Offensive : attaque militaire contre l'ennemi. Précisons qu'offensive désigne une attaque de grande ampleur. On ne fait pas dans le tireur isolé mais plutôt dans l'action stratégique. Le terme est à l'origine militaire mais on peut l'employer dans toute une série de domaine. Une offensive diplomatique (ambassadeurs et ministres multiplient les contacts), une offensive de charme (on cherche à séduire) , (une offensive hivernale la météo nous surprend).
Ce matin le parti socialiste repart à l'offensive.. Cette offensive est médiatique, avec prises de parole et interviews. En l'occurrence on parlera d'une double offensive : Laurette Onkelinx accorde une interview au journal le Soir, alors qu'Elio Di Rupo s'exprime dans la libre Belgique. L'offensive est politique. Le PS annonce donc sa fidélité au socialisme et son intention de renouer avec les grands débats , le chantier des idées annonce Elio Di Rupo, qui sera lancée le mois prochain. En clair le PS veut réfléchir à son programme. Les critiques qui viennent du syndicat socialiste ou ce qui se passe en Grèce avec l'essor de la gauche radicale l'ont touché, face au bouleversement du monde, parole aux militants.
Comme dans toute offensive on tente de blesser l'ennemi. Pour Laurette Onkelinx : un gouvernement qui a peur de son ombre et refuse tous les débats. Pour Elio Di Rupo : un gouvernement fédéral qui mène une politique de papa : allusion à la fois à Louis Michel et à un gouvernement qui regarderait vers le passé. A bien y regarder cette double offensive est aussi défensive. Laurette Onkelinx y revient sur le style qu'elle imprime au parlement : une colère ça s'exprime sincèrement explique-t-elle, quand deux ministres tiennent certains propos sur la collaboration il y a de quoi être en colère, avant d'ajouter que le mot d'hystérie ne la touche pas.
De son côté Elio Di Rupo balaye d'un revers de main l'idée qu'il serait trop âgé pour conduire le PS : je mets mon expérience et ma fougue au service de la gauche en général et du PS en particulier. Les deux leaders socialistes, sur la défensive, déminent donc les critiques internes et laissent penser l'offensive redoutée viendrait de l'intérieur du parti.
Cette double offensive inquiète-t-elle le premier ministre ? Probablement pas. Que l'opposition s'oppose c'est son boulot. Charles Michel est donc sans doute davantage préoccupé par les états d'âme du CD&V. Le parti chrétien-démocrate flamand, membre de la majorité, demande qu'on corrige la politique gouvernementale. Plus de justice fiscale et moins de sécuritaire. Dernier épisode en date, l'indexation des loyers, une véritable injustice pour les locataires qui sont souvent des salariés : le salaire sera bloqué, le loyer risque d'augmenter.
Vous connaissez l'adage : en politique il faut se méfier de ses amis, pas de ses ennemis. Charles Michel doit donc d'abord assurer la cohésion de son gouvernement : sans le CD&V il n'y a pas de majorité, et il lui faut une grande souplesse pour tenir le grand écart entre la NVA et le CD&V. Ensuite il devra réfléchir à une contre offensive. C'est une question de positionnement et un enjeu d'image tout sauf anecdotique : se présenter comme un gouvernement de centre droite quand les critiques viennent de l'intérieur risque de devenir compliqué. Le débat va devenir sensible d'ici quelques semaines lorsque nous aborderons le contrôle budgétaire. Le CD&V n'est pas la gauche, ni même le centre gauche. C'est un parti du centre. Il est aujourd'hui clairement à l'offensive.
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