09 octobre 2014

Rupture



La rupture c'est le fait de se casser ou de s'interrompre. Le gouvernement de Charles Michel sera  un gouvernement de rupture, en ce sens que la rupture est  l'inverse de la continuité.

Première rupture : le déséquilibre linguistique. Jusqu'à présent le gouvernement fédéral s'appuyait sur une double majorité. La moitié des 150 députés, mais aussi la majorité dans chaque groupe linguistique. Avec seulement 20 francophones sur 63, c'est la première fois dans l'histoire de Belgique qu'une majorité est aussi déséquilibrée. 

Deuxième rupture : une cohérence idéologique. Jusqu'à présent nos coalitions fonctionnent sur le  système de compromis à la belge. La gauche et la droite ensemble c'est un peu l'alliance de la carpe et du lapin, ça oblige à faire des concessions pour finalement finir au centre. Pour la première fois  tous les partenaires penchent clairement du même côté. 

Troisième rupture, on entre dans la psychanalyse :  la rupture amoureuse, la séparation. Un  gouvernement sans la famille socialiste. On vient de le réentendre  Bart De Wever a bien précisé  combien cette absence était fondamentale pour lui. Cette rupture parce qu'elle introduit l'idée d'une vengeance est  l'un des moteurs de la nouvelle coalition.

Quatrième rupture, justement : la présence d'un parti nationaliste à un échelon de pouvoir, le fédéral, qu'il prétend détruire. La rupture, ce n'est pas l'évolution douce, c'est au contraire le premier pas vers la révolution. 

La rupture  c'est aussi l'absence de dialogue, on rompt la conversation. On voit bien par exemple qu'avec les syndicats , quelle que soit leur couleur,  la rupture est totale. 

Ce terme de  rupture parce qu' il évoque quelque chose qui se brise sonne plutôt négativement. Mais la rupture c'est aussi changer de direction.  Il faut rompre avec son passé pour aller de l'avant, le sens devient alors positif. Pour le  nouveau gouvernement  la rupture c'est inventer quelque chose de nouveau. La rupture devient la condition d'une renaissance. La nouvelle coalition aura donc à cœur   de revendiquer la rupture. 

Un homme, Charles Michel,   incarne  l'ensemble de ces ruptures. On en ajoutera deux qui le concernent personnellement. La rupture avec le père : Louis Michel inventait le libéralisme social, le fils a mis le cap plus à droite. On n'oubliera pas la rupture de génération : le nouveau premier ministre n'a que 38 ans, de quoi ringardiser pas mal de ses prédécesseurs.  Le défi reste néanmoins colossal : il s'agit d'éviter que la Belgique  ne glisse de la rupture à la fracture. 


   

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une "renaissance" avec Charles Michel pour l'incarner.

Comme ce mot est bien choisi

:-)