14 juin 2008

Docteur premier et mister Flandre


On a été assez critique sur ce blog pour devoir lui concéder une évolution. Cette semaine Yves Leterme nous a positivement impressionné. Voici un premier ministre qui a finalement décidé d'affronter les médias un an après les élections. Yves Leterme a, mardi dernier, enchaîné 4 entretiens, dans l'ordre aux journalistes de la VRT,VTM, RTL et RTBF. 20 minutes par chaîne accordées au dernier moment (je n'ai eu le feu vert que lundi soir alors que j'avais fait une demande pour cette date évènement une 20aine de jours à l'avance). C'est courageux : en communiquant ce jour là Yves Leterme prenait le risque de devoir endosser le passif de la crise. C'est remarquable : non seulement le premier a quitté le registre des gaffes qui ternissaient souvent ses apparitions TV, mais en plus il a pu communiquer assez clairement sur des sujets sensibles (pas de baisse de la TVA sur l'énergie car l'Etat n'a pas les moyens, annonce d'une table ronde avec les routiers, empathie affiché avec les manifestants qui réclament plus de pouvoir d'achat). Seul le registre communautaire fût moins convaincant, j'y reviens dans quelques lignes.


L'autre bonne surprise fut l'intervention à la chambre jeudi après midi alors que le premier était interrogé sur l'appel à la dénonciation linguistique lancé par la commune d'Overisje. Le premier aurait pu se retrancher derrière l'autonomie régionale et renvoyer ses contradicteurs vers la région flamande. Il n'en fût rien. Yves Leterme a ainsi rappelé que la loi sur l'emploi des langues ne s'applique qu'aux seuls actes administratifs et donc pas aux relations commerciales (c'est une déclaration importante : cela ne coule pas de source dans la périphérie de Bruxelles !). Il a très clairement condamné un bourgmestre pourtant issu des rangs de son cartel. C'était une posture de premier ministre, saluée comme telle par de nombreux commentateurs.



J'approuve les analyses positives que j'ai pu lire un peu partout sur cet épisode. Mais je reviens au flou de la position communautaire défendue par un "premier désormais mieux dans son costume". Si Yves Leterme prend de la hauteur, le reste de son parti joue toujours la carte radicale. Les révélations du soir et de la libre sur une stratégie de négociation de plus en plus dure laissent perplexe. Au fur et à mesure qu'Yves Leterme se rapproche de l'opinion francophone ses lieutenants s'en éloignent. De là à penser que l'accord sur la réforme de l'état n'est pas vraiment recherché par le CD&V...
Paradoxalement les difficultés sociales pourraient s'avèrer une chance pour un premier ministre en cours de repositionnement. Plus la grogne pétrolière monte, plus l'idée d'une nouvelle crise communautaire passe pour une lubie de politiciens. Aujourd'hui les acteurs de la négociation semblent obsédés par les seules institutions, alors que c'est de contenu politique que les citoyens ont besoin, se préoccupant fort peu du contenant.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me demande combien de fois on dira-pensera-espèrera qu'Yves Leterme est en train d'endosser ce fameux costume de 1er Ministre.

A chaque fois qu'il fait quelque chose de normal pour la fonction, c'est la même chose, et à chaque fois le soufflé retombe, souvent suite à une de ses bourdes...
Rappelons nous les négociations pour la formation du gouvernement, on s'extasiait parce qu'il acceptait de rencontrer qqs journalistes, ou qu'il dégageait un accord sur une thématique.
Et au final ce gouvernement, s'il est constitué manque de souffle, de leadership, de popularité, de tout!

Pourtant l'homme est certainement intelligent, travailleur et doué de sens politique.
Sinon il n'en serait pas là.
Récemment il s'est encore bien sorti d'un mouvement de grogne des producteurs de lait (attendons toutefois le 18!).

J'ai beau chercher à comprendre, réfléchir, Yves Leterme reste un des plus gros paradoxes de notre classe politique.

M. Bxl

Anonyme a dit…

Que penser de cette théorie, relayée par le Vif l'Express?
"Leterme, un nouveau Machiavel?", Le 1er Ministre laisserait volontairement pourrir la situation, afin de prouver la Belgique n'est plus viable?

Il faut oser tout de même.

A-t-il réagi?
C'est à mon sens assez symptomatique des raisons pour lesquelles Yves Leterme éprouve tant de difficultés à être apprécié des francophones...

http://www.levif.be/actualite/belgique/72-56-18567/yves-leterme---un-nouveau-machiavel-.html

M. de Bxl

Anonyme a dit…

L'avis de Geert Bourgeois est clair :

http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/06/17/pour-l-autonomiste-flamand-geert-bourgeois-en-belgique-le-confederalisme-est-la-seule-solution-possible_1059207_3214.html

Le confédéralisme flamand : Wallonie et Flandre indépendantes et Bruxelles sous co-tutelle mais en fin de compte sous unique tutelle flamande.

Rappel : dans les "off" de Jean Quatremer, les négociateurs flamands ont dit qu'il n'y avait que c'était à prendre mais pas à laisser. Si les partis francophones ne plient pas, ils auront le VB et la LDD comme négociateurs. La fin justifie les moyens.

neuville rch a dit…

Définition du d'une confédération selon la loi internationale et en droit constitutionnel de 1974( info:CNTRL ): Union durable, reposant sur un traité, conclue entre états indépendants et souverains et comportant une organisation permanente, qui devient elle-même personne internationale.Les décisions doivent être prises à l'unanimité des Etats-membres.
CONCLUSIONS: Si l'on veut respecter ce droit, il faudrait d'abord que la Belgique se sépare en 2 ou plusieurs états qui devraient être reconnus par la communauté internationale et demander chacun séparément une adhésion à l' Europe, vu la dette le Wooncode et les décrets Peeters, c'est loin d'être acquit surtout pour la Flandre, une fois les états séparés, libre à eux de faire un traîter pour former une confédération d'états ne touchant que certains domaines, tout le reste n'étant qu'une des multiples adaptations d'un état fédéral