22 septembre 2014

Comment le régionalisme va gagner du terrain


"Le régionalisme a gagné" : c'est une petite phrase prononcée ce weekend en marge des fêtes de Wallonie par Paul Magnette. Une petite phrase qui résume assez bien notre situation politique.
 
Le régionalisme est, pour rappel,  une doctrine politique qui vise à affirmer l'existence ou l'autonomie d'une région. En Belgique la région ce n'est pas votre village et les villages alentours. C'est la région au sens institutionnel : Wallonie, Flandre,  région bruxelloise. Quand on parle de régionalisme on parle donc des wallons et des bruxellois, et pas des francophones. Aux fetes de Wallonie ce weekend on a d'ailleurs bien vu les représentants flamands, mais les caméras ont loupés les représentants bruxellois. Trop occupés ailleurs ?

Vous noterez au passage que la communauté germanophone n'est pas une région. Cela donne moins de droit à l'autonomie des germanophones pensent certains wallons qui ne veulent pas entendre parler d'une belgique a 4 régions. On peut être régionaliste pour soi-même mais pas pour les autres.  Ça n'empêche pas le parti régionaliste germanophone d'occuper la ministre présidence de la communauté germanophone.

En linguistique un régionalisme est un élément de langage qui ne peut être compris que d'une région particulière. Quand on pousse le régionalisme trop loin on n'est plus compris de ses voisins. On est pas certain que la définition de régionalisme ne soit elle même un régionalisme. La définition du concept n'est probablement pas la même à Bruxelles, Charleroi ou Anvers. Sinon ce serait trop simple. Il existe des régionalismes plus culturels que politiques, ou inversement, de droite ou de gauche.

 Pourquoi la Belgique entre-t-elle dans un moment régionaliste ? D'abord parce qu'il y a les transferts de compétences. Jamais autant de pouvoir n'aura été confié aux régions. Ensuite il y a cette configuration kamikazo-suedoise. Le précédent gouvernement fédéral était relativement autonome vis à vis des régions. Il ne représentait ni la majorité flamande ni les majorités francophones. Ils ne représentait pas non plus l'opposition puisque certains partis, le CD&V en Flandre, ou le PS en Wallonie étaient au pouvoir des deux côtés, c'était donc un gouvernement asymétrique, neutre d'un point de vue centrifuge ou centripète.

Avec la négociation en cours, la coalition annoncée est d'une toute autre nature. Elle  nous offrira une symétrie parfaite côté flamand : les mêmes partis en Flandre au fédéral, Et une symétrie parfaitement inversée côté francophone : le seul parti qui négocie au fédéral est dans l'opposition dans les régions du sud. Pas besoin d'avoir fait un doctorat en sciences politiques pour comprendre que ce gouvernement aura des relais du côté flamand, des boulets côté francophone. Quand on dit boulet on pense aussi bien à ceux qui ne veulent pas suivre qu'aux boulets de canon que ceux ci pourraient tirer.

Prenons un exemple concret. Depuis 4 jours les négociations fédérales sont au ralenti, pour ne pas dire à l'arrêt. C'est une question d'agenda. On laisse passer la rentrée du parlement flamand. Les partis flamands ne veulent pas faire d'ombre au discours de Geert Bourgeois. Le Regionalisme médiatique flamand dicte le tempo du fédéral. On verra dans quelques semaines si cette priorité régionaliste est limitée à l'agenda ou si elle s'applique à d'autres domaines.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 commentaire:

Michaël a dit…

Vous avez l'air de dire que les régionalistes sont opposés à l'idée d'une Belgique à 4. Ce n'est pas l'impression que j'ai quand j'entends certains Bruxellois favorables à la régionalisation de l'enseignement (car c'est bien ça le cœur du problème): Ils ne proposent pas de laisser la Wallonie décider de l'enseignement chez les germanophones, non, ils parlent bien d'une Belgique à 4. D'ailleurs, tout le monde sait que c'est le seul moyen pour ce pays de survivre sur le long terme.