Le point de départ est la défense du système électoral. Quand on y réfléchit c'est la pierre angulaire de nos démocraties représentatives. Quand Francis Delpérée a lu "contre les élections" de David Van Reybroeck et sa proposition de tirer au sort les citoyens pour les faire travailler en parallèle avec les parlementaires, il a donc faillit s'étrangler. Francis Delpérée aurait pu appeler son ouvrage "pour les élections" tant son livre semble une réponse au précédent.
Cela n'empêche pas de concéder quelques failles. Comme nous Francis Delpérée constate la défiance qui sépare citoyens et élus. Il propose quelques pistes susceptibles selon lui de dynamiser la démocratie, l'abandon de la case de tête (ou de son effet dévolutif) la suppression des suppléants et le découplage des scrutins. C'est du classique. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, et je me répète donc : il y a au moins un point sur lequel je ne suis pas d'accord, c'est l'abandon de la case de tête. Ce système permet de valoriser des candidats soutenus par leurs partis alors qu'ils n'ont pas nécessairement d'assise populaire. Cela permet de faire élire des candidats pour leur valeur et non pour leur notoriété, ce qui est très différent. Si nous supprimons cette possibilité et ne tenons compte que des scores de préférence sans aucune pondération nous accentuerons encore l'effet des candidats "attrape-voix" : vedettes de la TV, joueurs de foot et autre personnages communautaires. Ce sera le règne des campagnes personnelles et la fin de la cohérence politique propre à chaque liste. Je rappelle qu'en France les listes sont bloquées et sans score personnel : c'est l'ordre déterminé par le parti qui s'applique. Cela permet des campagnes collectives, on choisit les programmes autant que les hommes, et cela n'empêche pas la France d'être une démocratie avec un debat politique noble me semble-t-il.
Au fil des pages Francis Delpérée livre quelques souvenirs personnels qui sont autant de clefs pour comprendre l'attitude du CDH pendant la campagne et les négociations qui ont suivi. Le CDh-bashing auquel se livrent les militants de "Pas Question" (et le député de souligner que si ses comptes de campagnes étaient plafonnés ceux de cette association ne l'étaient pas) ou encore son interview à la Première où il qualifie la NVA de raciste, recevant le soutien de son President de parti ( à lui seul cet épisode explique combien il était improbable de voir le CDH entrer dans des négociations avec la coalition Michel). Bref pour les pasionnés de politique c'est une promenade intéressante. La confession d'un homme qui pensait ne faire qu'un mandat mais qui se reconnaît aujourd'hui accro à la politique et incapable d'en décrocher. Et qui éprouve sans doute le besoin de se confier par écrit pour aller plus loin qu'une interview ponctuelle.
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