Le travail de Guy Verhofstadt n'est pas simple. Pour sortir de la crise le premier doit donc commencer par informer le souverain "sur la mise sur pied rapide d’un gouvernement intérimaire, chargé des affaires urgentes" ( attention c'est bien "informer" et pas "former" qui est le verbe utilisé par le palais). Depuis lundi la coalition la plus citée est une formule "2+4" : CD&V/NVA-VLD coté flamand, et MR-PS-CDH-Ecolo côté francophone.
Problème depuis lundi le MR fait savoir urbi et orbi son peu d'enthousiasme pour la formule, surtout pour sa large composante francophone. Pour l'instant les libéraux s'en tiennent à un laconique " discutons du programme d'abord" mais on sent bien que le coeur n'y est pas.
Ce week end les réformateurs ont été tentés d'échanger leur soutien à la formule contre une entrée dans les gouvernements régionaux (l'information m'est confirmée à plusieurs sources dont certaines sont libérales, mais personne n'accepte de l'évoquer face caméra). Un "donnant-donnant" dont le PS et le CDh ricanent encore : l'hypothèse a fait long feu.
Pour le MR la situation est donc délicate : le pari de l' "orange bleue" a échoué, le poste de premier ministre semble acquis, pour l'instant, à un candidat flamand, et ses principaux concurrents électoraux (PS et CDH) ne sont pas écartés du pouvoir. Pire : il faut imaginer ce que donne la configuration "union nationale" en terme de mandats : le MR risque de n'avoir que 2 postes ministériels (en plus de la présidence du sénat)... soit autant que le PS (moins même si l'on doit prendre en compte le siège de commissaire européen). Ajoutez l'obligation de soutenir une réforme de l'Etat, et un programme socio-économique que les socialistes voudront "gauchiser" et les verts "ecologiser" (excusez ces néologismes). Bref, pas la formule gagnante.
Depuis 2 jours l'état major des bleus francophones menacent donc de réfléchir à l'opposition. C'est un peu "retenez moi ou je fais un malheur". Didier Reynders semble donc en difficulté : renoncer au gouvernement fédéral c'est prendre le risque de bloquer toute solution et de passer pour un "facteur de crise". Y entrer c'est se contenter d'un rôle mineur et reconnaître l'échec de la stratégie menée pendant plusieurs mois. A trop vouloir isoler et affaiblir le CDH au lieu d'en faire un partenaire, Didier Reynders a contribuer au renversement de situation que l'on connaît aujourd'hui.
Pour l'instant le vice-premier ministre tente de gagner du temps : parlons d'abord programme assure-t-il. Mais il faut le souligner : exiger maintenant une discussion approfondie sur le programme entre en contradiction avec l'exigence royale d'une mise sur pied rapide d'un gouvernement intérimaire. Il ne saurait être question de repartir de zéro et Didier Reynders le sait bien. Comme ses adversaires doivent aussi savoir que laisser le MR seul dans l'opposition est contraire au signal de l'électeur et à double tranchant pour les régionales de 2009.
9 commentaires:
Il y a tout de même un problème. Si on suit les discours actuels, Ecolo ne s'engagera pas dans un gouvernement sans les 2/3 assez large pour que la NVA ne soit pas incontournable. Et sans le MR, il n'y a pas de majorité côté francophone puisque cdH + PS n'ont que 30 sièges sur les 62 francophones. Le MR ne peut donc pas être dans l'opposition sauf à empêcher un gouvernement. C'est donc purement stratégique, cette position. Verhofstadt vient de dire qu'il ne voulait pas être premier ministre même intérimaire ce qui laisse la place à Didier Reynders.
Didier Reynders a bien raison d'hésiter. Refuser d'entrer dans un gouvernement anti-démocratique qui ne tient pas compte du résultat des urnes est un acte responsable. Car du côté francophone, c'est un un remake de l'école des fans: "tout le monde a gagné". Quelle honte Monsieur Di Rupo et Madame Milquet de bafouer ainsi le droit des électeurs.
nous sommes tous conscients de l'urgence...mais la précipitation n'est pas toujours bonne conseillère...je suis persuadé qu'un gouvernement de fausse union nationale, comme proposé car seuls les 4 partis du sud s'uniraient, n'est pas la solution pour répondre aux problèmes des gens....et en plus, en dehors de tout aspect victoire/défaite, la voie choisie le 10 juin par l'électeur pour sortir de la situation actuelle est celle proposée par le MR...il me semble donc normal que DR ne souhaite pas s'engager sans garantie sur quelques points clés du programme en vertu duquel il a été élu. Le contraire serait ne pas respecter le message de l'électeur et, en démocrate convaincu, je ne pourrais le comprendre. La composition peut donc être large mais le programme doit suivre un "fil bleu"...c'est aux autres partenaires à accepter cette réalité, ce qu'ils ne semblent pas vouloir faire.
Un peu d'humilité de leur part serait la bienvenue...
Pour une fois, je ne rejoins pas tout à fait ton analyse. Un refus du MR ne bloquerait pas tout, ne serait pas "facteur de crise". Rien n'empêche en effet de former un Olivier (gouvernement de gauche, sp.a et Groen accepteraient donc), avec le soutien extérieur du VLD pour la réforme de l'état.
Certes, cela n'enchanterait pas le cartel. Il aurait peut-être dû y songer avant de saborder l'orange bleue...
Je me demande une chose. Est-ce que le fait de ne pas monter au gouvernement sera considéré par les électeurs comme un refus de prendre ses responsabilités de la part du MR ou au contraire, les électeurs considéreront-ils que le MR a bien fait de choisir l'opposition puisqu'il n'aurait pas pu appliquer son programme.
Je ne comprends d'ailleurs pas bien la raison pour laquelle on prend 4 partis francophones... Mais enfin! A noter, que le PS est la girouette de service. Comme je l'écrivais dernièrement sur mon blog, il y a quelque temps le PS s'écriait partout que le MR allait céder aux exigences flamandes, qu'il ne pensait qu'aux régionales de 2009... t puis là, le CD&V appelle le PS dans le but de faire une réforme de l'Etat, et le PS a l'air d'accord de revenir au gouvernement. Soit, il ne pense qu'au gouvernement, et sa critique envers le MR est uniquement politicienne, soit je ne comprends pas trop ce qu'il vient faire au gouvernement, puisqu'il est totalement opposé à une réforme de l'Etat...
Que l'analyse me semble juste...
On ne peut plus se payer le luxe d'exclusives: la situation politique s'est engluée en 6 mois jusqu'à arriver à une forme de crise de régime.
D'une difficulté de s'accorder entre "oranges et bleus", on a vu apparaitre des problèmes communautaires, qui se sont très vite aggravés, jusqu'à connaitre des moments que je juge graves (je pense principalement au vote flamands contre francophones sur la sission de BHV en commission de l'intérieur). Et c'est devenu une crise presque de régime pour la Belgique.
6 mois après les élections et au vu de ce qui précède, je pense qu'aucun parti politique francophone ne peut se permettre le luxe de faire des exclusives (au-delà des partis démocratiques bien sûr).
Les gueguerres entre responsables politiques, faut que ça cesse.
La responsabilité collective, le sens de l'intéret collectif des gens doivent prendre le pas sur les intérêts personnels des politiques ou de leur parti. La situation est assez grave, il faut arrêter de jeter de l'huile sur le feu, comme il faut arrêter de penser à l'intéret de son parti ou du poste ministériel qu'on risquerait de perdre...
Il est l'heure de retrouver son calme et de trouver un équilibre à ce pays.
Perso, je ne comprends pas pourquoi il faut une majorité des 2/3 pour un gouvernement intérimaire qui n'aborderait pas les questions institutionnelles. De plus, si on veut un gouvernement d'union nationale, il faut que cette union vienne du sud mais aussi du nord. Je trouve l'argument de M. Reynders très juste : pourquoi les francophones devraient donner cette majorité alors que c'est les Flamands qui souhaitent cette réforme de l'Etat ? Les Flamands ont cas se mouiller et plus particulièrement le SPa.
Par rapport au post de Christie (Vice-présidente du PS)...laissez-moi rire ! Pas d'exclusives : message clair en direction du MR. L'open VLD n'a pas d'exclusive ? Le gouvernement d'union nationale est aussi une exclusive car les formules pour un gouvernement intérimaire sont nombreuses ; or le PS n'en souhaite qu'une seule. En d'autres mots, le PS dit "pas d'exclusive entre partis" mais prone une exclusivité de la formule...quelle cohérence ? N'est-pas là une volonté de fermer le jeu par pure tactique politicienne ?
Je ne suis pas favorable à un gouvernement nationale car c'est très dangereux : imaginons-nous un gouvernement avec la formule 4+2 et que celui-ci s'attaque au coûts de l'énergie. Le PS propose de fixer un prix maximum comme Ecolo ; le MR, l'Open VLD et le Cd&V (et le CdH dixit le pré-accord de l'orange bleue) n'en veulent pas...une crise dans la crise ! On peut peut-être se passer d'une crise dans le gouvernement intérimaire. Enfin, dans une bonne démocratie, laisser la seule opposition à l'extrême droite n'est pas une bonne solution.
avec alex voilà un non vice président du PS mais bien informé également...
Cela fait combien de " Controverse" successifs avec Jean-Marie De Decker ? Il campe sur le plateau de RTL-TVI, now ? Lourde responsabilité de RTL que d'assurer la promo de ce droitier extrême puisque celui-ci a déjà annoncé qu'il déposerait des listes en Wallonie en 2009 avec le patron de Lidl...
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