Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley
31 décembre 2007
Bonnes résolutions
- Un gouvernement tranquille, qui prépare ses dossiers bien à l’avance et prend soin de donner toute l’information aux journalistes
- Des ministres de bonne humeur qui ne pensent pas que s’il leur arrive malheur c’est de la faute de la presse qui, forcément, roule pour leur adversaire
- Des contrôles budgétaires qui ne se déroulent plus la nuit, surtout celle du dimanche au lundi
- Des conférences de presse qui commencent à l’heure et de préférence pas 30 minutes avant le journal télévisé
- Des communiqués clairs ou l’on n’est pas noyés sous des chiffres invérifiables
- Un passage de relais sans anicroches entre Guy Verhofstadt et Yves Leterme de préférence avant les vacances de pâques qu’on puisse profiter des cloches tranquilles
- Pas d’élection (enfin moi je veux bien mais ma rédaction n’a pas le budget pour, donc…)
- Tant qu’on y est : le bonheur pour tous, la santé, et un climat clément
- Quoi, je rêve ?
20 décembre 2007
Spécial copinage et bonne année
Mes amis du car satellite de RTL ont donc commencé un recensement des restos sympas et peu onéreux qu'ils découvrent aux quatre coins de la belgique. Cela peut servir. Ne vous étonnez pas si les adresses sont situées à proximité d'un haut lieu de la vie politique ou vous rappellent l'un ou l'autre fait divers...
Tant qu'à faire des recommandations je vous indique également que je me suis beaucoup amusé en allant voir "sois belge et tais toi". J'avoue avoir ressenti un léger malaise en seconde partie de spectacle tant les charges communautaires sont lourdes (quand une salle siffle la caricature d'Yves Leterme, cela ne veut pas dire que la caricature est mauvaise, mais le signe que les opinions publiques se radicalisent excessivement et dangereusement). En revanche la première demi heure est vraiment exceptionnelle. Et Beaudoin Remy en Elio des salles de gym est irrésistible.
Guy Verhofstadt et le miracle de Noël

En milieu de soirée tous les clignotants étaient donc repassés au vert (bien que le verts ne soient pas là justement, j’y reviens dans quelques lignes). A 1h30 sms du porte parole du premier « de premier heeft de situatie gedeblokkeerd ». Série de sms pour confirmer et coup de téléphone avec l’équipe de reportage (les courageux) qui campe au CDH : « oui, ils sont toujours là, non Joëlle n’a pas encore parlé, ça fait 3 heures que tu nous dit de rester-3ième bip de censure- quand est-ce qu’on va se coucher ? ». Bon, le temps de me rendormir il était 3 heures, mais on a pas un gouvernement tous les jours.
A première vue ça ressemble donc à un miracle de Noël qui aurait juste une semaine d’avance. Avec Guy dans le rôle du créateur, Joëlle en vierge Marie (« j’ai rien demandé, je vous jure, on l’a voulu pour moi, mais quelle responsabilité »), Didier en Joseph (il est là tout le temps mais la conception du miracle lui a un peu échappée) Yves, Jo et Elio en costumes de roi mage (manque un Melchior, je sais pas si vous avez remarqué). Bon je m’arrête là car je sens que je suis à la limite du blasphème.
A première vue aussi ça ressemble à un triumvirat. Guy n’aura que deux vice-premiers ministres, qui de plus piloteront désormais la formation du gouvernement définitif (notez que deux pilotes dans un F16 c’est le crash assuré). Mais il faut se méfier des apparences. Si PS, CDH et VLD n’ont pas de vice-premiers ils seront bien présents en Kern (le conseil restreint où tout se décide) et devraient même bénéficier de « cabinets vice premier » (un cabinet élargi qui permet d’avoir des collaborateurs dans toutes les matières gouvernementales, histoire de suivre le travail des collègues et de préparer les grandes décisions). Il y a un précédent : Magda Alvoet pour Agalev n’était pas vice première ministre non plus, mais elle assistait au kern de l'arc-en-ciel quand même.
Ces deux « vice-premiers » ne vont pas avoir la vie facile. Yves Leterme n’a toujours pas sa réforme de l’état, et il lui reste trois mois pour la trouver, ou faire semblant de la trouver en espérant que la NVA de Bart feindra de croire que c’est vrai. On peut voir la mention d’une date pour passer de l’intérim au définitif et de Guy à Yves (le 23 mars) de deux manières : soit Guy s’est vraiment engagé, soit Yves s’est laissé enfermé dans une date. Beau piège, même s’il vaudrait être fou pour ne pas respecter la parole donnée dans un cas pareil, car ce serait la crise assurée.
Didier Reynders termine la période de formation dans un état moins flamboyant qu’il ne l’avait commencée. Dans la nuit de mardi à mercredi le président du MR a bien du accepter la large coalition francophone qu’il récusait quelques heures plus tôt. La reculade nocturne était devenue incontournable après la demande publique du CD&V d’intégrer le CDH dans la coalition (je vous signale au passage que la période de Noël est propice aux réunions de familles qui, souvent, s’ignorent le reste de l’année). Le président du MR, qui aurait pu être l’homme fort de l’orange bleue s’est retrouvé isolé. Et même s’il garde une partie des manettes en main il doit faire face à un front PS-CDH réel. Ce sera problématique pour 2009 : à l’exception d’Ecolo le président du MR n’a que des adversaires face à lui et ne peut, à ce stade, guère envisager de stratégies d’alliances susceptibles de lui ouvrir les portes de la région wallonne. On peut gagner les élections seul contre tous. Gouverner exige en revanche des compromis et des alliances, pas un flingage permanent. Mais il peut y avoir d’autres miracles d'ici aux régionales.
Elio Di Rupo, dont on aurait pu penser qu’il allait bientôt avoir son avenir derrière lui (l’avant dernier baromètre RTL-La Libre n’était pas bon) opère un rétablissement spectaculaire. En position de nommer des ministres, un président du PS est toujours plus influent. Je sous signale au passage aussi qu’ Elio a ressorti son nœud papillon et son costume d’homme d’Etat qu’il affectionne tant. Mais le PS devra affronter un SPA dans l’opposition. Schizophrénique.
Joëlle Milquet doit faire face à une grogne interne : 6 mois de bataille pour un seul poste ministériel est un maigre butin, surtout si vos « partenaires » annoncent eux même le nom du lauréat, ce qui laisse penser qu’il a fallu négocier une nomination qui est habituellement l’essence d’un pouvoir présidentiel. De plus Joëlle va de nouveau retrouver ses amis Bart et Didier (on ne sait pas lequel elle préfère) au mois de janvier, ce qui va la mettre encore dans des états pas possibles. Mais son boom dans les sondages devrait la consoler.
Les verts, seuls gagnants de l’élection (Ecolo était passé en juin de 4 à 8 sièges) n’entreront pas au gouvernement. Et à dire vrai on les a senti un peu hors du coup. Il n’est pas exclu que l’on fasse quand même appel à eux un jour ou l’autre : avec 101 sièges la nouvelle coalition gouvernementale dépend des voix de la NVA et du FDF pour atteindre la majorité des deux tiers, c’est un dépendance assez inconfortable. Mais les écolos ne sont pas le seuls à être à même de faire l’appoint, le SPA s’étant également déclaré disponible. Seul dans l’opposition le parti vainqueur doit ruminer. D’autant qu’une progression en 2009 ne lui ouvrira pas forcément les portes du pouvoir non plus.
Le seul vrai gagnant est donc Guy Verhofstadt qui a réussi en une nuit ce que tous les autres n’ont pas réussi en 6 mois : transformer une situation de blocage en compromis, grâce à un peu d’enthousiasme et une bonne idée (ne pas aller sur les plateaux de télé). Super Guy a donc sauvé la Belgique du ridicule, permet à tout le monde de ne pas vivre ce traumatisme redouté d’un premier de l’an sans gouvernement, laisse en selle pour la suite Leterme et Reynders tout en préparant l’avènement du premier nommé avec l’arrivée des cloches de Pâques. Beau lapin sorti d’un chapeau magique ce gouvernement Verhostadt III est donc un gouvernement de transition qui s’autodétruira au quatrième bip (il n'est pas exclu que ce bip là soit une motion de censure si la formation du gouvernement définitif tourne au vinaigre). Rien d’autre. Mais au passage Guy se repositionne sur la scène européenne, et on ne sait jamais, des fois qu’un poste se libère…
17 décembre 2007
Ducarme prend de la hauteur

Bref, du costaud. L’initiative est bienvenue. Au moment où les négociations gouvernementales s’enlisent dans les querelles de personnes et les stratégies à court terme il était temps qu’un élu teste quelques idées institutionnelles. Que ce soit Daniel Ducarme n’étonne pas. D’abord parce que son statut (ancien président fondateur du MR, ancien ministre président Bruxellois, aujourd’hui simple député, après avoir affronté le fisc et un cancer) le lui permet : en d’autres termes cet homme possède la liberté de parole de ceux qui n’ont plus rien à perdre et qui ne courent plus vers d’hypothétiques trophées. Ensuite parce queDaniel Ducarme, souvent confronté à Hervé Hasquin, ne déteste pas montrer qu’il est aussi un « agitateur d’idée » et peu, au besoin avoir du souffle. Je me souviens l’avoir vu en vacances relire Tocqueville. Enfin, 3ième raison, parce que Ducarme nourrit une vrai passion pour la France, ses valeurs et son système politique. Qu’il souhaite s’en rapprocher n’est donc pas une surprise.
Le petit déjeuner de la discorde
Au cours de ce petit déjeuner les intervenants vont régulièrement faire référence à l’année 1980, au cours de laquelle, sous l’égide de Wilfried Maertens, les 3 familles vont préparer ensemble une réforme de l’état.
Didier Reynders pour le MR indique que pour souscrire à un tel scénario il lui faut des assurances sur le programme d’un tel gouvernement ou à un défaut un gage de confiance. Une partie de la conversation va ensuite tourner autour de l’entrée du MR dans les gouvernements régionaux et communautaires. Guy Verhofstadt, tente une médiation en indiquant que si le MR doit consentir à la montée de plusieurs partenaires au fédéral il est juste, selon lui, que les libéraux francophones puissent en compensation obtenir leur place dans les majorités régionales. Joëlle Milquet puis Elio Di Rupo estiment que les deux échelons sont découplés et qu’une telle compensation n’a pas de raison d’être. Par la suite il sera question d’une entrée du MR « différée » , d’abord à pâques puis en 2009. CDH et PS refusent de prendre un engagement en ce sens.
La présidente du CDH interroge ensuite Guy Verhofstadt sur la position du SPA. Le premier ministre fait savoir que les socialistes flamands ne semblent pas disponibles malgré plusieurs tentatives d’approches. Didier Reynders, souhaitant toujours un gage de confiance de ses partenaires se heurte alors de nouveau à un discours commun du CDH et du PS. A l’évidence Joëlle (qui parle en premier) et Elio ont préparé l’entretien. Didier Reynders quitte alors le petit déjeuner, visiblement fâché. Verhofstadt poursuit la conversation quelques instants avec Joëlle Milquet, Elio Di Rupo et Jean-Michel Javaux. Le président des écologistes indique alors à ses interlocuteurs qu’il n’est pas particulièrement demandeur d’une entrée dans les gouvernements régionaux et communautaires. Fin de la réunion. Le premier ministre n’a pas réussi à mettre les francophones d’accord.
12 décembre 2007
Le MR peut-il se risquer à l'opposition ?

Problème depuis lundi le MR fait savoir urbi et orbi son peu d'enthousiasme pour la formule, surtout pour sa large composante francophone. Pour l'instant les libéraux s'en tiennent à un laconique " discutons du programme d'abord" mais on sent bien que le coeur n'y est pas.
Ce week end les réformateurs ont été tentés d'échanger leur soutien à la formule contre une entrée dans les gouvernements régionaux (l'information m'est confirmée à plusieurs sources dont certaines sont libérales, mais personne n'accepte de l'évoquer face caméra). Un "donnant-donnant" dont le PS et le CDh ricanent encore : l'hypothèse a fait long feu.
Pour le MR la situation est donc délicate : le pari de l' "orange bleue" a échoué, le poste de premier ministre semble acquis, pour l'instant, à un candidat flamand, et ses principaux concurrents électoraux (PS et CDH) ne sont pas écartés du pouvoir. Pire : il faut imaginer ce que donne la configuration "union nationale" en terme de mandats : le MR risque de n'avoir que 2 postes ministériels (en plus de la présidence du sénat)... soit autant que le PS (moins même si l'on doit prendre en compte le siège de commissaire européen). Ajoutez l'obligation de soutenir une réforme de l'Etat, et un programme socio-économique que les socialistes voudront "gauchiser" et les verts "ecologiser" (excusez ces néologismes). Bref, pas la formule gagnante.
Votre carte visa a-t-elle un goût de NVA ?
08 décembre 2007
Elio ramène Joëlle dans la coalition

07 décembre 2007
En attendant Yves Leterme
06 décembre 2007
Montrez-vous sur Facebook

Les hommes politiques ont compris l’intérêt de la chose. Etre sur facebook s’est mettre le pied dans un réseau où l’on peut faire passer ses infos, et surtout profiter d’une image techno, jeune et dynamique.
Sans surprise Elio Di Rupo a donc une présence militante sur Facebook et compte 277 amis à son actif.
Jean Michel Javaux, ecolo, 156 amis, affirme que l’outil est "passionnant".
Didier Reynders, sa vraie fiche est ici, compte 10 amis dont son frère et sa sœur. Joëlle Milquet n’a pas encore investi ce territoire (« toute modernité n’est pas toujours bonne à prendre » m’a répondu son porte parole visiblement peu intéressé par la chose). Plus amusant : les amitiés des uns et des autres. On notera que jean Michel Javaux est l’ami d’Anne-Marie Lizin. En revanche Elio et Didier, sur facebook, ne se sont pas rencontrés.
Coté flamand, un belle page pour Guy Verhofstadt, en revanche les profils d’Yves Leterme que j’ai trouvé ne semblent pas émaner de l’ex-formateur (glissons qu’il a peut être plus de temps pour jouer du clavier maintenant).
C’est un peu le problème et la limite de l’outil : sur Facebook on n’est pas toujours certain de l’identité de son interlocuteur. Un conseiller du ministre des finances m’indiquait la semaine dernière qu’il avait repéré 3 faux Didier Reynders. Cela peut être ludique, mais aussi dangereux. Méfiez vous donc des imitations.
04 décembre 2007
Pour son retour, Guy soigne les journalistes
La fin de l'orange bleue ?

03 décembre 2007
Une mission camouflage
01 décembre 2007
Comment Leterme a coincé le CDH
- Le formateur demandait à ses partenaires s'ils étaient d'accord pour que l'on puisse discuter de tout au sein de la Convention et du bureau restreint qui la dirigerait. Cela revenait à avoir un menu ouvert, où chaque parti pouvait à tout moment amener ses points. Le CDH avait fait part de ses réticences à un menu ouvert. Le MR l'envisageait e revanche comme possible, prévenant que dans ce cas là les réformateurs y déposerait le point "élargissement de bruxelles". bien entendu le fait de déposer un point n'est pas une obligation de résultat
- Acceptaient-ils que les Régions puissent octroyer des incitants fiscaux aux entreprises ? Là aussi le CDH avait publiquement fait part de ses réticences pour tout mécanisme susceptibles de créer de la concurrence entre les régions (si je ne me trompe pas c'est même rappelé noir sur blanc dans un communiqué de la semaine dernière). Pour le MR le seul tabou était l'Isoc (impôt sur les sociétés). L'appellation retenue ici était donc acceptable pour les libéraux.
- Les ex-futur coalisés acceptaient-ils que l'on vote la réforme de l'Etat avec une majorité des deux tiers sans garantir un équilibre entre francophones et néerlandophones ? Dans ce cas un seul parti francophone allié à tous les partis flamands pourraient constituer une majorité des deux tiers. Joëlle Milquet avait publiquement dit qu'elle voulait une majorité des deux tiers"équilibrée". Le MR était moins franc mais semblait partager le même point de vue (je me permet ici une parenthèse : en combinant les points 1 et 3 on voit qu'une grande réforme de l'état devenait possible). Ici encore, le CDH avait déjà répondu non avant même que la question ne soit formulée.
Bref, c'est évident Leterme et son entourage savaient pertinemment qu'ils ne pouvaient pas obtenir de"oui" à ces trois questions de la part du CDH. De même qu'ils avaient sans doute mesuré que le MR était plus ouvert à ces questions. Conclusion : le formateur a voulu faire porter la responsabilité de l'échec à Joëlle Milquet, et épargner Didier Reynders.
Suite logique : le CD&V devrait selon toute vraisemblance passer la main dans les prochains jours et le roi se verra obliger de recruter un nouveau formateur. Après Guy Verhofstadt, reçu ce samedi soir, Didier Reynders sera consuté ce dimanche. Il ne serait pas étonnant que le président du MR se retrouve en costume de formateur dans les heures ou les jours qui viennent.
Avec quelle coalition ? Mathématiquement (et à moins de travailler avec le VB) le CD&V est inévitable. Pas le CDH. Et même si Reynders prétendait bouter les rouges dans l'opposition, la longueur de la crise et l'impasse où nous nous trouvons peut tout à fait justifier le retour du PS dans la partie. Il va falloir que l'avenue de la toison d'or et le boulevard de l'empereur se téléphonent.