Autrefois les campagnes se jouaient sur les marchés, dans les cages d'escalier ou les réunions d'appartement. Dans le contact direct, moyen de se faire connaitre mais aussi de mobiliser son électorat ou de convaincre les indécis. L 'affiche, les journaux, la radio, la télévision n'ont pas supplanté ces campagnes "à l'ancienne", où l'on serre des mains par centaines.
Si vous avez fréquenté le réseau social Twitter cette après-midi de dimanche vous aurez constaté l'apparition d'un nouveau phénomène. La campagne se duplique désormais sur la toile. Ce n'est pas tout à fait neuf, de nombreux élus y sont présents depuis plusieurs années : la campagne de 2010 ou les communales de 2012 se sont aussi jouées sur les réseaux sociaux. Jamais cependant nous n'avions eu droit à une déferlante de messages comme ce dimanche. Le contexte s'y prête : 3 meetings en même temps ( PS, MR, Ecolo et on y ajoutera un rassemblement-manif du PTB) cela fait une belle collection de smartphones prêts à relayer les bons mots des orateurs. Mais à ma connaissance nous n'avions pas encore atteint une telle profesionnalisation du livetweeting (pour les ignares, action de retransmettre en direct sur twitter le contenu des discours) des congrès politiques. Plus questions de laisser cette retranscription au bon vouloir des militants. Désormais ce sont les comptes officiels de partis politiques qui s'en chargent.
Ainsi le compte officiel du PS a-t-il publié une quantité phénoménale de messages expliquant en direct ce qui se passait dans la grande salle de Flagey. Il faut y ajouter les comptes d'Elio Di Rupo , de Paul Magnette ou de différentes fédérations : ce fut une véritable déferlante. Quelques heures plus tôt les libéraux, réunis à Charleroi, avaient fait la même chose, avec en prime un live-streaming en vidéo.
Au hit parade des abonnés (on dit followers dans le jargon twitter) c'est Ecolo qui arrive nettement en tête avec 8357 lecteurs. La preuve sans doute que ce réseau social reste une niche urbaine qui concerne plutôt les populations d'un certain niveau social et possédant un minimum de bagage technologique. Le MR est en en seconde position avec 6170 abonnés, devançant assez largement le PS avec 4555 (je compare les comptes officiels des partis nationaux, vous pouvez compléter en ajoutant les fédérations, le résultat sera alors probablement plus favorable aux socialistes).
Le PTB est suivi par 1377 personnes, le CDH, 1061 et le FDF, 792. Voici pour les audiences globales.
On remarquera que sur Twitter, réseau qui permet le contact direct d'individu à individu les organisations performent moins que les individus. L'auteur de ces lignes compte 8000 abonnés, ma consoeur Johanne Montay 14 000 et côté politique Charles Michel est suivi par 16 000 personnes , Paul Magnette 21 000, Didier Reynders 35 000 et Elio Di Rupo est à 110 000 : les partis sont enfoncés. Rappelons aussi que ce n'est pas parce que vous êtes abonné à un compte que vous allez voir tous ses messages. Si on veut mesurer ce qui s'est passé ce weekend c'est plutôt le nombre de messages qu'il faudrait comptabiliser. Là, un outil nous aide, c'est le hashtag (cette référence permet de retrouver tous les sujets concernant un même thème, ce n'est pas l'outil parfait pour mesurer l'audience mas ça facilite les choses).
Au MR on a été très classique ce dimanche en utilisant #MR2014 alors que PS et Ecolo ont commencé à utiliser des slogans de campagne (#plusfortsensemble à Flagey et #ecolo9 à Louvain-la-Neuve).
Peu avant 18h, si j'en crois le site hastracking.com c'est le coude à coude. La mention #plusfortsensemble du PS avait été utilisée 163 fois mais on atteignait le score de 517 messages avec les retweets et les citations diverses. #MR2014 avait donné lieu à 275 tweets et obtenait une audience totale de 473 mentions tout compris. #Ecolo9 n'était mentionné que dans 21 tweets, repris au total dans 51 messages. Bien sûr on ne parle ici que de ce qui est mesurable : il faut y ajouter les lecteurs passifs. Sans doute faut-il multiplier ces chiffres au moins par 10.
Ca vaut ce que ça vaut. MR et PS sont donc mobilisés à peu près à part égale sur la toile. Je suis sûr que des geeks plus avertis que moi ou des sociétés d'études spécialisées iront plus loin dans l'analyse. Mais on notera le glissement. Pour toucher 500 personnes il faut bien faire 2 ou 3 marché et une dizaine de réunions d'appartement. En politique, Twitter et Facebook sont à la campagne ce que les grandes enseignes hypermarchés/supermarchés sont au marché d'autrefois. Le contact est moins profond, moins direct, plus impersonnel. Mais il est clairement décuplé.
2 commentaires:
C'est une arme à double tranchant, car sur les RS dont FB, les partisans sont rarement policés et les dérives fréquentes. Il n'est pas rare que les discussions tournent à la foire d'empoigne et que des injures soient échangées, parfois même par des assistants parlementaires. Cela n'incite pas à voter pour le parti de ces acharnés qui perdent tout sang-froid quand on ne partage pas leur opinion.
Attention, dans les comptes Twitter des politiques, tenir compte des "faux followers": par exemple @charlesmichel75 a 21% de twittos bidons... (11% chez @paulmagnette)
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