15 juillet 2014

Bruxelles démarre plus vite

Les Bruxellois ont donc leur accord de gouvernement. Les 6 formations politiques (PS,CDH,FDF, OpenVLD, SPA, CD&V) regroupées autour de Laurette Onkelinx et Guy Vanhengel l'ont donc presenté à la presse hier, au terme d'une négociation qui n'est pas si rapide qu'il pourrait paraître. Six semaines de négociations c'est un laps de temps normal pour négocier ce type d'accord. Si les bruxellois paraissent rapides c'est avant tout par contraste avec le fédéral qui semble à l'arrêt. Laurette Oneklinx et Guy Vanhengel ont terminé le tour du circuit alors que Charles Michel cherche toujours à mettre la clef sur le contact. Logique puisque la coalition bruxelloise semblait évidente et que les partenaires avaient eu tout le loisir de préparer leur itinéraire avant même la fin de campagne, alors qu'au fédéral on n'est toujours pas d'accord sur le carburant à utiliser pour faire rouler le véhicule gouvernemental. Côtés wallon et flamand ont à déjà entamé les premiers virages, et on se cramponne en attaquant les raidillons.

Médiatiquement cette conclusion Bruxelloise est avant tout une mauvaise affaire pour l'informateur Charles Michel. En communiquant ce lundi les bruxellois (et cela n'aura probablement pas échappé au PS de Laurette Onkelinx) mettent l'accent sur leur capacité à conduire rondement une négociation. Ceux qui en assument la direction ( on aura donc vu hier Laurette Onkelinx mais aussi Didier Gosuin et Joëlle  Milquet chez les francophones, Guy Vanhengel, Pascal Smet et Brigitte Grouwels chez les bruxellois néerlandophones) en tirent un bénéfice d'image : ils sont des partis de solution, alors que d'autres formations politiques à d'autres niveaux de pouvoir apparaissent comme des partis de blocage, stériles à ce stade. Sollicité par Télé Bruxelles le MR bruxellois préférait ne pas réagir à l'accord régional hier soir, signifiant ainsi une certaine difficulté à communiquer efficacement dans une séquence qui consacre l'autonomie et la réussite politique des majorités régionales. Et ce n'est pas fini. Dimanche la composition de l'équipe bruxelloise sera connue. Ses ministres seront les stars du défilé. Mardi, Charles Michel sera de retour chez le roi : en cas d'échec ou de nouvelle prolongation le sentiment de sur-place au Fédéral sera plus criant encore. 

Si médiatiquement l'affaire est entendue, politiquement il est un peu tôt pour juger. Au delà de la communication d'hier nous manquons d'éléments pour établir le niveau d'ambition réelle de l'accord bruxellois. On y annonce de nouvelles initiatives intéressantes, comme la rationalisation des structures bruxelloises. Réunir une pléthore d'acteurs sociaux ou économiques dans 6 grandes agences a évidemment du sens, à condition que ces agences soient performantes, bien gérées et travaillent de concert avec le pouvoir régional. Les Bruxellois auront sans doute à méditer sur l'exemple de la Stib. Voici une structure importantissime dans la gestion de Bruxelles.  Elle dépend du pouvoir régional, mais on a bien vu ces dernières années que la STIB avait des difficultés à travailler en étroite collaboration tant avec les communes qu'avec la SNCB. Il faut se méfier des super-structures quand elles échappent au contrôle de leur créateur ou quand elles se croient tout permis. 

Ainsi au chapitre de la mobilité, on notera que le tram 71 ne semble plus aussi prioritaire qu'hier (on va phaser sa réalisation ce qui ressemble à un demi désaveu) ou que l'interdiction des quads en ville refait son apparition alors qu'elle avait été annoncée il y a un an déjà par la ministre de tutelle. Promettre 6500 logements alors qu'on peine a réaliser les 3000 de la législature précédente semble très ambitieux. La garantie jeune, autre élément fort mis en-avant, était déjà lancée, et n'apparaît pas vraiment neuve, et surtout, elle dépend fortement de fonds européens. Ce ne sont que quelques exemples. Il ne faudrait pas que l'impression de surplace, qui caractérise la scène fédérale ne  s'impose comme clef de lecture de la politique régionale.

C'est donc sur la politique fiscale et sur la politique des loyers que nous suivrons avec attention la suite des débats bruxellois. En annonçant un glissement de la fiscalité du travail vers l'immobilier la nouvelle majorité est innovante. Il existe de grands propriétaires à Bruxelles qui bénéficient  d'une rente très agréable alors que d'autres ont du mal à se loger. Il existe à Bruxelles un décalage énorme entre des populations expatriées qui font grimper le prix de l'immobilier et les salaires moyens belges qui n'ont d'autres choix que de quitter la capitale. Il existe des quartiers résidentiels hors de prix, et d'autres où l'on investit plus, au risque de glisser vers l'insalubrité. Il existe des marchands de sommeil. Il existe aussi, et c'est très courant, des maisons qui se présentent comme unifamiliales alors qu'elles sont divisées en appartement et que leur propriétaire a malencontreusement oublié de le signaler. Il est sain d'y mettre un peu d'ordre et de justice sociale. 

La dualisation de la ville est réelle et c'est un enjeu énorme. La réponse fiscale ne peut pas être la seule, il faudra aussi des transports, du commerce, des écoles pour rendre Bruxelles plus agréable. Pour tout cela il faudra aussi que le pouvoir régional trouve des alliés. La région Bruxelloise aura besoin du fédéral pour financer de grandes infrastructures. Du privé pour faire fonctionner les entreprises et créer de l'emploi. Des communes pour accompagner et si possible amplifier les intentions régionales. 
Sur ces points de contacts et la capacité à monter des synergies on attend aussi de voir la nouvelle majorité à l'œuvre. 

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