C’est un non catégorique. Ce matin dans le
journal le Soir Eliane Tillieux explique qu’elle ne veut pas entendre parler de
mesures qui contraindraient les demandeurs d’emploi à effectuer des travaux
d’intérêt général. Deux arguments principaux : les chômeurs ont déjà une
obligation, celle de prouver qu’ils recherchent du travail, dans le cas
contraire ils perdent leur indemnité. Ensuite ces travaux d’intérêts généraux
risquent d’entrer en concurrence avec de vrais emplois et tirer tout le monde
vers le bas.
Et la ministre wallonne de l’emploi d’annoncer la même chose que le ministre bruxellois
de l’emploi (Didier Gosuin s’est exprimé sur la question il y a 2
semaines) : si le fédéral décide de cette mesure Bruxelles et la Wallonie ne
l’appliqueront pas.
Ce ne sont pas que des paroles. Aujourd’hui
l’essentiel de la politique de l’emploi a été confiée aux régions. C'est le cas par exemple du contrôle de la disponibilité des chômeurs. Certes la gestion de l'assurance chômage reste une compétence fédérale, via la sécurité sociale. Mais en Belgique il n’y a pas de hiérarchie
des normes : une loi fédérale n’a pas plus de valeur qu’un décret
régional. Ce que décide le fédéral n’a pas plus de poids que ce que décide une
région. On l'a bien vu avec l'application des facilités dans la périphérie de Bruxelles : une loi fédérale a vu ses effets fortement limités par des décrets régionaux. Pour introduire des travaux d'intérêts généraux, dont l'organisation relèvera des régions, le fédéral devra passer un accord de coopération avec Bruxelles et la Wallonie. Réformer le chômage rime donc avec blocage.
Avec ces déclarations on découvre concrètement toute la complexité d’un Etat Fédéral. Le
pouvoir central et les entités fédérées sont sensées coopérer. Quand on est des
adversaires politiques, quand on a une vision diamétralement opposée de ce que
doivent être les politiques publiques ça devient compliqué. Sur l’emploi, mais
aussi sur les transports,
l’environnement, l’immigration ou la sécurité, dont les négociateurs
parlent aujourd’hui, les opinions publiques au nord et au sud du pays sont très
différentes. Le risque existe de voir le futur probable gouvernement prendre
des mesures qui s’appliqueraient surtout en Flandre, ou en tout cas qui feraient
surtout plaisir à la Flandre.
Alors évidemment Eliane Tillieux n’intervient
pas sur le problème du chômage par hasard. C’est un thème sensible pour l’électorat
socialiste. Obliger les chômeurs à travailler ou pas c’est un vrai clivage
droite/gauche. Se positionner sur cette question est très efficace en terme
d’image, les socialiste dans un camp, la coalition suédoise dans l'autre. En prenant la parole la socialiste met en outre le doigt sur un point qui fait mal. L’idée
n’étant pas neuve, il existe en effet des
propositions de loi déposées à la chambre depuis 2006 et cosignées par des députés libéraux
sur cette question (David Clarinval, Rik Daems) , mais le Mouvement Réformateur ne l’avait
toutefois pas inscrit dans son programme
électoral.
Pointons une anomalie quand même. Le gouvernement
suédois n’existe pas. Son accord de
gouvernement n’existe pas non plus. Pour l’instant Eliane Tillieux réagit à des
rumeurs. Vous connaissez l’histoire : quand on crie au loup trop tôt ou trop souvent,
on ne finit par ne plus être entendu quand le loup est vraiment là.
1 commentaire:
Ne conviendrait-il pas de parler de "travaux d'intérêt général" plutôt que de "travaux d'intérêts généraux"?
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