Un an et une élection plus tard, si la NVA reste sur les bancs de l'opposition en région Bruxelloise elle est donc désormais au cœur du pouvoir fédéral. Le poids de la NVA est évident, avec 33 sièges sur les 85 députés qui devraient voter la confiance dans quelques jours. Et depuis le fédéral la NVA a bel et bien les moyens de corseter la région bruxelloise. Ses ministres ont en main les compétences nécessaires à une asphyxie lente de la capitale.
Jan Jambon par exemple , ministre de l'intérieur et de la sécurité, pourra peser sur le financement des zones de police. Les zones bruxelloises, parce qu'elles ont des besoins spécifiques liées à la densité de population, à la présence des navetteurs, ou aux institutions présentes sur leurs territoires auront peut être du mal à se faire entendre. Le nouveau ministre aura probablement à cœur de renforcer la lutte contre les départs pour le Djihâd. Quel dialogue (qu'on espere efficace) pourra-t-il nouer avec les bourgmestres et le ministre-président Bruxellois dans ce cadre ? Jan Jambon est également compétent pour la politique des grandes villes. Ce programme, qui pèse une 50aine de millions, profite à 17 communes du royaume, dont 7 en région Bruxelloise (Bruxelles, Schaerbeek, Anderlecht, Forest, Saint-Gilles, Saint-Josse et Molenbeek ). Faire des économies sur ce poste pénaliserait ces communes. Il a également en main la régie des bâtiments, un des acteurs du développement à Bruxelles. Jan Jambon pourrait ainsi facilement accélérer ou ralentir la construction de la prison de Haren par exemple. Il interviendra dans le débat sur le palais de justice ( pour rappel le gouvernement précédent a décidé de sortir la chaîne pénale du bâtiment Poelaert , on ne sait toujours pas où, et on ignore ce qui remplacera les salles d'audiences ). Et on oubliera pas la tutelle sur les lois linguistiques. Ce ne sont que des exemples.
Johan Van Overtveldt, aux finances, et Steven Vandeput, à la fonction publique et à la défense, n'ont pas de compétences directement en lien avec Bruxelles , mais peuvent toujours délocaliser l'un ou l'autre service.
L'action de Theo Francken, secrétaire d'état à l'asile et à l'immigration aura forcément des répercussions plus sensibles localement : c'est dans la capitale qu'arrivent et vivent la plupart des demandeurs d'asile. Pire : c'est vers Bruxelles que de nombreuses communes renvoient ces demandeurs.
Idem pour Elke Sleurs, chargée de la lutte contre la fraude et la pauvreté (curieuse association quand même ). Aujourd'hui un Bruxellois sur trois vit sous le seuil de pauvreté (cela concerne 4 enfants sur 10). Elke Sleurs a également la tutelle sur la politique scientifique, et à ce titre, décidera de l'avenir des musées royaux des beaux arts et du cinquantenaire. On sait déjà que la NVA ne juge pas utile de financer un musée d'art moderne, on peut même douter de sa volonté d'investir les fonds nécessaires aux travaux d'entretien, et on sera vigilant au maintien des collections à Bruxelles. Allez, je le reconnais, l'auteur de ces lignes fait un procès d'intention à la NVA. Je pars du principe qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Les Bruxellois ont-ils été abandonnés aux mains des ministres nationalistes ? La réponse est non, bien sûr. On scrutera ainsi avec attention les travaux de Jacqueline Galant, nouvelle ministre de la mobilité. Parce qu'elle s'occupera du survol, comme l'ont souligné tous les journaux. Mais aussi parce qu'elle a la tutelle sur la SNCB et que le dossier du RER concerne les Bruxellois au premier chef. Ses propos de l'été 2012 comparant Anderlecht à une zone de non-droit ne laissent pas transparaître un amour immodéré pour Bruxelles et ses habitants, visiblement à la peau trop basanés pour elle, mais dans la vie on peut toujours se racheter. L'annonce selon laquelle la dotation de la SNCB serait amputée de deux milliards sur les 5 prochaines années ne va probablement pas l'aider.
Le grand défenseur de Bruxelles devra donc être Didier Reynders. D'abord parce qu'il a la main sur Beliris, le fonds qui permet de financer les travaux d'infrastructures, à hauteur de 125 millions par an. Rénovations, logements, mobilité et même espaces verts : les grands chantiers bruxellois passent par Beliris. Didier Reynders a aussi la tutelle sur les institutions culturelles fédérales ( la Monnaie et Bozar) qui participent bien évidemment au rayonnement culturel de la capitale. Enfin, en tant que vice-premier il est en mesure de voir et de bloquer des décisions qui seraient négatives pour les bruxellois. En cas d'offensive NVA c'est bien par cet homme que passe le salut de Bruxelles. Rudi Vervoort, mais aussi ses lieutenants Guy Vanhengel et Didier Gosuin, et même, en coulisse, Laurette Onkelinx, devront, si l'intérêt de Bruxelles leur tient à cœur, renouer le contact. Le gouvernement régional et le vice-premier sont condamnés à se parler, et si possible, à s'entendre. C'est l'un des grands paradoxes de notre paysage politique. Didier Reynders n'a pas, loin de là, quitté la scène bruxelloise.
1 commentaire:
la NVA est maîtresse du jeu sur toute la ligne. Si vous croyez que ce parti ne va pas arriver au but qu'il s"est fixé ? c'est que vous êtes d'une naïveté coupable , Christian Jacquet Brabant Wallon
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