Ce n'était pas l'interview la plus spectaculaire de la semaine, elle a d'ailleurs été assez peu commentée, mais c'est pourtant celle-ci que j'ai envie de retenir quand je regarde dans mon rétroviseur dominical. Mercredi le député wallon Pierre-Yves Jeholet était mon invité sur Bel RTL. Ecoutez-le bien, c'est un bel appel du pied en direction des socialistes. Alors que le débat s'était enflammé ces dernières semaines entre MR et PS, cet élu adopte un ton ouvertement conciliant : "on a déjà gouverné avec le parti socialiste, il y a des tas de sujets sur lesquels on n'est pas d'accord (...) on peut avoir le débat, il n'y a aucun souci, vous savez en Belgique on doit composer".
Et Pierre-Yves Jeholet de donner un argument en faveur d'un coalition qui aurait sa préférence après le 25 mai : "on doit aussi avoir des partis forts pour réaliser la réforme de l'Etat". En clair pour implémenter les transferts de compétences il faut une majorité large, PS et MR doivent forcément en être, et peut être le CDH aussi. Le propos contraste singulièrement avec les positions musclées de Charles Michel qui dénonce 25 ans de vieilles recettes socialistes ou Didier Reynders évoquant la Corée du Nord.
Pierre-Yves Jeholet nous donne à entendre sans doute ce que de nombreux cadres intermédiaires libéraux pensent discrètement : il faudrait songer à ne pas caricaturer trop violemment le PS parce que les deux partis ont envie de se retrouver aux affaires demain, et que se laisser emporter par le verbe risque de créer des blessures dommageables. La campagne c'est bien, on doit s'y différencier et marquer des points, mais laisser un porte ouverte à une coalition qu'on appelle de ses voeux c'est mieux. Un probleme de dosage qu'on pourrait traduire ainsi : évitons de nous rendre insupportables par des formules trop agressives qui rendraient tout mariage impossible, visons les programmes et non les hommes et tentons de trouver une tonalité du juste milieu, celle qui permet de d'attaquer le PS sans insulter l'avenir.
Que cet appel du pied émane de Pierre-Yves Jeholet n'est pas anodin. Ancien porte-parole du parti, un temps candidat à la fonction de chef de groupe contre Willy Borsus, bourgmestre de Herve, Pierre-Yves Jeholet est un poids-lourd. Un de ceux qu'on écoute. Mieux même, autrefois très proche de Didier Reynders, il a pris soin de se rapprocher de Charles Michel. Au point de paraitre aujourd'hui comme un baron "trait d'union" entre les deux tendances. On peut donc penser qu'une partie des députés wallons du MR se retrouve dans ces propos, et que cette sortie s'adresse tant aux oreilles socialistes qu'à celles de Charles Michel et Didier Reynders.
Pierre-Yves Jeholet : l’interview politique
1 commentaire:
Ou alors, c'est une stratégie concertée? Les premiers couteaux et les second? Les premiers, les "chefs" adressent un message général à l'ensemble des citoyens, message qui donne la tonalité générale, qui est répercuté partout, par tous les médias tant il est fort et facilement compréhensibles. Puis, les seconds, qui rassurent les adversaires/partenaires, dont le message plus subtil est compris par les oreilles plus fines et passe peut-être plus inaperçu du plus grand public?
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