La scène se passe le lundi 10 décembre (il y a une semaine) au Lambermont, la résidence officielle du premier ministre. GuyVerhofstadt, dans le cadre de sa mission d’information, a convié les 4 présidents des partis francophones à un petit déjeuner. Elio Di Rupo arrive avec une bonne vingtaine de minutes de retard. Objectif du premier : tenter de pacifier les relations entre francophones et s’assurer qu’une grande partie d’entre eux est susceptible de soutenir un projet de coalition.
Au cours de ce petit déjeuner les intervenants vont régulièrement faire référence à l’année 1980, au cours de laquelle, sous l’égide de Wilfried Maertens, les 3 familles vont préparer ensemble une réforme de l’état.
Didier Reynders pour le MR indique que pour souscrire à un tel scénario il lui faut des assurances sur le programme d’un tel gouvernement ou à un défaut un gage de confiance. Une partie de la conversation va ensuite tourner autour de l’entrée du MR dans les gouvernements régionaux et communautaires. Guy Verhofstadt, tente une médiation en indiquant que si le MR doit consentir à la montée de plusieurs partenaires au fédéral il est juste, selon lui, que les libéraux francophones puissent en compensation obtenir leur place dans les majorités régionales. Joëlle Milquet puis Elio Di Rupo estiment que les deux échelons sont découplés et qu’une telle compensation n’a pas de raison d’être. Par la suite il sera question d’une entrée du MR « différée » , d’abord à pâques puis en 2009. CDH et PS refusent de prendre un engagement en ce sens.
La présidente du CDH interroge ensuite Guy Verhofstadt sur la position du SPA. Le premier ministre fait savoir que les socialistes flamands ne semblent pas disponibles malgré plusieurs tentatives d’approches. Didier Reynders, souhaitant toujours un gage de confiance de ses partenaires se heurte alors de nouveau à un discours commun du CDH et du PS. A l’évidence Joëlle (qui parle en premier) et Elio ont préparé l’entretien. Didier Reynders quitte alors le petit déjeuner, visiblement fâché. Verhofstadt poursuit la conversation quelques instants avec Joëlle Milquet, Elio Di Rupo et Jean-Michel Javaux. Le président des écologistes indique alors à ses interlocuteurs qu’il n’est pas particulièrement demandeur d’une entrée dans les gouvernements régionaux et communautaires. Fin de la réunion. Le premier ministre n’a pas réussi à mettre les francophones d’accord.
Pourquoi vous raconter tout cela ? D’abord parce que j’ai pu récolter suffisamment d’éléments auprès de différentes sources pour rapporter un récit que je crois pas trop éloigné de la réalité. Ensuite parce que l’incident illustre assez bien l’importance des relations humaines dans la crise que nous traversons ainsi que la bipolarisation de la vie politique francophone sur le « clivage wallon » : PS et CDH d’un côté, MR et Ecolo de l’autre. Enfin, parce que toutes les déclarations et difficultés de la semaine dernière découlent de ce petit déjeuner très peu convivial.
1 commentaire:
Quelque part, cette bipoliarisation est bienvenue dans le sens où le choix se clarifie pour l'électeur vers 2 projets différents, sauf qu'idéologiquement on aurait attendu cette polarisation avec d'un coté PS-Ecolo et de l'autre le centre et la droite.
En fait, la seule chose qui rapproche ecolo et le mr sont sans doute la volonté de réformer profondément l'outil régional et communautaire vers plus d'efficacité/ modernité (en tout cas officiellement). Là ou le PS et le CdH sont plus conservateur (et pour cause). Par exemple, ils parlent toujours de rajouter des fonctionnaires de nouveaux services, jamais d'en supprimer.
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