04 septembre 2006

Point(s) de comparaison


Que les lecteurs réguliers de ce blog (il semble qu’il y en ait) me pardonnent : j’étais ces jours ci en France, ce qui explique une relative abstinence de ma part sur la toile. J’en ai profité pour écouter longuement les radios françaises et lire la presse hexagonale. Là-bas comme ici le week end était marqué par les universités d’été.
Là bas on retiendra donc (en vrac et résumé à très gros traits) que l’UMP s’est réunie trois jours durant à Marseille. Que le premier ministre Dominique De Villepin y a ouvert le feu en appelant la droite française à ne « pas se déchirer », alors que 3 jours plus tard son ministre-président (Nicolas Sarkozy est ministre de l’intérieur ET président de l’UMP) lui rétorquait qu’il voulait toujours la «rupture», soit une critique assez violente du chiraquisme. Dans son discours la coqueluche des sondages français (Sarkozy est de très loin en tête dans toutes les études d’opinion ) ciblait les jeunes, leur demandant de prendre leurs responsabilité, de ne pas se laisser aller à la facilité, et leur proposait un service « civique » à réaliser d’un coup ou en plusieurs morceaux pour rendre à la société ce que la société leur donne (pas sûr que le message passe partout, surtout dans les banlieues). Coté photos on aura vu le rappeur Doc Gyneco et le rockeur Johnny Hallyday s’afficher aux cotés de Sarkozy (on a les intellectuels qu’on peut, mais coté électoral cela devrait rapporter gros).
Dimanche soir la riposte du PS paraissait médiatiquement bien faible. Ségolène Royal, en meeting en Lozère ce contentait d’assurer que le programme Sarkozy c’était tout pour les entreprises et que l’on ne toucherait pas au droit de grève. Ce lundi matin dans le Monde Lionel Jospin fait un pas de plus vers la candidature. Les socialistes français sont en train de sortir de la course d’observation, et Ségolène risque fort d’apprendre à ses dépends qu’un démarrage bien placé permet de remonter plusieurs longueurs.
Plus surprenante l’université de l’UDF à la Grande Motte (près de Montpellier) aura vu François Bayrou s’entourer de Nicolas Hulot (écologiste-aventurier tendance TF1) Michel Rocard (toujours PS pourtant) et Michel Barnier (UMP, ancien ministre des affaires étrangères de Chirac et ancien commissaire européen on l’avait même envisagé comme premier ministrable, pas une vedette comme Sarkozy mais pas un ringard non plus) : bref du crédible. Bayrou en prouvant qu’il peut s’élargir vers la droite et vers la gauche a fait forte impression.

Ici (c’est à dire dans la partie francophone du royaume) et à peu près au même moment, le président du PS Elio Di Rupo poursuivait sa rentrée (voir ci dessous) sur le même ton que ses précédentes interventions publiques. Si j’en crois ma lecture des gazettes et quelques journaux radio entendus dimanche soir il faut retenir de son discours un plaidoyer pour la sécurité (plus de policiers dans les rues) et la suggestion (déjà formulée mais ici répétée) de créer un corps de gardien de la paix désarmés pour seconder les policiers dans les quartiers. Le président du PS aura aussi répété qu’il espérait avoir tourné la page des affaires. Au MR, réuni à Enghien on a fort attaqué le PS (sur le affaires et la bonne gouvernance) et le CDH (sur la sortie de Mariusz, complice du meurtrier de Joe Van Holsbeeck à un match de Football). La veille le CDH s’était (habilement ?) partagé entre Joëlle Milquet recommandant à ses troupes de rester zen tandis que son ministre André Antoine attaquait les libéraux (« la maladie de la langue bleue ne frappe pas que les ruminants »).
Comparons.
1)D’abord une satisfaction : Doc Gyneco et Johnny Halliday n’ont pas de pendants belges : la politique spectacle n’a pas atteint le même degré qu’en France.
2)La sécurité est un thème récurrent des campagnes électorales(oserait-on écrire que c’est facile, que cela rapporte gros, qu’en un mot cru c’est racoleur ?). En France le champion incontesté en ce domaine est Sarkozy (même si Ségolène Royal est capable elle aussi de démagogie sur ce terrain dangereux), en Belgique Francophone c’est Elio Di Rupo (et on peut signaler au passage que le MR n’a pas encore trouvé de remplaçant à Antoine Duquesne pour incarner le personnage de « Monsieur Sécurité »).
3)Si l’ UDF est occupée à s’ouvrir, le parti qui occupe la même position centrale chez nous (le CDH) n’a pas (encore ?) la même préoccupation : on peut y voir un effet du mode de scrutin (proportionnel ici, majoritaire là bas), où l’acceptation par le CDH de son statut de « parti de seconde division » qui n’a accès au pouvoir que par une alliance avec d’autres.
4)On habille en France le choc des ambitions personnelles d’un semblant de débat d’idée. On a plus de mal à le faire en Belgique ou le « réactif »(Joe, Aît Oud Termonde, Mariusz…)l’emporte largement sur les propositions mûries et réfléchies. Et où la petite phrase est souvent à la limite de l’attaque personnelle (pour ne pas dire de l’injure). On peut toujours espérer que cela n’est dû qu’à la proximité d’élections très locales…

PS : j’espère qu’en l’absence de nouveaux commentaires sur cette page vous aurez vagabondé ailleurs et découvert d’autres blogs. Alors que Le Soir et Bel RTL s’apprêtent à distinguer certains confrères de la toile je me permets d’attirer votre attention sur ce blog bruxellois, fin et fort bien écrit.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

lu sur ladroitelaplusbetedumonde.com

De la fracture à la rupture ! Ou la rentrée « en chanteur » de Chizy et Sarkorac !

Et oui, c’est la rentrée en « pseudo rupture » et en « grugeo chanteur » à l’université d’été de l’UMP!

Il aura quand même fallu attendre ce moment pour constater que Chizy et Sarkorac, toujours fâchés sur rien – c.a.d leurs destins personnels - et d’accord sur tout – c.a.d la même politique - ont le même admirateur : Johnny Hallyday ou plutôt Johnny Hallynight. Comme il y a Gainsbourg et Gainsbar, il y a Hallyday et Hallynight

Que nous t’aimons Johnny Hallyday, chanteur populaire, rockeur de talent !

Que nous ne t’aimons pas Johnny Hallynight, milliardaire prêt à quitter son pays, à changer de nationalité pour pouvoir partir à Monaco… et soutien inconditionnel de Chizy et Sarkorac !

Alors quand Johnny Hallynight se ballade à l’université d’été de l’UMP, des millions de français font faces à une rentrée très rude. Prime scolaire rabotée, cadeau en trompe l’œil pour faire avaler la hausse des carburants, baisse de l’impôt … pour les plus aisés, la droite continue !

Attention, ce n’est pas fini, elle annonce la couleur pour réformer la France en 2007. A toute vitesse, la droite abat la carte de la rupture, comme moyen nécessaire pour changer une France éternellement sclérosée…

Certes, l’utilité d’user d’un vocabulaire fort – la rupture - comme un argument de communication massue ne trompe pas grand monde. L’équation est simple : rupture égal faire oublier que tous les dirigeants de droite soutiennent le même gouvernement.

D’ailleurs, on connaît la chanson : 12 ans après la fracture, voici la rupture ! Et quand la droite chante « rupture », cela signifie « vie dure » avec encore plus de libéralisme, plus de précarité, plus de misère, et une politique économique et industrielle à la dérive.

Mais, la pilule doit passer… et sur le plan politique, aucune solution miracle ne se présente après 5 années de gouvernement. En conséquence, pour soigner son bilan, la droite cherche de bons anesthésiants, de préférence issus du showbiz.

Hallyday ou Hallynight ? Johnny Holiday appartient à son public et fait partie intégrante du patrimoine culturel national. Le patrimoine de Johnny Hallynight appartient à la droite et, bientôt, à Monaco. Chizy la fracture et Sarkorac la rupture ne se trompent pas pour reconnaître le leur afin de continuer à nous faire mener la vie dure.

http://ladroitelaplusbetedumonde.typepad.fr/sommaire/2006/09/de_la_fracture_.html

Anonyme a dit…

l'humoriste Bernard Mabille a fait une fausse interview de Johnny Hallyday sur son podcast

voir la vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=F59h2WPBB3w

Sam Piroton a dit…

Je confire Fabrice, je suis lecteur de ce blog. Bonne continuation!