7 jours pour convaincre ceux qui n'ont pas encore fait leur choix, 7 jours pour essayer de faire changer d'avis ceux qui veulent voter ailleurs, 7 jours pour affaiblir vos adversaires : voilà ce à quoi vont s'employer, avec une ferveur renouvelée, les militants de tous les partis politiques et les ténors qui vont désormais s'affronter par petit écran interposé (l'essentiel des dispositifs audiovisuels se concentre toujours sur cette dernière semaine).
Dans 7 jours donc, commentateurs, politologue et orateurs divers essaieront de déterminer qui a "gagné les élections". Dans un système proportionnel, ce n'est pas si simple à déterminer. Celui qui gagne les élections peut être celui qui arrive en tête du scrutin ( en sièges ou en voix, ce qui n'est pas toujours la même chose), celui qui progresse le plus par rapport au scrutin précédent (or on peut etre premier et perdre beaucoup, sans compter qu'on comparera à la fois avec les élections de 2009 pour les régions et le score de 2010 pour le , ce qui ne va faciliter la vie des commentateurs) ou encore celui qui est à même de former une majorité grâce aux alliés qui le soutiendront plutôt que son concurrent (et là tout est possible).
À titre personnel j'ai plutôt un faible pour la première définition, mais il ne faut pas sous-estimer l'importance des deux suivantes (et comme cette année je ne commente pas en direct, vous avez raison, on s'en moque de mon avis).
À quoi faut-il être attentif cette semaine, et quelles sont les grandes questions auxquelles les urnes (et donc les citoyens) doivent répondre ? Pour ceux qui débarquent dans la campagne en ayant pris le risque de rater tous les epidsodes précédents j'essaye de synthétiser l'enjeu en 5 interrogations.
1. Quel score pour la NVA ?
C'est la question centrale. Si l'on ne veut pas revivre le scénario de 2010 et ses 541 jours de crise, la puissance du parti de Bart De Wever est la clef du scrutin. Savoir si son score lui donnera ou pas la possibilité de poser des exigences difficilement acceptables par les formations francophones. Au dessus de 30% difficile de se passer de la NVA. En dessous c'est jouable. On notera aussi que la question est à deux étages : Flandre et Fédéral. On peut imaginer des nationalistes flamands présents au gouvernement régional, mais absents rue de la Loi. Seule certitude : la NVA veut des gouvernements les plus a droite possible, on l'imagine difficilement tendre la main à Groen ou au SPA.
2.Quel leadership côté francophone ?
La course en tête se joue entre MR et PS. À ce stade, dans le sondages, le PS est donné gagnant en Wallonie, les deux partis sont au coude à coude à Bruxelles. Cela a son importance, car la formation classée numéro 1 reçoit les clefs de la négociation. Elle est amenée à mener le premier tour de discussion, et si ses négociateurs ne sont pas des manches, elle a toutes les chances d'être dans la majorité. L'usage veut que le numéro 1 empoche la ministre-présidence du niveau de pouvoir concerné, mais il y a parfois des arrangements.
3. Qui pour la troisième place ?
C'est un match entre CDH et Ecolo. Le FDF joue dans la pièce pour Bruxelles (mais pas du tout en Wallonie ou ce sera plutôt la 6ieme ou 7ieme). Décrocher la troisième place c'est vous placer en position de force dés lors qu'on se dirige vers des coalitions à 3 ou plus. Voilà pourquoi CDH et Ecolo ont sorti les couteaux.
4. Quel score pour les partis émergents ?
À première vue la question est anecdotique. On imagine assez peu de nouveaux partis entrant dans un des parlements faire un tel score qu'ils seraient nécessaires à la formation d'une coalition. À seconde vue un score important impliquerait un morcellement du paysage politique et contraindrait les formations traditionnelles à des coalition plus larges qu'à l'accoutumée (plus de gros dedans, car ils sont moins gros qu'avant, et que les petits , qui restent dehors, ne sont pas si petits, avec le paradoxe que ce scénario renforce les petits pas si petits a l'élection suivante, je ne sais pas si vous me suivez).
5. Coalitions symétriques ou pouvoirs autonomes ?
En théorie rien n'oblige à avoir des niveaux de pouvoir homogènes politiquement. On peut donc imaginer autant de coalitions différentes qu'il y a de niveaux de pouvoir (Fédéral, Flandre, Wallonie, Bruxelles -qui compte double puisqu'il faut une majorité francophone et une majorité néerlandophone- mais aussi Communauté Française, alias la fédération Wallonie-Bruxelles, et communauté germanophone). Dans la pratique un minimum de symétrie ça aide, ça permet de coordonner les politiques et de ne pas être en guerre permanente. En début de campagne les libéraux insistaient beaucoup sur la symétrie ("partout ou nulle part") mais ils sont moins catégoriques au fur et à mesure que le scrutin approche. Au PS on aimerait bien repproduire la situation actuelle (avec les libéraux au fédéral, avec l'Olivier dans les régions) parce que ça mouille tout le monde et que ça neutralise les oppositions. Dans les autres formations on ne se pose pas trop la question et on prendra ce qui se présente, c'est la realpolitik.
Voilà. Rendez- vous dimanche soir pour ramasser les copies. N'oubliez pas un point central : l'avenir du pays n'appartient pas qu' aux francophones. Toute coalition fédérale doit reposer aussi sur des partenaires flamands. Sinon ce serait trop facile.
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