J’avais souligné sur ce blog la mise en « image » des entretiens de personnalités politiques au journal « le Soir ». « La Libre » riposte ce mardi en diffusant également une version vidéo de l’entretien que lui a accordé le premier ministre. Au cas où le lecteur se demanderait quel est l’intérêt de l’opération, un billet « d’ambiance » (???) de Pierre-François Lovens précise qu’il s’agit de la nouvelle démarche voulue par les actionnaires de la Libre : le « pluri-média » en l’occurrence la déclinaison papier, radio, internet du même contenu. Si vous visionnez le montage de 5 minutes (je suppose que l’intégrale occupait trop de mémoire pour être mis en ligne in extenso) vous percevrez les mêmes imperfections techniques que pour le concurrent du groupe Rossel : recadrages fréquents, balance des blancs automatique conjuguée à un contre jour (cela donne un premier tout bleu) et surtout une prise de son lointaine où l’ambiance couvre parfois la voix de Guy Verhofstadt. Mais il parait que les internautes pardonnent beaucoup de choses si le contenu vaut la peine (pas sûr que cela soit le cas ici).
Les groupes IPM et Rossel se marquent désormais à la culotte et entament clairement la marche vers des plates formes multimédia au départ de leur site internet. Les deux quotidiens tentent désormais de s’imposer sur tous les supports de l’infos, en espérant créer un effet de « marque », tiré par la notoriété de leur titre papier. La démarche n’est pas encore aboutie, on peut ainsi se demander pourquoi l’entretien du premier ministre n’est pas accessible au départ de la rubrique « libre tv », ce qui serait un cheminement logique pour l’internaute, mais l’intention y est.
La question est maintenant de savoir si la DH, Sud Presse ou Vers l’avenir vont aussi ouvrir un département « vidéo » ou « podcast ». Et si RTL ou la RTBF ont les moyens de produire du « texte » capable de rivaliser avec celui des sites de presse écrite. Je ne dévoile rien en indiquant que la création du département RTL Digital s’inscrit dans cette réflexion.
La presse écrite a incontestablement des atouts (identité forte des journaux, rédactions importantes et signatures spécialisées) mais les médias audiovisuels font peut être preuve jusqu’à maintenant d’une plus grande maîtrise technique dans la diffusion et la mise en forme .de vidéos et des podcasts. Les uns et les autres pourraient aussi se ringardiser avec l’apparition, en Belgique également désormais, de blogs spécialisés (je signale celui-ci, réalisé par un étudiant en journalisme et où l’on peut entendre des interviews podcasts (de Javaux et Reynders -je n'ai écouté que le premier pour l'instant, les questions sont un peu longues, mais la tonalité est séduisante - merci à Damien Van Achter de l'avoir repéré ).
Avec une question subsidiaire : si tout le monde se retrouve sur le même terrain, dans 5 ans, quels seront ceux qui sont encore vivants ?
4 commentaires:
C'est clair qu'il y a encore du boulot, mais la démarche est plus qu'intéressante. C'est maintenant que les canards vont se rendre compte de l'absurdité d'avoir attaqué Google... Qui va leur driver du trafic vers ces nouveaux contenus ? Les survivants seront peu nombreux, à n'en pas douter
La pression de certains éditeurs de journaux pour forcer leurs journalistes à devenir "multimédias" est tout à fait délirante. Ils ignorent, ou feignent d'ignorer, que chaque média, écrit, audivosuel ou électronique, a ses métiers spécifiques, et qu'on ne saute pas impunémeent de l'un à l'autre. Le résultat désastreux est ce qu'on peut voir sur le site de la "Libre". À la limite, c'est réjouissant: l'absurdité de la démarche est ainsi démontrée, et il faut espérer que les journalistes écrits qui, là bas et ailleurs, se verront imposer l'exercice, feront preuve de la même maladresse technique.
Une autre question de fond se pose: comment réaliser une bonne interview à la fois écrite et audiovisuelle? La réponse coule de source. Le secteur audiovisuel qui avait lancé l'expérience des "Journalistes reporters d'images" (JRI) en est lui-même tout doucement revenu: on s'est bien rendu compte que veiller à la qualité des images et du son empêche de se concentrer sur l'interview, qui, du coup, devient pertinente.
La lutte pour la qualité de l'information est plus que jamais d'actualité. Aux journalistes de la défendre contre, ô paradoxe, leurs propres éditeurs!
Je trouve la démarche trés intéressante. Mais je crois quand même que la presse traditionelle est morte. Les blogs sont nos vecteurs d'information maintenant. La presse officielle ne représente plus qu'elle même. Les journaux ne sont plus lus... pauvres journalistes. Vous devez plutôt vous ouvrir aux nouvelles technologies... car votre métier est en voie de disparition. A chacun sa révolution, et la votre est technologique. Quand j'entends parler de qualité je reconnais là les corporatistes de tout poil. Ouvrez vous messieurs et mesdames ou vous êtes une espèce en voie d'extinction.
Il faux de dire que les journaux ne sont plus lus, que du contraire... Une récente étude vient encore le confirmer http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-865332@51-854446,0.html
Au lieu d'être une espèce en voie d'extinction, les journalistes doivent développer de nouvelles aptitudes en phase avec l'évolution du net notamment. L'arrivée de la vidéo sur le site du Soir est un premier pas vers des développements multimédias plus importants pour le quotidien si j'ai bien compris...
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