Banalisation action de rendre banal quelque chose qui au départ est rare ou atypique. La banalisation du golf par exemple c'est la démocratisation d'un sport autrefois réservé à une élite. Banalisation a un sens dans l'univers du marketing : quand un produit ou une marque perd ses caractéristiques. Cela peut être volontaire pour toucher un marché plus large, cela peut être redouté aussi parce qu'on ne distingue plus le produit de ses concurrents. La banalisation d'une voie de chemin de fer, c'est un terme de cheminot, signifie qu'on la met en circulation alternée, tantôt dans un sens tantôt dans l'autre. Mais je m'égare comme on dit a la SNCB.
Vous vous en doutez, je vais vous parler de la banalisation des idées. J'ai été éduqué avec des principes simples et que j'estime universels : les hommes sont égaux entre eux / les femmes ont autant de droits que les hommes / une couleur de peau, une religion, une condition sociale ou une opinion différente ne vous retirent pas le droit d'être mon égal.
Aujourd'hui affirmer que la place d'un femme est au foyer, que les immigrés doivent rentrer dans leurs pays, que l'homosexualité est une déviance est pourtant possible. La banalisation c'est entendre ou lire ces propos au café du coin, sur internet, à la sortie de l'église, parfois à la radio. Attention :banaliser n'est pas légitimer. Les idées d'extrême droite restent d'extrême droite, même si elles se banalisent, c'est tout le problème du jour. Le champion de la banalisation est Monsieur Z (Z comme zozo et non pas z comme Zorro comme il aimerait se présenter). Monsieur Z n'écrit pas très bien mais plus on cite son nom plus il vend ses livres. Il peut tout dire à partir du moment ou ça fait scandale. Monsieur Z aime la victimisation , il passe tous les jours a la radio et à la télévision mais il crie à la censure. Dans les années 70 ses idées aurait été clouées au pilori : réactionnaire, sexiste, raciste, on ne lui aurait pas accordé deux minutes d'attention. La banalisation est passé par là. Monsieur Z a droit à la liberté d'expression, il est devenu un phénomène.
Il y a un danger à banaliser Monsieur Z, lui offrir des tribunes, l'écouter, l'interviewer. C'est faire croire que ses opinions sont discutables. Banaliser c'est prendre le risque de ne plus distinguer l'inacceptable. La force d'une démocratie c'est le débat. Mais ce débat n'est possible que quand il se déroule dans un cadre, qui sont nos valeurs communes. Quand Monsieur Z, ce Dieudonné triste, s'exprime, il cherche d'abord à casser le cadre. Deviser gentiment de politique avec un homme condamné pour incitation à la haine (c'est une vérité judiciaire) c'est un peu comme demander à un pédophile d'être le baby-sitter de vos enfants. Mais je suis sans doute fort sot de croire que quand on tient à ses enfants et à la démocratie on veille à leur bonne santé.
Ce matin on a donc pu entendre sur une radio influente Monsieur Z défendre son concept "d'halalisation" affirmant que les français ne se sentent plus chez. On a pu l'entendre répondre quand on lui demandait si il faut renvoyer les musulmans chez eux qu'il faut qu'on "arrête de lui demander des solutions" (entre nous l'Islam est une religion et non une origine géographique mais c'est trop subtil pour un journaliste approximatif). Il etait difficile de ne pas comprendre que oui Monsieur Z fait le tri entre les bons et les mauvais français et que son vocabulaire châtié habille une pensée qui se résume à " les arabes dehors". On a pu l'entendre affirmer que le multiculturalisme détruit la France et même expliquer que le régime de Vichy n'était pas le mal absolu puisque 95% des juifs français n'ont pas été envoyés en camp de concentration "peut être pour de mauvaises raisons". En direct, à une heure de grande écoute, sans que ses thèses soient démontées.
Vivre ensemble n'est pas un slogan. C'est une pratique. Faire le tri entre ce qui rassemble et ce qui rejette. Préférer ce qui nous élève à ce qui nous divise. La pire des banalisations serait d'y renoncer.
1 commentaire:
Merci. Enfin quelqu'un qui voit clair de ce qui est entrain de se passer.
Marc Filipson de Filigranes avec son argumentation aurait invité Hitler pour présenter Mein Kampf!
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