Voici donc la question du jour : quel parti francophone acceptera de discuter avec la NVA après le 25 mai ? Ce soir la réponse est personne. Un doute subsistait sur les intentions du Mouvement Réformateur. Didier Reynders dans le Soir et Charles Michel dans le Standaard et sur Bel RTL ont donc délivré le message clarifiant. Le MR ne mènera pas de discussion avec le parti de Bart De Wever.
Du coup tous les partis francophones se sont sentis obligés d'être explicites : discuter avec la NVA, nous? Jamais !
Très bien. Allons voir derrière le message. D'abord la déclaration de Charles Michel est soigneusement calibrée. Dans le Standaard le président du MR précise qu'il ne discutera pas avec les nationalistes " s'il a l'initiative " en d'autres termes, si son parti décroche le statut de premier parti qui lui permettrait de revendiquer le rôle de formateur. Que ce soit au federal ou à Bruxelles, c'est possible, mais ce n'est pas gagné. Faut-il comprendre que si c'est une autre formation qui invite le MR se retrouvera quand même autour de la table ? La réponse n'est pas claire. On notera d'ailleurs que les partis francophones manquent un peu de modestie. Le formateur est souvent un néerlandophone dans ce pays. C'est donc lui qui, formellement, décidera qui il invite (on écrit formellement, car c'est plus complexe que ça, et il faut un relatif consensus pour que les pourparlers soient rendus publics).
Ensuite cette double sortie concertée (et il faut signaler que les deux poids lourds du MR se sont parfaitement coordonnés cette fois-ci, ce n'est pas une déclaration par accident) a surtout pour but de mettre en difficulté les autres partis francophones. Dire non à la NVA c'est contraindre le PS à devoir en faire autant. C'est une manière pour les libéraux d'intervenir dans le débat Magnette/De Wever et d'exister aussi sur le terrain communautaire.
Enfin, l'ensemble des déclarations fluctuent. Rappelons-nous il y a quelques mois de cet appel lancé par les FDF, invitant les autres formations à bâtir un front du refus, aucun parti n'avait jugé utile de dire oui à l'époque. Au contraire on ne compte plus les déclarations indiquant qu'il ne faut marginaliser personne, que ce serait contre-productif, qu'il ne faut pas permettre à la NVA de se poser en victime, ce ne serait pas rendre service aux partis flamands,etc. Je passe sur les déclarations de Didier Reynders indiquant que Bart De Wever ferait un premier ministre acceptable.
Osons écrire que la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain. Et c'est justement pour ça que les formations de gouvernement prennent parfois tant de temps : il faut permettre à chacun de justifier ses évolutions (ses revirements parfois), les semaines de blocage et le parfum de crise sont les meilleures excuses pour renier ses propos de campagne. Osons écrire aussi que si la NVA se rend incontournable (quand on séduit un électeur sur trois dans les sondages on n'en est plus très loin) il faudra bien que des francophones acceptent de discuter s'il ne veulent pas porter la responsabilité du blocage.
Conclusion : la communication du jour est avant tout une communication de campagne. Le MR a voulu décrocher un sparadrap qui lui colle à la peau, et qui jusqu'à présent soudait l'olivier contre le présumé traitre à la cause francophone. Aujourd'hui les libéraux se sont donc désenclavés en s'éloignant de Bart De Wever. Pas plus, pas moins.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire