
Ecrire une biographie est un exercice colossal. On imagine fort bien que pour signer celle de Didier Reynders l’auteur a du passer quelques centaines d’heures en recherches et entretiens de toutes natures, et autant en écriture. On sait aussi que l’équilibre entre la proximité avec son sujet et un regard critique propre au journaliste est délicat à maintenir. Si l’ouvrage d’André Gilain mérite d’être lu c’est surtout pour les éclairages qu’il apporte sur la dernière période de notre vie politique. Du début de l’ouvrage on retiendra surtout la description du cadre familial des Reynders (un papa représentant en boucherie, un milieu modeste sans être pauvre, ce qui en ce temps là ressemble à la classe moyenne). Le reste (étude de droit, rencontre avec Bernadette, Jean Gol, la SNCB, etc…) est assez connu. Sur l’épisode fondateur de la relation entre Didier Reynders et Louis Michel (le décès de Jean Gol et la prise du PRL par Michel) pas de nouveautés. André Gilain renvoie à son ouvrage précédent (une bio de Louis Michel). On imagine que le patron du MR, qui ne se livre pas facilement, n’a pas souhaité approfondir le sujet par les temps qui courent. Sautons donc directement à la dernière période. Vous aurez confirmation, en lisant ce livre, que Louis Michel a bien voulu quitter le navire fédéral en 2004 après avoir été débarqué des exécutifs régionaux. L’auteur évoque alors une conversation téléphonique ou Michel traite Reynders «gentiment de tous les noms » . Si l’on en croit la version donnée ici, Reynders qui assiste alors à un forum à Crans Montana aurait alors passé quelques coups de téléphone pour plaider en faveur du maintien dans la coalition violette. C'était donc plus un problème de stratégie qu'une différence de caractères. La tête du parti etait alors divisée, car si la famille Michel plaidait pour « un électrochoc », Reynders répondait par « electroconnerie » et obtenait le soutien d’Hasquin, Maingain Simonet et Deprez. Toujours d’après cette version on pourrait donc voir dans cet échec de Louis Michel à convaincre les autres cadres du MR la raison de son départ pour l’Europe (c’est plus suggéré qu’écrit). Et comprendre mieux pourquoi il était préférable pour le vice premier de ne pas laisser Charles Michel prendre la direction du parti…