16 décembre 2006

Une erreur, pas de sanction


Le conseil d’administration de la RTBF a donc reconnu ce vendredi soir des « erreurs importantes » (ce n’est pas rien, mais le qualificatif de « faute » n’a pas été retenu), tout en confirmant sa confiance dans « les équipes de la RTBF, journalistes, hiérarchie et équipe dirigeante ». Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les termes du communiqué ou sur l’absence de sanction (il est vrai que travaillant pour la chaîne concurrente je ne suis pas le mieux placé dans ce débat). Je me crois cependant autorisé à soulginer deux points :
1) Il existe un décalage entre les condamnations fortes d’Elio di Rupo et Fadila Laanan au soir de la diffusion de ce programme et le communiqué du conseil d’administration, alors que les représentants du parti socialiste y disposent d’une majorité absolue.
2) L’annonce de la création d’un comité de déontologie interne est injurieux pour mes confrères de la RTBF. De telles questions de déontologie sont évidemment tranchées quotidiennement par chacun des journalistes à l’occasion de chaque reportage. On notera que des journalistes ont refusé de participer à l’émission et que d’autres (dont plusieurs chefs de services directement concernés par la thématique) ont été soigneusement tenus à l’écart de ce projet. La société des journalistes, dans ce débat a clairement joué son rôle. La « qualité déontologique » de l’ensemble de la rédaction n’est donc pas en cause, c’est bien celle des porteurs du projet et de la haute hiérarchie qui pose (posait ?) question. Le conseil d’administration a donc habilement déplacé le débat là où il ne devait pas avoir lieu.

Pour terminer, une anecdote. Ce vendredi après midi, au moment ou le conseil d’administration de la RTBF était réuni, le président de la société des journalistes de RTL TVI interpellait le rédacteur en chef de la chaîne privé après la diffusion dans le journal de 13 heures d’un reportage que plusieurs journalistes considéraient comme douteux. Consacré au « raid turquoise » on y voyait un protagoniste interviewé devant le drapeau de ses sponsors, ce que nous considérions comme déplacé. Le reportage n’a pas été rediffusé à 19 heures. Si je révèle cette anecdote , c’est pour indiquer que contrairement à ce que pensent beaucoup d’intellectuels, éditorialistes, et même quelques confrères, les journalistes de RTL TVI n’ont peut être pas tant de leçons à recevoir en matière de déontologie.
Il fut un temps pas si lointain, pourtant, ou un présentateur de la RTBF estimait nécessaire d’avertir son propre public que le premier ministre n’était pas « en vrai direct » sur la chaîne concurrente.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme d''hab' dans ce pays, il n'y aura pas de sanctions. C'eut pourtant été la manière de tourner définitivement la page de ce qui est - malgré tout ce que l'on pourra dire - un dérapage. Mais que verra-t-on à l'avenir ? Philippot and Co le petit doigt sur la couture du pantalon face aux Politiques qui l'ont nommé et l'ont sauvé. Ce sera : "Souviens-toi qu'on a passé l'éponge, mais il n'y aura pas de deuxième fois". Célestin

Anonyme a dit…

C’est simplement la victoire de l’Audimat ! En effet, pourquoi sanctionner les gens qui ont propulsés la rtbf au sommet des audiences (l’espace d’un instant)? Car c’était bien une opération de promotion reposant sur la principale qualité de la rtbf : sa crédibilité !
C’est comme si un athlète, pour courir plus vite, s’allégeait par l’amputation d’une jambe !
Tout ça finalement au détriment du débat sur le communautaire devenu "prétexte" à un coup de poing médiatique. Il fallait bien que le débat soit fédérateur pour que le canular fonctionne. Alors oui, ils ont réussi leur coup, mais à quel prix !
La fonction du Journaliste est de rapporter ce qu’il voit et entend, pas de faire la mise en scène d’une fausse information tout en la commentant comme si elle était véridique… suscité des émotions c’est le travail (tout aussi honorable) des Artistes !
Si l’opération avait été mené par des comédiens professionnels, j’aurai trouvé l’action audacieuse, politiquement incorrecte mais efficace (en effet, qu’y a-t-il de plus jubilatoire pour un média de s’imposer dans les reportages de ses concurrents ?).
Ce manque de sanction à l’égard des responsables de cette mauvaise farce constitue un dangereux précédent. Le publique est en droit de penser qu’une rédaction en manque de scoops, peut se les fabriquer en toute impunité… au nom de l’Audimat ! Comble du cynisme, tout ceci est réalisé avec l’argent public. Nous payons donc tous pour être trompé par des gens dont le sacerdoce (du moins je le pensai) était de témoigner de la vérité ! Apparemment, pour ces gens, la vérité ne fait plus assez d’audience !
Si mon médecin use du même type de déontologie, il y a des chances pour qu’il m’inocule une cochonnerie sous prétexte qu’il est possible, selon lui, qu’un jour je l’attrape naturellement.