30 décembre 2006

Meilleurs voeux

Le papier c'est ringard, vive l'internet. Pour les voeux 2007 nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser la carte de voeux électronique. Les politiques suivent la tendance. Avec plus ou moins de bonheur. Tour d'horizon.


Sur le site du PS, ce petit mot manuscrit signé Elio :"soyons fiers de nos idéaux, bonne année 2007". C'est efficace et classique, avec les visuels habituels du Ps "nouveau look" (notez le paysage très "force tranquille").


Le site du MR est lui sur son 31. Ambiance nouvel an dès la page de garde (avec la boule qui neige quand on la retourne).


Comme son ami Elio, Didier Reynders signe aussi ses voeux (désolé la reproduction n'est pas très grande, sur le site il faut avoir une loupe pour lire "bonne et heureuse année", faut croire que le MR ne veut pas d'internautes myopes dans son électorat).


La carte est la même que la version papier des voeux du président du MR. Notez ici que le père noël demandé à Dubus est vétu de bleu.


Au CDH l'année 2007 ne commence pas par une révolution, mais par du très classique, avec d'un coté la facade de la rue des deux églises, et de l'autre la signature de Joëlle (notez ici que le fond est rouge, cela fera sûrement jaser, les analystes pourraient y voir le signe que le CDH cru 2007 poursuit sur sa lancée 2006).







Coté originalité, belle performance d'écolo avec une photo collective (tiens, je les croyais plus nombreux, il en manque, non ?) sur la grand place de Bruxelles.



Mention spéciale pour le carolo Xavier Desgain qui a osé le maillot de bain (au centre). Méritoire, car vous constaterez dans cet excellent making off (ne vous privez pas du son !) que ce jour là les passants portaient des écharpes.







Enfin du coté des personnalités , distinguons ce message du président du parlement francophone bruxellois (ecolo lui aussi) qui a fait preuve d'un certain sens de l'humour.

Ce n'est pas fini, nous ne sommes que le 30 décembre, j'espère en trouver d'autres dans les prochains jours. N'hésitez pas à me signaler les meilleurs voeux politiques électroniques pour 2007...

19 décembre 2006

Devoirs de Noël

Pour les parlementaires, c’est le même scénario chaque année : juste avant noël il faut, dans l’urgence, voter une « loi programme » et une loi « portant des dispositions diverses ». Ces deux textes « mammouths » (on parle de milliers de pages) sont à avaliser impérativement avant les fêtes : certaines dispositions sont d’application au premier janvier. Cette semaine députés et sénateurs sont donc invités à mettre les bouchées doubles. Les députés qui ont commencé leurs travaux en plénière ce mardi matin devraient avoir voté le tout dans la nuit de jeudi à vendredi. Comme les sénateurs doivent attendre que le texte leur soit transmis par les députés, le vote est programmé dans la haute assemblée pour samedi 19 heures. Les mauvaises langues n’excluent pas que les sénateurs, dans un excès de zèle et n’adoptant pas le train habituel de leur assemblée, se débarrassent de leur corvée vendredi aux petites heures, histoire d’avoir un weekend presque complet.
Que les parlementaires travaillent d’arrache pied, n’est pas un scandale en soi. Ce qui peut être plus difficile à justifier en revanche c’est la présence dans ces textes de dispositions qui mériteraient à elles seuls un débat approfondi. C’est le cas d’un texte sur la double nationalité, ou de l’indemnisation des victimes de l’amiante. Même si l’intention est louable, il faut parfois, pour bien faire, prendre son temps.

17 décembre 2006

Passons à autre chose

Il faut oser l'écrire : la RTBF a parfaitement réussi un coup médiatique, nottament en mettant de son coté une partie de la presse écrite. Il faut ainsi souligner que les rédactions de plusieurs quotidiens avaient été opportunnément prévenues du caractère "historique" de l'émission avant son lancement. Cela aide à prévoir un espace internet et des pages spéciales pour le lendemain. Cela implique aussi que vous ne viviez pas l'émission comme un "telespectateur lambda" mais comme un observateur, déjà dans la confidence. On peut dire que ces rédactions ont fait l'objet d'un travail utile de "préparation" , pour ne pas dire "conditionnement".
Cela n'excuse pas une certaine dose de mauvaise foi. Ecrire ce week end que la prochaine réunion du front des francophones est liée à l'émission de mercredi est d'une complaisance qui dépasse l'entendement.
En ce qui me concerne, je pense qu'il est temps de clore le débat sur ce blog. Je vous renvoie vers deux forums où il pourra se poursuivre : l'un pour et mis en place par la rtbf , l'autre contre.

16 décembre 2006

Une erreur, pas de sanction


Le conseil d’administration de la RTBF a donc reconnu ce vendredi soir des « erreurs importantes » (ce n’est pas rien, mais le qualificatif de « faute » n’a pas été retenu), tout en confirmant sa confiance dans « les équipes de la RTBF, journalistes, hiérarchie et équipe dirigeante ». Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les termes du communiqué ou sur l’absence de sanction (il est vrai que travaillant pour la chaîne concurrente je ne suis pas le mieux placé dans ce débat). Je me crois cependant autorisé à soulginer deux points :
1) Il existe un décalage entre les condamnations fortes d’Elio di Rupo et Fadila Laanan au soir de la diffusion de ce programme et le communiqué du conseil d’administration, alors que les représentants du parti socialiste y disposent d’une majorité absolue.
2) L’annonce de la création d’un comité de déontologie interne est injurieux pour mes confrères de la RTBF. De telles questions de déontologie sont évidemment tranchées quotidiennement par chacun des journalistes à l’occasion de chaque reportage. On notera que des journalistes ont refusé de participer à l’émission et que d’autres (dont plusieurs chefs de services directement concernés par la thématique) ont été soigneusement tenus à l’écart de ce projet. La société des journalistes, dans ce débat a clairement joué son rôle. La « qualité déontologique » de l’ensemble de la rédaction n’est donc pas en cause, c’est bien celle des porteurs du projet et de la haute hiérarchie qui pose (posait ?) question. Le conseil d’administration a donc habilement déplacé le débat là où il ne devait pas avoir lieu.

Pour terminer, une anecdote. Ce vendredi après midi, au moment ou le conseil d’administration de la RTBF était réuni, le président de la société des journalistes de RTL TVI interpellait le rédacteur en chef de la chaîne privé après la diffusion dans le journal de 13 heures d’un reportage que plusieurs journalistes considéraient comme douteux. Consacré au « raid turquoise » on y voyait un protagoniste interviewé devant le drapeau de ses sponsors, ce que nous considérions comme déplacé. Le reportage n’a pas été rediffusé à 19 heures. Si je révèle cette anecdote , c’est pour indiquer que contrairement à ce que pensent beaucoup d’intellectuels, éditorialistes, et même quelques confrères, les journalistes de RTL TVI n’ont peut être pas tant de leçons à recevoir en matière de déontologie.
Il fut un temps pas si lointain, pourtant, ou un présentateur de la RTBF estimait nécessaire d’avertir son propre public que le premier ministre n’était pas « en vrai direct » sur la chaîne concurrente.

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15 décembre 2006

Ceci n'est pas un docu fiction


Dans une polémique comme celle qui nous occupe désormais le choix des mots a son importance. Depuis deux jours la RTBF, suivie par la plupart des journaux belges, utilise le terme de « docu-fiction » pour évoquer son « édition spéciale ». C’est un détournement sémantique. Un docu-fiction c’est l’utilisation d’acteurs pour reconstituer des faits réels. La prestigieuse BBC a donné ses lettres de noblesse à ce genre télévisuel. Ce n’est pas du tout ce qu’a fait la RTBF. Les personnes à l’antenne étaient des journalistes, connus et identifiés comme tels par les téléspectateurs. Les hommes politiques étaient de véritables hommes politiques. La soirée de mercredi n’appartient donc pas au genre « docu fiction » mais s’inscrit dans un registre, bien plus trouble de la manipulation de l’opinion.

On peut avoir plusieurs lectures de l’événement. Je comprends bien la position de plusieurs commentateurs qui sont intervenus sur ce blog, de la RTBF elle même, ou de certains confrères. Il s’agissait de créer un débat, de provoquer un choc. La démarche s’inscrirait dans la tradition d’Orson Welles. C’est voir la vraie fausse édition spéciale comme une création artistique. Un objet télévisuel non identifié qui a le mérite de remettre en cause les codes d’écritures journalistiques et de provoquer l’émotion. Très bien, mais cela n’est pas du journalisme. Adopter cette grille de lecture c’est méconnaitre l’impact de la télévision et abuser de la confiance de téléspectateurs, qui dans leur grande majorité ne possèdent pas les « clefs » permettant de déjouer une supercherie dont ils sont les victimes.

La seule lecture acceptable, à mon sens, est celle qui consiste à voir la télévision pour ce qu’elle est réellement (un média grand public extrêmement puissant dans la communication des émotions et qui obéit à des codes d’écriture) et le journalisme pour ce qu’il ne doit jamais cesser d’être (la recherche et la diffusion de la vérité). Sous ces deux prismes la RTBF est en faute : elle n’a pas maîtrisé la portée de l’émotion qu’elle provoquait sur base d’un fait factice, elle a instrumentalisé ses journalistes dans une démarche qui relève de la création vidéo et non pas de la diffusion d’informations.

Aujourd’hui la RTBF a perdu tout crédit au niveau international. C’est le prix à payer pour un « coup » pensé et mis en place pour faire l’événement, mais pas, contrairement à ce que la RTBF annonce, pour informer. Et je suis bien conscient que ces lignes vont irriter plus d'un lecteur de ce blog.
PS : de nombreux blogs parlent du phénomène. Je conseille ce billet de Philippe Leruth, ancien président de l'association des journalistes professionnels, et, à l'opposé, celui de François Schreuer, avec qui je ne suis cependant pas d'accord .

13 décembre 2006

Les apprentis sorciers

La RTBF vient ce mercredi soir d’offrir un spectacle consternant : une fausse édition spéciale annonçant la fin de la Belgique. Dans cette fausse édition spéciale on a pu voir les journalistes habituels du journal télévisés commenter un événement fictif. Certains hommes politiques se sont prêtés au jeu (d’autres prétendent avoir été abusés, c'est dire). On a également vu des policiers participer à cette mise en scène douteuse. La RTBF qui avait tout d’un coup retrouvé des moyens a multiplié les duplex et nous a même gratifié d’une séquence en hélicoptère. Beaucoup de téléspectateurs y ont cru (même le standard de RTL fût inondé d’appels de téléspectateurs paniqués. Des ambassadeurs se sont laissés abusés et ont alerté leur capitale. Il aura fallu (si je suis bien informé) l’intervention d’un cabinet ministériel pour que le bandeau « ceci est une fiction » apparaisse au bout d’une bonne demi-heure à l’écran. La vivacité des réactions (communiqué du premier ministre, du MR, d’Elio di Rupo, d’André Antoine, etc…) est à la hauteur du scandale. On ne mélange pas info et fiction (Orson Welles l’a fait, mais il n’était pas journaliste). On ne joue pas avec un thème aussi sensible que la fin d’un Etat lorsque des tensions réelles existent. On n'utilise pas des images de guerre pour faire peur au telespectateur (le parachutage d'un commando sur l'emetteur de Reyers étant un sommet). La RTBF a joué mercredi soir aux apprentis sorciers : en expérimentant « en direct » le pouvoir de la télévision. Sans se soucier apparemment des conséquences.

Laurent, Van Cau : même combat


Le prince Laurent est donc dans la tourmente médiatique. C’est le journal Het Laatste Nieuws qui a sonné la charge. 3 jours de scoops successifs annonce le très lu quotidien flamand, sur la base du témoignage du colonel en retraite Noël Vassen, poursuivi en justice pour des détournements de fonds. Ancien conseiller du presse celui ci ne fait pas dans la dentelle : le prince savait que l’argent employé pour rénover sa villa était d’origine douteuse affirme-t-il.
Et l’ancien conseiller ne s’arrête pas là : Laurent adore l’argent, la vitesse et les jeunes femmes, dans des proportions souvent déraisonnables. Les médias francophones ont embrayés. Voilà pour le décor.
D’emblée une constatation : il y a quelques années seul le détournement de fonds aurait intéressé la presse. L’usage immodéré de voitures de luxe, ou les aventures galantes à répétition relèvent à priori de la sphère privée et ne constitue pas des infractions. Ils sont à priori réservés à la presse « tabloid ». Il faut constater que la « peopelisation » du prince l’expose désormais dans sa vie privée. C’est une évolution de la presse belge.
Deuxième constat : la réalité des faits rapportés. La plupart des « travers » du prince révélés ces derniers jours étaient des secrets de polichinelle dans les milieux médiatiques et politiques. Il n’est pas anormal qu’ils soient désormais sur la place publique. Il n’est sans doute pas opportun de vouloir ne voir dans ces articles qu’une campagne antiroyaliste de la presse flamande. Cette explication est trop courte.
Du Prince Laurent on voudrait donc écrire la même chose que sur Jean Claude Van Cauwenberghe : il est normal que la presse relaye, relève et s’interroge. La limite à ne pas dépasser est l’attaque gratuite, sans fondement et la tentative de déstabilisation. Les journalistes n’ont le droit ni de se taire ni d’attaquer gratuitement. Ils n’ont pas non plus à se substituer à la justice. Les journalistes peuvent dénoncer et prévenir. La démonstration d’une infraction et la punition équitable incombent aux magistrats.
Troisième constat : le prince Laurent, malgré sa grande popularité n’a plus beaucoup d’alliés. Le communiqué publié par le premier ministre ce mardi soir indique clairement que Guy Verhofstadt ne veut pas être accusé de protéger le prince (même s’il se trouve des juristes pour contredire le premier ministre sur le point précis de l’immunité, puisque le prince est aussi sénateur). Il faut rappeler que celui-ci jouit désormais d’une dotation, mise en place sous gouvernement arc en ciel. Bénéficier d’argent public pour assurer sa subsistance est un grand privilège. On peut estimer normal que ce privilège impose un devoir de sagesse.

12 décembre 2006

Le paradoxe de l'équilibre


Le gouverneur de la banque nationale a donc confirmé ce lundi une croissance plus élevée que prévue en Belgique pour 2006. Au lieu des 2,5% annoncés en début d’année la croissance du PIB devrait atteindre 3%. C’est d’avantage que la croissance moyenne de la zone euro et on peut y voir le signe que l’économie belge va mieux. Autre prévision de la banque : le budget de l’état sera juste en équilibre (la prévision du printemps prévoyait un déficit). Là, contrairement aux apparences ce n’est pas une bonne nouvelle. D’abord parce que l’état n’atteint l’équilibre que grâce à une croissance plus élevée que prévue et grâce à une nouvelle série d’opérations non-récurrentes. Ensuite parce que dès l’an prochain la banque prévoit un déficit de -0,4%.Même s’il soulignait que la banque ne prenait en compte les mesures d’économie gouvernementales que quand elles sont précisées (et donc pas les effets d’annonce) et même si l’an prochain le contrôle budgétaire permettra d’arrondir les angles, le gouverneur a donc appelé hier à une politique plus audacieuse. On pourrait ainsi traduire son propos : avoir un petit déficit lors d’une année difficile est plus méritoire que d’atteindre l’équilibre une année de forte croissance

11 décembre 2006

Le tango de Bart et Jean-Marie


Pour une fois cela ne se passe pas en Wallonie mais en Flandre. Jean Marie Dedecker ne rejoindra finalement pas la NVA. Le transfert avait pourtant été annoncé spectaculairement il y a 15 jours. Sommée de choisir entre sa nouvelle recrue de poids et son juteux cartel avec le CD&V la petite formation nationaliste a préféré garder un pied dans la porte du gouvernement flamand (il se dit en Flandre que Geert Bourgeois est très attaché à sa fonction de ministre). Oui à Dedecker, à condition qu’il ne se présente pas l’an prochain. Jean Marie ira donc se présenter ailleurs. Comme dans un tango la NVA a fait deux pas en avant suivis de trois pas en arrière. L’histoire est riche d’enseignements.
1) Le président de la NVA Bart De Wever n’est pas le stratège qu’il croyait être et se retrouve affaibli.
2) La NVA ne peut pas se passer de son alliance avec le CD&V et vient de perdre en autonomie et en crédit.
3) Jean Marie Dedecker n’est pas le champion populaire qu’il pensait et peut aussi essuyer des revers. Il apparait aussi comme un "coureur de mandats" alors qu'il est déjà député flamand et sénateur.
Reste à voir quel kimono l’ancien entraineur de l’équipe belge de judo peut encore enfiler lors des prochaines législatives. Celui du VB ? Celui de Vlott, le parti de son ancien camarade du VLD, Hugo Coveliers ou bien les couleurs de sa propre formation ?
Comme ce remue-ménages a eu lieu en pleine période de sondage, le prochain baromètre RTL-La Libre sera particulièrement intéressant à décoder.

09 décembre 2006

L'affaire Kir n'est pas close

Il faut reconnaitre un grand mérite au journaliste bloggueur Mehmet Koksal : celui de ne pas abandonner facilement. Celui qui a le premier révélé que le secrétaire d'état bruxellois Emir Kir avait une position ambigue sur le génocide arménien revient à la charge. Après avoir mis en ligne une pétition où une signature répondant au nom d'Emir Kir figure en très bonne place, vous trouverez sur son site un papier sur les derniers débats consacrés à l'affaire au parlement bruxellois. Comme la plupart des médias grand public n'étaient pas présents, c'est une occasion de souligner l'apport de ce blog. Lors de cette séance le MR a menacé le secrétaire d'état d'une motion de défiance dans les 8 jours s'il ne clarifie pas sa position. Je vous conseille l'écoute du podcast proposé ici.

La fête de l'esprit


C’est une expression employée fréquemment par un membre du gouvernement régional « le parlement wallon ? » raille-t-il en glissant un regard oblique vers son interlocuteur, « cette fête de l’esprit ? ». La boutade dit toute l’estime que le ministre porte à ceux qui sont censés le contrôler. On ne saurait trop le blâmer : le niveau du débat parlementaire à Namur dépasse rarement les quelques mètres au dessus de la Meuse qui permettent au bâtiment de ne pas être inondé en cas de forte crûe.
Le spectacle offert cette semaine par la commission « immo-congo » ne déroge pas à la règle. Le sommet du genre « parlementaire cloche merle » a été atteint ce jeudi avec l’audition de Marie Dominique Simonet (CDH) et Jean Claude Van Cauwenberghe (PS). La première n’était pas ministre au moment des faits (elle dirigeaient alors le port de Liège, c’était sans doute très loin de Kinshasa), elle fût pourtant auditionnée près de 5 heures. Le second est au centre de l’affaire : il était ministre président wallon, a permis à l’une de ses connaissances d’être « récupérée » alors que le marché lui avait échappé : les députés wallons l’ont entendu pendant 3 heures seulement. Si la durée est révélatrice l’ambiance l’était plus encore. Face à Marie Domnique Simonet les députés socialistes et réformateurs se sont montrés pugnaces, intraitables, agressifs parfois et souvent de mauvaise foi. Il fallait absolument faire dire à Marie Dominique Simonet que c’était un acte politique (comprenez politicien) que de transmettre le dossier « immo congo »à la justice. Qu’elle n’avait pas de preuve contre Van Cau et que tout cela s’était fait sur ordre de sa présidente de parti. Les questions étaient très répétitives. Et on ne peut pas dire que le talent oratoire de ceux qui les posaient permettait de rendre le débat passionnant. En début d’après la quasi totalité des journalistes avaient d’ailleurs fini, lassés, par quitter la salle.
Jean Claude Van Cauwenberghe, qui était entendu par ses collègues puisqu’il est désormais redevenu "simple"député wallon, eut droit à un autre traitement. D’abord un long exposé de près d’une heure, sans aucune interruption. Ensuite une séance de questions polies, sans réelle contradiction à l’exception du député CDH Michel Lebrun. Van Cau est pourtant au centre de l’affaire. Sa déclaration était en complet décalage avec celles d’Hervé Hasquin , ou Philippe Suinen, entendus précédemment, mais les députés l’ont à peine relevé. Son manque d’explication sur des points cruciaux est presque passée inaperçu (ainsi lorsqu’on lui demande pourquoi le nom de la société Capamar , qui figure dans un document de la communauté française, est remplacé par l’expression neutre « une société wallonne » dans un document du gouvernement wallon signé de sa main, Van Cau dit juste qu’il ne sait pas comment cela est arrivé, ses collaborateurs non plus paraît-il, et aucun député n’ose aller plus loin dans l’interrogatoire°. On concédera que Van Cau était « à l’aise » , qu’il avait bien préparé son intervention et que son charisme est réellement supérieur à celui de Marie Dominique Simonet. Il n’empêche : on a eu l’impression , pour paraphraser un proverbe chinois, que les députés wallons cherchaient plus de poux au sage qui montre la lune qu’à la lune elle-même. L’entente MR-PS pour défendre les exécutifs sortants et tenter d’éclabousser le CDH était évidente. On corrigera donc l’ironique ministre : « le parlement wallon ? la fête de l’esprit…partisan ».

04 décembre 2006

Quand l’état protège l’image de VW


Le conflit qui oppose les travailleurs de VW Forest à la direction du groupe automobile entre dans une nouvelle phase. Depuis vendredi on sait donc officiellement que la direction allemande entend conserver 3000 travailleurs pour produire au moins 100 000 exemplaires de l’Audi A1 à partir de 2009. Pour cela les travailleurs devront vraisemblablement accepter un surcroît de productivité (en langage trivial cela signifie travailler plus pour le même salaire, ou gagner moins pour produire autant). La période 2007-2009 reste floue (quand arrêtera-t-on la production de la golf, quelle devra être l’intervention de l’état, et que comprendra le plan social restent des questions sans réponses). La manifestation de ce samedi aura probablement permis de tourner la page, et donne le coup d’envoi de négociations nécessairement plus discrètes.
Le groupe VW a donc donné le signal que l’on attendait. Mais il l’a donné dans une situation particulièrement confortable. Ce vendredi les patrons de VW, Martin Winterkorn et Ferdinand Piech ont eu droit à un accueil digne d’un grand chef d’état. La garde au « 16 rue de la loi » avait été renforcée par des policiers en tenue (le double du nombre habituel) et en civil. Le convoi de VW a également eu droit à un escorte officielle et l’arrivée à la chancellerie fut rocambolesque : le convoi a remonté un bout de rue en sens interdit et est entré dans le parking du parlement par la porte de sortie. L’accès du parking fut interdit aux journalistes le temps de la rencontre. L’enjeu était clair : éviter toute photo attestant de la présence des dirigeants allemands à Bruxelles et leur éviter tout contact avec la presse. Question d’image. Grâce à la protection de l’état aucun journaliste n’aura donc pu interpeller les partons allemands. Les ouvriers de Forest apprécieront.

De l’influence du baromètre


En météo le baromètre mesure la pression atmosphérique et sert à prévoir le temps du lendemain. En politique le baromètre (comprenez ce sondage régulier qui mesure la popularité et la confiance de la population pour leurs élus) a théoriquement la même fonction. En pratique il arrive que les acteurs du climat politique, se sachant sous le coup de l’observation des sondeurs, adaptent leur comportement aux circonstances. La saga de ce début de semaine n’échappe pas à ce dérèglement. Si Philippe Courard a déjà tenté ces derniers jours de « mouiller » les élus communaux de Charleroi dans la mauvaise gestion de leur ville, il n’a pas fait dans la dentelle ce week-end, intervenant fortissimo dans les débats télévisés sur le mode « la meilleure défense est l’attaque « (il faut rappeler que le ministres des affaires intérieures a bien la tutelle sur les communes, même s’il estime qu’il lui était impossible d’agir sans dénonciation). Didier Reynders n’a pas réagit mezzo voce en estimant qu’il s’agissait d’un amalgame comparable aux « méthodes de l’extrême droite », ce qui demeure insultant pour n’importe quel élu démocratique, qu’il soit socialiste ou pas. Elio Di Rupo n’a rien arrangé en estimant (un peu tard, puisque son communiqué n’est expédié que vers 19 heures, soit après que la déclaration soit diffusée une deuxième fois au journal de RTL TVI) qu’il était « indiqué » que le président du MR présente des « excuses sincères » au ministre wallon de l’intérieur. Ce lundi matin Didier Reynders appelait à son tour Philippe Courard à présenter des excuses, mais cette fois aux conseillers communaux qu'il aurait offensé. Aurait-on évité cette surenchère si le sondage du baromètre RTL-La Libre Belgique n’était pas en cours ? C’est hélas probable. Au lendemain des élections la présidente du CDH Joëlle Milquet réclamait l’interdiction des sondages à la veille des élections. Elle devrait surtout déconseiller à ses confrères de vouloir améliorer leur côte à n’importe quel prix.

29 novembre 2006

Charleroi et l'audit qui tue


Le rapport d’audit sur la ville de Charleroi remis au gouvernement wallon ce mardi est accablant. Il n’aura fallu qu’un mois au cabinet de réviseurs et au délégué spécial auxquels ce rapport avait été commandé pour se faire une idée précise de la mal-gouvernance qui règne à la maison communale. Vous trouverez dans la presse (par exemple ici)l’essentiel de leur travail. On en retiendra une gabegie étonnante (un plein d’essence tous les trois jours cela fait désordre), une absence totale de contrôle et un climat général dont on peut écrire qu’il oscille entre l’amateurisme et la délinquance en col blanc. Qu’un même agent puisse opérer un ordre de paiement et réaliser lui même le contrôle de cet ordre laisse pantois. Que des ordres de travaux soient imprécis au point d’empêcher tout contrôle interpelle. Que la régie foncière ne remette pas ses comptes à la ville ne peut qu’éveiller la suspicion. L’organisation des services communaux est à revoir de fond en comble et les auditeurs pointent des recrutements hasardeux ainsi que l’absence de formation adéquate du personnel. On soulignera que les faits les plus graves se retrouvent dans les domaines des travaux, des bâtiments et des économies d’énergie (soit les principaux scandales déjà révélés par la presse et la justice ces derniers mois). Ce mercredi matin Philippe Courard, ministre wallon de l’intérieur, sur la première, mettait le doigt sur la passivité de l’opposition. Cela lui a valu quelques réactions courroucées. Le reproche est à adresser également aux membres PS du conseil et du collège, à commencer par le futur bourgmestre Léon Casaert. A la même heure sur Bel RTL, Jean Jacques Viseur, futur échevin CDH de Charleroi s’étonnait lui de la myopie de la tutelle exercée par la région wallonne. Il faut aujourd’hui se poser la question : si un cabinet de réviseurs peut , en moins d’un moins, établir un constat aussi clair, qu’ont fait ceux qui étaient chargés du contrôle de la ville ces dernières années ? Un audit des services concernés au ministère wallon de l’intérieur ne serait pas inutile.

28 novembre 2006

VW : à négocier


L'information est désormais confirmée par le porte parole du premier ministre : Guy Verhofstadt aura un entretien ce vendredi avec Martin Winkerkorn, actuel patron d'Audi appelé à remplacer Wolfgang Bernarhd, à la tête de Volkswagen. L'entretien portera bien sur la production du modèle A1 à Forest. Ce véhicule de petite taille sportif et citadin est destiné à contrer la britannique "mini" et serait commercialisé entre 15 000 et 18 000 euros. Pour Guy Verhofstadt il s'agit désormais de s'assurer que la production de ce véhicule assure un volume d'emploi suffisant (on parle de 1500 emplois, soit l'effectif affecté à la construction de la "polo"). Le gouvernement belge pourrait également revendiquer l'exclusivité du modèle pour se prémunir contre tout risque de délocalisation future. En contrepartie la firme allemande pourrait obtenir la prise en charge financière du personnel nécessaire (par un mécanisme de type "chomage technique") en attendant la mise en production (pas avant 2009 semble-t-il). Volkswagen pourrait également demander de nouveaux efforts en matière de flexibilité et de baisse des charges sociales.

L’affaire Mampaka : vengeance rouge, dérive orange et carton jaune


Bertin Mampaka, Georges Dallemagne et Fatima Moussaoui (tous les 3 conseillers communaux CDH à la ville de Bruxelles) ne seront pas échevins. Dans la foulée des élections du 8 octobre leur désignation aurait dû être une simple formalité. Les choses se sont gâtées à la suite d’une dénonciation de domiciles fictifs puis d’une attaque en règle contre Bertin Mampaka (échevin sortant). A l’origine de ces dénonciations se trouvent Geoffroy Coomans de Brachène (voir billet ci dessous). Tous lés éléments mis sur la table (factures de gsm, subsides à des ASBL, etc…) ne tiennent pas forcément la route, et l’impression d’ensemble peut légitimement faire penser à du harcèlement. Puisqu’une plainte en diffamation a été déposée, il appartient à la justice de démêler le vrai du faux, mais le soupçon qui entoure désormais Bertin Mampaka rendait le renouvellement de son mandat délicat. On notera que la présidente du CDH parle d’un retrait « temporaire » et que le bourgmestre Thielemans a confirmé en réunion de majorité que si l’échevin devait ressortir « innocenté » il ne s’opposerait pas à son retour dans l’équipe échevinale.
Au delà du cas personnel, il faut noter la stratégie d’affaiblissement mis en place par le PS dans cette affaire face à son allié. Que l’ensemble des socialistes bruxellois s’expriment d’une même voix pour contraindre Joëlle Milquet à poser un geste spectaculaire lors de la dernière ligne droite d’une négociation ne tient pas du hasard. Qu’Yvan Mayeur, Philippe Moureaux , Freddy Thielemans et Karine Lalieux, pour ne citer que ceux rencontrés par l’auteur de ces lignes, tiennent mot à mot les mêmes propos démontre l’existence d’une position commune à l’ensemble de la fédération bruxelloise du PS. « L’affaire Mampaka » aura ainsi permis aux « rouges » de dénoncer des manquements éthiques au sein d’une formation politique qui est habituellement assez encline à leur faire la leçon. Le parallèle que dressaient certains intervenants avec les affaires immocongo ou carolorégienne (alors que les faits ne sont pas, me semble-t-il, du tout de la même ampleur) est de ce point de vue très éclairant. Il s’agissait aussi pour les socialistes de renvoyer la balle des affaires aux partenaires humanistes. D’adresser un « carton jaune » à des élus oranges qui sur les plateaux de télévision jouent la carte éthique pour se démarquer de leurs partenaires gouvernementaux. Joëlle Milquet, auteur et metteur en scène de cette « politique de l’éthique » endosse du coup le plus mauvais rôle et se voit, après avoir été publiquement humiliée, contrainte de sacrifier ses proches. Il faut souligner qu’Elio Di Rupo a laisser faire ses amis bruxellois. On y verra la confirmation que le président du PS a sans doute été lui aussi irrité par les dernières sorties du CDH et que le couple formé par Elio et Joëlle n’a pas valeur d’assurance vie.

26 novembre 2006

Crispations bruxellloises




La photo appartient-elle au passé ? Dans la foulée du 8 octobre, Joêlle Milquet, reçue en grande pompe à l’hôtel de ville de Bruxelles présentait au coté de Freddy Thielemans les bases d’un accord de majorité qui unissait PS et CDH, rejetait Ecolo dans l’opposition et snobait un renouveau bruxellois encore KO de sa contre-performance électorale. Une consécration pour la présidente du CDH qui se posait, déjà, en future incontournable bruxelloise.
Ces derniers jours l’entente entre socialistes et humanistes a pris les allures d’une photo jaunie que l’on ressort de l’album de famille pour se rappeler que le bon temps a bien existé. Cela a commencé il ya quelques semaines par les domiciles présentés comme fictifs de plusieurs conseillers CDH. L’interrogation s’est ensuite focalisée sur Georges Dallemagne. Elle se concentre désormais sur Bertin Mampaka, ses factures de GSM et sa politique sportive. La plupart du temps c’est un jeune conseiller MR Geoofroy Coomans de Brachène qui est à la manœuvre (lequel avait déjà fort irrité Freddy Thielemans en utilisant le nom de la ville de Bruxelles pour son site internet, et qui vient d’ailleurs de perdre en justice pour cette affaire). L’intéressant n’est pas dans ces attaques, ni dans leur auteur, mais dans le positionnement désormais ambigu de certains élus socialistes. On a pu lire dans la presse écrite en fin de semaine des critiques signées de conseillers PS qui ne ménageaient pas leurs alliés CDH. Le MR a habilement soufflé sur les braises en rappelant qu’il était disponible pour un changement d’alliance.
Un tel retournement est il possible à Bruxelles? On en doute. D’abord parce que les critiques ne proviennent pas des leaders socialistes locaux mais de « seconds couteaux ». Ensuite parce que le Cdh tente de faire amende honorable (Georges Dallemagne reconnaît qu’il est « en transit » et cherche un logement, Bertin Mampaka va rembourser une partie de ses notes de GSM et poursuit son accusateur en diffamation). Enfin parce que la tête de liste bruxelloise est Joëlle Milquet, et qu’on humilie pas impunément une présidente de parti avec laquelle on est en affaire dans les régions et à la communauté. Toute velléité de « débarquement » remonterait au boulevard de l’empereur, ce qui ne semble pas avoir été le cas jusqu’ici. Le PS a de toutes façons marqué un point en soulignant que le discours « éthique » du CDH était parfois plus théorique que pratique.
Accessoirement on soulignera que les partenaires bruxellois négociaient ces derniers jours les derniers détails de leur accord de majorité (les échevinats sont répartis mais détails des actions et financement ne sont pas tous connus). Un peu de pression dans une dernière ligne droite permet souvent d’amadouer son partenaire…

23 novembre 2006

VW : la Belgique des emplois d'hier ?


Le drame social que représente la suppression de 4500 emplois à l’usine Volkswagen de Forest occupe légitiment la une de l’actualité. Comme toujours dans les cas de forte émotion les politiques, c’est leur rôle, tente d’apparaître en phase avec l’opinion. On ne compte plus les condamnations de la décision de la direction de VW, ni les appels à maintenir un minimum d’activité à Forest. C’est utile : la perspective de voir 10 000 travailleurs (sous traitants compris) perdre leur emploi vaut bien une mobilisation des gouvernements concernés et on se réjouit de voir pour une fois les élus flamands, wallons, bruxellois et fédéraux travailler dans la même intention. Dans ce cadre gouvernement fédéral et partenaires sociaux pourraient proposer dans les prochains jours à VW de nouvelles pistes pour accroître la flexibilité et diminuer le coût du travail. Ces revendications traditionnelles des entreprises reviennent à chaque grand round de négociation et son présentées comme le principal moyen de permettre à la Belgique de rester « compétitive ».
Saisissons ce débat pour tenter d’aller plus loin. Ce raisonnement sur le coût des salaires a en effet ses limites. Ainsi à VW le « salaire » en représente plus que 6% du coût de production d’une golf. Les économistes ont raison de souligner que dans la construction automobile la différence entre un travailleur belge et un travailleur allemand est finalement marginale (mais marginale n’est pas nulle, et il est d’autres secteurs où l’impact du salaire est considérable). Les débats politiques de ces derniers jours, comme les remarques postées sur ce blog (voir les commentaires des internautes sur le billet «VW : constat d’impuissance » publié ci dessous) n’attirent à mon sens pas suffisamment l’attention sur le caractère « industriel » des emplois perdus à VW. On peut en baisser le coût salarial à l’extrême. A moins d’imaginer que l’on puisse être demain moins payés et moins protégés en Belgique qu’en Chine en Inde ou au Brésil ces emplois sont, il faudrait avoir la lucidité de le reconnaître, des emplois forcément menacés. Les gains de productivité (l’automatisation) et la concurrence des pays émergents condamnent la part des emplois industriel -à devoir encore reculer. On peut hélas écrire dès aujourd’hui qu’il y aura d’autres « Forest » demain.
Le courage politique est aujourd’hui de dire que la création d’emplois passe par les PME innovantes, dans des secteurs à forte valeur ajoutée et non plus par les grands groupes industriels. Dans une Belgique dont l’histoire et les paysages sont marqués par l’essor de l’industrie au XIX siècle c’est sans doute un discours difficile à tenir.
Je voudrai inciter les lecteurs de ce blog à consulter sur ce sujet le très pertinent rapport du conseil central de l’économie, rendu dans le cadre des négociations interprofessionnelles (ce rapport sert de base à la discussion sur la norme salariale). Il est particulièrement inquiétant. On peut ainsi y lire que les salaires belges ont progressés de1,5% par rapport aux 3 pays voisins, mais aussi que la rentabilité des entreprises s’est améliorée (traduction : les salariés comme les actionnaires sont bien lotis en Belgique). Revers de la médaille : un sous investissement en matière de recherche et développement. Attardez vous sur la page 14 : « la maîtrise des coûts salariaux et les mesures prises pour réduire les cotisations patronales à la sécurité sociale (…) devront être accompagnées, dans le futur , d’un investissement accru dans la formation et la recherche (…) pour soutenir l’augmentation de la productivité et ainsi maintenir le potentiel de croissance de l’économie ».
Et les chiffres collectés par le conseil central sont cruels en la matière. Entre 2001 et 2003 les budgets des entreprises belges consacrés à la recherche et au développement reculaient au lieu d’augmenter. Si les choses se redressent en 2005 l’effort est insuffisant. Les pouvoirs publics ne font pas mieux que les entreprises.
Bref, une réelle politique de l’emploi, si elle ne peut pas ignorer un débat utile sur le coût du travail, devrait également se traduire par un engagement massif des entreprises dans la recherche et la formation. Cela n’en prend pas le chemin et notre tradition de concertation sociale n’incitera sans doute pas le(s) gouvernement(s) à imposer par la contrainte aux entreprises des investissements qui, s’ils sont salutaires pour notre avenir collectif, peuvent être perçus comme contraires aux intérêts immédiats des actionnaires. Il n’empêche : se focaliser sur le coût du travail sans se préoccuper de la recherche serait faire preuve de myopie. Se condamner à défendre les emplois d’hier sans chercher à créer ceux du siècle prochain.

Immocongo : le PS garde le contrôle

La fameuse commission mixte région wallonne-communauté française n’aura finalement qu’un président. Alors que le scénario d’une co-présidence (un(e) député(e) wallon(e) couplé(e) à un(e) collègue de la commune française) était parfois avancé ces derniers jours il n’a finalement pas été retenu. Plus surprenant encore, alors que « l’affaire » met principalement en cause un ancien ministre président socialiste, c’est un député PS qui présidera les travaux (en l’occurrence Maurice Bayenet, chef de groupe PS et, on l’oublie parfois, vice président du parti). Les députés socialistes wallons voudraient protéger Jean Claude Van Cauenberghe (dont les enqûetes de la justice, selon le soir, semblent se rapprocher) qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.
On notera également au cours des débats l’avertissement sans frais envoyé par les députés wallons au CDH. En substance les rouges reprochent à la ministre Marie Dominique Simonet d’avoir alerter la justice et à Joëlle Milquet de s’en féliciter.
Le PS sur cette affaire développe donc trois discours :
1) Celui d’Elio Di Rupo qui, il y a 2 semaines demandait la transparence et donnait le feu vert à une commission parlementaire
2) Celui de José Happart, deux jours plus tard, qui jugeait la même commission inutile et bruyante
3) Celle du groupe PS au parlement wallon, qui, ménageant désormais la chèvre et le chou, vote la création de la commission (ne pas le faire aurait mis le président du PS en porte à faux et choqué l’opinion publique) tout en soulignant sa réticence à avoir des débats publics sur la gestion des gouvernements passés.

Le suivi des travaux de la commission permettra de déterminer laquelle de ces trois positions est réellement celle du PS. Avec le risque de voir la commission « immocongo » s’enliser rapidement… ou devenir une foire d’empoigne au cours de laquelle son président ne manquera pas d’être attaqué pour son manque d’appétit (réel ou supposé) à vouloir faire toute la lumière. On souhaite bien du plaisir à Maurice Bayenet.

21 novembre 2006

Volkswagen : constat d'impuissance


Une sanction sèche et brutale : la direction de Volkswagen a décidé de mettre un terme à la production du modèle « golf » à l’usine de Forest. Cette production (200 000 véhicules par an) se concentrera désormais sur les site de Wolfsburg et Mosel en Allemagne. Pour les ouvriers bruxellois c’est donc le scénario du pire qui est retenu. En ne maintenant à Forest que la seule « polo »(11 000 véhicules par an) les effectifs passeront de 5 200 à 1 500 personnes.
Pouvait-on éviter une telle décision ? Probablement pas : Volkswagen fait face à un ralentissement mondial et a décidé de supprimer, à l’échelle du groupe 20 000 emplois. C’est la logique de l’économie de marché de produire au meilleur coût. C’est la logique capitalistique de VW (à l’actionnariat public et privé mélangé, mais toujours allemand) de privilégier son berceau traditionnel et l'atmosphère interne de VW n'arrange rien.
Même si la décision est explicable, les observateurs belges noteront malgré tout l’impuissance des pouvoirs publics face à une décision prise en dehors du royaume. Depuis vendredi dernier le gouvernement de Guy Verhofstadt a tenté en vain de peser sur le cours des évènements. Alors que la décision prise est finalement celle que la presse allemande avait dévoilée, à aucun moment le premier ministre n’a paru en mesure de convaincre les dirigeants de VW de faire machine arrière. Pire, Guy Verhofstadt n’a pas pu joindre les réels décideurs. Son seul interlocuteur dans cette crise fût Wolfgang Bernhard, le président du conseil d’administration que l’on prévoit sur le départ. Le PDG actuel, Martin Winterkorn, et Ferdinand Piech, actionnaire de référence de Porsche et président du conseil de surveillance (qui passe pour le véritable patron) n’ont pas daigné le prendre en ligne. Jusqu’à lundi les belges ont donc été contraints de passer par le syndicat IG métall et par le land de Basse Saxe pour tenter de faire entendre leur point de vue et obtenir des informations plus ou moins précises. Dans un communiqué le premier se disait « choqué » ce mardi midi. A 6 mois des élections, et alors que la promesse de créer 200 000 emplois fixait le cap de la législature, le grand perdant de Forest risque d’être le premier ministre.

20 novembre 2006

Citation congolaise

C'est fou internet ! Je découvre ce soir qu'un des billets publiés sur ce blog est repris tel quel sur le site de "la conscience", un hebdommadaire de Kinshasa. Comme l'auteur de ce blog est un brin vaniteux, il remercie bien bas les confrères congolais de leur aimable citation (oui, oui, il existe encore des confrères qui citent leurs sources...) et interprete cet emprunt comme une forme de consécration...

Anderlecht : Eric s’oppose à Fadila

Fadila Laanan ne sera donc pas échevine à Anderlecht. Le vote des militants ce week end est sans appel : la ministre de la communauté française n’a obtenu que 83 voix et se classe en 5ième position (les autres candidats font beaucoup mieux : Fabienne Miroir obtient 307 voix, Mustapha Akouz 307, Fabrice Cumps 287 et Guy Wilmart 286 voix, c’est trois fois plus que Fadila). L’information est-elle bouleversante ? Non. Mais elle révèle un véritable bras de fer en train de se jouer dans la commune. Aux élections communales la ministre a obtenu plus de 2800 voix de préférence. Un score, qui selon elle, méritait une place d’échevin (quitte à ne pas siéger : on n’abandonne pas facilement un macaron ministériel). Habituellement ce genre d’attribution se règle à l’amiable. Eric Tomas, tête de liste et président du parlement bruxellois a préféré organiser un vote des militants (il faut dire que les relations entre le président et la ministre sont à l’orage depuis plusieurs mois). Particularité du scrutin : il fallait cocher 4 noms, sous peine de vote nul. Sur 6 candidats il était donc impossible de ne choisir « que » Fadila… le vote « sanction » devait obligatoire s’accompagner de 3 noms « proches » d’Eric Tomas… Pour couronner le tout des « amis » de Fadila ont fait circuler une pétition (600 signatures paraît-il) où ils se déclarent « scandalisés par l’attitude des responsables du parti socialiste d’Anderlecht de vouloir ignorer l’expression citoyenne qui s’est portée de manière forte sur la candidate Laanan ». Eric a du apprécier. La section PS d’Anderlecht, prend tout doucement des allures de far west.

17 novembre 2006

Le retour du Big Loulou


Il laisse encore planer le doute. Ce vendredi matin sur Bel RTL, face à Kathryn Brahy, Louis Michel, commissaire européen a indiqué qu’il « se tenait à la disposition de son parti pour 2007 ». Prié d’être plus précis, il soulignait qu’il n’y avait pas d’incompatibilité avec son statut de commissaire européen, et que tout était ouvert, la chambre comme le sénat. Soyons explicite à sa place : en 2007 Louis Michel sera candidat à la Chambre, et ce sera dans l’arrondissement de Bruxelles Hal Vilvorde.
Le gain pour le MR est évident : Louis Michel reste l’un des hommes politiques les plus populaires à Bruxelles, et son « éloignement » européen ne l’empêche pas de rester dans les hautes cimes du baromètre trimestriel RTL-La libre. Mieux encore : son positionnement au centre (le fameux « libéralisme social ») devrait élargir la base électorale des libéraux bruxellois, son engagement international, notamment au Congo et au proche orient, pourrait séduire des électeurs d’origine étrangère qui votent aujourd’hui pour le CDH et le PS, et même son bilinguisme actif pourrait attirer un électoral flamand (c’es BHV quand même). Bref, tous les ingrédients pour un retour gagnant.
La suite ? Soit Louis Michel quitte l’Europe, soit il y patiente jusqu’en 2009. Il sera alors en position idéale pour tirer la liste bleue aux élections régionales… et reprendre le leadership sur la région bruxelloise. En prime, s'il choisit bruxelles-ville, l'ancien président fera figure de sauveur, les troupes de Marion Lemesre étant encore traumatisées par l'épisode du renouveau bruxellois. Louis Michel c’est l’anti-Onkelinx : un parachutage, oui, mais pensé, préparé, d’apparence modeste et qui se laisse le temps de réussir.

Phénomène Daerden


Mon talentueux confrère Daniel Nokin (du magazine "Reporters" sur RTL TVI) vient de suivre Michel Daerden pendant 15 jours. Objectif : faire le point sur le "phénomène" après les déclarations de la soirée électorales et les milliers de téléchargements qui ont suivi. Le reportage sera diffusé le 24 novembre. J'ai eu l'occasion de voir les rushs, il y aura de bons moments, et pas que de la rigolade. Pour vous mettre l'eau à la bouche (l'expression est ici très appropriée) vous pouvez déjà visionner 4 extraits.

16 novembre 2006

Commission Immocongo : humanistes et réformateurs revendiquent la présidence


Le parlement wallon votera mercredi prochain la mise en place d’une commission spéciale mixte chargée de faire la lumière sur l’affaire Immocongo (ou plus précisément sur le versant politique de l’affaire, l’enquête judiciaire restant du ressort exclusif de la justice). Le vote sera sans surprise : à ce stade, seul le président du parlement wallon, José Happart (PS et co auteur avec Van Cau du projet de constitution wallonne) a fait part de son hostilité au projet (Jean Claude Van Cauwenberghe, lui, se dit ravi d’avoir l’occasion de s’expliquer). Une fois la résolution votée une conférence des présidents arrêtera les détails pratiques (lieu des débats, calendrier, etc…). Là les choses se corseront : CDH et MR revendiquent la présidence de la commission. Chacun avance ses arguments. Le CDH peut souligner qu’etait le seul à pas participer au pouvoir pendant la période des faits suspects, et le MR qu’il est aujourd’hui le plus grand parti d’opposition. Comme il faudra bien entendre Hervé Hasquin (MR) et Marie Dominique Simonet (CDH) aucune formation n’a pour l’instant trouvé l’argument massu. Le MR proposerait Véronique Cornet (bourgmestre de Montigny le Tilleul) et le CDH pense à Anne Marie Corbisier.

Sur le fond du dossier, et pour ceux qui douteraient encore de son interêt, je signale ce récapitulatif de Christian Carpentier sur les documents soumis aux gouvernements de la région et de la communauté en 2003, et sur le retrait d’une mention « gênante » dans la copie wallonne.

15 novembre 2006

Petits marchés intolérables

L'affaire Immocongo m'occupe à plein temps. Dans le prolongement du billet « Kinshasagate » (voir ci dessous) je voudrai signaler l’édito de Béatrice Delvaux (page 24 du Soir de ce marcredi 15 novembre, mais il n’est malheureusement pas disponible en ligne) avec lequel je me sens particulièrement en phase :
« Prendre ses responsabilités en politique c’est savoir dire non à ceux qui soudain transforment le bien public et une politique respectable (…) en formage gouleyant à usage personnel à savourer entre amis ».
Ou encore :
« Prendre ses responsabilités en politique, ce n’est pas attendre le verdict de la justice pour reconnaître que l’on a eu, soutenu, encouragé des comportements qui nuisent au bien public. Car dans ce dossier « Immo Congo » comme dans d’autres dossiers récents, il y a clairement déjà faute dans le chef d’une série de responsables politiques et de leurs affidés : celle de ne pas avoir géré le patrimoine public qui leur était confié en bon père de famille ».
C'est assez proche du sentiment désagréable qui m'habite depuis que je me suis plongé, en fin de semaine dernière, dans ce dossier.

11 novembre 2006

Copinage

Je me permets de signaler au lecteur de ce blog l'ouverture d'un espace virtuel concurrent signé Thierry Dupiéreux. Son esprit est vif, sa plume est talentueuse (accessoirement il fut jadis mon chef à Bel RTL mais je vous assure que cela n'a rien à voir).

Le kinshasagate


Résumons-nous. L’affaire Immocongo, s’est donc nouée en quelques mois au printemps 2004. La communauté française recherche alors un nouveau bâtiment pour abriter le centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, l’occupation du bâtiment antérieur devenant intenable (conditions financières et état des locaux étaient défavorables). La communauté porte son choix sur un bâtiment qu’il faudra rénover et agrandir, et recherche alors des sociétés immobilières capables de l’aider dans cette opération. Le 21 avril 2004 le marché est attribué à la société bruxelloise « Information et communication » par une décision du gouvernement de la communauté française, attribution confirmée par le gouvernement wallon une semaine plus tard. Mais Jean Claude Van Cauwenberghe fait savoir qu’il convient d’associer une société wallonne au marché (c’est en tout cas ce qu’affirme désormais publiquement Hervé Hasquin, lequel évoquait dans des interviews aux journalistes de télévision ce vendredi un coup de fil direct de Van Cau sur son gsm : les enquêteurs pourront donc vérifier).
Le 10 mai Van Cau obtient gain de cause. Lors d’une réunion qui se tient au CGRI la société intelligence et communication accepte de partager le marché avec une société wallonne pourtant écartée du marché et administrée par des connaissances de Van Cau (il s’agit de Daniel Lerun, réviseur, et de son épouse Simone Gauquier). Des représentants des cabinets Hasquin et Van Cauwenberghe participent aux tractations. Ensemble les deux sociétés immobilières monteront Immocongo SA. Un courrier est alors adressé au parton du CGRI Philippe Suinen pour confirmer l’accord. A la mi-mai le marché (sans que les conditions de l’offre ne soient modifiées) est donc ré-attribué à la nouvelle société par les gouvernements de la région wallonne et de la communauté française.
Cette location avec option d’achat porte au moins sur 6 millions d’euros (le calcul précis n’est pas possible puisqu’il s’agit de sommes indexées). On peut souligner qu’un premier avis de l’inspection des finances (datant du mois de mars 2004) évaluait l’opération (achat + rénovation) à 3 millions, mais l’inspection relativisera ce premier avis très négatif lors des avis suivants. De la somme finalement investie (mais en cours de renégociation semble-t-il), on notera en passant qu’elle est plus élevée que l’enveloppe actuellement discutée entre la communauté et les syndicats d’enseignants dans le cadre des négociations sectorielles 2007-2009 (5 millions) ou encore qu’elle est 20 fois supérieure à la rénovation du siège de la communauté (la fameuse affaire de la « douche », 300 000 euros pour l’ensemble dont 6 000 euros pour la douche en question) : Dans le contexte budgétaire de la communauté ce n’est pas anodin. Si la justice découvre des irrégularités il s’agira donc d’un scandale de grande ampleur.

Si Jean Claude Van Cauwenberghe est incontestablement au cœur du dossier, il n’est pas le seul acteur de cette affaire. Sur base du témoignage d’ Hervé Hasquin et des documents que l’auteur de ce blog a pu consulter on peut ainsi établir que :

1) Jean Claude Van Cauwenberghe s’est opposé à la concrétisation d’un marché attribué suivant les règles. Il a usé de son influence pour remettre en selle une société écarté au cours de la procédure.
2) Hervé Hasquin a cédé à la pression. Il accepté l’idée que des sociétés wallonnes et bruxelloises devaient être associées dans l’opération et participe à ce que l’on doit qualifier de « petit arrangement entre ministre-présidents »
3) Les ministres du gouvernement wallon et du gouvernement de la communauté française de l’époque ne pouvaient pas ignorer l’opération. Qu’un marché public passe deux fois sur la table du gouvernement aurait du éveiller leur attention. Pour rappel Serge Kubla, Charles Michel, Michel Daerden (entre autres) siègent à l’époque au gouvernement wallon, Christian Dupont et Jean Marc Nollet à celui de la communauté.
4) Une administration wallonne (le CGRI) a participé aux négociations qui ont permis à une société privée de bénéficier d’un marché public alors qu’elle en avait été écartée. L’administration cautionne donc le « yalta » de Kinshasa.
5) Les dirigeants d’Intelligence et communication ont acceptés de renoncer à un marché attribué régulièrement et vont finalement travailler avec un concurrent qui semble leur avoir été imposé sans juger utile d’alerter la justice.

Il appartient au juge d’instruction de dire si ces faits sont délictueux ou pas. A ce stade on se contentera d’écrire que les acteurs du dossier ont pris des libertés avec l’esprit de la loi sur les marchés publics. Celle-ci impose aux autorités publiques dans de telles procédures de retenir la meilleure offre au meilleur coût. Pas de rééquilibrer un marché entre sociétés wallonnes et bruxelloises.

09 novembre 2006

Charleroi : le coup de grâce ?


C’est un nouveau dossier ouvert par la juge Baekeland : le contrat « immocongo » fait depuis ce jeudi l’objet d’une instruction judiciaire. L’affaire est relative au contrat de location d’un bâtiment qui abrite le centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. La durée du bail (20 ans), le montant du loyer (270 000 euros de loyer annuel, et, à moins que l’on sous-estime le marché immobilier congolais, ce n’est pas rien à Kinshasa), et les circonstances dans lesquelles le marché a été conclu peuvent paraître suspects. La société immocongo, propriétaire du bien, est basée à Gosselies et administrée par des connaissances de Jean Claude Van Cauwenberghe (ce qui n'est pas un délit, même si l'on remarque que le patron du PS carolo a, dans l'immobilier, beaucoup d'amis). Les faits, qui ont déjà fait l’objet d’articles de presse, ont été dénoncés au juge d’instruction par la ministre des relations extérieures de la communauté Marie Dominique Simonet. La ministre CDH (dont on a du mal à penser qu’elle n’a pas au moins averti la présidence du PS) fait coup double : outre Van Cau, ministre président de la région wallonne a l’époque de la signature, elle mouille également Hervé Hasquin (MR) à la tête de la communauté français (les contrats ont en effet reçu l’aval des deux gouvernements). Les deux hommes se défendent et clament leur innocence (on peut s'étonner que cette affaire, connue depuis plusieurs mois, et pour laquelle ils n'ont pas été interrogés jusqu'à présent, revienne ainsi à la surface). Mais on voit mal comment les deux anciens chefs de gouvernement pourraient échapper à une audition dans les jours qui viennent. Si la justice devait retenir des éléments contre ces deux « pointures », le climat risque de devenir délétère.

08 novembre 2006

Elio président... et pour longtemps ?


Quand un quotidien français s’intéresse à la politique belge cela manque rarement d’intérêt. Quand le papier en question est publié dans « Le Monde » et signé Jean Pierre Stroobants (un ancien du Soir, il connaît donc bien le terrain) cela devient une lecture franchement indispensable. A la différence des confrères obligés de produire des papiers quotidiens le correspondant « français » à Bruxelles peut s’offrir le temps du recul et restitue une vue d’ensemble, synthèse et analyse de la situation francophone. Dans ce papier le journaliste souligne donc les difficultés de la Wallonie et de son chômage record, relayant les critiques du patronat wallon envers l’enseignement de la communauté française. Il poursuit avec les errements de certains membres du parti socialiste. Comme le ministre-président wallon et le président du PS ne font qu’un le papier se cristallise sur la personne d’Elio Di Rupo : « il avait affirmé, lors de son accession à la tête du parti, sa volonté de le réformer et soulignait la nécessité d’opérer une relance forte de la région. M. Di Rupo est en train d'échouer sur les deux plans. » Ainsi résumé en deux phrases, le constat est cruel, et devrait piquer au vif le boulevard de l’empereur. Stroobants, poursuit en estimant qu’Elio Di Rupo n’est plus dans la course pour le 16 alors qu’Yves Leterme peut en avoir l’ambition.
On voudrait prolonger l’analyse de ce brillant confrère en mettant l’accent sur la situation interne au parti socialiste. Si le 16 semble s’éloigner Elio Di Rupo pourrait en revanche s’installer durablement au boulevard de l’empereur.Le revers de Laurette Onkelinx à Schaerbeek ne lui permet plus de revendiquer une prise du pouvoir rapide au sein du parti. Laurette affaiblie, la perspective de voir plusieurs candidats se présenter (Rudy Demotte, Willy Demeyer, et Jean Claude Van Cauwenberghe, pourraient bien y penser) et le risque d’ouvrir un guerre de succession interne est le meilleur atout d’Elio Di Rupo. Dans la situation actuelle celui ci garde la maîtrise du calendrier socialiste. Car sans en faire le « régent » que la presse flamande se plaît à décrire, le président du PS reste un poste central : qu’Elio Di Rupo quitterait probablement à regret. Et même si ses nombreux voyages à l’étranger relance les rumeurs d’une recherche d’un poste international, le bourgmestre empêché de Mons pourrait donc souhaiter rester président pour longtemps. La modification des statuts internes qui lui permet de se représenter prend aujourd’hui tout son sens.

07 novembre 2006

La constitution wallonne n'est pas pour demain


C’est un coup dur pour ses auteurs : le projet de constitution wallonne devra faire l’objet d’une étude juridique préalable avant d’être soumise au débat. Ainsi en a décidé ce mardi la commission des affaires générales du parlement wallon. Pour Jean Claude Van Cauwenberghe et José Happart, principaux parrains du projet, c’est un revers sérieux : une étude juridique signifie dans le jargon parlementaire habituel un enterrement de première classe. Ecolo, MR et CDh ont d’ailleurs clairement signifié que ce projet était tout sauf prioritaire et urgent. Le groupe PS lui même était divisé. Sauf revirement spectaculaire on voit donc mal la constitution ressortir des cartons. Le soupçon d’une manœuvre qui aurait conduit les socialistes à se compter (régionalistes avec Jean Claude et José, contre fédéralistes avec Elio, c’était peut être le véritable objectif poursuivi) a fait long feu. Si Van Cau reste maître de son bastion carolo son influence politique au delà des murs de sa cité s’en trouve amoindrie.

06 novembre 2006

Vote électronique sans contrôle

Le collège juridictionnel de la région bruxelloise examinait ce lundi matin une partie des recours introduits à l’issue des dernières élections communales. L’un d’entre eux concerne l’organisation des élections à Ixelles et l’encadrement du vote électronique. Selon le plaignant, Kommer Kleijn, qui était candidat en 29ième position sur la liste écolo localeet assisté en tant que témoin aux opérations, l’urne électronique aurait, dans certains bureaux de vote, étaient mise en service par le personnel communal et non pas par le président du bureau de vote comme le prévoit la procédure. Pire, certains ordinateurs auraient été démarrés en l’absence du président de bureau et sans témoin extérieur. Une « procuration » à cet effet aurait même été soumise aux présidents de bureaux pour qu’ils délèguent leur pouvoir de vérification aux services de l’administration. L’administration communale conteste cette version des faits, et affirme que les présidents de bureau (théoriquement porteurs du programme de décompte des votes) étaient toujours présents lors du démarrage des ordinateurs et que ses services se sont contentés d’offrir une aide technique.
Kommer Kleijn (qui est membre de l’assocaition Pour Eva, qui regroupe les opposants au vote électronique) a également relevé que lors des vérifications des machines à voter (le matin avant l’ouverture des bureaux) les services communaux ont conseillé aux présidents de bureau de procéder à 6 votes blancs… autant dire que cette vérification ne vérifie pas grand chose. Ce point n’est pas contesté par l’administration communale qui précise avoir prodigué ce conseil pour éviter de léser l’un ou l’autre parti : il est, dans le passé, arrivé que l’on oublie de soustraire ces « votes tests » du décompte final.
Quand on met les deux éléments ensemble, (s’ils devaient s’avérer exacts, ce qui n’est pas encore le cas) tous les dérapages sont possibles : l’introduction d’une disquette qui ne serait pas le programme de comptage officiel pourrait se faire à l’insu du président de bureau, lequel, ne vérifiant que les votes blancs, ne décèlerait aucune anomalie. On emploie le conditionnel bien sûr, car l’auteur de ce blog ne suspecte pas l’administration communale d’avoir voulu manipuler l’élection. En revanche l’absence de procédures strictes, suivies uniformément sur l’ensemble du royaume, couplée à une mauvaise formation des présidents de bureaux (parfois tétanisés à l’idée de devoir gérer des ordinateurs auquel ils ne comprennent pas grand chose) a clairement permis ici à l’administration communale de jouer un rôle qui n’est pas le sien. C’est au président et à ses assesseurs de garantir la sincérité du vote, et non pas à l’administration.
Ce lundi matin le collège juridictionnel a laissé quelques jours à la commune d’Ixelles pour lui faire parvenir les documents qu’elle jugerait nécessaire à sa défense. Le collège a notamment demandé à avoir copie des instructions données aux présidents de bureau de vote. Une nouvelle audience est programmée au 13 novembre. Mais l’affaire illustre parfaitement la difficulté à organiser un vote automatisé réellement transparent (l’Irlande par exemple a renoncé à se lancer dans cette voie). En 2003 l’accord de gouvernement (page 80 du document consultable ici) prévoyait de doubler le vote électronique d’un vote papier pour permettre des contrôles plus transparents. Alors que l’on approche de la fin de la législature, le gouvernement de Guy Verhofstadt semble avoir oublié de concrétiser sa promesse.

28 octobre 2006

Candidat premier


A propos d’Yves Leterme on pourrait désormais plagier Magritte : « ceci n’est pas un candidat premier ministre ». Officiellement Yves Leterme se déterminera entre noël et le nouvel an. Mais son interview au Grand Défi ce vendredi n’autorise plus le doute : le ministre président flamand sera dans la course pour les prochaines élections législatives et son ambition est bien de prendre la tête d’un gouvernement fédéral. Le délai que s’accorde Yves Leterme avant d’officialiser sa candidature est purement tactique : il lui permet de rester l’incontestable numéro 1 du gouvernement flamand sans que son autorité soit mise en cause par l’un de ses partenaires pour cause de campagne, et entretient un « suspens leterme »que le ministre président ne dédaignerait transformer en « attente leterme ».
De sa prestation télévisuelle on retiendra qu’Yves Leterme se présente comme l’antithèse parfaite de Guy Verhofstadt. Le premier est sec, cassant, ironique, et ne craint pas d’afficher une mine sévère. Le second se veut charmeur, tente de vous séduire et sait sourire aux caméras. Leterme répond brièvement (parfois trop), instinctivement, du tac au tac, son dépit est extrêmement rapide. Verhofstadt part dans de longs développements et prend le temps de construire un raisonnement pour mieux vous convaincre. Sur l’exercice du seul interview télévisé les deux styles tiennent la route. Face à une assemblée, un léger avantage subsiste pour Guy que l’on connaît capable « d’emballer » un hémicycle en quelques minutes.
Sur le fond, et du point de vue d’un francophone, il n’est pas sur que la différence soit énorme. Yves Leterme a su se montrer déterminé dans la défenses de ses objectifs flamands, et même agressif face à Laurette Onkelinx (laquelle le qualifiait, c’est vrai, « d’homme dangereux »).
Certes Yves Leterme a bien ouvert quelques portes aux francophones :
1)la coopération entre communautés pour l’échange d’enseignants est envisageable
2) la régionalisation de certains départements de la sécurité sociale n’entrave pas un financement fédéral « je n’ai pas pour objectif d’appauvrir les francophones »
3) la région Bruxelloise devra bénéficier de davantage de rentrées fiscales (si on a bien compris en échange d’un transfert de compétences des communes vers la région)
Mais sur l’essentiel, il sera resté inflexible. Les facilités linguistiques restent temporaires dans son esprit, et la réforme de l’état est un préalable à sa participation à un gouvernement fédéral.
La force d’Yves Leterme est aussi sa faiblesse. Si l’homme est aujourd’hui le leader incontesté du CD&V c’est en partie parce qu’il est le seul de sa génération à avoir à la fois de l’expérience et du crédit. Pas de concurrence interne en vue (Peter De Crem, chef de groupe à la chambre, s’y est bien risqué, mais il ne joue pas dans la même division). En cas de succès , et à moins de se dédoubler, cela signifie qu’il faudra rappeler l’un ou l’autre ancien (Van Rompuy ? Dehaene ?)pour gouverner à la fois la Flandre et la Belgique. Un problème que n’auront pas les Dewael, De Gucht, Sommers et autre Vehofstadt et qui peut être un élément du débat électoral.


PS :je profite de la Toussaint pour prendre quelques jours de congés. Après les dissensions entre Laurette et Guy, Namur, Charleroi, les élections communales, et la confection du budget 2007 j’ai besoin de souffler. Rendez vous sur ce blog dans une semaine.

25 octobre 2006

L'énigme Yves Leterme


L’émission « Le Grand Défi » recevra vendredi Yves Leterme, ministre président flamand (19h45 sur RTL TVI). En préparant l’émission, j'ai bien sur relu les interviews du ministre président ainsi que le livre-entretien « Le défi » que vient de publier le journaliste du Morgen Filip Rogiers (traduction française aux éditions Luc Pire). Je reste sur ma faim : Yves Leterme y est intransigeant sur les questions communautaires (plus d’autonomie pour la Flandre, point final, sans pour autant avancer d’arguments convaincants justifiant cette autonomie et sans en chiffrer les conséquences), n’ouvre aucune piste de négociation en direction des francophones, et reste ambigu sur son parcours personnel (le 16 ne l’intéresserait pas ?).
Sur une télévision francophone à une heure de grande écoute, comment expliquera t il les propos tenus dans Libération ? Peut il continuer à assurer que la Flandre est prioritaire et porter la responsabilité d'une paralysie institutionnelle si les francophones refusent ses exigences ? Son parti peut il envisager de ne pas occuper le poste de premier ministre si les électeurs le placent en "pôle position" ?

23 octobre 2006

Charleroi : un "renovateur" au collège ?


Jacques Van Gompel est donc emporté par le mauvais vent qui souffle (depuis quelques années semble-t-il) dans les couloirs de l’hôtel de ville de Charleroi. Outre sa responsabilité judiciaire le bourgmestre, désormais très empêché, endosse les critiques de ses camarades de parti pour leur avoir dissimulé la réalité de ses interventions dans les dossiers (il faut bien un pluriel) qui intéressent la justice. Au jeu de « jacques a dit », se prétendre l’incarnation locale de l’honnêteté et passer sous silence la rédaction de fausses délibérations alors que la justice est aux porte de votre bureau relève d’une grande confiance en soi ou d'une certaine naïveté. Voici des éléments que Jacques Van Gompel n’avaient probablement pas dévoilés le 29 mai lorsque le bureau du parti socialiste le confirmait, en pleine crise, au poste de bourgmestre.
Aujourd’hui Jean Claude Van Cauwenberghe et Elio Di Rupo peuvent employer le même vocabulaire pour se dire « trahis » par un camarade auquel le premier avait confié les clefs de l’hôtel de ville et que le second avait cru pouvoir confirmer en vertu d’ un désintéressement et d’un sens du bien public qui font parfois défaut dans la plus grande ville de Wallonie. Jean Claude Van Cauwenberghe a indiqué aujourd’hui publiquement qu’il n’avait découvert la réalité des affaires « que » depuis un mois (notez que comme le PV de la juge d’instruction date du 6 octobre cela lui ferait deux semaines d’avance sur la justice). Le président de l’USC ajoutait d’ailleurs avec malice qu’il avait été tenu « à l’écart de la grande réconciliation » qui, le 29 mai, était censée transformer son dauphin en décideur indépendant. En clair ce que Jacques a garanti (à tort vraisemblablement) à Elio ne le regarde pas.
Mais si Van Cau est en apparence de nouveau au centre du jeu, les négociations sont probablement plus dures qu’il n’y paraît entre le carolo et le montois sur la constitution de la future équipe échevinale. A ce stade il semble acquis que Léon Casaert (sauf accident judiciaire) sera le prochain bourgmestre, et que Philippe Van Cauwenberghe (le fils) se contentera d’être échevin. On peut écrire sans crainte d’être démenti que le boulevard de l’empereur considérerait l’entrée au collège d’Alisson De Clerq (fille de l’ancien député permanent) comme un casus belli, alors que la désignation d’un échevin « rénovateur » permettrait d’adoucir les rapports entre Charleroi et Bruxelles. Si Van Cau accepte (il indiquait aujourd’hui qu’il réfléchissait à la question) Eric Massin (député fédéral, un peu plus de mille voix aux communales) ou plus vraisemblablement le député wallon Paul Ficheroulle (1600 voix, mais c’est quand même 10 fois moins que Van Gompel) feraient leur entrée au collège.

21 octobre 2006

Van Cau ignore Elio, la suite


L'affaire se joue en deux temps.
Acte 1 : peu après 18 heures ce samedi, Elio Di Rupo publie un communiqué où il demande que le MR et le CDH soient associés dès maintenant à la gestion de la ville de Charleroi. Pour le président du PS, ouvrir le colège des échevins aux futurs partenaires de la majorité plus vite que prévu, serait un signal en direction de l'opinion publique après l'incarcération de Jacques Van Gompel, un geste qui indique que le PS carolo prend conscience de la gravité de la situation.
Acte 2 : Jean Claude Van Cauwenberghe, s'exprimant en direct au journal de RTL TVI est invité à confirmer cette ouverture plus rapide que prévue. Le président de l'USC tourne autour du pot, commence par indiquer qu'il n'y a qu'un poste à pouvoir ce qui est compliqué pour deux partis, avant de signaler qu'une entrée au collège pour quelques semaines n'a pas beaucoup de sens. Le communiqué d' Elio est donc torpillé en moins d'une heure. Quelques minutes plus tard sur la RTBF c'est Olivier Chastel (MR) qui fait savoir qu'il n'est pas demandeur d'une entrée précipitée dans l'éxécutif carolo, mais le résultat est le même.
Certes Elio Di Rupo n'était physiquement pas présent à Charleroi et l'on pourra toujours évoquer un problème de communications entre les camarades. Il sembe bien cependant que Jean Claude vient une nouvelle fois de s'affranchir d'Elio, rappelant au boulevard que le vrai patron à Charleroi est le président de l'USC, lequel n'a pas d'ordres à recevoir pour mener sa barque comme il l'entend. Le retrait de Van Gompel renforce même la position de Van Cau, et le score electoral modeste des réformateurs doit relativiser le poids des oppositions locales internes.
L'acte III reste à écrire . La désignation du futur bourgmestre étant réglée par le décret Courard la suite du match Elio /Van Cau se jouera probablement sur l'acceptation ou non d'un audit sur le fonctionnement de la ville, la nomination des échevins (la rumeur qui veut qu'Alisson De Clerq, fille de Jean Pierre, soit sur les rangs est une belle provocation qui ne doit pas faire rire le boulevard de l'empereur)ou encore celle des hauts fonctionnaires qui encadreront la nouvelle équipe (le poste de chef de cabinet du bourgmestre sera sans doute politiquement sensible). Pour l'instant Van Cau a le pouvoir...et Elio trépigne.

20 octobre 2006

Rétroviseur


C'était l'un des objectifs de ce blog : laisser une trace et , le cas échéant y revenir.Sans vouloir jouer les donneurs de leçons je vous invite à lire ce message du mois de mai consacré à Jacques Van Gompel. Le bourgmestre de Charleroi, confirmé par les électeurs le 8 octobre dort ce vendredi soir en prison.

Vote communautaire, bis

Voici, après le vote turc, le vote congolais. J’ai déjà eu l’occasion décrire (voir plus bas, un des commentaires précédents) que le score de Bertin Mampaka (CDH) à Bruxelles était surprenant et peut être pas étranger à un phénomène communautaire. Il faut peut être employer l’expression « vote confessionnel » pour être plus précis. Sur la liste du CDH à Bruxelles figure en effet Lydia Ngoy Mutyebele. Cette candidate, accusée d’avoir utilisé un faux domicile, est la fille d’un pasteur influent de la communauté congolaise de Bruxelles : Martin Mutyebele est l’animateur de la Nouvelle Jérusalem, église pentecôtiste qui revendique 3 000 membres à Bruxelles, essentiellement congolais ou d’origine congolaise. Ce mouvement religieux, semble inspiré des télévangélistes américains, on se prononcera pas à ce stade sur la validité ou la respectabilité de la doctrine (ma connaissance du phénomène est limité, mais j’y reviendrai peut être plus tard), on soulignera juste que Martin Mutyebele se fait nommer « Bischop » (évèque) par ses fidèles. Le plus intéressant est sur le site de la nouvelle jérusalem : on y voit Bertin Mampaka et Lydia Mutyebele participer à un office « spécial élections » où les candidats sont venus remercier leurs fidèles…

Des absents


Le gouvernement Verhofstadt a donc obtenu la confiance ce jeudi soir au parlement. Ce n’est pas un scoop. Il faut cependant noter que l’équipe violette n’a pas fait le plein des voix (94 voix pour et 47 contre, alors qu’il y a théoriquement 98 députés en faveur de la violette). Parmi les absents dans la majorité ont pointera le député PS liégeois Alain Mathot, dont une des camarades de groupe précisait hier qu’il était à l’étranger. Les observateurs attentifs auront noté qu’Alain Mathot n’était pas non plus présent pour écouter Guy Verhofstadt 3 jours plus tôt. Dans l’opposition (mais c’est politiquement moins important) Joëlle Milquet n’a également pas pris part au vote (mais elle était là lors du discours, mais si elle écoutait le premier distraitement, très absorbée par son GSM) : trop occupée par son futur échevinat à Bruxelles ?
Pour rappel le discours de politique fédéral et le vote de la confiance sont symboliquement considérés comme les temps forts de la vie parlementaire.

17 octobre 2006

Opposition sans voix


Cela n’était pas arrivé depuis plusieurs années à la chambre. Le premier ministre a pu prononcer son discours de politique fédérale sans être chahuté ni interrompu par l’opposition. A part une ou deux contestations sur les bancs du CD&V et du VB (lorsque le premier confirmait une taxe emballage ou abordait sa politique de sécurité) l’allocution de Guy Verhofstadt (50 minutes) s’est déroulé comme un long fleuve tranquille. Quel contraste avec ces années précédentes lorsque l’opposition essayait par tous les moyens de procédure possibles de retarder sa prise de parole. En fin de discours alors que le premier venait d’évoquer la fusillade raciste d’Anvers et lançait un appel à la tolérance les députés VB semblaient même KO debout. La retransmission en direct de la séance par la VRT a aussi son influence : le premier était à peine descendu du perchoir que Pieter de Crem (CD&V) se précipitait en dehors de l’hémicycle pour être interviewé en direct. Encore un peu il télescopait Guy…

14 octobre 2006

Vote "communautaire" : appel à (s') en sortir

C’est un débat nécessaire qui devra avoir lieu à tête reposée et hors période électorale. Comment intégrer des candidats d’origine étrangère dans les campagnes électorales et quelle place leur confier sur les listes ? L’excellent article du Soir sur les interrogations qui traversent la section du parti socialiste de Schaerbeek ne peut qu’interpeller, et le témoignage de Sfia Bouarfa (reportage diffusé ce jeudi soir sur RTL) m’a glacé.
Les élections communales que nous venons de vivre viennent de confirmer la réalité d’un vote « communautaire » ou « ethnique » en région bruxelloise (en clair tout vote émis lorsqu’un électeur choisit un candidat en se concentrant exclusivement sur son origine et/ou sa pratique religieuse et en négligeant son programme, son honnêteté, sa sympathie, sa proximité … et autres critères habituels de l’élection).
A Schaerbeek il ne fait aucun doute que quelques candidats d’origine turque ont pu obtenir un vote massif de leur communauté Emil Oskara ( PS) avec 2335 voix réalise le 4ième meilleur score de la commune, Sait Kose (LB) obtient 1566 voix. Tous deux devancent des « personnalités » locales comme Jean Pierre Van Gorp, Eddy Courtheoux, Sfia Bouarfa ou Denis Grimberghs. Certes sur 60 000 électeurs dans la commune, 12 000 seraient « d’origine étrangère », et on ne remet pas en cause ici ni la qualité des candidats ni la réalité de leur travail pour se faire élire. Ce débat n’est pas celui des candidats « allochtones » (en démocratie que vos ancêtres soient marolliens, jettois, bretons ou guadeloupéens, peu importe, vos origines ne suffisent pas à déterminer votre comportement, seuls les racistes pensent le contraire) mais celui des arguments acceptables pour gagner une bataille électorale. L'origine des candidats n'est donc pas le problème, mais l'utilisation d'un sentiment d'appartenance qui exclue les autres communautés pose question.

Si le soupçon d’un vote « ethnique » ou "communautaire" existe, c’est parce que certains candidats, en campagne, ne s’intéressent quasi exclusivement qu’à leur communauté, et qu’il semble bien que des électeurs se reconnaissent dans une démarche « communautariste ». Des campagnes « groupées » appelant à votre pour des candidats de la même origine ont été constatées en région bruxelloise, et des candidats mènent parfois campagne dans une langue étrangère qui rend leurs argumentaire électoral difficile à vérifier. (Notez que Schaerbeek et sa communauté turque ne sont pas le seul exemple : à Bruxelles, Bertin Mampaka (cdh) obtient 2543 voix, mieux qu’Henri Simons ou Frédérique Ries, il a pu bénéficier d’un effet de vote « africain »).
Si Schaerbeek doit retenir notre attention c’est surtout parce que la commune fût le théâtre d’une série de dérapages. La présence d’un « loup gris repenti » sur les listes du parti socialiste interpelle ainsi plus d’un « camarade » au PS (certains candidats confiant même qu’ils ont appris la réalité en cours de campagne et que cela devra faire partie des réunions d’analyse prévues ces jours ci). Mais il faut aussi y ajouter les injures reçues en rue par Sfia Bouarfa ( PS) parce qu’elle serait une mauvaise musulmane. Ou encore les SMS et les consignes orales pour ne pas voter pour l’un ou l’autre parti au motif qu’il reconnaît le mariage homo ou que certains de ses candidats de religion musulmane boivent de l’alcool (plusieurs témoignages sur des messages de ce type délivrés à l’abord des bureaux de vote me sont parvenus). Les partis politiques qui ont suscité , cautionné ou même autorisé ce genre de campagne hideuse, même au modeste niveau local, ne devraient plus avoir de place dans la démocratie belge.
Certes il est sain que tous les citoyens (qu’ils soient belges, d’origine étrangère ou ressortissant d’un autre état) d’une commune participent à la vie locale et que le conseil communal reflète la diversité culturelle des habitants. Mais ce désir légitime d’intégration, combiné à la compétition électorale entre partis, ne permet pas tous les coups.
On voudrait ici que les partis politiques bruxellois saisissent l’occasion qui leur est donnée pour lancer une réflexion sur la place des candidats d’origine étrangères sur leurs liste, le rôle qu’on leur fait jouer et le type de campagnes qu’il conviendrait d’éviter à l’avenir.
Pour que le débat soit fructueux et utile on y ajoutera deux préambules :
1) il ne s’agit nullement de stigmatiser l’un ou l’autre communauté (l’auteur de ces lignes est un anti-raciste convaincu). Pour être concret et précis, le débat n’est possible que si l’on distingue clairement une pratique tolérante de l’islam tout à fait compatible avec l’exercice démocratique (pratique majoritaire il faut le souligner) de ceux qui tentent d’assujettir la vie politique à leur pratique religieuse (minoritaires, mais présents et actifs). Seuls la seconde option mérite qu’on la combatte, ce n’est parfois pas dit clairement.
2) Il serait sot et déplacé d’instrumentaliser ce débat contre une formation politique précise. Les exemples cités plus haut indiquent bien que le problème est en mesure d’atteindre tous les partis politiques s’ils n’y prennent garde.