10 septembre 2006

Démocratie malade à Charleroi


L’exercice est cruel et révélateur. J’étais ce dimanche à Charleroi pour réaliser un reportage illustrant un sondage sur les intentions de vote aux élections communales réalisé par l’ULB pour Le Soir et RTL. Je ne saurais trop conseiller aux jeunes journalistes de s’exercer à ce genre de micro trottoir : le genre est difficile, oblige le journaliste à faire preuve d’humilité, mais est riche d’enseignements. Sur ce marché de Charleroi j’ai donc réalisé une cinquantaine d’interviews. Je dois plutôt écrire une cinquantaine de tentatives d’interview. La moitié de mes interlocuteurs a en effet refusé de répondre. A ma question « pouvez vous me citer le nom de candidats aux élections communales » il me fut ainsi régulièrement rétorqué « Oh moi la politique… cela ne m’intéresse pas », ou encore « les politiques ? tous les mêmes », sans compter les sourires gênés ou les « je ne sais pas monsieur ». Parmi la moitié de citoyens plus informés sur les élections à venir Jacques Van Gompel fut le nom le plus cité , suivi d’Olivier Chastel. Véronique Salvi, Christian de Bast (candidats CDH) et Xavier Desgain (Ecolo) ne furent cités qu’une seule fois, contre une dizaine de mentions pour Philippe Van Cauenberghe. Sur cinquante interlocuteurs une bonne dizaine pensait que le père de ce dernier, Jean Claude Van Cauwenberghe, était candidat. Une telle méconnaissance à quelques semaines du scrutin fait frémir. Quelques collègues visionnant mes rushes m’ont dit leur effroi. On devine combien ce mélange d’indifférence et de rejet de la politique peut profiter à l’extrême droite. On me rétorquera que c’est la conséquence logique des affaires qui ont secoué la ville. J’ai peur que le mal soit bien plus profond. Il se trouvait dans ce micro trottoir un nombre non négligeable de carolos incapables de me dire qui était leur bourgmestre… Cela relativise l’impact du travail journalistique et la capacité des discours politiques à être entendus.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je veux pas paraître simpliste, mais est-ce que ca vous étonne vraiment tant que ca? ...
Franchement, ca ne m'étonne même plus...
A chaque scrutin, c'est soit l'extrème droite, soit l'abstentionisme le vote blanc et nul qui font un carton (voire parfois être la première force politique...)
Parfois, je finis quand même par me dire qu'on a les élus qu'on mérite...
Si après près de 30 ans de pouvoir ininterrompu en Wallonie et dans des villes comme Charleroi, les électeurs trouvent logique d'avoir un jeune sur 2 au chomage, ben qu'ils continuent comme ca...
Et puis il faut dire que quand dans certains médias on laisse certains mandataires dire qu'à Charleroi, tout va bien madame sans les contredire... (je vous vise pas Fabrice... ;-)), il faut plus s'étonner de rien...
Pour les bilingues, regarder de 7de dag à la VRT, (le controverse flamand) avec un cataclysme comme la Carolo, en Flandre, la moitié du PS aurait du démissionner, car les journalistes n'auraient pas fait cadeau... cfr le problème des cartes visa
C'est un peu comme la propagande, au Zaire, pendant 30 les Zairois croyaient vraiment vivre bien sous Mobutu...
Quelle chance on a d'avoir une extrème droite épouvantablement ridicule, sinon, ce ne serait pas pour Anvers que l'on tremblerait, à ceux qui m'ont commpris, salut...

PS: A titre d'info, lisez les écarts au niveau et de performance de l'éducation entre la flandre et la wallonie dans le manifeste du groupe "in de warande", ca aidera peut-être comprendre pourquoi on commence à faire face à tant d'"illetrés" sociaux...

Anonyme a dit…

C’est en fait assez simple et toutes les campagnes publicitaires n’adressant pas directement les vrais problèmes seront aussi couteuses que contreproductives.

Nous avons Belgique, tous partis traditionnels confondus qu’une seule et même réponse à n’importe quel problème : plus d’état. La société est sclérosée par un corpus juridique mal rédigé, redondant et parfois même contradictoire, le « no future » des punks est remplacé par le « fonctionnaire future » ou « chomedu future » des wallons. Rien ne change et pour cause, on ne soigne pas le mal.

Et ce n’est pas en mettant une énième fois les partis Etatistes au pouvoir que la situation risque de s’améliorer. C’est comme soigner un cancer avec de l’eau bénite, ça ne marche pas, et les métastases foisonnent et prolifèrent tant et plus à chaque nouvelle giclée du pseudo remède.

Ne me comprenez pas mal, je ne fais en aucun cas l’apologie de l’extrême droite, ils prônent encore plus de contrôle de l’état sur l’individu que nos sirupeux déresponsabilisant au pouvoir depuis des décennies.

Simplement, de guerre lasse le citoyen se désintéresse et sombre dans la léthargie cotonneuse instaurée par des générations de politiciens qui veulent notre bien.

Si les choses doivent changer, c’est en sortant l’état de la vie privée des gens, en restaurant la capacité individuelle à faire ses propres choix d’existence. Et ceci dépasse largement le cadre socio-économique.

Anonyme a dit…

Parfois, je me prends à rêver que le vote ne serait plus secret, mais qu'au contraire ce serait une donnée connue pour tout un chacun, (une espèce d'info supplémentaire sur la carte d'identité), et que en fait on ne subirait les mesures que de ceux qu'on a élus, avec l'ensemble de ses conséquences.

Bien sûr, c'est irréalisable, mais ce que je veux dire, c'est que le vote, tout le monde voit ça au choix comme une obligation, un droit ou un devoir, mais rarement à mon sens comme une "responsabilité" et c'est là le problème. Je suis sure que si mon voisin doit supporter par exmple le cout financier des conneries que font ses élus et moi pas, il réfléchirait plutôt deux fois qu'une pour savoir pour qui voter....

Anonyme a dit…

Tout cela mène à s'interroger sur le système de vote obligatoire...

@Pierre: le marxisme? Je n'irai pas jusqu'à dire que nous sommes en plein dedans, mais je préfère ne pas trop finir comme un individu de l'ex-URSS, merci!