L’expression a donc été lancée par le président du MR fin décembre et est désormais reprise systématiquement par toutes les éminences libérales et leurs supporters : PS et CDH formeraient désormais un « cartel électoral ». En utilisant ces mots Didier Reynders veut dénoncer l’apparente alliance entre Elio Di Rupo et Joëlle Milquet lorsqu’il fut question de trouver une alternance à l’orange bleue (cette fameuse semaine ou le président du PS fit savoir qu’il ne remplacerait pas au pied levée les humanistes pour dépanner les réformateurs). Accessoirement il établit un parallèle avec le cartel CD&V-NVA, ramenant le CDH au rang d’une petite formation nationaliste. Didier Reynders possède un talent incontestable pour trouver ces bons mots, cinglants et ironiques, qui constituent d’excellents missiles de campagne électorale.
Tant Joëlle Milquet qu’Elio Di Rupo démentent bien sûr tout accusation de cartel. Elio Di Rupo indiquait ce lundi en conférence de presse que, s’il n’entendait pas s’abaisser au jeu des petites phrases, il trouvait celle-ci particulièrement « désobligeante ». « Nous, nous ne parlons pas de cartel quand nous évoquons les relations entre le MR et Ecolo ajoutait-il avant de glisser : c’est curieux cette façon de faire porter la responsabilité de son échec sur autrui ».
Le bon mot a ses limites. Les remous provoqués par l’interview de Philippe Moureaux, et la réaction indignée du CDH suffisent à eux seuls à démentir l’idée d’un cartel. Si celui ci existait réellement, Didier Reynders en serait d’ailleurs la première victime. Avec 30 sièges de députés un cartel PS-CDH serait en position de revendiquer le leadership francophone.
A la lumière des dernières déclarations, il existe même, me semble-t-il, plus de proximité entre PS et MR qu’entre PS et CDH. Les deux plus grands partis francophones ont désormais clairement fait savoir qu’ils étaient disponibles pour une discussion « sans tabous » sur les questions institutionnelles, des messages clairement destinés à leurs partenaires flamands. Quand Philippe Moureaux indique qu’il vaut mieux accepter une grande réforme de l’état il est en réalité très proche des formules utilisées par Didier Reynders il y a quelques mois.
2 commentaires:
Il n'y a pas cartel dans le sens formel : le PS et le CDH n'ont pas signé d'accord commun. Aucun des deux camps n'y semble d'ailleurs prêt, comme le montre votre exemple.
Mais nier l'existence d'un cartel "idéologique" en ne se limitant qu'aux questions communautaires, cela me paraît un peu court. Considérons les programmes du PS et du CDH sur le plan socioéconomique, et nous y relevons plus d'une convergence... que même le MR, dans son centrisme inavoué, se garde de relever.
Bref, tout le monde dans le même sac. Lorsqu'on voit que les présidents de partis s'accaparent les places au sein du fameux "débat institutionnel" réservé au départ à la "société civile", n'espérons pas voir jaillir du monde politique francophone actuel une quelconque idée novatrice.
Personnellement, cela fait des mois (je n'ai pas attendu Didier) que je parle de Cartel "" PS_MR.
Il faut être aveugle et sourd et de mauvaise foi (comme M Koonen) pour refuser la réalité.
La gauche du CDH est majoritaire de fait dans les organes décisionnels;
L'alliance PS_CDH au plan comm_rég ne pouvait supporter un gvt fédéral sans le PS;
Dès les premiers mois, le VLD a conclu que le CDH remplacait le PS :il avait bien raison.
Je parle des domaines sociaux, de société, de justice, de fiscalité.
Il n'y a pas photo: le cartel PS_CDH (gauches conservatrices) face au MR (centre frileux).
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