20 octobre 2013

Ecolo invente le matricide

OLYMPUS DIGITAL CAMERA C'est un drôle de parti Ecolo. Pas parce que les militants y ont régulièrement le pouvoir de nommer leurs représentants : des exercices de désignation démocratiques existent dans d'autres formations, au moins pour la présidence, et sont organisés tout aussi démocratiquement. Plutôt pour les résultats inattendus qui sortent de ces consultations. Ce n'est donc pas tant cette tradition démocratique qui fait la singularité d'Ecolo que la culture contestataire qui s'exprime à ces occasions.

Par définition un vote en assemblée générale du parti écologiste est difficile à prévoir tant les débats qui le précède sont tumultueux, ouverts passionnés. 
En tant que journaliste j'ai connu trois époques. La première, celle des assemblées générales ouvertes faisait le délice des reporters politiques. On y voyait les courants s'affronter devant les caméra, les ambitions personnelles s'exprimer sous les huées des militants, les alliances contre-nature (on a beau être chez les écologistes, ça existe aussi) s'afficher. On s'insultaient, on se comptait, et puis on quittait le parti ou se réconciliait pour le combat suivant. 
La seconde période est liée à l'essor du parti dans la vie politique et sa transformation en partie de gouvernement (comprenez que les verts acceptaient de monter dans une majorité et de mettre les mains dans le moteur pour tenter d'influer sur le cours des choses au lieu de les critiquer de l'extérieur). On a maintenu les assemblées générales, mais on a alors interdit l'accès de la presse au débat. Cela a commencé par les caméras, puis la mesure s'est étendue à toute la profession. Les joutes oratoires continuaient, mais l'effet dévastateur que cela aurait pu avoir sur l'opinion publique est devenu plus limité. 

Nous sommes maintenant dans une troisième phase, celle de la professionnalisation d'Ecolo. Les assemblées générales y ont été remplacées par des comités de listes. On fournit une liste clef en main préparée par la direction du parti, le rôle des militants dans cette phase cruciale est donc moindre. Mais il restait  une exception. La liste européenne. Vu ce qui s'est passé hier à Mons les écologistes ne pourront pas faire l'économie d'une réflexion sur ce que représente cette exception pour un niveau de pouvoir où se concentre les enjeux environnementaux qu'ils portent.

Ce week-end les écologistes ont donc préféré Philippe Lamberts à Isabelle Durant (325 voix contre 270) pour conduire la bataille européenne de mai prochain. Une bonne cinquentine de voix d'écart, ce qui est significatif quand on est 600 votants. 
On pourra voir dans ce résultat la revanche de la désignation précédente (Durant l'avait emporté d'une seule voix face à son challenger). J'ai la faiblesse d'y voir bien plus : le maintien ou la résurgence de cette culture contestataire. Le désir de la base de montrer à ses élites qu'elles sont à sa merci, quitte à se tirer une balle dans le pied. Montrer qu'on a le pouvoir en prenant une décision contraire à ses propres intérêt pour manifester son autorité est assez peu rationnel, mais vous si vous me lisez régulièrement vous savez déjà que tout n'est pas rationnel en politique.

Les arguments de campagne des deux candidats l'indiquaient assez clairement. Isabelle Durant a essaye de convaincre les électeurs/militants en mettant en avant son expérience, son positionnement large (elle peut parler aussi bien de transport que d'énergie ou d'éthique) et surtout sa surface électorale (avec moins deux sièges sont possibles, sans moi, un seul est probable). Philippe Lamberts a mis en avant son bilan (être devenu l'un des parlementaires européens les plus compétents en matière de finances) et un renouveau politique dont il est indéniablement porteur (une nouvelle génération, une rupture de style, le retour aux fondamentaux : pas plus de deux mandats et le turn over assumé des élus). Lentement mais sûrement le débat européen s'est donc joué de la manière suivante à Ecolo : ceux qui pensent qu'ils faux aller au devant de l'électeur en étant le plus rassembleur possible, et ceux qui souhaitent que l'on s'en tiennent strictement au programme, peu importe qui le porte.  Gagner les elections parce que c'est la vocationd'unpart, ou garder son âme pure pour ne pas ressembler à ceux qu'on denonce. Depuis,longtemps l'un des deux candidats portait en lui un atttitude de defiance vis à vis de l'appareil, qui, disait-il, ne le soutenait pas assez. Avec lui les militants on voulu remettre ceux qui incarnent le parti dans l'opinion à leur juste place : des militants parmi d'autres. Une résurgence des combats fondi/realo des années 80. Avec Lamberts ce sont donc les fondi rigoureux qui gagnent.

Qu'on se comprenne bien. J'ai beaucoup d'estime pour Philippe Lamberts, que j'ai interviewé à plusieurs reprises et qui m'impressionne par sa connaissance réelle du dossier bancaire. Des articles du Monde et du Financial Times qui vous décrivent comme l'adversaire numéro 1 des grandes banques européennes ce n'est pas rien. L'homme est organisé, dynamique et bon communiquant. C'est un excellent député. 
Mais ce n'est pas le problème. Un bon parlementaire n'est pas forcément une bonne tête de liste. Thierry Giet fut un bon parlementaire, chef de groupe PS respecté à la chambre, mais toujours élu grâce à la suppléance. Pour  prendre un autre exemple, au sein d'Ecolo cette fois, Marcel Cheron est un négociateur incontournable des matières communautaires, il n'est pas une machine à voix. Compétence et force de travail ou puissance médiatique et pouvoir de séduction, faut pas confondre.  

Ce matin je suis sur que beaucoup d'écologistes belges ont un sentiement de gueule de bois. Après l'ivresse du coup d'eclat,  les éditoriaux moralisateurs (dont ce papier fait sûrement parti) vont leur expliquer que c'est pas terrible ce choix. Et que oui, c'est vrai, Isabelle Durant ratissait plus large et était une meilleure tête d'affiche, et que le score de mai prochain risque de s'en ressentir. 
Plus important encore, le sentiment que la vice-présidente du parlement européen se retrouve désavouée par ses propres troupes alors qu'elle aurait pu viser la place de chef de groupe avec le départ de Dany Cohn-Bendit. Que toutes les années Durant se soldent par un vote sanction. Il suffit de regarder le parcours : Isabelle Durant fut secrétaire fédérale du parti, avant de devenir la seule et unique vice première Ecolo d'un gouvernement fédéral. On peut l'aimer ou pas, mais on se souviendra qu'elle a incarné Ecolo au pouvoir, luttant becs et ongles avec Laurette Onkelinx et Didier Reynders, s'opposant aux camionneurs qui bloquaient la rue de la loi ou sortant du gouvernement sur la question des vols de nuit. C'est ce symbole là aussi, que les militants déchirent d'un geste sec, comme l'annonce d'un souhait assumé d'un retour à l'opposition en mai prochain. 

Cette assemblée générale de Mons c'est donc comme une boussole qui annonce un nouveau cap. Celui d'une reconstruction  qui passe par un changement de génération, la reapporpriation du parti par ses militants, mais aussi un éloignement du pouvoir. 
L'annonce que Jean-Marc Nollet et Marcel Cheron seront candidats à la chambre et non plus à la région confirme ce qui n'est aujourd'hui qu'un presssentiment de journaliste. Mieux vaut briller au federal qu'à la region si,on s'eloigne du pouvoir. On ajoutera que les ténors du parti, pressentant cette nouvelle tendance se sont montrés bien timides pour défendre Isabelle Durant. 
Pour conclure je voudrais renvoyer au livre 'Ecolo au pouvoir' que Chritian De Bast écrivait en 2002 (11 ans déjà !). À l'epoque l'auteur était journaliste à l'Avenir, il allait devenir quelques mois plus tard porte-parole du CDH. Dans ce livre on décrit comment Isabelle Durant était perçue comme une mère ou une grande sœur par les écolos. On explique aussi comment les dirigeants du parti  furent sans pitié avec Paul Lannoye ou Jacky Morael. À Ecolo on a n'a pas peur du parricide politique. On vient d'inventer le matricide. 

16 commentaires:

Rufus Scrimgeour a dit…

Et bien non, monsieur Grosfilley, je ne partage pas votre analyse. Je suis un des 325, et si j'ai voté pour Philippe Lamberts, ce n'est pas contre Isabelle Durant ni contre l'appareil, c'est bien parce qu'il est un extraordinaire député européen qui a fait (et fera bouger encore) les lignes: sa loi sur la régulation des banques (limitation drastique des bonus des traders, transparence comptable obligatoire,...) est la plus forte des lois que le PE a prises ces dernières années. Je sais qu'il existe un risque de ne garder qu'un député européen pour Ecolo, plus fort que si Isabelle Durant avait été tête de liste. Mais même dans ce cas il n'y avait pas de certitude. Moi je voulais que Philippe reste député, et la meilleure façon pour y arriver c'était de le choisir en tête de liste.

Unknown a dit…

Je partage tout à fait cet avis de Rufus et j' ajouterai d' abord que s'il y a matricide, il y a d'abord suicide car comment peut-on se considérer "propriétaire" d' un mandat au point d'attendre en retour la reconnaissance éternelle pour "service rendu" jusqu' au chantage c'est 'tout ou rien" ! Ensuite , il me semble que votre analyse est tronquée parce que vous la prenez sous l'angle " communication média" ; or c'est parce que les militants "de base" sont eux bien conscients des drames sociaux qui se jouent à cause de l'omnipotence des pouvoirs financiers qu'ils ont donné la préférence à un député sortant crédible et compétent dans ce domaine bien qu'il le soit aussi dans beaucoup d' autres . Si Isabelle Durant était réellement soucieuse de faire remporter au moins un siège à ecolo, elle se positionnerait sur la liste, même en dernière place ; mais voilà l'ego l'emporte encore sur l'intérêt général. En cela, oui ecolo est devenu un parti traditionnel et il est temps , non pas nécessairement de revenir aux sources mais d'amorcer un renouveau. A vous d'ouvrir les yeux pour le comprendre et le relater objectivement .

Bamako a dit…

les voix en tête de liste sont traditionnellement importantes chez Ecolo et cela diminue donc le besoin d'avoir de gros faiseurs de voix

par ailleurs, rien ne dit que Durant aurait de nouveau fait un carton, elle n'a plus l'avantage d'avoir été coprésidente et donc visible régulièrement dans les médias (ce qui était le cas en 2009)

par contre, Lamberts a énormément amélioré sa notoriété, et contrairement à Durant, il a été partout y compris à la FGTB où il a été bien reçu

25 000 voix il y a cinq ans, c'était déjà très beau pour un parfait inconnu. Il en fera beaucoup plus en mai, surtout avec la publicité que confère la tête de liste. Et à ce moment là, on entendra sans doute les journalistes dire que oui, Ecolo ne s'est pas tiré une balle dans le pied en le choisissant.

Aïcha a dit…

a comparaison avec Cheron est du plu haut comique involontaire. Celui qui, d'après vous, partage toutes les limites de notoriété ou de communication de Philippe Lamberts, est systématiquement tête de liste depuis trois élections (ou quatre ou cinq, j'ai arrêté de compter). Et gageons qu'il le sera encore cette fois-ci.
Sans doute être détesté de tous est-il un meilleur prédicteur de la réussite interne à Ecolo qu'être détesté de la City.

Avomb. a dit…

« Compétence et force de travail » VS « puissance médiatique et pouvoir de séduction » ? Sur cette base, on peut aussi désigner Miss Belgique tête de liste pour l’Europe. C’est non seulement désobligeant et réducteur pour Isabelle Durant, mais c’est aussi sous-estimer les capacités de Philippe Lamberts à convaincre et emporter l’adhésion.

Comme le soulignent les premiers commentaires, le résultat du scrutin d’hier n’est pas celui d’un vote contre, mais d’un vote pour. Certainement pas un vote sanction à l’encontre d’Isabelle Durant qui se démène depuis des années au niveau européen. A mon sens, il s’est plutôt trouvé une majorité de militants lucides pour estimer avec Philippe Lamberts que la remise sous contrôle de la finance est bien, sans réduire tout à cela, la mère des batailles et qu’il était le mieux armé pour la mener.

J’ai quant à moi « la faiblesse de penser » que qualités, compétences, justes priorités et messages clairs constituent davantage des critères de choix que les projections de votes d’épiciers-marketeers sur base d’élections passées avant le moindre début d’ébauche de campagne.
J’ai par ailleurs toute confiance en Philippe Lamberts pour faire le plein de voix pour Ecolo en mai 2014.

Philippe a dit…

Ce que je ne comprends pas dans tous ces débats, c'est une méconnaissance des mécanismes de fonctionnement européen... Lamberts n'a pas créé cette "loi" (directive au demeurant), il en a été le rapporteur. Le texte est proposé par la commission puis voté au PE et au conseil des ministres. Les verts ne représentent que 58 eurodéputés sur 766 et on ne l'a pas vraiment entendu sur le soutien des libéraux, des conservateurs et des socialistes sur le texte. Celui ci a été largement amendé par tous les partis... Pourtant on a l'impression dans toutes ses interventions, qu'il avait été le seul...

La grande différence entre Durant et Lamberts n'est pas dans le travail accompli (directives sur les bonus, sur le capital risque, finance watch entre autre pour lamberts; registre des lobbies, représentation du PE à l'étranger, en Palestine et en Iran notamment, membre fondateur du groupe Spinelli pour une Europe fédérale pour Durant) mais dans l'utilisation du "je, je, je" pour le premier et du "nous" pour la deuxième. La différence fondamentale est là!

Depuis hier j'ai la gueule de bois pas tant pour ecolo mais pour les verts européens: 1 élu vert francophone, certainement très peu d'élus français et allemands en 2014 et un groupe écologique en voie de disparition au PE face à la montée de l'euroscepticisme...

Rufus Scrimgeour a dit…

Je précise mon désaccord avec votre point de vue par trois points, Monsieur Grosfilley.
D'abord, votre comparaison avec Thierry Giet ne tient pas pour Ecolo et l'Europe: être suppléant à l'Europe chez Ecolo ne vous donne quasi aucune chance de siéger, sauf force majeure (fouillez vos archives, vous verrez, ce n'est jamais arrivé). Pour qu'un excellent parlementaire puisse siéger, il faut qu'il soit élu directement. Contrairement à d'autres partis dont les têtes de liste sont de simples attrape-voix, celles d'Ecolo ont toujours réellement siégé au PE.
Ensuite, sur le "matricide": il y avait à l'AG hier un très grand nombre de jeunes militants, qui n'étaient pas là à l'époque du livre de Debast, et qui n'ont pas nécessairement le lien quasi-affectif, "maternel", que vous décrivez, avec Isabelle Durant. Ceux-là ont en grande majorité choisi le plus convaincant des deux candidats, sans arrière-pensée. Il n'a pas eu dans leur chef de "matricide". D'ailleurs, précision: si Isabelle Durant avait accepté, hier, de se présenter en deuxième place, elle aurait été plébiscitée.
Dernier point, pour vous dire pourquoi je pense que votre analyse n'est pas correcte: je ne suis en rien un "fundi", je me suis toujours considéré comme un "réalo". J'ai fait partie de l' "appareil" comme secrétaire régional et membre des comités de liste que vous mentionnez, pendant trois élections. Je vous ai déjà expliqué la raison demon choix pour Philippe. Et je réfute votre accusation de "matricide".

Bamako a dit…

à noter que si en 2009 Nollet ne s'est pas présenté à la chambre, c'est bien qu'il y était déjà élu depuis 2007 (et oui, il n'y avait pas d'élections simultanées cette année là)

et, en 2010, il était Ministre donc la question ne se posait pas

il faudrait d'ailleurs voir s'il a l'ambition de prolonger comme Ministre, à part Henry, nos Ministres actuels l'auront été pendant 10 ans, ce qui n'est pas rien

Bamako a dit…

c'est vrai que l'appelation fundis réalo est un peu périmée car les réalos d'hier peuvent être appelés fundis aujourd'hui mais certainement pas être comparés aux fundis d'hier qui sont tous partis

en réalité, il n'y a plus que des réalos mais certains se préoccupent encore des valeurs fondatrices (non cumul, autre manière de faire de la politique) quand les autres sont parfois des arrivistes de la pire espèce et font de la politique comme on en fait partout ailleurs mais avec un programme vert

je suis un réalo mais qui me préoccupe encore des valeurs, c'est pour ça que je n'accepte pas d'être traité de fundis

j'ajoute qu'entendre à RTL la coprésidente affirmer avoir eu Durant au téléphone et que celle-ci lui aurait dit être prête à aller sur n'importe quelle liste, c'est assez foutage de gu... et ça prouve que tout ce que Durant avait pu dire était faux. Elle a juste voulu faire du chantage et je n'apprécie pas cela. Tout le monde l'avait d'ailleurs compris et ça a joué en sa défaveur.

enfin, sur l'aspect "moi je" de Lamberts, c'est quelque chose que je lis plus haut, que j'ai lu également par un autre commentateur anonyme sur les comms de la libre. Pourtant, pour avoir déjà discuté avec le garçon, rien n'est plus faux (donc, je pense savoir qui lance ce genre de rumeurs, sans doute une personne aigrie). Mais là où ça devient comique, c'est que c'était justement un reproche que j'entendais fréquemment en interne à propos d'Isabelle il y a quelques années quand elle était plus médiatisée. Comme quoi !

Jonathan a dit…

Ce qui attriste, c'est que les Verts européens perdent une grande personne de l'écologie dont les militants ont oublié ce 19 octobre les vrais et braves combats.
Ce qui est par contre plus grave, c'est la méconnaissance des militants des affaires européennes et donc l'occasion de se laisser berner par des 'moi, je'. J'aime et estime beaucoup Philippe Lamberts mais pour ceux qui connaissent le dossier bancaire, il suffira de relire Finance Watch et toute la société civile pour voir qu'il a eu une victoire à la Pyrrhus: une limitation des bonus des banquiers qu'il est allé chercher contre l'avis des parlementaires, de la société civile et des experts qui plaidaient pour des mesures bien plus contraignantes concernant le ratio de levier des banques et les calcul de risques de celles-ci. Il a régulé les banquiers, pas les banques... de la morale contre de la politique... et donc un populisme qui a fait un tabac. C'est dommage car il connaît effectivement bien son dossier mais n'a voulu que tirer la couverture vers lui. Alors qu'il n'était que partie d'une équipe, celle-ci ayant été flouée sur le bonus des banquiers, il est parti tel Zorro tout seul et aujourd'hui évidemment les banques se frottent les mains de cette régulation qui ne les affectent pas et ne diminue en rien leur profil de risque. Les salaires fixes des banquiers ainsi que les avantages en nature ont déjà augmenté et l'histoire des bonus est déjà bien enterrée... pendant qu'on s'en vante encore dans nos milieux ecolos. C'est la tristesse de la communication politique d'aujourd'hui dont Philippe a très bien joué. Qu'il s'en félicite... j'espère qu'il aura l'occasion d'enfin faire une vraie législation européenne pendant son mandat (à savoir également que la législation passée sur les banques pendant ce mandat sera d'application seulement en 2018 si elle n'est pas revue d'ici là... et oui les amis écolos il faut savoir de quoi on parle avant de savoir pour qui on vote). Je suis vraiment triste pour les Verts européens... et content pour certains de savoir qu'on peut être élu représentant juste par une bonne communication bien vulgarisante).

Jonathan a dit…

Ce qui attriste, c'est que les Verts européens perdent une grande personne de l'écologie dont les militants ont oublié ce 19 octobre les vrais et braves combats.
Ce qui est par contre plus grave, c'est la méconnaissance des militants des affaires européennes et donc l'occasion de se laisser berner par des 'moi, je'. J'aime et estime beaucoup Philippe Lamberts mais pour ceux qui connaissent le dossier bancaire, il suffira de relire Finance Watch et toute la société civile pour voir qu'il a eu une victoire à la Pyrrhus: une limitation des bonus des banquiers qu'il est allé chercher contre l'avis des parlementaires, de la société civile et des experts qui plaidaient pour des mesures bien plus contraignantes concernant le ratio de levier des banques et les calcul de risques de celles-ci. Il a régulé les banquiers, pas les banques... de la morale contre de la politique... et donc un populisme qui a fait un tabac. C'est dommage car il connaît effectivement bien son dossier mais n'a voulu que tirer la couverture vers lui. Alors qu'il n'était que partie d'une équipe, celle-ci ayant été flouée sur le bonus des banquiers, il est parti tel Zorro tout seul et aujourd'hui évidemment les banques se frottent les mains de cette régulation qui ne les affectent pas et ne diminue en rien leur profil de risque. Les salaires fixes des banquiers ainsi que les avantages en nature ont déjà augmenté et l'histoire des bonus est déjà bien enterrée... pendant qu'on s'en vante encore dans nos milieux ecolos. C'est la tristesse de la communication politique d'aujourd'hui dont Philippe a très bien joué. Qu'il s'en félicite... j'espère qu'il aura l'occasion d'enfin faire une vraie législation européenne pendant son mandat (à savoir également que la législation passée sur les banques pendant ce mandat sera d'application seulement en 2018 si elle n'est pas revue d'ici là... et oui les amis écolos il faut savoir de quoi on parle avant de savoir pour qui on vote). Je suis vraiment triste pour les Verts européens... et content pour certains de savoir qu'on peut être élu représentant juste par une bonne communication bien vulgarisante).

Husker a dit…

Je ne crois pas avoir lu ces derniers temps un seul article de presse ou post de blog qui relate plus ou moins fidèlement le sentiment des militants Ecolo. Sur cette élection nous n'avons eu droit qu'à un amas d'analyses plus ou moins à coté de la plaque.

Je fais partie aussi des 325. Pour moi, les arguments qui ont prévalus: 1. Philippe Lamberts a un remarquable bilan, légèrement supérieur à celui d'Isabelle Durant en terme d'actes concrets. 2. Il apporte une crédibilité inestimable à Ecolo là où le parti n'a jamais été pris au sérieux. 3. Il a une vision globale qui dépasse largement la régulation bancaire et financière, il l'a brillamment expliquée à l'AG mais aussi aux conférences et débats auxquels il a participé ces dernières années. 4. Il est un pédagogue hors pair, avec un discours franc et efficace qui est capable de convaincre un public plus large que celui des électeurs écolos classiques. 5. Avec la visibilité médiatique de la tête de liste, il pourra convaincre et faire des voix. Le comparer à Thierry Giet est ridicule. 6. Avec 20 ans de carrière dans le privé, il est le candidat de ceux qui pensent que la politique n'est pas et ne doit pas être un métier.

Anonyme a dit…

En matière de parricide -et puisqu'on parle de mémoire courte - n'est-ce pas Isabelle Durant qui contribua à la fin de carrière anticipée de Jacky Morael à l'aube des années 2000 (outre des problèmes d'ordre privé sur lesquels je n'ai pas à m'épancher ici)?

KaM a dit…

je serais intéressé que l'anonyme précise sa pensée vu que Jacky n'a pas été ministre à cause des bruxellois, que Isabelle est bruxelloise et que c'est Isabelle qui est devenu vice-première à sa place

est-ce à dire qu'elle avait tout commandité ? c'est vrai qu'ils ont l'air fachés tous les deux

Philippe Lamberts a dit…

@Jonathan : j'aime la controverse, mais lorsqu'on incrimine la méconnaissance des militants, il vaut mieux s'assurer de sa propre connaissance des dossiers.

Sur la limitation des bonus, contrairement à ce que vous dites, la mesure a été adoptée à l'unanimité de la commission parlementaire compétente et si nous avons obtenu gain de cause en fin de course, c'est bien car nous avions le soutien de l'opinion publique. Et contrairement à ce que vous dites, les banques ne se sont pas réjouies de la législation; je les ai plutôt vues et entendues s'y opposer avec force. Vous avez parfaitement raison de soulever la nécéssité de limiter durement l'effet levier des banques... et c'est à nouveau nous qui avons été à la pointe de ce combat dans la négociation de CRD4. Je vous renvoie aux amendements déposés si vous n'êtes pas convaincus. Sur ce coup, nous n'avons pas eu gain de cause, car une majorité du Parlement et du Conseil est réticente à vraiment forcer au désendettement les banques. Quant à tirer la couverture à soi, je vous invite à relire mes multiples communications sur le dossier, dont la brochure que j'y ai consacré; vous pourrez aisément t constater que j'y mets en lumière le rôle de tous les partenaires politiques qui ont eu à jouer cette partie, jusqu'à notre excellente équipe d'experts et d'assistants. Il est vrai que les médias ont monté en épingle mon rôle, mais je n'y suis pour rien (je n'ai même pas d'attaché de presse...) Enfin, le dossier CRD4 n'est qu'un des plus de cinquante que j'ai traité à ce jour avec mon équipe pour le compte du groupe des verts au Parlement Européen, la plupart dans l'obscurité médiatique la plus totale, vu leur technicité ou le fait qu'ils ressortissent de domaines peu "vendables", comme la politique de recherche. Me taxer d'avoir gagné car je serais un député qui préfère la communication au travail de dossier me semble relever d'un jugement, disons, peu ou mal informé. C'est en fait plutôt l'argument contraire qui a été utilisé pour soutenir Isabelle, jugée meilleure communicante et plus médiatique que moi.

Ph. Lamberts

patricia a dit…

Pour moi, sur quelques mois, j'ai vu 3 femmes impliquées en politique, mettre en place/ annoncer leur fin de "carrière". Je trouve que cela rompt avec ce que Philippe Meirieu - c'est un pédagogue - appelait dans un de ses livres une conception "monarchique" de la démocratie...et que cela est bénéfique pour la démocratie...