15 mai 2007

Le MR en froid avec le climat... et avec Ecolo ?



Voici deux infos qui l’une après l’autre éclairent d’un nouveau jour les positionnements des uns et des autres sur la question du réchauffement climatique. Le mouvement réformateur a pris lundi ses distances avec le pacte écologique belge. La traduction belge du pacte de Nicolas Hulot déplait donc aux réformateurs sur plusieurs points concrets (une taxe sur les moteurs diesel, parce qu’ils produisent beaucoup de particules, ou une cotisation sur les voyages en avion à bas tarif par exemple). C’est courageux et franc de la part des réformateurs de le dire aussi publiquement (et même de manière ostentatoire) alors que le thème du réchauffement climatique a dominé la première partie de la campagne électorale. L’électeur sait donc à quoi s’en tenir. Les écologistes aussi : ce mardi l’association inter environnement-Bruxelles décernait son prix du chardon à Didier Reynders pour sa politique fiscale jugée par l'association peu en rapport avec les enjeux environnementaux. Avec ces deux infos le MR vient de perdre son vernis « vert » et se repositionne sur ce qui est son socle programmatique le plus sûr : pas de nouvelles taxes.

Sans doute les dirigeants libéraux ont ils pensé que le flirt avait assez duré, et qu’il fallait envoyer un signal à leur électorat traditionnel. Ecolo, dans un communiqué, s’étonne du coup que le parti de Didier Reynders « découvre à 29 jours du scrutin l’ampleur des mesures concrètes à prendre pour enfin passer du baratin de précampagne à des actes écologiques efficaces... ».

Toute la presse aura souligné combien MR et Ecolo semblaient proches ces derniers mois. Ce début de semaine permet de relativiser la portée de ce rapprochement. Si réformateurs et écologistes partagent une stratégie et des adversaires électoraux, certaines positions communes sur la gouvernance… ils n’ont pas de programme commun. Et on peut aller jusqu’à se demander si leurs positions environnementales sont compatibles. Même si des contre exemples existent (MR et Ecolo gèrent le brabant wallon ensemble) l’axe turquoise aura désormais plus de mal à convaincre.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que la presse et certains analystes politiques ont beaucoup glosé sur le flirt de plus en plus poussé MR-Ecolo, mais ont peu insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une opération de séduction massive, certes, mais à sens unique. Dans sa stratégie de campagne, le MR tape sur le PS et se doit donc, en conséquence, d'imaginer des scénarii alternatifs, comme par exemple une alliance avec Ecolo et le CDh. Ecolo n'a répondu aux avances du MR que par un ferme "ni-ni", ni allié du PS, ni allié des libéraux. Ecolo se positionne comme un parti indépendant, et on comprend ce positionnement, tant les "convergences à gauche" lui ont coûté cher, en termes d'image.
Il est vrai qu'Ecolo a beaucoup tapé sur le PS ces derniers temps, une façon de clairement s'en démarquer et de rappeler que sur le plan de la bonne gouvernance et de l'éthique en politique, il est un maître-achat, et que sur le plan du climat, il n'a pas découvert la problématique 60 jours avant les élections, lui. Mais le positionnement récent du MR sur cette dernière question montre bien la distance entre les deux projets de société portés par les libéraux et les écologistes. Ecolo a eu tout à fait raison de s'en démarquer et de démontrer par là ce que je disais à l'instant, à savoir: opération de séduction stratégique du MR vers Ecolo, et indépendance de ce dernier.

Anonyme a dit…

Fabrice, je demande à voir si les libéraux ne joueraient quand même pas la carte de la concession idéologique -en termes environnementaux- pour une tripartite (toute aussi expérimentale qu'improbable) MR-CDH-Eolo-Open VLD-CD&V et Groen. Groen n'a pas épousé à proprement parler le SPA et Spirit a montré sa volatilité...
C'est très théorique, mais les socialistes dans l'opposition, de plus en plus de gens se mettent à y penser, quand ils n'en rêvent pas déjà.

Anonyme a dit…

Comment peut-on encore qualifier les dirigeants du MR de "libéraux", alors que la moitié de leur programme tend vers un état encore plus obèse?

Jean-Claude, ecolo-belge a dit…

(Article publié sur mon site: www.jcenglebert.be).

Cela devrait clarifier les choses, à plusieurs titres.

En gros, le MR est d’accord de faire de l’écologie pour autant qu’on ne touche à rien dans nos modes de production et de consommation.

C’est "non" à l’interdiction des publicités pour les voitures et les vols "low cost". Cela traduit bien la tendance : consommons, consommons, c’est tout bon, même si cela nous fait creuser notre propre tombe.

C’est "non" également aux accises sur le diesel. Alors oui, évidemment, ces accises auront des répercussions sur le pouvoir d’achat. Jusqu’à ce que les modes de déplacement changent. D’une manière ou d’une autre, les produits dérivés du pétrole seront rapidement hors de prix en raison de leur rareté. Lorsque le Pacte Ecologique propose une mesure permettant de s’engager vers d’autres modes de fonctionnement, le MR refuse. Oui, aussi, ces accises auront des répercussions sur le transport routier. Mais cela aura aussi des répercussions (positives) sur la sécurité routière et la qualité de vie. Et le fait de devoir se tourner vers des produits locaux favorisera également l’économie de proximité.

C’est "non" enfin à l’interdiction des OGM ! L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République Française a au moins ceci de positif qu’elle décomplexe les libéraux. De libéraux-sociaux, ils redeviennent ce qu’ils sont : les amis de la grande industrie (pharmaceutique en l’occurence) et de leurs actionnaires. Et tant pis pour vous et moi si nous bouffons des trucs dont on ne connait pas les effets.

C’est "oui", je vous le donne en mille, aux... filtres à particules ! Ces filtres, il est utile de le rappeler, requièrent des métaux rares... Pas très durable tout cela.

Ce qui m’a plu dans le Pacte Ecologique, c’est son coté fondamental. C’est le fait que l’écologie y est présentée non pas comme un domaine à coté des autres mais comme une matière "transversale", c’est-à-dire qui implique tous les aspects de notre vie, tous les aspects de notre monde politique. Et le "pacte" fait également admirablement le lien avec tous les enjeux sociaux, de solidarité, de santé et de solidarité avec les pays du Tiers-Monde...