06 février 2007

Monsieur ni-ni


C’est désormais une posture revendiquée et répétée (martelée, même) à chaque interview. Guy Verhofstadt dans les matières institutionnelles ne souhaite « ni le séparatisme, ni l’immobilisme ». Cette position « ni-ni » élaborée pour le discours des vœux au plais royal est désormais la ligne officielle du premier ministre. Elle permet au premier de ne froisser ni les francophones ni les néerlandophones.
Ainsi, coté flamand, la déclaration du premier est tout à fait compatible avec le programme du VLD : il faut à terme, renoncer aux facilités ou régionaliser la politique de l’emploi. Mieux, même : n’ayant pas pris les francophones de front, comme son collègue et concurrent Yves Leterme, les chances de Verhofstadt d’aboutir à ses fins (en tout cas partiellement) dans un débat communautaire pourraient paraître plus grandes auprès de l’opinion publique du nord. Le premier, en jouant habilement la carte de « candidat premier », concilie deux arguments électoraux : la stabilité de l’Etat, dont il est le garant, et le réalisme politique.
Coté sud, Guy Verhofstadt paraît tout aussi gagnant. Face aux journalistes francophones, Verhofstadt ne renie pas son programme, mais déporte le débat : ce n’est pas l’essentiel assure-t-il, priorité au dialogue, c’est là la nouveauté. Même si la ficelle est un peu grosse, le premier est passé maître dans l’art de l’esquive. Il peut ainsi paraître, coté francophone, comme le moins « flamands » des candidats premiers néerlandophones. L’axe Reynders-Verhofstadt, de plus en plus visible, permet également de rassurer les francophones les plus anxieux.
Au nord, comme au sud, c’est donc une position habile. Reste à voir, si en cas d’emballement communautaire, la posture du « ni-ni » sera tenable jusqu’au 10 juin… ou même après.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut reconnaître que Guy Verhofstadt a réussi le début de sa campagne électorale tant au Nord qu'au Sud du pays. J'approuve l'attitude de Didier Reynders qui se dit prêt à dialoguer avec les Flamands et donne incontestablement une meilleure image des Wallons en Flandre. Elio Di Rupo évoque aussi les qualités de son alter ego Johan Van de Lanotte. Pour Joëlle Milquet, c'est plus difficile : ce serait suicidaire de sa part de se présenter aux côtés d'Yves Leterme. Le front de refus des francophones n'a aucun sens car ils seront obligés de négocier après le 10 juin avec les partenaires flamands. Je suis persuadé qu'avec un peu de tolérance et de dialogue, on peut arriver à une réforme de l'Etat positive pour tous.

Anonyme a dit…

Même si nous sommes en plein contexte de campagne électorale, je trouve que le programme communautaire du VLD est bien plus modéré qu'attendu.
Du côté des médias francophones, il faudrait arrêter de mettre systématiquement en doute tout ce qui provient du Nord du pays même quand il s'agit de propositions qui pourraient renforcer la Belgique fédérale.
Lorsque Verhofstadt propose la mise en place d'une circonscription électorale nationale, c'est une initiative courageuse, surtout dans le climat politique flamand actuel qui le fait passer pour un "Belgicist" dans tous les grands médias, et pour laquelle il ne reçoit, à mon humble avis, pas assez de soutien du côté des francophones en général.

C'est vrai que le VLD veut également scinder la politique de l'emploi mais il est aussi prêt à "refédéraliser" d'autres matières.

En un mot comme en cent, c'est en écoutant et discutant avec ce genre de courant flamand modéré (qui commence petit à petit à se faire entendre en Flandres...mais que c'est difficile!) qu'on pourra réaliser une réforme de l'Etat saine et profitable à tous les Belges. Il faut encourager ce genre de discours et arrêter de constamment l'analyser de manière cinique et diabolisée comme c'est trop souvent le cas du côté des journalistes francophones.

Gilles de BPlus (www.bplus.be)
gilles_vdb@hotmail.com

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec le commentaire ci-dessus de Gilles. Je pense que l'idée d'une circonscription nationale permettrait de diminuer les querelles communautaires et renforcerait le dialogue entre Flamands et Wallons. Il faudrait aussi refédéraliser certaines compétences (le commerce extérieur par exemple). Enfin, une réforme du Sénat s'impose.

Anonyme a dit…

Gilles a raison : la presse francophone (à l'exception dernièrement du "Vif-l'Express") ne donne pas assez la parole aux Flamands modérés qui défendent également la Belgique et la monarchie. Je regrette aussi que les journalistes n'interviewent jamais les représentants du parti B.U.B. (Belgische Unie-Union Belge) regroupant des Flamands, des Wallons et des Bruxellois qui sont pour le maintien de la Belgique fédérale. Ils n'ont pas une solution à tous les problèmes mais ils méritent au moins d'être écoutés dans une démocratie. Un rapide coup d'oeil sur leur site Internet vous permettra de juger de la pertinence de leurs idées. Et Monsieur Grosfilley, à quand un article consacré à ces petits partis dont on ne parle jamais? Vive la Belgique! Vive le Roi!