Les collègues de Vers l’Avenir l’appellent le « sondage qui fait tout basculer ». Et, niveau coup de pub, ils peuvent être satisfaits de leur coup puisque la plupart des médias, avec plus ou moins de distance, ont repris leur enquête d’opinion. Selon ce sondage c’est donc le MR qui arrive en tête des intentions de vote en Wallonie. Et pas qu’un peu : le parti socialiste est relégué à plus de 4 points. Vu le contexte et les sondages précédents qui indiquaient tous le PS plus haut que le MR il y a de quoi s’étonner. Explication du journal : le sondage a été réalisé lors de l’investiture du nouveau président français et le MR bénéficie d’un effet Sarko. Très bien.
Arrêtons nous un instant.
L’institut Tell Me More, auteur de l’étude, n’était pas connu jusqu’à présent pour ses études sur les intentions de vote. Ce n’est pas lui faire injure que de souligner que ce travail nécessite une certaine expertise et que plus un sondage a une histoire longue plus il est facile de vérifier sa pertinence. Les études du Soir et le baromètre La Libre-RTL ont donc sur le papier une crédibilité d’avance.
Regardons un peu plus loin encore. L’étude annonce une marge d’erreur de 3,2%. Statistiquement exact. Mais il faut souligner que si une répartition géographique a été observée la méthode des quotas n’a pas été suivie (ce n’est pas annoncé en tout cas). Ce qui veut dire que l’échantillon n’offre aucune garantie de représentativité : les ouvriers , les agriculteurs ou les cadres supérieurs, peuvent y être sous représentés ou su représentés. Quand il s’agit d’intentions de vote c’est un tout petit peu embêtant.
Enfin cherchez le score de l’extrême droite ou les « sans opinions ». Inexistant. L’ensemble des « petites formations » serait aux alentours de 3%, alors que Le FN à lui seul est susceptible de faire le double. Les personnes sans opinions n’ont pas été prises en compte. Vers l’avenir écrit pudiquement que le score de l’extrême droite est sous estimé. J’ose, même si ce n’est pas très confraternel je le reconnais, être plus franc : ce sondage souffre d’une méthodologie inadaptée.
Voilà la vérité : la publication d’un sondage sur les intentions de vote crédibles coûte cher et les rédactions n’ont pas toujours les moyens de se l’offrir. Si vous n’avez pas beaucoup vu de sondages belges ces dernières semaines c’est que les caisses sont vides et que les rédactions bruxelloises ont décidés de se garder un bon sondage pour le dernier moment (sans doute la semaine prochaine ou la suivante).
Doit on se gausser de l’étude publiée un peu vite par Vers l’Avenir ? Pas tout à fait. Toute étude de ce genre conditionne le commentaire et les analyses des acteurs médiatiques et peut donc jouer un rôle sur la suite de la campagne. Publier ou relayer une étude qui porte à caution c’est prendre le risque de « fausser le jeu ».Quand Joëlle Milquet avait proposé peu après les communales d’interdire les sondages en période électorale j’avais trouvé cela excessif et contraire à la liberté d’informer. Peut être serait il utile en revanche que l’on s’accorde sur un code de déontologie sur les sondages politiques.
Pour en revenir au paysage politique actuel il existe probablement un « effet sarkozy » (ceux qui arpentent les marchés dans leur campagne de terrain et ceux qui analysent les scores d’audiences des JT français ne me contrediront pas). Qui en est le bénéficiaire ? Le Mr probablement. Cela aura-t-il encore un impact dans 15 jours ? Peut être. Peut le mesurer ? Sûrement, mais pas avec ce sondage ci. Et c’est dommage.
12 commentaires:
Ce qui est dramatique c'est que vous êtes le premier journaliste à dénoncer ce qui apparaît quand même un peu comme une grosse manip...
Et encore...ce que vous ne dites, c'est qu'il n'y a eu aucune ségmentation géographique. Ils ont interrogé un nombre identique de personne par circonscription/province. Les provinces de Luxembourg et du Hainaut sont totalement surreprésentés alors que le PS y notoirement moins puissant... .
Et si les sondages faisaient l'élection , ou faisaient la témpérature comme disait Montebourg.
Bayrou a incontestable profité des sondages qui lui donnaient une chance de battre Sarkozy.
Si on dit que le MR gagnera l'élection (ce que j'éspere en tant que nouveau membre MR) , peut-être que ça se ferra.
Mais comme dit Fabrice , ça ressemble plus à un sondage-sensation qu'un vrai sondage serieux. Mais bon , espérance en ce qui me concerne ;)
A anonyme : je suppose que vous souhaitiez parler du brabant wallon... pas du hainaut.
ah bon, ouf, je commençais à paniquer!.
J'espère, comme Fabrice, que notre anonyme voulait effectivement dire le BW et non le Hainaut, sinon il a une connaissance bien limitée ou une interprétation bien personnelle de la géopolitique belge...
Ok sur la mauvaise qualité du sondage mais quid du rôle des journalistes? Comment un citoyen 'lambda' peut il savoir que la méthodes des quotas n'a pas été appliquée, quelles en sont les conséquences, ce que veut dire la marge d'erreur exactement (par exemple une marge de 3% signifie une oscillation possible de .... 6%!!!). C'est le travail du journaliste que d'analyser et de vulgariser les résultats d'un sondage. Eventuellement avec l'aide de politologues ou de spécialistes en méthodologie. Quand 'Vers l'Avenir' travaille de la sorte, c'est la crédibilité de la rédaction qui est en jeu. Jamais la RTBF ou RTL n'oseraient publier un tel sondage!!! A quand une déontologie pour la presse ?
Fabrice cotre allusion à Milquet sur les sondages me fait bcp rire ... Voilà qq'un qui dq les sondages sont mauvais veut les réglementer et les interdire et qd ils montrent le CDH en hauuse se gargarise des réultats ... Mais faut-il s'étonner que le CDH "gouverne" avec le nez ds les sondages ?? Qd on est "au centre" c'est toujours bien de jetter un oeil aux sondages afin d'apdater son discours, un coup à gauche (voir deux coups avec Joëlle ...), un coup à droite (mais un léger coup alors ...).
A propos du sondage tout à fait d'accord sur la méthodologie qui laisse à désirer ! MAis quel pavé alors que Reynders crie partout qu'il veut déplacer le centre de gravité politique en Com Fçaise ...
c'est en effet l'erreur majeure de ce sondage: donner, comme ils l'écrivent en toutes lettres, une représentation égale aux cinq provinces. Et donc, en effet, une province comme le Brabant Wallon (autour de 360.000 habitants) a le meme poids dans l'échantillon que le Hainaut (plus de 1.200.000).
J'avoue que je ne comprends pas l'absence de filtre avant commande et publication d'un sondage qui n'a de fait aucun sens méthodologique, et a fortiori politique. C'est soit de la stupidité, soit de la manipulation consciente. Je ne sais pas ce qui est le plus grave.
FG: a nouveau, c'est très rafraichissant de vous lire. Je suis souvent surpris de la pudeur génée qu'on les médias pour dialoguer entre eux (en public).
Mais pourquoi RTL-TVi a-t-elle fait tout un sujet sur ce sondage sans le mettre en perspective dans son JT d'hier soir?
Connaissant personnellement quelques journalistes de votre rédaction, je reste très réfractaire au RTL=MR que beaucoup brandissent souvent. Sur ce coup-ci, par contre, je manque d'arguments... Help.
De même, "anonyme" parle de manque de "ségmentation géographique".
Quelles sont ses sources ?
D'autre part, ce billet est très intéressant, car il recadre bien les limites du (et des) sondage(s).
Néanmoins, ce dernier sondage en date n'est pas forcément faux pour autant - les gens ne peuvent rester éternellement aveugles et sourds aux dérives de leur parti préféré.
A himself : la répartition géographique de l'echantillon était mentionnée par Vers l' Avenir.
http://www.flickr.com/photos/8559358@N08/513294376/
Après les élections...
Une mouche passe...
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