Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley
30 avril 2007
Participez au débat
Duels en série

Le leadership francophone : PS et MR seraient donc en recul par rapport aux élections de 2003. Comme ce recul est également présent coté flamand on peut en conclure que les jours de la violette sont comptés. PS et MR se sont rendu comptes que s’ils reculent tous les deux et qu'il faut bien faire une (petite) place au gagnant seul l’un des deux pourra se maintenir au gouvernement. Dans cette perspective la place de première formation francophone reste un atout de taille, et perdre moins que son concurrent direct un argument supplémentaire. PS et MR sont donc en concurrence pour rester au pouvoir, avec pour l’instant un avantage chez les rouges, ce qui explique sans doute la stratégie des bleus : pour être sûr de rester dans la coalition, mieux vaut viser la première place, quitte à passer pour agressif et prendre le risque de tout perdre.
La deuxième place : si le PS conserve la première marche du podium, MR et CDH se disputent la deuxième place. Le MR a là une longueur d’avance. Mais le parti de Joëlle Milquet bénéficie d’un mouvement positif constant depuis plusieurs scrutins. Les centristes savent qu’à défaut d’être devant le MR, en enregistrant une nouvelle progression ils seront idéalement placés pour revenir au pouvoir. Le slogan "c'est l'heure" placardé lors du dernier congrès traduit même une certaine impatience. Tous les amateurs de football politique le savent : c’est au centre que la plupart des rencontres se jouent, et c’est donc là que la bataille est la plus âpre. On peut y ajouter un antagonisme personnel réel : Joëlle Milquet et Didier Reynders on toujours du mal à se parler.
Le gagnant des gagnants : CDH et Ecolo sont les partis en forme du moment. Etre le plus en forme des deux se joue sur deux critères : le plus fort score et la plus forte progression. L’avantage est pour l’instant au CDH mais les écolos savent qu’ils surfent sur un thème porteur (le climat). Les deux formations se disputent en outre un terrain fertile : l’éthique en politique.
Le match de la gauche : Ecolo depuis plusieurs mois affiche l’ambition de passer la barre des 10 pourcents. En privé certains de ses responsables mettent même la barre bien plus haut. Certes le parti vert a pris en 2003 une raclée monumentale, faire mieux est de l’ordre du possible, même sans se forcer. Mais pour faire mieux que mieux les écologistes devront prendre des voix au PS. La phrase de Jean Michel Javaux « le PS n’est pas le gardien de la gauche » prononcée à Mons doit être perçue par les socialistes plus comme un avertissement que comme une provocation.
Ajoutez le match Leterme-Verhofstadt au nord (avec avantage au premier pour l’instant). La liste n’est pas exhaustive, mais je crois qu’elle permet déjà d’y voir un peu plus clair.
28 avril 2007
Le 10 juin se joue sur le net
Le débat sur internet est plus vif, plus partisan, contradictoire et complet que sur aucun autre média (tv comprise) : suivez les ramifications de site en site, vous aurez à la fois les infos et le spectacle. Observez enfin l’essor des « blogs citoyens ». La Belgique s’apprête à vivre dans les deux mois qui viennent le phénomène observé et souligné en France. Soulignons encore que 400 000 nouveaux électeurs voteront la première fois le 10 juin : des jeunes, qui surfent sur internet. Avec un rappel à l’ordre : être le plus présent dans la blogosphère ne vous assure pas de gagner les élections.
27 avril 2007
Fallait-il faire le "débat national" ?

La couverture de la campagne électorale se divise en deux périodes : une période de prudence, au cours de laquelle nous respectons les équilibres de l’assemblée sortante, et une période de campagne à proprement parler où nous nous efforçons d’arriver à une égalité de traitement entres les formations démocratiques.
Le « débat national » intervient donc dans la première période dite de « prudence » (la période de campagne débute 40 jours avant l’élection, donc, pour ces législatives 2007, le premier mai). Durant cette période pas d’égalité de traitement entre les formations politique mais un équilibre correspondant au rapport de force des élections de 2003. Dans cette période il faut comptabiliser le débat national ET le grand défi de Louis Michel. Le temps de parole PS/MR ne semble pas, vu de mon bureau, si déséquilibrée.
20 avril 2007
Parenthèse française
Frictions de fin de législature

C’était sans compter sur les caractères forts de Jean Marie Happart et Anne Marie Lizin. Le groupe PS depuis hier fait donc entendre sa différence au sénat. A tel point que le MR a à son tour ruer dans les brancards : du genre « si le PS fait savoir qu’il a des états d’âme alors nous aussi, pas question d’être les seuls à respecter la consigne de vote ». Ce vendredi Didier Reynders et Christine Defraigne (chef de groupe au sénat) se sont donc retrouvés face à Philippe Moureaux et Frédéric Delcor (chef de cabinet d’Elio Di rupo) à la chancellerie du premier ministre. Guy Verhofstadt et Rennaat Landuyt (SPA) en position d’arbitres n’ont pas pu dénouer la crise. En commission Jean Marie Happart a donc voté contre l’ouverture à révision du 195, Anne Marie Lizin, puis le groupe MR se sont abstenus. En soi ce n’est pas une catastrophe. Le vote est resté positif (6 voix « pour », 4 « contre », et 4 abstentions) et à la chambre déjà Olivier Maingain s’était abstenu. Sur la forme en revanche cela indique une certaine instabilité de la coalition violette. Guy Verhofstadt, intervenu personnellement à deux reprises n’a plus les moyens d’imposer une ligne de conduite à l’ensemble des sénateurs de la majorité. Le fait que l’une des « rebelles » soit tête de liste au sénat ne simplifie pas les choses. On peut donc s’interroger sur la sincérité de l’accord passé entre partenaires de la majorité. Soit Elio Di Rupo n’est mesure d’imposer un vote à tous les sénateurs socialistes, Anne Marie Lizin y compris. Soit il a décidé de laisser une marge de manœuvre à la présidente du sénat en pleine campagne électorale. Stratégie dangereuse. Si la semaine prochaine, lors du vote en séance plénière le 195 venait à être recalé (on en est pas encore là, mais cela fait désormais partie des scénarios possibles) l’hypothèse d’une reconduction de la coalition violette aurait pris un sacré coup.
19 avril 2007
Le CDH découvre la vidéo

18 avril 2007
Une campagne en panne de projets
Depuis plusieurs mois je vois pour ma part quatre thèmes dominants.
1) L’enjeu climatique
En France cette thématique portée par Nicolas Hulot a fait l’effet d’un feu de paille : montée très haut avec le pacte écologique elle a perdu du terrain ensuite. Chez nous la question du réchauffement climatique reste un thème important, relancé par la réunion du GIEC à Bruxelles. On peut même écrire que cette thématique a « structuré » la première partie de la campagne, permettant à chaque formation d’avancer un programme et un positionnement spécifique.
2) Le débat institutionnel et communautaire
C’est une question plus permanente et plus délicate pour les partis politiques. Permanente parce que le débat communautaire est une réalité et que les négociations gouvernementales de l’après élection tourneront autour de cette question. Délicate puisque la tactique impose de respecter un « front francophone ». Le CDH s’est toutefois démarqué en évoquant un « stop institutionnel », cependant peu réalisable en pratique. Ce débat communautaire est l’occasion de muscler les discours des ténors. Ce débat avantage les deux plus grands leaders francophones : Didier Reynders peut se prévaloir de la présence à ses coté du FDF, la formation politique la plus présente sur cette question, tandis qu’Elio Di Rupo, fort de son statut de ministre président wallon et fréquemment pris à parti par la presse flamande en tant que président du PS, se pose en « rempart » des francophones.
3) La bonne gouvernance et les affaires
Le thème est prégnant depuis les affaires carolorégiennes et a déjà fortement marqué les élections communales. Le parti socialiste est le plus en difficulté sur cette thématique. Soumis aux aléas de l’actualité et des enquêtes judiciaires ce thème est aussi celui qui peut le plus alimenter une défiance générale vis à vis des partis politiques traditionnels.
4) Les alliances possibles
Ces questions occupent une bonne partie des interviews politiques. Si le discours officiel indique souvent que les « électeurs choisissent » et qu’il est prématuré de répondre à cette question, la thématique est en réalité abordée presque en permanence tout au long de la campagne. Les récents propos de Serge Kubla ou ces déclarations de Didier Reynders au journal Métro indiquent que le MR en fait un thème central de cette seconde partie de campagne. Cette thématique produit, pour l'instant l'effet suivant : PS et CDh d'un coté, MR-écolo de l'autre.
Au final on constate que des questions centrales comme l’emploi, l’économie, la dette, la sécurité ou la politique étrangère ne sont pas aujourd’hui des thèmes dominants de cette campagne électorale. Ce relevé est évidemment très subjectif, et je n’ai pas les moyens d’être plus précis (sans doute un travail plus scientifique est-il mené dans l’une ou l’autre université). Il sera intéressant de voir si les congrès de parti et les meetings programmés à partir de la fin de la semaine modifient cette « cartographie thématique ».
Un appel à l'incivisme
17 avril 2007
Opel après VW

Pourquoi la France nous passionne ?

Interrogé par l’Agence France Presse sur l’engouement du public belge vis à vis des élections présidentielles, je me dis que c’est l’occasion de partager quelques éléments de réflexion avec vous. Il est toujours délicat de décréter que le grand public se passionne pour un sujet. Depuis quelques semaines la presse, écrite ou audiovisuelle, multiplie les reportages, interviews et autres analyses sur la campagne électorale française. Partons du point de vue que les médias ne se trompent pas complètement, et que, connaissant leur public et à la manière d’un bon baromètre, ils nous indiquent un véritable intérêt de l’opinion belge pour la présidentielle française. Comment l’expliquer ?
- Le débat français est vécu chez nous comme un divertissement. Le citoyen belge, en position de spectateur et non pas d’électeur, peut à sa guise se passionner, commenter, critiquer une élection, qui a une dimension ludique à mille lieu du vote obligatoire. La démocratie française est une représentation théâtrale tandis que notre vie citoyenne est une corvée.
- Le débat français, avec son scrutin majoritaire à deux tours, favorise la bipolarisation (droite-gauche), les positionnements manichéens et les victoires franches (un camp perdant, l’autre gagnant) alors que notre système proportionnel et nos coalitions peuvent être vécus comme un compromis permanent, peu lisible et où le choix de l’électeur se dilue dans les négociations d’après scrutin.
- Le scrutin présidentiel est personnalisé à l’extrême et joue sur un lien direct et souvent émotionnel entre le candidat et la nation. En Belgique la campagne est plus ou moins collective. Le président français incarne tous les français. En Belgique ce lien symbolique est réservé à la famille royale : un homme politique est, au mieux, l’incarnation de sa communauté linguistique.
- Le président de la république concentre entre ses mains l’essentiel du pouvoir. Dans la France centralisatrice sa désignation organise la vie politique. En Belgique, si l’échelon fédéral reste central, la régionalisation de nombreuses compétences brouille la compréhension des enjeux.
Je vous invite à lire, des réflexions sur le même thème, mais avec la plume qui lui est propre, chez Prométhée.
16 avril 2007
Foire du livre
Des goûts et des couleurs

14 avril 2007
Le festival de Kanne
Voir ensemble le ministre président flamand et le ministre président wallon dans de telles circonstances pourrait passer pour un événement banal (n’est il normal que les deux grandes communautés du royaume se soucient de la sécurité des jeunes ?), mais c’est en réalité un rendez vous rare qui nous était proposé ici, surtout à quelques mois d’une élection cruciale. Il n’a échappé à personne qu’Elio di Rupo et Yves Leterme étaient deux candidats potentiels au poste de premier ministre. A Kanne, il était donc possible d’observer les comportements d’ Elio Di Rupo et Yves Leterme lorsqu’ils sont en présence l’un de l’autre. Edifiant. Si les deux hommes se sont bien salués (difficile de passer à côté, une vingtaine de journalistes étaient présents) c’était sans effusion excessive. Côte à côte, Di Rupo et Leterme se parlent mais cherchent du regard d’autres interlocuteurs. Quand Leterme entame une discussion avec un élu local, Di Rupo regarde ostensiblement ailleurs. Quand Elio répond à un journaliste, Yves en profite pour faire quelques pas de coté. Posant pour les photographes ils conservent quelques centimètres de distance, ou invitent Françoise Van Holsbeek à s mettre entre eux. Pour utiliser un vocabulaire de critique cinématographique le socialiste et le social chrétien donnent l’impression de deux acteurs contraints de partager la même affiche mais se contentant d’une prestation professionnelle minimale, peu à l’aise dans l’interprétation d’un scénario qu’ils n’ont pas écrit eux même. Répondant à l’une de mes questions Yves Leterme affirme pourtant que les deux ministres présidents se voient régulièrement. Deux minutes plus tard Elio Di Rupo refuse de le confirmer. C’est une évidence : si ces deux là veulent travailler ensemble demain, il vont devoir se voir beaucoup.
13 avril 2007
Le retour de Jacky

Imbroglio social à l'IEV
Sur le fond, ce n’est pas l’affaire du siècle. On peut reconnaître à Frédéric Delcor, patron de l’IEV et présenté souvent comme le bras droit d’Elio Di Rupo, une certaine franchise dans sa défense. Il n’y a pas eu de détournement d’argent public, juste un jeu d’écriture. Tout au plus les socialistes s’exposent-ils, si les faits devaient être poursuivis à quelques milliers d’euros d’amendes.
Su la forme c’est plus délicat. Que le parti socialiste prenne des libertés avec le droit du travail est étonnant. Que l’affaire surviennent à une encablure des élections peut être gênant : ce n’est plus la frégate carolo qui intéresse la justice du travail mais le navire amiral. S’intéresser à l’IEV c’est en effet toucher le cœur du pouvoir présidentiel. Dans un parti où les fédérations conservent une réelle autonomie le centre d’étude est au service du président. Les hommes qui le dirigent (Frédéric Delcor aujourd’hui ou André Flahaut hier) sont les véritables machinistes en chef du PS. Si l’affaire s’emballait, Elio di Rupo, qui avait affiché une certaine distance avec des socialistes carolorégiens dont les pratiques étaient présentées comme « archaïques », serait sans doute contrait de changer de posture.
PS (c’est le cas de le dire) : je constate l’arrivée de nouveau lecteurs qui découvrent « rue de la loi » par l’intermédiaire d’un lien sur le blog d’Elio Di Rupo. Je suis bien sûr honoré d’être référencé sur le blog du président du PS. Le libellé de la rubrique « blogs amis » mérite d’être nuancé. S’il peut y avoir entre un journaliste politique et un président de parti une estime intellectuelle et un respect réciproque, il ne saurait y avoir « d’amitié » au sens fort du terme. Les lignes ci dessus devraient vous convaincre de mon indépendance.
11 avril 2007
Le mercato

Le MR semble, cette fois-ci, légèrement (et momentanément ?) en retrait. Si cela se confirmait il faudrait sans doute y voir la volonté de son président actuel de se démarquer d’une des marques de fabrique de son prédécesseur ( Louis Michel avait convaincu quelques grands formats comme Ries, Bodson et Wilmots ) . Il est vrai que faire élire un footballeur au sénat, par exemple, ne fût pas, une fois l’élection passée, une grande réussite.