkozy. » Laanan réfute l’affirmation selon laquelle elle aurait refusé d’augmenter la contribution de la communauté française au sein de TV5 et glisse même : « par respect pour Richard Miller, la ministre Laanan préfère voir dans cette assertion erronée un signe de légèreté du MR plutôt qu’un propos sciemment mensonger ».



Bref, ça cogne si dur que si l’on doit organiser un débat entre ces deux là, ce ne sera ni, sur Arte, ni sur TV5, mais plutôt sur AB3 pour « Ca va se savoir »…

16 janvier 2008

23 mars : "mon choix est définitif" dit Verhofstadt


Guy Verhofstadt a accordé un entretien au journal Le Monde de ce mercredi. L'entretien est mené par Jean-Pierre Stroobants, ancien du soir et correspondant du journal français à Bruxelles, et vous pouvez le lire ici. Retenez trois phrases :


Interrogé sur la méfiance entre les hommes politiques du nord et du sud, le premier affirme que sa note a été bien accueillie, ce qui me semble quand même un peu excessif : "Je tente de restaurer la confiance entre les leaders les plus importants, nous allons devoir préparer un budget, le rapport institutionnel que j'ai déposé a été accueilli assez positivement du côté flamand, mais du côté francophone aussi."


Comme Yves Leterme lors son allocution devant le groupe de travail le premier se refuse ensuite à envisager un échec : "Je ne prends pas en compte un tel scénario. Je crois en la possibilité d'un accord sur les grandes lignes à ce moment. L'important n'est pas le temps disponible, mais la volonté politique."


Enfin, confirmant qu'il souhaite écrire un livre sur le "cosmopolitisme" en Europe, Verhofstadt confirme le passage de relais le 23 mars au plus tard : "mon idée est surtout de revisiter Gdansk, Odessa, Sarajevo ou Istanbul. C'est après le 23 mars que je ferai cela, car mon choix de cesser d'être premier ministre à ce moment est définitif."

Marcourt est dans les choeurs

Les plus anciens lecteurs de ce blog se souviennent sûrement de Didier Reynders dans une interprétation très audacieuse de Johnny Halliday. Jean Claude Marcourt a mis en ligne hier (mardi) sur son blog une vidéo dans le même esprit. Il s'agit d'un pastiche d'un grand succès de Johnny transformé en "quelque chose de Wallonie". L'initiative émane de Philippe Reynnaert, monsieur cinéma à la RTBF et patron de Wallimage, qui souhaitait valoriser les productions wallonnes et ceux qui oeuvrent en leur faveur (ceux qui ne connaissent pas ses lunettes le reconnaîtront à l'accordéon). Vous reonnaitrez aussi peut être Dominique Jeanne, producteur et propriétaire du Pan, Benoit Mariage, réalisateur de Cow-Boy (que je vous recommande en passant) et l'acteur-réalisateur Stefan Libersky. Marcourt reste fidèle à son image : modeste et réservé, il n'apparaît que dans les plans larges au milieu des choeurs, vers la fin du clip... tant mieux pour nos tympans ?

15 janvier 2008

André Antoine pas disponible pour la réforme


C'est la surprise de la journée : au groupe de travail sur la réforme de l'Etat la deuxième place attribuée au CDH (un siège de "suppléant") a finalement été occupér par Melchior Wathelet ce mardi. Le chef de groupe à la chambre remplace au pied levé le ministre wallon André Antoine, pressenti pour le poste. D'après ce que j'en sais la décision a été prise au tout dernier moment : hier encore c'est toujours le brabançon wallon qui était annoncé pour siéger aux côtés de Joëlle Milquet et les autres négociateurs du groupe "octopus" n'ont été informés de son remplaçement que quelques minutes avant le début des travaux. Depuis plusieurs jours André Antoine n'avait pas caché son peu d'enthousiasme pour ce groupe de travail. Difficile à concilier avec la charge de vice premier wallon avançait il.
Lors de la cérémonie des voeux du CDH à la presse, la semaine dernière, il glissait même "La Wallonie est en plein redressement, ce n'est pas le moment de se disperser"" soulignant que le parlement wallon l'occupait déjà deux jours par semaine. Tout au plus André Antoine envisageait-il de se déplacer lorsque le groupe de travail aborderait le financement des politiques régionales. Après de très nombreux coups de fil la présidente du CDH a donc préféré propulser un suppléant verviétois qui l'a déjà accompagné pour la plupart des réunions de formation du gouvernement. Les mauvaises langues pourraient bien supposer que si Antoine a déclaré forfait c'est aussi parce qu'il n'entendait pas faire de la figuration aux cotés de sa présidente. Le rapport entre l' investissement à consentir et le retour sur image aurait donc été jugé peu motivant.
Ce n'est peut être pas la dernière surprise. Yves Leterme et Didier Reynders ont tous les deux précisé qu'ils entendaient consulter Philippe Maystadt dans les prochaines semaines. Et il n'est pas inimaginable que Johan Vande Lanotte fasse à l'occasion de ces travaux un retour remarqué.

14 janvier 2008

Le grand saut


Alors que le groupe de travail sur les réformes institutionnelles doit se réunir dans quelques heures (ce sera ce mardi en fin de matinée), certains protagonistes devraient ce lundi soir ressentir quelque chose qui ressemble à du vertige. L’enjeu est important : réussir à réformer l’Etat c’est non seulement sortir de la crise qui nous occupe depuis six mois, mais aussi jeter les bases de la Belgique de demain. Plusieurs négociateurs flamands l’ont déjà laisser entendre : en cas de succès ils pourraient accepter une « clause » qui verrouillerait l’architecture étatique pour une décennie au moins. Raison de plus pour ne pas se rater.


L ‘issue est incertaine. Les positions défendues au nord et au sud ne sont en apparence toujours pas conciliables et les 6 mois passés font douter de la pérennité de ce génie belge qui consistait à trouver des dynamiques acceptables par les deux communautés à force de patience et d’imagination.


Ce mardi ils devraient être 18, peut être 20 autour de la table : Yves Leterme, Hermann Van Rompuy, Etienne Schouppe, Bart de Wever, Bart Sommers, Patrick Vankrukelsven, Caroline Gennez, Geert Lambert et Magda Alvoet pour les néerlandophones. Didier Reynders, Armand De Decker, Olivier Maingain, Philippe Moureaux, Jean-Claude Marcourt, Joëlle Milquet, André Antoine et Marcel Cheron côté francophone. Guy Verhofstadt et Jean-Luc Dehaene seront invités permanents.


La première réunion débutera par une allocution d’Yves Leterme (les caméras pourront rester pendant qu’il la prononce, la suite des travaux se fera à huis clos). L’essentiel de cette première séance sera consacrée à la méthode de travail.
Ainsi il sera proposé aux 18+2 de commencer par entendre les représentants des communautés et régions (un lot de consolation pour les germanophones dont aucun élu n’est invité dans le groupe des 18), avant d’organiser trois tables rondes successives sur
- la répartition des compétences et leur financement (ce qui relève du fédéral, ce qui relève des régions et comment ces politiques sont financées)
- l’avenir de la région bruxelloise
- le système électoral (faut il un sénat paritaire, une circonscription électorale, une date commune pour les élections régionales et législatives)
Les deux co-présidents pourraient également suggérer d’auditionner des « experts » constitutionnalistes, politologues et économistes pour éclairer les débats.


Voilà pour le premier round. Cela devrait être suffisant pour « sentir » si la mayonnaise communautaire a une chance de prendre ou pas. L’ambiance qui émanera de cette première matinée sera ainsi déterminante. Lors de la dernière tentative du même genre, un « forum » lancé par la violette, la première séance, présidée par Didier Reynders (si mes souvenirs sont corrects Johan Vande Lanotte avait trouvé une excuse pour ne pas venir) avait aussi été la dernière car on n’ avait pas pu se mettre d’accord sur un ordre du jour. Ici Leterme et Reynders font tout pour éviter le piège : pas de note, pas de menu, pas d’agenda. Tout au plus devine-t-on que le succès consisterait à concevoir ces éléments pour le 23 mars. On se doute également que le groupe des 20 n’ira pas très loin. Il devrait laisser rapidement la place à un groupe restreint (5, 7 ou 8 participants, la formule ne semble pas encore clairement arrêtée) au sein duquel les vraies négociations se dérouleront (au passage : ceux qui s’inquiètent de la présence de 4 anciens de la Volksunie dans le groupe de travail seront rassurés en constatant que ces anciens nationalistes ne sont pas invités dans le groupe restreint).


Ce soir les protagonistes s’apprêtent donc à sauter dans le vide. Il est rare qu’un dirigeant politique de grande envergure se lance dans une entreprise sans savoir où celle-ci va l’emmener. C’est le cas cette fois-ci. Et personne ne peut exclure l’échec, au contraire. On pourrait même se risquer à écrire que cet échec est probable, si l’on ne savait qu’en matière communautaire le prévisible se vérifie rarement. Prévenons quand même les lecteurs de ce blog : une nouvelle escalade ne serait pas sans vertus, contraindre les uns et les autres à plus de concessions passera probablement par une nouvelle période de crise.

09 janvier 2008

Une note très bien vendue


Il est fort, très fort. En écoutant Guy Verhofstadt hier matin à la radio, en le croisant ensuite dans les couloirs de RTL, en l’écoutant dans l’après midi j’avais l’espoir d’une note véritablement équilibrée. Le concept de « critères de convergences », avec ses fourchettes à l’intérieur desquelles les régions devraient s’inscrire, mis en avant lors des interviews, était un bon signe : enfin une idée nouvelle que ne caressait pas l’électeur flamand dans le sens du poil.

Comme toujours, il aurait fallu se méfier davantage. La note ne fut accessible qu’à la mi-journée (et encore, d’abord dans une version en néerlandais, puis peu après 13 heures, en français : ne vous étonnez donc pas d’un certain décalage dans le traitement, j’étais, je l’avoue, plus positif dans mon reportage du journal de 13 heures que dans celui de 19 heures). Dans l’après midi tous les éditorialistes du royaume se retrouvaient au 16 pour un « brieffing » Il faut lire le document pour comprendre que le premier ministre, chouchou des francophones dans les sondages a en réalité remis une contribution très flamande.


Il faut ainsi faire la liste des matières que Guy Verhofstadt en visage de confier aux régions :


- l’assurance chômage (contrôle de la disponibilité, sanctions, montant et durée des allocations)
- les prépensions, crédit-temps et interruption de carrière
- les programmes de remise à l’emploi
- Les Ale et les titres services
- Les congés éducations et l’apprentissage
- Les conventions collectives
- L’implantation des grandes surfaces
- La politique scientifique
- La distribution électrique (jusqu’à 30 000 volts) et celle du gaz
- Le prix de l’énergie
- Sécurité routière : les limites de vitesse, les normes de sécurité, le fonds des amendes, le contrôle technique et le permis de conduire
- Justice : la formation des magistrats, le droit sanctionnel de la jeunesse
- Les allocations familiales

Ouf. Belle liste, qui reprend en réalité l’essentiel de la déclaration du parlement flamand. Compensations ? Le premier propose de re-fédéraliser les normes de bruit, ce qui revient à une belle arnaque puisque les bruxellois perdraient tout levier dans le dossier de l’aéroport de Bruxelles, ainsi que la coopération au développement, qu’aucun francophone ne réclame vraiment.

Reste la création d’une circonscription fédérale (33 députés, et un double bulletin pour tous les belges) et ces fameux critères de convergences, qui n’occupent que 18 lignes sur 19 pages (point 3.7 de la note) et dont il est indiqué qu’ils seront introduits pour « certains domaines stratégiques cruciaux (…) pour éviter que de nouvelles distorsions néfastes ne surgissent entre les communautés et régions ». Un peu flou non, pour une grande idée ?

Même topo sur BHV. La scission pure et simple. Seuls les habitants des 6 communes à facilités voteraient avec les bruxellois (la note ne précise pas si cela concerne les nouveaux arrivants). Pour faire bonne mesure Guy Verhofstadt indique que la circonscription fédérale fait partie du compromis (une seule mesure vendue à deux endroits distincts de la note, vous croyez que cela ne se voit pas ?) et préconise une solution négociée pour l’inspection des écoles de la périphérie. Enfin, pas question de toucher aux frontières des régions : la communauté urbaine de Bruxelles est une manière polie de refuser l’élargissement.

Conclusion : Guy Verhofstadt n’est, contrairement aux apparences, pas moins flamand qu’Yves Leterme. C’est une réalité que les francophones doivent prendre en compte : le programme régionaliste est porté par tous les partenaires du nord. Et si le ministre du budget passe parfois pour rigide et sans imagination, le premier ministre est tellement porté sur la communication qu’il ressemblait (hier en tout cas) à ce vendeur de voiture qui tente de vous faire croire qu’il vous propose un modèle flambant neuf alors qu'il vous refourgue une vieille occasion.

08 janvier 2008

Joëlle Milquet pan d'or

La présidente du CDH a reçu le grand prix du journal satirique cette année pour l'ensemble de son oeuvre. Résultats et commentaires de la cérémonie de lundi, à laquelle je n'ai pas assisté, sont ici. Avec 48 heures de plus la rédaction de Pan aurait aussi pu courronner Guy Verhofstadt pour le plus bel emballage cadeau de l'année... J'y reviendrai demain.

Faux cartel et véritables convergences

L’expression a donc été lancée par le président du MR fin décembre et est désormais reprise systématiquement par toutes les éminences libérales et leurs supporters : PS et CDH formeraient désormais un « cartel électoral ». En utilisant ces mots Didier Reynders veut dénoncer l’apparente alliance entre Elio Di Rupo et Joëlle Milquet lorsqu’il fut question de trouver une alternance à l’orange bleue (cette fameuse semaine ou le président du PS fit savoir qu’il ne remplacerait pas au pied levée les humanistes pour dépanner les réformateurs). Accessoirement il établit un parallèle avec le cartel CD&V-NVA, ramenant le CDH au rang d’une petite formation nationaliste. Didier Reynders possède un talent incontestable pour trouver ces bons mots, cinglants et ironiques, qui constituent d’excellents missiles de campagne électorale.

Tant Joëlle Milquet qu’Elio Di Rupo démentent bien sûr tout accusation de cartel. Elio Di Rupo indiquait ce lundi en conférence de presse que, s’il n’entendait pas s’abaisser au jeu des petites phrases, il trouvait celle-ci particulièrement « désobligeante ». « Nous, nous ne parlons pas de cartel quand nous évoquons les relations entre le MR et Ecolo ajoutait-il avant de glisser : c’est curieux cette façon de faire porter la responsabilité de son échec sur autrui ».
Le bon mot a ses limites. Les remous provoqués par l’interview de Philippe Moureaux, et la réaction indignée du CDH suffisent à eux seuls à démentir l’idée d’un cartel. Si celui ci existait réellement, Didier Reynders en serait d’ailleurs la première victime. Avec 30 sièges de députés un cartel PS-CDH serait en position de revendiquer le leadership francophone.

A la lumière des dernières déclarations, il existe même, me semble-t-il, plus de proximité entre PS et MR qu’entre PS et CDH. Les deux plus grands partis francophones ont désormais clairement fait savoir qu’ils étaient disponibles pour une discussion « sans tabous » sur les questions institutionnelles, des messages clairement destinés à leurs partenaires flamands. Quand Philippe Moureaux indique qu’il vaut mieux accepter une grande réforme de l’état il est en réalité très proche des formules utilisées par Didier Reynders il y a quelques mois.

04 janvier 2008

Magnette double Dupont


C'est une intéressante sortie du ministre du climat, Paul Magnette, dans la presse flamande ce matin : le nouveau ministre PS y lance des pistes pour faire baisser le prix de l'énergie. Sur le fond, rien d'étonnant. Paul Magnette a compris que c'était l'enjeu du moment (le litre d'essence est désormais à 1 euro 50, un seuil symbolique) et que les politiques avaient tout intérêt à occuper ce terrain sensible, sans doute plus porteur auprès de l'électeur moyen que les querelles qui nous occupent depuis 6 mois.


Déjà mercredi sur Bel RTL Paul Magnette avait donc lancé deux pistes : élargir le fond mazout et négocier avec les producteurs. Mais sur la forme, ce matin, Paul Magnette allait plus loin en s'exprimant dans la presse du nord et en avançant des chiffres il a donné du corps à son positionnement. La réaction ne s'est pas fait attendre : Yves Leterme et Didier Reynders (cela tombait bien : ils tenaient une conférence de presse) ont rapidement fait savoir que c'est le gouvernement qui trancherait (sous entendu : avant de faire des promesses et d'avancer des chiffres, attendez d'abord qu'on calcule ce qu'on veut bien que cela nous coûte).


Il y a même au gouvernement fédéral un ministre qui a du s'étrangler en lisant les interviews de Magnette : son camarade Christian Dupont. Vérifiez la liste des compétences : le fonds mazout relève du ministre de l'intégration sociale, pas de celui de l'énergie. Magnette a donc fait des propositions en marchant sur les pieds de son voisin carolo. Pas sûr que celui ci apprécie.

On retiendra de l'épisode que l'ex-politologue est déjà au combat, et que le terrain médiatique ne lui fait pas peur. On peut même deviner que c'est sans doute sa mission : apparaître rapidement comme un nouveau porte drapeau des valeurs de gauche au sein du gouvernement. Et que Paul Magnette n'aime pas perdre de temps.

03 janvier 2008

Leurs voeux en ligne

Petit détour par les sites internet des partis politiques et petite surprise : comparé à l'an dernier les voeux électroniques ont, semble-t-il, moins la côte. Les partis politiques se sont contentés du service minimum.
Au MR, un relookage du site avec la direction du parti en père noël bleu et un petit mot de Didier Reynders. Au PS, trois petites lignes, et un texte un peu plus long sur le blog d'Elio Di Rupo. Au CDH, la cata : rien de rien. Visiblement, sur internet, les humanistes sont restés en 2007.
Seule innovation à Ecolo, avec une carte interactive (il faut cliquer sur le bonhomme de gauche pour passer au tableau suivant).
Dans l'ensemble, on peut donc quand même mieux faire.

Du coup les voeux du groupe Vers l'Avenir font penser que les journalistes, ont parfois plus d'imagination que les politiques ( les confrères se sont même bien lâchés, chapeau).

01 janvier 2008

Yves Leterme ne chômera pas début janvier



Dans la nouvelle équipe Verhofstadt il y en a un qui commence l’année en fanfare et que tout le monde attend au tournant : Yves Leterme lui même. Dans les prochains jours le vice premier ministre CD&V apparaitra sur deux fronts au moins. D’abord pour commenter les chiffres de l’année budgétaire 2007. Traditionnellement annoncés dans la première semaine de l’année suivante, les chiffres de l’année budgétaire permettent d’y voir un peu plus clair sur le respect ou non des objectifs gouvernementaux.
Il ne s’agit que d’une indication (les seuls chiffres qui comptent vraiment sont ceux validés par les services européens) mais la probabilité d’un exercice 2007 en déficit et l’ampleur de celui-ci sont des informations politiques importantes. Yves Leterme chargés de les commenter, mais sans devoir les assumer (il était dans l’opposition jusque fin décembre) chargera-t-il la ministre du budget précédente (Freya Vandenbosche) son collègue des finances (Didier Reynders) l’ensemble de la coalition violette en général (et donc un peu Guy Verhofstadt en particulier) ou la conjoncture internationale ? On s’intéressera également à la forme de sa communication et notamment au partage des rôles avec Didier Reynders. C’est la première fois que les deux « vice premier » apparaitront ensemble à une conférence de presse. L’an dernier le ministre des finances, qui a le sens de l’image, avait offert des fleurs à sa collègue du budget. Et cette année ?

Deuxième rendez vous pour Yves Leterme : le dossier des nuisances aériennes. Fin décembre celui qui est aussi désormais ministre de la mobilité a confirmé une décision du ministre Renaat Landuyt sur l’utilisation de la piste 02 le samedi, à la grande colère des riverains de la périphérie ouest. Par ailleurs la cour de cassation devrait se prononcer ce jeudi sur la validité de l’arrêt de la cour d’appel qui en 2006 estimait que les nuisances devaient être équitablement réparties. Si l’arrêt est cassé le dossier reviendra donc sur la table du gouvernement. Leterme devra alors relancer une négociation entre le fédéral, la Flandre et la Région Bruxelloise. Et se retrouvera à table avec Charles Picqué, Evelyne Huytebroeck et Chris Peeters. Soit, à l’exception de Landuyt, les mêmes acteurs qu’il y a un peu plus de 2 ans. Sauf que la responsabilité de la négociation appartiendra cette fois à monsieur 800 000 voix. Un beau galop d’essai avant de lancer les débats institutionnels. Un tremplin en cas de réussite, qui permettrait à Yves Leterme de prouver qu’il peut, lui aussi, conclure des accords avec les francophones. Ou un caillou de plus dans sa chaussure en cas de blocage.