10 septembre 2014

De l'utilité du moratoire


Un moratoire est initialement un terme juridique. Il désigne le fait de suspendre volontairement  une action ou d’accorder un délai. Un moratoire sur une dette par exemple permet de suspendre les créances, le plus souvent pour rééchelonner les paiements.
Le moratoire du plan Wathelet veut donc dire qu’on suspend l’application du plan. Cela avait été promis par de nombreux partis politiques au cours de la campagne, à commencer par le Mouvement Réformateur. Renoncer à un plan qui suscité tant de contestation de la part des citoyens et qui a été condamné par la justice est une décision politique logique.
 
Là ou ça se complique c’est que suspendre n’est pas corriger.  Où fera-t-on passer les avions ? Les négociateurs n’ayant pas officiellement communiqué sur la question on suppute qu’ils réactiveront la fameuse route du virage gauche qui  suscite elle aussi son lot de protestations et qui également fait l’objet de recours en justice. En gros vous faites un plan, la justice le condamne, vous faites le plan suivant, la justice le condamne encore, et donc vous revenez à la première version. Dès hier soir l'UBCNA (Association Belge contre les Nuisances d'Avion, qui regroupe les riverains de l'est de Bruxelles) jugeait le retour  à l'avant 6 février totalement illégal. Au contraire l'association Bruxelles Air Libre et le mouvement Pas Question se félicitaient (on notera d'ailleurs que ce mouvement rendait hier un hommage appuyé à Charles Michel, renforçant l'idée que cette mobilisation là n'était pas exempte d'arrière-pensées politiques).

D’après la presse de ce matin si les négociateurs se sont mis d’accord sur l’idée du moratoire, ils n’ont pas arrêté  de mesures correctrices. Pas d’allongement de la nuit, qui aurait repoussé les décollages de 6 à 7 heures du matin. Pas d’allongement des pistes, qui permettrait aux avions de prendre plus d’altitude plus rapidement, pas de trafic redirigé vers Charleroi ou Liège.
Comme synonyme du mot moratoire vous trouverez report, ou temporisation. Un moratoire permet de gagner du temps. Il faut dire que sur ce dossier francophones et néerlandophones ont des intérêts divergents. A l’aéroport de Bruxelles les retombées économiques sont pour les flamands, les nuisances sont pour les francophones et on caricature à peine. A trois contre un les partis flamands risquent de faire bloc.
 
Reprenons notre dictionnaire juridique, nous y trouvons l’expression « intérêts moratoires. »  Quand on suspend une action, on doit indemniser ceux qui en subissent les conséquences. Le dossier n’est donc pas clôt. En matière d’aviation c’est donc comme en matière de dette : un moratoire suspend les paiements, au final, il risque d'alourdir l’addition. 

Aucun commentaire: