Les affaires qui secouent une fois de plus la ville de Charleroi sont comparables en bien des points à un cancer : une maladie silencieuse qui ronge la démocratie de l’intérieur et qui pourrait bien, si l’on n’y prend garde, finir par terrasser la confiance des citoyens dans leurs élus. Dans le cas qui nous occupe l’ablation de la plus grande ville de Wallonie n’est pas envisageable. Traiter la maladie impose donc un combat qui devrait mobiliser tous les démocrates.
Une fois ce préambule posé intéressons nous aux derniers développements.
L’inculpation d’un échevin est un fait grave. Plus encore lorsqu’il s’agit d’un délit commis dans l’exercice de ses fonctions. Personne ne devrait pouvoir tolérer qu’un élu soit suspecté de faux et usage de faux, à fortiori lorsqu’il s’agit d’une fausse délibération d’un conseil communal. En attendant que la justice statue définitivement (l’homme serait alors soit condamné, soit blanchi) cet échevin ne peut pas décemment continuer à exercer ses fonctions. C’est vrai pour toute la Belgique, cela l’est plus encore pour Charleroi. JeanPol Demacq devait donc démissionner immédiatement. En souhaitant entretenir le doute et faire traîner les choses en longueur le Parti Socialiste ne rend pas service à la démocratie.
Faut il pour autant approuver la décision du Mouvement Réformateur ? Quitter une majorité ne peut pas être un acte irréfléchi. On ne peut que s’étonner de la différence de ton entre les déclarations apaisantes de samedi (la majorité carolo reste unie disait-on alors) et la rupture décidée lundi matin. Il semble évident, même si Olivier Chastel s’en défend, que la position réformatrice a évoluée sans que de nouveaux éléments ne l’explique. Cette volte face doit donc apparaître pour ce qu’elle est : une manœuvre de campagne électorale qui n’est pas digne du débat sur la bonne gouvernance que ses auteurs entendent mener.
On peut comprendre que le MR quitte une majorité parce qu’un échevin inquiété par la justice refuse de s’effacer rapidement. On ne peut pas comprendre qu’il le fasse pour un obscur communiqué de presse publié 48 heures plus tôt. L’ambiguïté autour de la date du départ réel de Jean Pol Demacq aurait pu être levée dès ce mardi à l’occasion d’un collège échevinal. Au pire le MR aurait pu demander la convocation d’un conseil communal extraordinaire pour acter le remplacement immédiat de l’échevin démis.
A Charleroi, on est bien tenté ce lundi soir de renvoyer les deux principaux acteurs de la crise dos à dos. Vu l’état avancée de la maladie il faudrait davantage de courage et de détermination pour affronter les brebis galeuses. et les écarter sans ménagement de la vie publique. Le PS se grandirait en ne permettant pas à des élus visés par une enquête de continuer à siéger. Il serait même sain qu’il songe à exclure de ses rangs ceux dont la culpabilité est avérée. En rejoignant les bancs de l’opposition le MR fait le choix de ne plus pouvoir faire pression sur son partenaire. S’il crée un électrochoc celui ci sera de courte durée.
Même si la poussée de fièvre du jour peut bien s’expliquer par le scrutin du 10 juin, le conseil communal, avec le rapport de force voulu par l’électeur, restera lui bien en place jusqu’en 2012. Pour stopper la maladie, il est peut-être encore temps. Mais les discussions sérieuses ne pourront reprendre sur ce sujet qu'à partir du 11 juin.
Une fois ce préambule posé intéressons nous aux derniers développements.
L’inculpation d’un échevin est un fait grave. Plus encore lorsqu’il s’agit d’un délit commis dans l’exercice de ses fonctions. Personne ne devrait pouvoir tolérer qu’un élu soit suspecté de faux et usage de faux, à fortiori lorsqu’il s’agit d’une fausse délibération d’un conseil communal. En attendant que la justice statue définitivement (l’homme serait alors soit condamné, soit blanchi) cet échevin ne peut pas décemment continuer à exercer ses fonctions. C’est vrai pour toute la Belgique, cela l’est plus encore pour Charleroi. JeanPol Demacq devait donc démissionner immédiatement. En souhaitant entretenir le doute et faire traîner les choses en longueur le Parti Socialiste ne rend pas service à la démocratie.
Faut il pour autant approuver la décision du Mouvement Réformateur ? Quitter une majorité ne peut pas être un acte irréfléchi. On ne peut que s’étonner de la différence de ton entre les déclarations apaisantes de samedi (la majorité carolo reste unie disait-on alors) et la rupture décidée lundi matin. Il semble évident, même si Olivier Chastel s’en défend, que la position réformatrice a évoluée sans que de nouveaux éléments ne l’explique. Cette volte face doit donc apparaître pour ce qu’elle est : une manœuvre de campagne électorale qui n’est pas digne du débat sur la bonne gouvernance que ses auteurs entendent mener.
On peut comprendre que le MR quitte une majorité parce qu’un échevin inquiété par la justice refuse de s’effacer rapidement. On ne peut pas comprendre qu’il le fasse pour un obscur communiqué de presse publié 48 heures plus tôt. L’ambiguïté autour de la date du départ réel de Jean Pol Demacq aurait pu être levée dès ce mardi à l’occasion d’un collège échevinal. Au pire le MR aurait pu demander la convocation d’un conseil communal extraordinaire pour acter le remplacement immédiat de l’échevin démis.
A Charleroi, on est bien tenté ce lundi soir de renvoyer les deux principaux acteurs de la crise dos à dos. Vu l’état avancée de la maladie il faudrait davantage de courage et de détermination pour affronter les brebis galeuses. et les écarter sans ménagement de la vie publique. Le PS se grandirait en ne permettant pas à des élus visés par une enquête de continuer à siéger. Il serait même sain qu’il songe à exclure de ses rangs ceux dont la culpabilité est avérée. En rejoignant les bancs de l’opposition le MR fait le choix de ne plus pouvoir faire pression sur son partenaire. S’il crée un électrochoc celui ci sera de courte durée.
Même si la poussée de fièvre du jour peut bien s’expliquer par le scrutin du 10 juin, le conseil communal, avec le rapport de force voulu par l’électeur, restera lui bien en place jusqu’en 2012. Pour stopper la maladie, il est peut-être encore temps. Mais les discussions sérieuses ne pourront reprendre sur ce sujet qu'à partir du 11 juin.
NB personnel : j'ai reçu des deux camps ce lundi des coups de téléphones peu agréables. Ma vision du journalisme m' impose de me tenir à distance de toutes les formations politique et de n'adhérer qu'à ce que je crois être la vérité. Je tente toujours de vérifier ce que j'avance publiquement. Que cela déplaise à droite et à gauche m'incite à penser que je suis (un peu) dans le vrai. Même en période électorale j'apprécie toutefois que mes interlocuteurs gardent leur calme et un minimum de politesse. Constatant que ce n'est pas toujours le cas je vous confirme que la campagne rend nerveux... des deux côtés.
18 commentaires:
Ah bon, il y a une campagne électorale en Belgique ?
Je pensais qu'il n'y en avait une qu'en France...
Me demande si ce coup d'éclat n'est pas fait pour tenter d'éclipser la campagne française qui intéresse diablement plus les Belges (du moins francophones, je ne sais pas comment il en est chez les Flamands) et tenter du susciter quelques lignes et commentaires dans la presse.
Cher Fabrice,
Lorsque vous déclarez: "ma vision du journalisme m'impose de me tenir à distance de toutes les formations politiques", j'adhère totalement à vos propos. J'aurais souhaité connaître vos sentiments quant au ralliement de votre ex-collègue Florence Reuter au MR - manifestement, elle ne partageait pas votre vision du journalisme, et Anne Delvaux non plus.
Comment gère-t-on, au sein d'une rédaction, ces différentes visions du journalisme ?
Bien à vous, et merci pour cet intéressant 'nota bene'.
Bonsoir,
je suis outré que les politiques de tout bord s'autorisent à faire pression sur nos journalistes. C'est absolument inadmissible.
La presse et les médias ne sont déjà que trop muselés en Belgique et c'est la démocratie au quotidien, et donc tous les démocrates qui en pâtissent.
Monsieur Grosfilley, citez des noms, qu'ils n'osent plus recommencer.
Ou menacez les de donner votre consigne de vote comme en France, ou plutôt la consigne de vote de votre rédaction, histoire de ne pas mettre votre délicate équidistance en question. Ce ne sont que des suggestions, mais je crois que vous avez le droit de montrer les dents. De telles pressions sont, je le répète, inadmissibles.
Sur le fond de l'affaire, je ne me fais pas d'illusion sur la raison du revirement de Chastel, mais je salue tout de même l'acte. Il aurait dû le faire directement tout simplement. Mais des pratiques électoralistes sont beaucoup moins graves à mes yeux que des pratiques illégales d' abus de biens sociaux.
Les pratiques clientélistes et le favoritisme créent l'injustice et la décrédibilisation de la politique qui mène au vote d'extrême droite. Le jour où le PS le comprendra...
Courage... Ce n'est pas si facile d'être prophète... Sinon, très bonne analyse de la situation carolorégienne. quel panier de crabe !
Contrairement à Ø, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une tentative de ramener le "débat" en Belgique plutôt qu'en France. Le MR a jusqu'à présent tout fait pour lier les deux campagnes.
Je rejoins plutôt l'analyse de M. Grosfilley (comme souvent très pertinente). Il me semble que la décision du MR aurait été autre s'il n'y avait pas eu d'enjeu fédéral dans une dizaine de jours. Un éventail de réactions était possible et ils ont choisi la moins responsable de toutes. Ce qui m'étonne un peu de M. Chastel qui me semblait avoir à coeur la rénovation de Charleroi (qui sait, pour pouvoir mettre le PS dans l'opposition lors des prochaines élections communales ?). Peut-être aura-t-il reçu des instructions d'en-haut ou des promesses pour l'après-10 juin...
Ce que je déplore, c'est que le MR ait joué cavalier seul, au lieu de se concerter avec le partenaire cdH afin d'obtenir un impact plus fort sur les Socialistes.
Bref, probablement une occasion ratée de plus à Charleroi. Heureusement, il nous reste l'espoir que M. Viseur et son équipe puissent faire avancer les choses dans la bonne direction. Je pense qu'il travaille dur en ce sens en tout cas.
Enfin, la réaction du PS m'apparaît un peu démesurée. Au lieu de garder profil bas vu que c'est tout de même (encore) un de leurs échevins qui est inculpé, ils communiquent assez violemment sur la réaction du MR. L'histoire de la paille et de la poutre...
Ce qui est tout aussi hallucinant ds ce débat, c'est l'attitude de Di Rupo sur votre chaine hier soir ... Il a du acheter des tonnes de "langue de bois" en faisant ses courses ! Refus de répondre aux questions, monopolisation du tps de parole, il voulait parler de tout sauf du comportement mafieux de ses amis socialistes carolos ! Il a même réussi à parler de la réforme fiscale ... on croit halluciner ! Il veut botter en touche ! Il affirme que Charleroi mérite mieux ! Mais mieux que qui ? mieux que quoi ? que la gangraine que ses amis propagent depuis 30 ans ? C'est vraiment l(hopital qui se moque de la charité ! Et Milquet a fait également très fort, puisqu'en parlant de Charleroi, elle a parlé d'attitude à la Sarkozy pour le M.R. (faudrait passer certains politiciens au dépistage de la fumette car là, ça devien grave) ! Que le MR ait voulu jouer un coup politique, probable ! Mais peut on leur repprocher ? Si le CDH avait accepté une liste unique MR-CDH-ECOLO on en serait pas là ... !
NB : Fabrice, si vous avez été soumis à des commentaires déplacés de certains partis je trouve cela honteux et s'ils lisent ces commentaires qu'ils sachent qu'ils n'en sortent pas grandis !
Bonjour,
Bravo pour votre article, vous avez tout à fait raison de considérer comme inacceptable le fait que Demacq reste en fonction. Pour ma part,je ne comprends pas pourquoi les autres partis n'ont pas exigé immédiatement la démission de ce dernier. En particulier le CDH qui se pose comme gardien de l'impunité du PS.
Continuez à parler des dérives de nos politiques et ne vous laissez pas "emmerder" par les partis qui considèrent les médias comme un outil de propagande à leur service
deux camps, mais trois acteurs clés (PS, cdH, MR) en présence... dont le cdH qui, scotché comme jamais au PS (cfr le post sur la tente commune), pourrait (un peu)perdre sur sa droite et basculer au MR. C'est le pari de Reynders. La stratégie du MR est dictée par une réalité (des sondages - internes et externes - assez mauvais) et une conviction (accord pré-électoral cdH-PS)... Quand on a le sentiment de ne plus rien avoir à perdre, on hausse le ton... tout cela est finalement très convenu...
ce qui est sur c'est que les flamands doivent bien rire !!!
Le MR a ajouté du grotesque au pitoyable sur le dos des carolos et donc des wallons en général.
En flandre on se gausse: déjà que notre sort dépend largement de ce qui se passe chez eux, voilà qu'on joue des pièces de théatre pour meubler la campagne !
Au fait, est ce qu'on ne peut pas revoter à charleroi?
Il est clair que la décision de démissioner du MR n'a pu être prise en faisant abstraction de l'échéance du 10 juin et que cela a probablement précipité les choses. Mais dire d'un autre côté que le seul but est une "manoeuvre de campagne électorale non digne du débat sur la bonne gouvernance" me semble être une prise de position rapide (au vu des seules suppositions dont on dispose), et donc pas forcément très neutre...
Fabrice, bravo pour cette analyse très pertinente et bravo pour ton courage de dire tout haut ce que tu penses!
Permettez-moi quand même de relever la responsabilité de la presse dans cette affaire.
Si elle n'avait pas étouffé l'affaire Demacq en y consacrant, finalement, très peu de temps et d'espace médiatique, cela ne se serait peut-être pas produit...
A bon entendeur, salut!
Bien à vous,
Wali
Je ne comprends pas cette dernière remarque. L'affaire "Demacq" comme vous dites, et qui consiste à signer de faux PV de conseil communal, est une affaire déjà connue et a été largement traitée à l'époque. De même l'inculpation a bien été traitée dès samedi par les rédactions de Bel RTL et RTL TVI. Vous faites à la presse un procès d'intention très déplacé.
Parfaitement d'accord avec Fabrice. On a eu assez de détails et puis pour maintenant , remplacer tous les anciens echevins , ça ira plus vite ...
Et puis la presse et les médias font très bien leur boulot en Belgique. En France , les journalistes ont de loin perdu leur neutralité , contrairement à la Belgique , ou Fabrice est un exemple d'un journaliste critique mais neutre. Etre critique n'est pas d'office prendre parti.
D'ailleurs , je critique tous les partis quand ils ont tort , même le MR dont je suis membre.
@ Fabrice,
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point :
« L’inculpation d’un échevin est un fait grave. Plus encore lorsqu’il s’agit d’un délit commis dans l’exercice de ses fonctions. Personne ne devrait pouvoir tolérer qu’un élu soit suspecté de faux et usage de faux, à fortiori lorsqu’il s’agit d’une fausse délibération d’un conseil communal. En attendant que la justice statue définitivement (l’homme serait alors soit condamné, soit blanchi) cet échevin ne peut pas décemment continuer à exercer ses fonctions. »
Questions à Fabrice :
1) que pensez-vous de la situation de Richard Fourneaux inculpé pour corruption passive mais qui reste à son poste de bourgmestre ?
2)que pensez-vous de l’attitude du MR qui le place en 3ème place de sa liste sénat ?
Bonne journée
KosmiK Koala
Qu'il doit être agréable d'être de gauche. Quand on en a soupé de l'incurie, on peut toujours se tourner vers Ecolo.
Mais quand on est de droite ? Que faire avec un MR pareil ?
Heureusement qu'ils n'ont pas encore fait la peau à Alain Destexhe sinon l'horizon serait vraiment completement bouché.
chez moi on est (était) socialiste depuis toujours. Le PS actuel se dit rénovateur. Malheureusement, on observe que les débris de leur rénovation finissent eux-même dans les enceintes soit disant rénovées: L'Echevin Demacq, aussitôt démissionné du collège de Charleroi pour faux et usage de faux se retrouve parachuté au CA de...l'ICDI, structure en plein assainissement nous assure-t-on!!! Alors voilà: avec ce PS là, ce n'est qu'un énorme tournez manège où quand un élu est inculpé dans une affaires, on le parachute aussitôt dans une autre, histoire je suppose de lui donner de quoi continuer à spolier les honnêtes gens. C'est un scandale! Je serai contrain de voter Ecolo, seul parti réellement de gauche...
Je me dois de réagir au commentaire publié à propos de richard fournaux car si je ne partage pas ses idées politiques depuis qu'il à quitté le PSC, je le connais bien et il faut dire que la justice s'est acharné sur lui dans une autre affaire pour laquelle il a été totalement blanchi depuis, alors que tout les médias s'étaient eux aussi montré accusateurs. Je ne serais pas étonné qu'il en soit de même pour cette soit-disant histoire de corruption passive. Je pense mais ce n'est que mon avis personnel que le parquet de dinant s'acharne sur Monsieur Fournaux en ayant peu d'éléments. Cette affaire est vieille de 8 ans. Si la justice avait eu des éléments, je pense qu'il aurait déjà été condamné.
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