Nous sommes à la veille du premier mai. Dans quelques heures, roulement de tambour, vous entendrez les grandes déclarations de la fête du travail, non à la rage taxatoire et à l'assistanat côté bleu, non à la coalition des droites qui provoquerait un bain de sang social côté rouge (je vous jure, je caricature à peine). Rouges et bleus sont les meilleurs ennemis de la fête du muguet depuis que Louis Michel a eu l'idée (assez géniale stratégiquement parlant) d'occuper lui aussi le terrain de la fête du travail. D'une journée de commémoration (il ne faut pas oublier la répression du mouvement ouvrier qui au siècle dernier payait dans le sang des conquêtes sociales comme la semaine de 6 jours, les congés payés ou la journée de 8 heures) nous sommes passé à un temps fort de confrontation. Le premier mai c'est la journée de l'affrontement socialistes/libéraux. A tel point qu'Ecolo et CDH préfèrent passer leur tour et communiquer un autre jour. Mais ne vous trompez pas, que le bleu et le rouge s'affrontent n'écarte pas la possibilité d'une coalition violette.
Car après le 25 mai il faudra bien négocier. Ce sera l'un des éléments à surveiller demain : le degré de violence verbale atteint nuit-il à l'ouverture de conversations sereines au lendemain du scrutin. Les attaques blessent-elles les hommes au point de contrarier les négociations, ou reste-t-on dans l'échange d'arguments idéologiques ?
Avec deux jours d'avance Vincent De Wolf, chef de file du MR à la région bruxelloise vient de nous donner un indice intéressant. Au détour d'une interview celui-ci vient d'indiquer que la ministre-présidence bruxelloise n'était pas "un must absolu "pour sa formation. Explicitement le chef de groupe indique qu'entrer dans une majorité régionale est son objectif numéro 1, et que si c'est nécessaire il est prêt à ne pas revendiquer la place de chef de gouvernement. La position semblerait raisonnable si l'on était pas en pleine compétition électorale et que le MR ne concourrait pas pour la première place. Mais à ce stade de la campagne cette sortie est un fameux signal aux partenaires potentiels. Aussi bien à destination du PS que du CDH et Ecolo, voire du FDF, Vincent De Wolf adresse ce clin d'oeil soutenu : ne signez rien sans nous, car même si nous sommes le plus gros parti il y a une marge de négociation qui peut aller jusqu'au poste de ministre-président.
Cela pourrait passer pour un aveu de faiblesse, un doute sur sa propre capacité à se rendre incontournable. C'est aussi un positionnement personnel, une manière de signifier que Vincent De Wolf est plus conciliant qu'un autre leader libéral bruxellois (suivez son regard). C'est en tout cas la confirmation d'une règle absolue dans un scrutin proportionnel. Il ne suffit pas de sortir premier parti, il faut encore constituer une majorité. Vincent De Wolf le rappelle à sa manière et entame ainsi le second tour de l'élection. On verra si les orateurs libéraux suivent le même chemin demain, ou s'ils préfèrent, au contraire, en rester au premier tour pour privilégier le rapport de force et l'affrontement direct.
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