04 juillet 2007

Négociations, prudence et ministères


Yves Leterme et Didier Reynders se parlent, mieux même ils négocient déjà. Depuis quelques jours c’est une évidence : les deux leaders politiques coordonnent leur agenda et leurs déclarations. Ce mercredi matin la caméra de RTL a donc surpris le sénateur CD&V (et futur probable formateur) au cabinet de l’informateur (ce n’était pas prémédité, et je n’ai bénéficié d’aucun tuyau : il faut parfois un peu de flair et beaucoup de chances pour faire une bonne image… j’en rate, mais bon, sur ce coup là je reconnais que je n’étais pas mécontent). Qu’indique cette image ? Que les propos rapportés au roi en début d’après midi étaient bien documentés. Didier Reynders a d’ailleurs reconnu qu’il avait rencontré ces dernières heures les 4 formations susceptibles d’entrer dans l’orange bleue.

Ainsi si Leterme était au cabinet des finances entre 11 et 12 heures, il est fort probable que le rendez vous suivant ait été accordé à Joëlle Milquet. Prévenue de la présence d’une caméra la présidente du CDH aura sans doute pris la précaution d’entrer par une porte dérodée (on peut passer du 16 rue de la loi au 1é par des couloirs, idem en venant du parlement, c’est beaucoup plus discret). Son porte parole refuse de le confirmer, mais il ne le dément pas non plus.



Tout cela indique donc que les négociations débutent. Ce jeudi le roi Albert II nommera probablement un « médiateur » susceptible des les accélérer en débroussaillant la partie communautaire (de loin la plus délicate, on voit mal comment éluder une scission de BHV et un nouveau transfert de compétences). Didier Reynders a donc clairement indiqué la coalition (4 partis et non pas 6) et donné une première indication de tempo : il faut être entré dans une négociation active (comprenez la formation du gouvernement) pour le 21 juillet.

Projetons nous en avant. Si l’orange bleue se concrétise, quel goût aurait-elle ?

Le premier ministre serait logiquement Yves Leterme. Les deux postes de présidents d’assemblée iraient en théorie au MR (Armand De Decker se verrait volontiers revenir au sénat) et au CD&V.
Reste 14 ministres.
Coté néerlandophone 4 postes devraient revenir au CD&V et 3 au VLD. Pour les ministres sociaux-chrétiens on cite les noms d’Inge Vervotte, Carl Devlies et Eric Van Rompuy. Pieter De Crem aimerait en être, mais son ami Yves le préférerait à la présidence de la chambre.
Au VLD difficile de faire l’impasse sur Karel De Gucht et Patrick Dewael. Dans l’idéal le 3ième devrait être une femme.

Coté francophone, pas d’unanimité sur le partage. Le MR revendique, en raison de son poids électoral, 5 postes ministériels et en laisserait 2 au CDH. Coté centriste on en demande 3 : les libéraux francophones oublient qu’ils ont déjà le poste de commissaire européen (coté MR on affirme que cela ne compte pas puisque le poste a été attribué pendant l’ancienne législature). Coté MR Sabine Laruelle, révélation de la coalition sortante, est incontournable, comme l'est sans doute Olivier Chastel. Le sort de Charles Michel oscille entre un département et la fonction de chef de groupe. Au CDH, Joëlle Milquet hésite à accepter la charge de vice première, mais ses troupes l'y poussent.



Les choses sont elles figées ? Non. D’abord parce que l’ajout de quelques secrétaires d’état peut aider à faire passer les choses les plus difficiles (c’est notamment vrai pour le VLD qui avec trois ministres seulement .tombe de haut). Ensuite parce que les négociations ne font que commencer. Paradoxalement le CDH, en théorie plus petit partenaire, est peut être celui qui est le mieux armé de ce point de vue là. En n’apparaissant comme pas demandeur le parti de Joëlle Milquet se met en position d’exiger beaucoup. Pour que la stratégie réussisse il faut naviguer habilement -le bluff ne dure qu’un temps en politique- ne pas jouer trop longtemps avec les nerfs de votre futur partenaire sans pour autant se dévoiler trop vite… c’est pour cela qu’il est parfois capital d’éviter une caméra.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je constate que tu ne cites pas Reynders parmi les ministrables du MR. Tellement évident que tu l'oublies... ou pressentiment qu'il cessera son cumul de fonction pour se consacrer pleinement à la présidence du MR ? En tout cas, je ne pense pas qu'il lâchera la présidence. Objectif: parachever la stratégie anti-PS en devenant ministre-président wallon en 2009.

Etienne Lambert a dit…

Et bourgmestre de Liège en 2012 ?