Au centre Michel Hatzigeorgiou, le bassiste. L’homme se penche sur sa basse, l’épouse, tourne autour. La danse est sensuelle, le visage expressif. La pulsation est constante. Vélocité, rythme et puissance. Dans ses moments de grâce, et ce concert au Marni en était un, Hatzigeorgiou tutoie Jaco Pastorius. Mieux, c’est un guitare hero façon Hendrickx qui oublie qu’il n’a que 4 cordes et pas 6 et aurait emprunté l’ampli de Motorhead. De la grosse basse qui tache et ne déteste pas un peu de distortion, mais aussi des accords et des harmoniques. À lui seul Michel Hatzigeorgiou place déjà Aka Moon dans son registre : celui d’un jazz fusion, qui a assimilé depuis longtemps l’efficacité funk et l’énergie du rock, pour y greffer des influences plus subtiles. L’Afrique (Aka Moon tire son nom d’un voyage à la rencontre de la culture pygmée) bien sûr, mais aussi l’Inde, l’Europe centrale, les Caraïbes... D’un mouvement de tête Hatzigeorgiou indique à ses partenaires la reprise du thème ou un changement de tempo. Son engagement est total, jusqu’à s’écorcher des doigts qu’on imagine pourtant endurants. Quand le bassiste assure des fondations aussi hautes, ses partenaires ne peuvent qu’ériger des cathédrales.
À droite Stephane Galland excellent dans la juxtaposition des rythmes. Ralentissements et accélérations épousent les traits du bassiste. Le tempo est déstructuré pour être mieux repris. On reste avec ses baguettes en suspend, souffle coupé, avant de retomber sur le temps. Frissons garantis. On a déjà écrit de ce batteur qu’il en valait deux. Sa rapidité nous le confirme à chaque audition.
À gauche le sax de Fabrizio Cassol. Aérien, lyrique, chantant, au son parfait. À l’énergie de ses compagnons il ajoute la créativité et la mélodie. Au champagne ajoutez du caviar. Et notez les sourires sur les visages. Ces trois là restent heureux de jouer ensemble. Ça se voit, ça s’entend. Aka Moon est en route vers ses 30 ans. N’attendez pas les anniversaires, ce serait gâcher.
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