Une actualité dense m'a tenu éloigné de ce blog plus longtemps que je ne le pensai. Même avec un peu de retard je ne voudrai pas revenir vers vous sans rendre d’abord hommage à Bénédicte Vaes. Les obsèques de ma consœur du service politique du Soir ont eu lieu ce vendredi matin à Wezembeek. Notre champ d’action professionnel nous amenait à nous croiser régulièrement. Bénédicte, grande taille, port de reine, avait, sur le plan humain toute ma sympathie, et sur le plan professionnel, ma plus grande estime.
Pour le Soir, elle suivait donc l’actualité politique, en particulier les grands débats communautaires et l’actualité sociale. Elle maitrisait les moindres détails des dossiers qu’elle traitait, capable de décoder les mouvements des grandes profondeurs tandis que le journaliste de télé que je suis se contente de l’écume de la surface. C’est Bénédicte la première, si ma mémoire ne me fait pas défaut, qui mit la main sur le texte du pacte entre les générations du gouvernement Verhofstadt. Un scoop parmi d’autre : sa grande connaissance du terrain et les liens qu’elles avaient tissés avec de nombreux acteurs lui permettaient d’avoir une longueur d’avance. Mais ce n’était pas tout. La « grande Béné » avait des convictions. De gauche, assurément. Parfois ouvertement exprimées dans ces papiers. Toujours motivées par les valeurs qu’elle défendait : un idéal de justice sociale, d’antiracisme et de tolérance.
Bénédicte Vaes avait le sens du contact et du respect. Face au journaliste relativement inexpérimenté que j’étais en débarquant dans les négociations interprofessionnelles il y a une dizaine d’année elle aurait pu me prendre de haut (au sens propre comme au sens figuré). Ce fût le contraire : discussions, parfois passionnées, toujours intéressantes. Les longues heures d’attente dans le hall de la FEB furent avec elle beaucoup moins longues. Bénédicte avait un grand sens de l’humour et de l’ironie, ce qui ne gâche rien.
Il y a quelques années Guy Verhofstadt avait convié la presse politique à une sortie vélo suivie d’un repas dans un restaurant du brabant wallon. Beaucoup de collègues s’étaient contentés de la deuxième partie du programme. Nous n’étions qu’une dizaine d’inconscients à nous risquer à prendre la roue du premier ministre, visiblement désireux de monter à « ses journalistes » sa supériorité physique. Avec deux collègues de RTL nous n’avons pas tenu 500 mètres. Le premier ministre s’est envolé, et passée la première côte, n’était déjà plus visible pour nous. Bénédicte Vaes, sportive exemplaire, fût la seule à ne pas être décrochée. Le premier, surpris, lui rendit d’ailleurs un hommage vibrant ce soir là.
La maladie fût plus forte qu‘un premier ministre surentraîné. Bénédicte, malgré sa combativité, et elle n’en manquait pas, a perdu son dernier sprint. Les propos de son compagnon, Claude Demelenne et de ses collègues du Soir témoignaient ce vendredi matin d’une personnalité à l’exceptionnelle humanité.
1 commentaire:
Merci. Elle va manquer au "Soir" et à la profession.
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