09 décembre 2006

La fête de l'esprit


C’est une expression employée fréquemment par un membre du gouvernement régional « le parlement wallon ? » raille-t-il en glissant un regard oblique vers son interlocuteur, « cette fête de l’esprit ? ». La boutade dit toute l’estime que le ministre porte à ceux qui sont censés le contrôler. On ne saurait trop le blâmer : le niveau du débat parlementaire à Namur dépasse rarement les quelques mètres au dessus de la Meuse qui permettent au bâtiment de ne pas être inondé en cas de forte crûe.
Le spectacle offert cette semaine par la commission « immo-congo » ne déroge pas à la règle. Le sommet du genre « parlementaire cloche merle » a été atteint ce jeudi avec l’audition de Marie Dominique Simonet (CDH) et Jean Claude Van Cauwenberghe (PS). La première n’était pas ministre au moment des faits (elle dirigeaient alors le port de Liège, c’était sans doute très loin de Kinshasa), elle fût pourtant auditionnée près de 5 heures. Le second est au centre de l’affaire : il était ministre président wallon, a permis à l’une de ses connaissances d’être « récupérée » alors que le marché lui avait échappé : les députés wallons l’ont entendu pendant 3 heures seulement. Si la durée est révélatrice l’ambiance l’était plus encore. Face à Marie Domnique Simonet les députés socialistes et réformateurs se sont montrés pugnaces, intraitables, agressifs parfois et souvent de mauvaise foi. Il fallait absolument faire dire à Marie Dominique Simonet que c’était un acte politique (comprenez politicien) que de transmettre le dossier « immo congo »à la justice. Qu’elle n’avait pas de preuve contre Van Cau et que tout cela s’était fait sur ordre de sa présidente de parti. Les questions étaient très répétitives. Et on ne peut pas dire que le talent oratoire de ceux qui les posaient permettait de rendre le débat passionnant. En début d’après la quasi totalité des journalistes avaient d’ailleurs fini, lassés, par quitter la salle.
Jean Claude Van Cauwenberghe, qui était entendu par ses collègues puisqu’il est désormais redevenu "simple"député wallon, eut droit à un autre traitement. D’abord un long exposé de près d’une heure, sans aucune interruption. Ensuite une séance de questions polies, sans réelle contradiction à l’exception du député CDH Michel Lebrun. Van Cau est pourtant au centre de l’affaire. Sa déclaration était en complet décalage avec celles d’Hervé Hasquin , ou Philippe Suinen, entendus précédemment, mais les députés l’ont à peine relevé. Son manque d’explication sur des points cruciaux est presque passée inaperçu (ainsi lorsqu’on lui demande pourquoi le nom de la société Capamar , qui figure dans un document de la communauté française, est remplacé par l’expression neutre « une société wallonne » dans un document du gouvernement wallon signé de sa main, Van Cau dit juste qu’il ne sait pas comment cela est arrivé, ses collaborateurs non plus paraît-il, et aucun député n’ose aller plus loin dans l’interrogatoire°. On concédera que Van Cau était « à l’aise » , qu’il avait bien préparé son intervention et que son charisme est réellement supérieur à celui de Marie Dominique Simonet. Il n’empêche : on a eu l’impression , pour paraphraser un proverbe chinois, que les députés wallons cherchaient plus de poux au sage qui montre la lune qu’à la lune elle-même. L’entente MR-PS pour défendre les exécutifs sortants et tenter d’éclabousser le CDH était évidente. On corrigera donc l’ironique ministre : « le parlement wallon ? la fête de l’esprit…partisan ».

1 commentaire:

Tom a dit…

J'étais aussi présent lors de l'audition de Van Cau. Je partage totalement votre impression. Il est dommage que le travail démocratique soit à ce point occulté par des guéguerres de partis. En tous les cas, je ne sais pas quels sont les soutiens de Van Cau mais ils doivent être sérieux pour n'avoir pas encore été inquiété par la justice, vu le nombre « d’affaires » dans lesquelles sont nom est cité. Et ce n’est pas cette commission qui le mettra en difficulté.