Les réseaux sociaux, vous connaissez. Facebook, Twittersont les nouveaux lieux de la communication politique. Des places du marché virtuelles, des cafés du commerce en ligne ou on s'échange des informations et des commentaires. Le réseau social est donc devenu le bon endroit pour lancer une rumeur, une attaque, destinée à déstabiliser un adversaire politique. Depuis deux jours les réseaux sociaux en France s'en donnent à cœur joie contre Najat Vallaud Belkacem. Cette jeune femme de 37 ans, originaire de la région du rif au Maroc, est la nouvelle ministre de l'éducation nationale du gouvernement Valls.
Sur le net on lit donc qu'elle ne s'appellerait pas Najat Vallaud Belkacem mais Claudine Dupont. À l'appui de cette affirmation une fause carte d'identité. C'est un faux, il circule depuis deux ans déjà, mais il continue d'être tweeté, retweeté, "liké" ou partagé. Le sous-entendu est aussi injurieux que xénophobe : si Najat Vallaud Belkacem fait carrière c'est parce qu'elle serait d'origine maghrébine. Et que bien sûr, la perverse se dissimule.
À Neuilly , un élu local de l'UMP, la droite française, à cru bon d'ajouter à ce racisme nauséabond une pincée de sexisme, en demandant sur twitter quelles qualités François Hollande pouvait bien trouver à Najat pour lui offrir un si gros portefeuille. Le sous-entendu est aussi grivois qu' infamant pour son auteur. Il fleure bon le machisme d'autrefois et la frustration sexuelle.
Enfin l'éducation nationale a publié sur sa page Facebook une photo de jeunes enfants illustrant un article sur les classes de maternelle. Comme souvent en région parisienne ces enfants sont d'origines diverses, et ici c'est une majorité d'enfants d'origine africaine ou antillaise qui sont représentés. L'éducation nationale a été inondée de messages racistes, et la photo circule désormais partout accompagnée de commentaires d'internautes qui ne la trouvent pas assez représentative. Le sous-entendu est aussi révoltant que dangereux : ces enfants ne peuvent pas être l'image de la France parce que la France veut être blanche.
En trois Buzz voici un condensé du pire des réseaux sociaux. Et il y a de quoi s'inquiéter. Bien sûr une partie de ces réactions est l'œuvre de militants plus ou moins organisés. On peut y voir l'influence des opposants au mariage pour tous (Najat Vallaud-Belkacem en était l'une des supportrices) la patte des délirants adeptes de la fausse théorie du genre (une belle manipulation qui a pour but de justifier l'inégalité des sexes) ou même celle de simples militants de droite fermement opposés au nouveau rythme scolaire (et ne me faites pas de procès d'intention : être de gauche ou de droite c'est autre chose que ça, je le sais bien, mais il serait sain que les dirigeants de l'opposition le disent publiquement, sur la toile ou dans la vraie vie, et certains, comme Yves Jego ou Claude Goasgen s'y emploient d'ailleurs).
Mais il y a pire. Les milliers de français qui tweetent, retweetent, likent, partagent. Dans un geste de défiance au pouvoir, on finit par propager ce qui n'est rien d'autre que du racisme pur et dur. On attaque une jeune femme parce qu'elle est jeune et d'origine étrangère. On s'autorise la calomnie, les attaques personnelles et une violence verbale inégalée. On stigmatise des enfants en leur refusant le droit d'être français parce que leur peau est trop foncée. Il serait temps de réagir. La France des réseaux sociaux se met à ressembler furieusement à l'Allemagne des années 30.
3 commentaires:
Malheureusement ces faits ne sont pas réservés à la France et ces messages de propagande raciste abondent aussi en Belgique sur nos boites mails.
"Facebook, twitter,... Des places du marché virtuelles, des cafés du commerce en ligne"
La presse belge et ses journalistes (pseudo-journalistes parfois) devrait s'abstenir de porter de tels jugements... son niveau est souvent lamentable et son indépendance plus que douteuse !
Serait-elle dérangée par l'expression populaire ? Le temps des homélies tenues du haut des Chaires de Vérité est passé... et pas que pour les curés !
Un article avec lequel on ne peut être que d'accord.
Petit ou gros bémol, toutefois: en écrivant "La France", vous vous évitez bien des soucis. Hélas, un petit tour sur les réseaux sociaux de la DH et autres journaux bas du front suffit à comprendre qu'il en va de même chez nous.
Pourquoi dès lors un chroniqueur bruxellois choisit-il de circonscrire à la France un phénomène qui concerne tout autant la Belgique, me dis-je donc? Pourquoi n'avoir même pas consacré un (tout) petit paragraphe à cette propagation de la haine en noir-jaune-rouge?
C'est ça aussi, le sérieux journalistique: oser aborder des sujets qui fâchent, et - surtout - creuser le sillon (via analyse, contextualisation, …) jusqu'au moment où on a largement de quoi faire un article.
Je ne critique pas le fond du vôtre, croyez-le bien. Je regrette juste qu'en Belgique, on en reste si souvent à la surface des choses, vite content de son articulet. Celui-ci ressemble davantage à un billet d'humeur égrenant quelques faits, auxquels vient s'ajouter la conclusion passe-partout "il serait temps de réagir" (qui, au fait? Et surtout: comment? Et avec quelles conséquences?), étant donné l'absence de toute analyse. Juste quelques faits. Or, "Vous avez une minute pour rédiger votre rédaction", ce n'est pas l'idée que je me fais d'un journaliste.
Sans rancune mais avec pugnacité. Oui, précisément celle qui manque désormais cruellement à la presse.
Et peut-être à demain pour "L'Amérique des réseaux fait peur", "l'Italie des réseaux fait peur", … Votre titre n'est d'ailleurs pas sans rappeler le célèbre "La France a peur" de… Roger Gicquel ;o)
Abandonnez donc svp ce pessimisme béat du journaliste tout fier de dénoncer des évidences et optez donc pour l'optimisme inquiet du journaliste qui prend le temps d'enquêter, merci pour nous autres citoyens (et non simples consommateurs de news/chroniques vite pondues, vite digérées et tout aussi vite oubliées).
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